Paradoxalement, l’enthousiasme est de mise pour Utah alors que les playoffs se déroulent sans la franchise. Avec un bilan de 38 victoires pour 44 défaites à l’Ouest, il serait normalement de bon ton de crier à l’échec mais il n’en est rien tant le groupe a montré une progression fantastique tout au long de la saison. Avec une base de jeunes joueurs de talent, un coach unanimement loué, une situation financière stable, le Jazz peut envisager l’avenir avec optimisme. Mais comme souvent, les promesses doivent se tenir un jour ou l’autre et le club est désormais arrivé à la croisée des chemins. La saison à venir doit être celle de l’explosion.
Une saison prometteuse
Si, au début de cette saison, le talent de l’équipe était indéniable, la jeunesse de l’effectif semblait un frein trop important pour espérer des résultats du Jazz. Au final, le groupe a créé des attentes autour de lui encore inconcevables avant cette campagne. Le début de saison fut médiocre : avec un bilan de 19 victoires pour 34 défaites avant le All-Star break, le Jazz a rapidement vu les playoffs s’éloigner. La blessure précoce d’Alec Burks, prolongé cet été pour 42 millions de dollars sur 4 ans, n’a pas aidé, pas plus que la situation d’Enes Kanter. Attaquant brillant, le pivot turc était en revanche très déficient de l’autre côté du terrain (111.2 pts concédés / 100 poss en sa présence contre 102.2 sans lui, pire ratio de l’effectif après Alec Burks et Steve Novak). Par ailleurs, son instabilité sur le terrain (5 fautes techniques, un protège-dents offert au public) et ses revendications incessantes l’ont fait persona non grata à Salt Lake City.
Son envoi à Oklahoma City a complètement métamorphosé le jeu du Jazz. Rudy Gobert responsabilisé, Derrick Favors libéré dans la raquette, Utah s’est transformé en un monstre défensif, devenant la 1ère défense de la ligue après le All-Star break avec 94.8 pts concédés sur 100 possessions (contre 105.5 pts avant), soit… près de 5 points de moins que son dauphin, Memphis, sur cette période (99.4) !
Aussi, Quin Snyder a fait de nombreux ajustements salvateurs pour l’équipe. Avant la trève, son banc n’était ainsi que le 28e de la ligue en termes de production offensive (15 pts/48 min). Le coach a donc placé Trey Burke dans sa second-unit, aux côtés de Trevor Booker et Joe Ingles, ce qui a largement contribué à donner un second souffle aux remplaçants (17.8 pts / 48 min après la trève, 16e). Conjugué à la responsabilisation d’autres jeunes (Rodney Hood, Bryce Cotton, Elijah Millsap), Utah est devenu un dur à cuir de la conférence Ouest avec 19 victoires pour 10 déaites après le Break. Le club dépasse ainsi largement son bilan de la saison précédente (25-57), et affiche des résultats similaires à Brooklyn et Indiana, respectivement 8e et 9e à l’Est.
Parmi ses points de satisfaction, sa progression à l’extérieur est également éloquente. Malgré un bilan global de 17-24, Utah a également explosé loin de ses terres sur sa fin de saison (8-5), le signe d’une concentration et d’une maturité nouvelles.
« Nous avons réalisé que c’est extrêmement important d’être bon loin de la maison. » confiait Derrick Favors au Salt Lake Tribune en fin de saison. « Je crois que nous avons passé un cap à l’extérieur. Notre cohésion est encore plus nécessaire sur la route. Nous jouons du bon basket et nous jouons dur avec constance, c’est pourquoi nous sommes en mesure de prendre quelques victoires à l’extérieur. C’est très important de poursuivre ça l’année prochaine. » enchainait Rodney Hood.
Ce doit être le principal objectif de l’équipe : capitaliser sur cette fin de saison pour passer un cap la saison prochaine. Néanmoins, pour devenir un cador de sa conférence, Utah doit aussi travailler d’autres secteurs.
Un secteur offensif lacunaire
Malgré un socle défensif impressionnant, en grande partie responsable de cette remontée au classement, Utah ne fut pas une très bonne équipe offensive cette saison. D’ailleurs, étonnamment, l’équipe s’est montrée meilleure avant le All-Star Break lorsqu’elle végétait au classement, qu’après. Ainsi, avant l’événement annuel, le Jazz inscrivait 102.8 pts / 100 poss (15e), pas la panacée mais un pourcentage convenable. Cependant, la circulation de balle de l’équipe était déjà problématique comme l’atteste son ratio de passes décisives : 16.2 pds / 100 poss (24e). Et si son pourcentage global au tir s’avérait moyen avec 45% (16e), le manque de shooteurs extérieurs fiables dans l’effectif était déjà palpable : 34.4% à trois-points (20e). Seuls trois joueurs de l’effectif ont ainsi shooté à plus de 36% derrière l’arc : Alec Burks (38.2%), Rodney Hood (36.5%) et Gordon Hayward (36.4%), or les deux premiers ont respectivement manqué 55 et 32 matches.
Après le All-Star Break, tous ces chiffres ont encore baissé : 101.7 pts inscrits / 100 poss (19e) avec un ratio de 15.5 pds / 100 poss (27e) et des pourcentages de 44.1% (21e) au tir, dont 34% derrière l’arc (19e). Évidemment, dans ce dernier secteur, la blessure d’Alec Burks ou encore le départ de Steve Novak (48.5% à 3-pts au Jazz) pour le Thunder expliquent en partie cette baisse d’adresse. Aussi, celui d’Enes Kanter constitue également un facteur dans cette production offensive déclinante. Avec 107.8 pts / 100 poss inscrits en sa présence, le pivot était le plus gros catalyseur offensif de l’équipe devant Gordon Hayward et Derrick Favors (107.3 pts / 100 poss).
Mais, outre ces blessures et départs, un autre facteur explique cette attaque médiocre : le rythme offensif. En travaillant à construire son mur défensif, Quin Snyder s’est de lui-même résigné à jouer plus lentement. Avant le All-Star Break, Utah pratiquait un basket très temporisé avec 92.8 possessions / 48 minutes (29e), un rythme maintenu après la trève (92.8, 30e), et seul le Heat fait pire… Ce ne sont pourtant pas les athlètes qui manquent dans l’Utah mais le coach a changé de philosophie afin d’offrir des clés à ses joueurs, comme il l’explique à KSL.com en citant Trey Burke.
« Dans l’immédiat, c’était important pour moi de m’assurer que Trey défendait au niveau souhaité, plutôt que de le presser à pousser le ballon constamment. Je ne crois pas que cela aurait été la meilleure chose pour l’équipe. »
Ce dogme n’était en rien naturel pour le tacticien, épris du jeu rapide mais il ne regrette pas cette évolution, nécessaire pour la progression de ses jeunes ouailles.
« Personnellement, cela a été un ajustement. Ce fut franchement plus compliqué. C’est plus difficile pour moi. Mais nous sommes comme une équipe de coureurs en football avec une bonne défense. On peut toujours être efficace de cette manière en attaque en faisant cela. J’étais intransigeant sur le rythme, la passe et l’intention. Nous avons vu la passe et je crois qu’on commence à comprendre l’intention. » a t-il détaillé.
À terme, le Jazz devra néanmoins accélérer un peu plus la cadence avec des solutions fiables : 8 des 15 équipes les plus rapides de cette saison ont accédé aux playoffs (et les Wizards et les Spurs sont juste derrière) et les 10 meilleures attaques de la ligue se sont toutes qualifiées pour la post-saison. Il en va de même pour les 10 équipes les plus adroites.
Le staff devra également se préoccuper du scoring intérieur : avant le break (et le départ d’Enes Kanter), le Jazz inscrivait 44.9% de ses points dans la raquette (6e) ; après la trève, ce ratio est tombé à 41.4% (19e). En soit, ce n’est pas une statistique très parlante dans la mesure où les Warriors, Clippers, Cavaliers, Blazers, Celtics, Bulls ou Raptors ont fait moins bien dans ce domaine mais toutes ces équipes (sauf Boston) ont également compensé par une adresse à mi-distance et extérieure plus fiable.
Des jeunes attendus au tournant
Avec 23.5 ans de moyenne d’âge, le Jazz était cette saison l’équipe la plus jeune de la ligue, devant Philadelphie et Milwaukee. En grande partie construit par la draft (Gordon Hayward et Jeremy Evans, 9e et 55e choix en 2009 ; Alec Burks, 12e choix en 2011 ; Trey Burke et Rudy Gobert acquis dans des échanges le soir de la draft 2013 ; Dante Exum et Rodney Hood, 5e et 23e choix en 2014), le groupe se développe ensemble. La plupart ont répondu à l’appel, pour d’autres c’est plus problématique, sans être désespérant pour autant.
Pour sa 1ère année au salaire maximum (62 millions/4 ans), Gordon Hayward a relativement bien assumé ses nouvelles responsabilités. Revenu en confiance de son stage avec Team USA, il a livré la meilleure saison statistique de sa carrière, confirmant une progression incessante et remarquable depuis son arrivée dans la ligue. Prêt à faire encore mieux la saison prochaine, l’ailier devra en premier plan se concentrer sur sa constance au tir : 44.5% au tir sur la saison, mais seulement 41% dont 29.6% à trois-points après le All-Star break. Sur son jump-shot, sa fiabilité est largement à parfaire (38.3%) et que ce soit en catch-and-shoot (42.3%) ou en sortie de dribble (39.1%), il démontre encore des faiblesses. Cependant, il compense par une agressivité redoutable (6.3 lancers par match, 12e), doublée d’une bonne efficacité sur la ligne (81.2%, 54e). Défensivement, il a fait le travail. Certes, sur la saison, les chiffres montrent que Utah a mieux défendu sans lui (+1.7 pts/100 poss concédé en sa présence) mais cela s’explique aussi par le fait qu’il a plus souvent joué aux côtés d’Enes Kanter que de Rudy Gobert. Ainsi, dans les faits, sa notation défensive passe de 106.2 pts/100 poss avant la trève à… 93.9 pts sur la seconde partie de saison. L’ailier peut encore faire des progrès dans ce secteur, probablement en se renforçant physiquement (ses adversaires directs shootent mieux près du panier avec lui qu’en temps normal) mais globalement, il s’investit beaucoup dans ce secteur.
À 23 ans, son coéquipier Derrick Favors ne cesse lui-aussi de progresser (16 pts à 52.5%, 8.2 rbds, 1.7 ct). Très bon finisseur et sur pick-and-roll, l’ailier-fort doit néanmoins se doter d’un petit shoot à 3-4 mètres (moins de 35% au tir à plus de 3 m), afin d’étirer un peu plus la défense.
À ses côtés, Rudy Gobert est sur une pente ascendante depuis le départ d’Enes Kanter : 11.1 pts à 57.6%, 13.4 rbds, 1 int et 2.8 cts en 34 min de jeu sur les 29 derniers matches. 3e au titre de MIP, 5e dans la course au meilleur défenseur, le pivot français a également accumulé 25 double-double (19e) en seulement 26 min de jeu en moyenne cette saison. C’est le seul membre du Top 20 de ce classement à jouer moins de 30 minutes par match avec Tim Duncan et Kenneth Faried. Déjà connu, son impact défensif sur l’équipe se concrétise par 7.2 pts / 100 possessions concédés en moins avec lui sur le terrain. Il a tenu ses adversaires directs à 43.2% au tir (contre 47.2% en temps normal) et même à 40.4% sous le cercle, le plus faible pourcentage de la ligue parmi les joueurs qualifiés. Encore brut en attaque, l’international français doit polir son jeu. Avec 75.2% de ses points inscrits dans la peinture, il incarne pleinement son rôle de pivot mais il doit lui-aussi développer un petit tir à mi-distance. À plus de 2 mètres du panier, il affiche ainsi un piètre 5/35 au tir cette saison. Il en est conscient et souhaite travailler dessus lors de cette intersaison.
Sur les ailes, Alec Burks et Rodney Hood n’ont pas suivi la même trajectoire. Le premier n’a pu assumé la première année de son lucratif contrat en raison d’une blessure à l’épaule. Avec 13.9 pts à 40.3% au tir (38.2% à 3-pts), 4.2 rbds, 3 pds en 33 min de jeu, l’arrière a montré de belles choses lors de ses 27 matches disputés, malgré une adresse fluctuante et une défense parfois douteuse, mais son retour dans l’effectif sera une excellente nouvelle pour Quin Snyder car, que ce soit lui ou Rodney Hood, l’entraîneur disposera d’un autre solide attaquant en sortie de banc. En effet, le rookie a livré une très belle première saison professionnelle, en dépit de plusieurs blessures responsables de 32 matches manqués (8.7 pts à 41.4% en 21 min de jeu). Il a même progressé au shoot sur sa fin de saison (11.7 pts à 46.4%, 42% à 3-pts en 24 min de jeu sur les 26 derniers matches). Rookie du mois d’avril, son impact s’est ressenti sur le Jazz, que ce soit en attaque, ou en défense (-3.6 pts / 100 poss concédés avec lui). S’il peut encore améliorer son dribble, l’arrière s’est aussi investi dans la création du jeu, notamment lorsque Dante Exum était sur le terrain, de bon augure pour la saison prochaine lors de laquelle il devrait sortir du banc, si l’effectif reste en l’état.
En matière de création justement, le Jazz a montré plus de délicatesse. Titularisé sur la seconde partie de saison, le jeune meneur australien n’a pas montré de progrès significatifs dans le secteur offensif (4.8 pts à 34.9%, 2.4 pds en 22 min de jeu). Mais si dans ce secteur, il s’est montré décevant, c’est en grande partie à cause de son statut de n°5 de la dernière draft. À 19 ans, ce n’était pas un secret que le natif de Melbourne était à polir. Toujours en période d’apprentissage, Quin Snyder croit en lui, comme l’atteste son temps de jeu relativement stable tout au long de la saison. Il doit désormais travailler en priorité ses fondamentaux offensifs (24% à plus d’1m du cercle, 31.4% à trois-points). Il doit aussi peser plus balle en main (seulement 32 lancers-francs tirés cette saison), d’autant plus avec son tir inconstant.
En revanche, son utilisation loin du ballon fut une bonne chose pour lui comme pour l’équipe. Malgré un port du ballon limité (seulement 14% des possessions passent par ses mains), le meneur a appris à créer (26% des passes décisives de son équipe). Sa capacité à servir les bons joueurs (18% de passes pour Gordon Hayward, 16% pour Rudy Gobert, 15% pour Derrick Favors, 12% pour Trevor Booker) montre une compréhension du jeu en hausse. Son ratio passe décisive / balle perdue (1.68) est meilleur que celui d’Andrew Wiggins (0.96), Zach LaVine (1.43) ou Bojan Bogdanovic (0.87). Défensivement, Utah a encaissé 5.4 pts/100 poss en moins avec lui, même s’il a concédé un meilleur pourcentage à ses adversaires directs que le reste de la ligue. Autre point de satisfaction : ses 82 matches disputés, le seul rookie aussi solide avec Andrew Wiggins, Elfrid Payton et Nikola Mirotic. Autant d’éléments relevés par Dennis Lindsey, le general manager de la franchise.
« Quand on regarde ses stats individuelles, elles sont aussi modestes que nous pouvions nous y attendre de la part d’un jeune de 19 ans mais son impact sur l’équipe était énorme. Sa taille, son intelligence, sa personnalité lui ont permis de devenir un défenseur majeur à 19 ans en NBA. C’est quelque chose que Quin et moi n’attendions sincèrement pas. » a t-il déclaré au Deseret News.
Désormais, sa progression passe forcément par une meilleure qualité de tir : l’été sert à cela.
Le tir fut aussi le problème de Trey Burke (36.8%, dont 31.8% à 3-pts). Mais comme Quin Snyder l’a évoqué, le meneur a donné beaucoup d’énergie en défense, une philosophie à laquelle il a adhéré facilement.
« C’est un secteur dans lequel j’ai fait un grand bond en avant. J’ai vraiment pris cela comme un défi et je pense que c’est là où j’ai énormément grandi. » analysait-il en fin de saison auprès du Deseret News.
Son positionnement en sortie de banc a contribué à donner un second souffle offensif à l’équipe. Après tout, le meneur n’a que 22 ans et son éthique de travail plaide pour lui. Conscient de ses lacunes, le meneur est déterminé à travailler dur cet été.
« Les choses sur lesquelles je vais travailler sont le renforcement, la vitesse, l’explosivité, la finition au cercle et le travail sur mon tir. Je sais que j’ai un gros potentiel. Je suis impatient de revenir meilleur la saison prochaine. En tant que jeune joueur, je suis conscient que ces intersaisons sont vraiment importantes pour mon évolution. » expliquait-il à Basketball Insiders.
Enfin, un autre groupe de rookies moins attendus s’est montré. En premier lieu, Joe Ingles qui, à 27 ans et avec son expérience internationale, fait néanmoins figure de vétéran. L’Australien est un vrai bon joueur de collectif : sa faculté de création (3.8 pds sur 36 min), son sens du jeu et son adresse extérieure (47.2% à mi-distance, 35.6% à 3-pts) en font un atout indéniable pour le Jazz. Parfois gêné physiquement, touché au genou et au dos, le Jazz lui a demandé de travailler sur sa condition durant cette intersaison, d’où un retrait de la sélection australienne pour le tournoi qualificatif olympique en Nouvelle-Zélande mi-août. Free-agent protégé, son retour dans l’Utah semble une priorité.
L’arrivée de Bryce Cotton fut également une excellente nouvelle pour le groupe. Avec 5.3 pts à 35% derrière l’arc en 10 min de jeu par match, le meneur de 22 ans a apporté de la vitesse (100.5 poss/m) et sa responsabilisation tardive a montré sa faculté à scorer (15 pts à 47.8% en 22.7 min sur les 4 derniers matches). Un temps couvé par les Spurs, son contrat non garanti (840 000 dollars la saison prochaine) en fait un bon atout et une solution de substitution fiable en cas de défaillance des deux premiers meneurs.
Un autre rookie de 27 ans a fait bon usage de son temps de jeu : Elijah Millsap, frère de Paul (5.3 pts, 3.2 rbds, 1.2 int en 19 min de jeu). Malgré un shoot problématique pour un arrière (34%), son impact défensif fut énorme pour son équipe (-7.9 pts concédés / 100 poss avec lui). Avec un contrat similaire à celui de Bryce Cotton, son retour est très probable, si l’on en croit les dires du general manager.
« La plupart de ces gars ont bien joué. Bryce Cotton était très bon, et Elijah Millsap s’est avéré un défenseur unique. » confiait-il au Salt Lake Tribune.
Au final, le Jazz dispose d’un nombre significatif de joueurs en pleine fleur de l’âge, la plupart encore dans leur contrat rookie et donc, à bas coût, au potentiel encore loin d’être entièrement exploité. S’ils confirment ces prédispositions, la franchise peut en effet sourire.
Une intersaison placée sous le signe de l’audace ?
En l’état, Utah n’a finalement que très peu de besoin : la plupart des postes sont doublés, voire triplés et si les joueurs affichent des progrès, notamment au tir, l’équipe fera un très grand pas en avant. Cependant, une ou deux menaces offensives supplémentaires ne seraient pas de trop. Malgré le retour attendu d’Alec Burks et donc, le positionnement probable de Rodney Hood sur le banc, ce dernier peut encore être renforcé. Si Utah conserve Trevor Booker (salaire de 4.7 millions de dollars garanti à partir du 15 juillet), ce qui est probable, compte tenu de son apport (7.2 pts à 48.7%, 5 rbds en 20 min de jeu), ainsi que Bryce Cotton, Chris Johnson (6.8 pts à 48% en 17 min) et Elijah Millsap, le Jazz a environ 12 millions de dollars à dépenser (en déduisant le salaire du futur 12e choix de draft), une somme semble t-il suffisante pour acquérir un bon joueur cet été, ce que le club se dit prêt à faire.
« Nous évaluons chaque scénario… Si cela doit être d’utiliser tout notre argent économisé pendant des saisons pour un joueur, qu’il en soit ainsi. Mais cela doit être pour le bon joueur, avec le bon état d’esprit qui convient au groupe. » a t-il confié au Salt Lake Tribune.
Cependant, le Jazz n’a pas une tradition dépensière et le club n’oublie pas que Rudy Gobert, Rodney Hood et Trey Burke seront tous éligibles à une prolongation de contrat dès la fin de la saison prochaine. Dennis Lindsey a prévenu que la conservation d’un noyau dur constituerait une priorité pour les années à venir.
« La cohésion nous cimente. Avoir des gars de tempérament est important. À Utah, une chose est évidente : nous nous entendons tous bien et c’est important pour nous. »
Le départ d’Enes Kanter prouve que le club tient à sa cohésion. À ce titre, il est probable que la franchise ne fasse pas de folie cet été afin de pérenniser son groupe. Il n’empêche que l’inflation du salary-cap est pour bientôt et Utah peut se permettre un ou deux coups sur la free-agency. En premier lieu, le cas de Joe Ingles doit être réglé. Free-agent protégé, la franchise pourra égaler les offres concurrentes, ou en cas de statut-quo, le conserver par la qualifying offer de 1 million de dollars. Sinon, un contrat sur plusieurs années d’environ 3 million de dollars semble un bon compromis. Le souhait du joueur est de revenir, donc un accord peut être trouvé.
Pour le reste, Utah a besoin d’adresse et de scoring intérieur, notamment pour soulager Derrick Favors et relayer Rudy Gobert. De beaux joueurs non protégés peuvent apporter du shoot, sans dénoter dans le vestiaire de la franchise : de Wesley Matthews à DeMarre Carroll, mais leurs futures prétentions salariales pourraient être trop élevées. En revanche, un Danny Green ou Marco Belinelli (San Antonio), Corey Brewer (Houston), Kyle Singler (OKC), Alan Anderson (Brooklyn) peuvent sans doute être abordés. À l’intérieur, Brandon Bass ou Jonas Jerebko (Boston), Brandan Wright (Phoenix), Kosta Koufos (Memphis) ou Kevin Seraphin (Washington) sont aussi des cibles éventuelles pour apporter un peu de points. Ante Tomic et Tibor Pleiss, dont les droits appartiennent à la franchise, devraient eux rester en Europe. Comme lors de chaque fin de saison, cette digression est purement spéculative et la liste non exhaustive, mais le Jazz dispose bien de possibilités pour se renforcer.
La franchise pourra également le faire par la draft. Avec le 12e choix, de nombreux joueurs de bon niveau seront encore disponibles. En termes d’apport offensif intérieur et extérieur, la venue de Frank Kaminsky serait forcément une bénédiction. Trey Lyles intéresserait aussi beaucoup le club et son potentiel offensif est indéniable. Sa disponibilité à ce stade est néanmoins improbable. Il en va de même plus à l’aile pour Sam Dekker, le coéquipier de Kaminsky à Wisconsin.
À noter que le club a également rencontré Jerian Grant, le meneur de Notre Dame. Son profil académique pourrait être bénéfique en termes de création, mais le Jazz a déjà trois meneurs et un 12e choix parait trop haut. La possibilité d’une sélection de Kristaps Porzingis est aussi évoquée par Yahoo Sports. Son adresse et son flair offensif seraient en effet des atouts pour la franchise, cependant mal située pour le récupérer.
C’est justement ce point qui sera très intéressant à suivre du côté de la direction : Utah a l’habitude des manoeuvres le soir de la draft. En 2011, c’est par un trade-up qu’elle récupéra Enes Kanter en 3e position. De la même manière qu’en 2013, elle se débarrassa de ses 14e et 21e choix pour récupérer Trey Burke et Rudy Gobert, en 9e et 27e position. Il y a peu, Dennis Lindsey a indiqué réfléchir à des échanges avec ce premier tour de draft.
« Nous avons déjà beaucoup de jeunes que nous essayons de former. Nous devons faire notre inventaire pour voir si nous en avons assez ou si nous en voulons un de plus (…) Nous ne voulons pas être en perpétuelle reconstruction (…). Il y a plusieurs manoeuvres dans notre esprit pour accélérer notre progression. » a t-il dit.
Que ce soit pour un joueur de la promotion à même de convenir au plan immédiat de la franchise ou pour un vétéran, Utah pourrait de nouveau animer la soirée du 25 juin prochain. Une chose est certaine : la direction veut passer un cap dès la saison prochaine et cette soirée de la draft est sensée lui offrir le levier nécessaire à la réalisation de ce voeu.
De la reconstruction aux playoffs ?
Si le Jazz démarrait la saison prochaine de la même manière qu’elle ne l’a conclue (65% de victoires), elle présenterait un bilan de 53 victoires en fin de campagne 2015/16. Ce chiffre prévisionnel n’a évidemment aucune valeur, tant nombreux sont les impondérables à même de le compromettre, mais il démontre bien la dynamique en cours à l’heure actuelle à Salt Lake City. D’ailleurs, les joueurs eux-mêmes ne veulent se risquer à aucun pronostic chiffré, mais un objectif est bel et bien en tête.
« Je ne pense pas que ce soit bon pour nous de mettre beaucoup d’attentes sur (des prévisions chiffrées). » a répondu Gordon Hayward au Salt Lake Tribune à l’évocation de la barre des 50 victoires. « Mais les playoffs sont sans aucun doute un but. »
De son côté, après seulement deux ans de carrière, Trey Burke se sent déjà prêt à goûter à la post-saison.
« Ces dernières années, il était question du processus de reconstruction. Je pense que c’est le moment de passer à la prochaine étape. » a t-il enchainé.
Le Jazz en est-il capable ? Au regard de sa fin de saison, la réponse est positive. Si le club démarre la saison avec ce même socle défensif et ce même engagement, tout est possible. Mais une saison est longue. La concurrence à l’Ouest est en premier lieu redoutable, sans oublier que les adversaires vont eux-aussi s’adapter, et les organismes doivent rester en bonne santé. Ce n’est évidemment pas souhaitable mais il suffit d’un Gordon Hayward, Derrick Favors ou Rudy Gobert blessé pour que l’édifice soit déséquilibré. Offensivement, Quin Snyder doit également trouver une meilleure organisation, et ses joueurs doivent passer individuellement un cap.
Pour le moment, il est donc encore trop tôt pour parler des playoffs mais si une franchise semble en mesure de progresser jusqu’à ce niveau : aujourd’hui, il s’agit bien du Jazz.
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