[Previews 2018/19] 3e – Objectif Lune toujours d’actualité pour les Rockets

Comme chaque année, Basket USA propose une présentation de la saison NBA et des 30 franchises sous la forme d’un compte à rebours, de la 30e place à notre favori pour le titre de champion NBA.

Aujourd’hui, on attaque le podium avec les Rockets, qui n’étaient pas loin de faire tomber les Warriors lors des derniers playoffs. Avec le MVP en titre James Harden, Chris Paul et Clint Capela, qui a été prolongé, Mike D’Antoni a les munitions pour continuer de peaufiner son système offensif, et surfer sur la meilleure saison régulière de l’histoire du club. Mais pour cela, il faudra conserver le même niveau défensif que l’an passé, et c’est là que des questions se posent…

On sait que lorsqu’il a les bons joueurs à sa disposition, le système offensif de Mike D’Antoni est très efficace. Le technicien a ainsi dirigé 4 des 7 meilleures attaques de ces vingt dernières années, à Phoenix puis Houston.

Avec Chris Paul et James Harden pour jouer le pick-and-roll avec Clint Capela, et quelques shooteurs à 3-points autour (Eric Gordon, PJ Tucker, Carmelo Anthony, Gerald Green…), le coach devrait donc encore placer son équipe parmi les meilleures de NBA dans le domaine. Sauf qu’il faut aussi défendre, et que c’est souvent là que ça a posé problème pour Mike D’Antoni.

L’embauche de Jeff Bzdelik en tant que spécialiste défensif, il y a deux ans, avait toutefois aidé à corriger la chose. Grâce à Trevor Ariza, Luc Mbah a Moute ou encore PJ Tucker, qui compense particulièrement bien les oublis de James Harden, les Rockets avaient trouvé de la polyvalence défensive et mis en place un plan pour contrer les Warriors, en « switchant » sur quasiment tout défensivement. Cela enlevait énormément d’options aux Californiens, souvent forcés de laisser Kevin Durant se débrouiller en isolation, en laissant de côté le jeu en mouvement cher à Steve Kerr.

L’an passé, les Rockets affichaient ainsi la 6e défense de NBA, alors qu’ils étaient encore 18e l’année précédente.

« Historiquement, je pense que 19 des 20 derniers champions étaient dans le Top 10 dans les deux catégories [attaque et défense] », expliquait ainsi Jeff Bzedlik lors de son embauche. « C’est ce que je dis aux gars : vous voulez vraiment gagner le titre ou aller en Finals sans vous donner à fond des deux côtés du terrain ? Alors vous vous foutez le doigt dans l’oeil. C’est ce qu’on leur dit depuis le début. Vous voulez passer des paroles aux actes ? Alors, il faut faire ça. Et tout le monde ».

Le problème, c’est que Trevor Ariza est parti chercher des dollars à Phoenix et que Luc Mbah a Moute, bien que blessé en fin de saison, n’a pas été conservé. Sans compter que l’architecte de tous ces progrès défensifs, Jeff Bzdelik, a décidé de quitter lui aussi le navire, à dix jours du début du training camp. Et sans qu’on comprenne exactement pourquoi.

Certes, les Rockets ont gardé PJ Tucker, peut-être le maillon le plus important de leur chaîne défensive, et ils ont mis la main sur James Ennis et Michael Carter-Williams, intéressants par leur polyvalence défensive, afin de tenter de colmater les brèches. Mais ce n’est pas certain que cela tienne en playoffs, et surtout face aux Warriors…

Daryl Morey le répète depuis deux ans : les Rockets sont partis en chasse des Warriors et se construisent dans cette optique.

« Je dirais que beaucoup, à un très haut pourcentage, de nos décisions [sont liées à des possibles retrouvailles avec les Warriors] » expliquait-il le mois dernier. « Beaucoup de nos choix fonctionnent avec toutes les équipes. Comme l’an passé, il est très probable qu’il faudra battre les Warriors pour gagner le titre. On fait ce qu’il faut pour se préparer pour eux. »

Pour le GM, c’est tout à fait logique.

« Pour moi, c’est ce que n’importe quelle personne rationnelle ferait. Je suis intrigué par ceux qui trouvent ça curieux de notre part d’en parler. Peut-être parce que ce n’est pas la norme. Allez interroger n’importe quel fan : « Qui devez-vous battre pour gagner le titre ? » Ils répondront « Les Warriors ». On dirait que les GM ou les coaches ne doivent pas le dire. »

En effet, il semble rationnel de vouloir battre l’équipe qui domine la NBA depuis plusieurs saisons, si on vise le titre. La question, c’est de savoir si cette version de Houston a les moyens de le faire. Le départ de Trevor Ariza semble être un sacré coup dans cette optique, sa taille et ses mains actives ayant souvent été précieuses face à Kevin Durant. Il va ainsi falloir que les recrues comme James Ennis, Michael Carter-Williams, Brandon Knight ou Marquese Chriss tiennent le choc.

Quant à Carmelo Anthony, s’il peut être très utile aux Rockets dans un rôle de joker offensif en sortie de banc, on attend de voir comment se passeront ses retrouvailles avec Mike D’Antoni à long terme, et si sa défense ne posera pas problème.

Arrivées : James Ennis (Pistons), Michael Carter-Williams (Hornets), Carmelo Anthony (Thunder), Brandon Knight (Suns), Marquese Chriss (Suns)

Départs : Trevor Ariza (Suns), Luc Mbah a Moute (Clippers), Ryan Anderson (Suns), De’Anthony Melton (Suns), Chinanu Onuaku (Mavericks), RJ Hunter

La dernière fois que Mike D’Antoni avait dirigé Carmelo Anthony, ça s’était mal fini pour le coach. Obligé d’intégrer l’ailier à son système, chez les Knicks, les visions des deux hommes s’étaient affrontées et le coach avait pris la porte.

Désormais, les choses ont changé et l’entraîneur semble cette fois capable d’imposer sa philosophie, alors que Melo a quitté New York puis Oklahoma City, où il n’a jamais trouvé son rôle. Avec Chris Paul dans l’effectif, Carmelo Anthony a un soutien de poids dans le vestiaire, mais aussi un ami capable de lui faire accepter ce rôle de 6e homme qu’il refusait jusqu’à présent.

Logiquement, Carmelo Anthony pourrait donc être un renfort précieux dans ce rôle de shooteur de luxe en sortie de banc. Sauf qu’il y a tout de même un passif entre lui et Mike D’Antoni et que s’il se retrouve ciblé défensivement, à la manière d’un Ryan Anderson, et qu’il devient injouable lors des quatrièmes quart-temps des rencontres importantes, ou dans les playoffs, il y a des risques que Melo ait du mal à le supporter. Même Chris Paul aura alors du mal à faire passer la pilule.

James Ennis est LA bonne pioche de Daryl Morey et la défense des Rockets se maintient donc, malgré les départs. Plus motivés que jamais après cette finale de conférence perdue au Game 7, Chris Paul et James Harden gèrent le jeu texan de main de maître et Houston fait encore la course en tête à l’Ouest, Golden State étant par contre sur courant alternatif.

En sortie de banc, le duo Eric Gordon – Carmelo Anthony fait exploser les défenses à coups de 3-points, alors que Mike D’Antoni peut aussi compter sur le revenant Brandon Knight, le feu follet Gerald Green ou le dynamique Marquese Chriss, à l’aise dans un rôle simplifié. Les Rockets surfent donc en tête de la ligue et affichent le meilleur bilan en saison régulière pour la deuxième année de suite. Avec une vraie chance de faire tomber les Warriors pour des retrouvailles attendues…

L’expérience, la solidité et l’intelligence de Trevor Ariza et Luc Mbah a Moute manquent finalement à la défense, qui redevient moyenne. James Ennis se bat mais il a du mal face aux meilleurs ailiers de l’Ouest, et PJ Tucker ne peut pas tout compenser.

Sur le banc, Carmelo Anthony commence de son côté à grincer des dents, alors que le ballon est constamment dans les mains de Chris Paul ou de James Harden. Il y a rapidement de la friture sur la ligne avec Mike D’Antoni et les Warriors semblent de nouveau très loin, et une revanche en finale de conférence est loin d’être assurée à l’approche des playoffs.