Enfoui en troisième position sur le poste d’ailier dans la rotation des Blazers, Luis Montero (2m01, 23 ans) est un des joueurs les plus méconnus de la ligue. Et pour cause, le natif de Saint Domingue, en République Dominicaine, possède l’un des CV les plus légers… et du même coup, l’un des parcours les plus atypiques de la NBA.
Des playgrounds de Santo Domingo à la NBA
« Là-bas, tout le monde joue au basket parce qu’ils aiment ça – par parce qu’ils veulent devenir professionnels ou importants. » explique Montero sur NBA.com. « La mentalité que j’ai aujourd’hui est différente, plus professionnelle. Je travaille dur chaque jour, pour m’améliorer en tant que joueur. »
En fait, à part pour une saison de Community College à Wetchester (à 15 points, 6 rebonds, 3 passes) en 2013-14, Montero n’avait aucune autre expérience basket que ses innombrables heures passées sur les playgrounds de sa ville natale.
« Il vient d’un des pires quartiers de Saint Domingue. » ajoute Pablo Perez, un basketteur dominicain qui a repéré la pépite. « De 8 à 11 ans, il se battait chaque jour avec les autres gamins. Et puis, il a grandi d’un coup. Après l’école, il était sur le terrain de basket tous les jours jusqu’à minuit quasiment. Il jouait tout le temps. »
De passage sur l’île caribéenne en 2011, Perez revient naturellement sur les playgrounds pour s’aérer l’esprit quand il découvre ce jeune athlète qui fait la misère à tout le monde.
« J’ai vu ce gamin – très fluet, il avait 18 ans – dribbler et passer tous ses adversaires. Je me suis dit direct que c’était un joueur NBA. Je me demandais ce qu’il faisait ici ? Ils m’ont dit qu’il allait se faire drafter [dans la ligue dominicaine]. J’ai répondu qu’il ne fallait pas qu’il passe pro. Je vais l’emmener aux Etats-Unis et il ira en NBA. »
Déplacé à New York, Montero entame donc un cursus américain avec un passage au lycée dans l’académie Wilbraham & Monson Academy, dans le Massachusetts. Suite une année seulement au Community College de Wetchester car son équipe n’est pas qualifiée l’année suivante… Résultat, il se présente alors à la draft 2015… mais, trop méconnu, n’est jamais appelé par Adam Silver.
Sa vie changée à jamais
Qu’importe, le jeune Montero croit de plus en plus en son rêve NBA. Notamment au contact des Al Horford et autres Francisco Garcia, qu’il rencontre au sein de la sélection dominicaine.
« Horford et les autres gars disaient, ce gamin a une chance d’y arriver. » détaille Ron Sanchez, entraîneur adjoint à Virginia et assistant coach de la sélection dominicaine. « Il a cette personnalité enjouée qui le fait aimer de ses coéquipiers. »
Joueur à l’instinct, dans la pure tradition des playgrounds, Luis Montero est encore un peu léger (et encore, il est passé de 82 à 93 kg depuis son arrivée en NBA) mais son sens du panier et sa vista pourraient bien en faire un joueur capable d’apporter en sortie de banc pour Terry Stotts. Chez les Warriors de Santa Cruz en D-League, Montero a rendu des copies plutôt encourageantes avec 16 points, 6 rebonds et 4 passes de moyenne.
Profitant de la reconstruction des Blazers, Montero a pu radicalement changer de vie. Et par la même occasion, il a aussi pu stabiliser sa famille, ses parents et son petit frère de 9 ans, en leur achetant un appartement avec trois chambres. Pour celui qui n’avait jamais mangé trois repas par jour jusqu’à son départ aux Etats-Unis, c’est déjà une histoire bouleversante.
« C’était vraiment très important pour moi et ma famille. Je pense que tout est beaucoup mieux maintenant. C’est bien, bien, bien mieux ! »
En attendant de voir si le feu follet Montero va pouvoir se faire une place en NBA, il sait qu’à tout le moins, il pourra rebondir grâce à cette expérience dans la Grande Ligue. Devenu plus costaud et plus professionnel, Luis Montero n’oublie pas d’où il vient et c’est certainement ça qui le pousse chaque jour à bosser encore plus dur…
17 points, 9 rebonds cet été à Las Vegas
https://www.youtube.com/watch?v=c2e5ppWvXg4
Ses highlights du mois de mars dernier en D-League