Comme chaque année, Basket USA propose une présentation de la saison NBA et des 30 franchises sous la forme d’un compte à rebours, de la 30e place à notre favori pour le titre de champion NBA. Après les Hawks, les Kings, le Magic, les Bulls, les Knicks, les Suns, les Nets, les Cavs, les Grizzlies, les Mavericks, les Clippers, les Hornets, les Pistons, le Heat et les Blazers, place à Minnesota, une franchise en proie à de grosses turbulences. Pourtant, tout devrait sourire à la franchise, qui a retrouvé les playoffs pour la première fois depuis 2004. Mais voilà, en coulisses, c’est la crise, et on ne les voit pas en playoffs…
L’affaire Jimmy Butler, symbole d’une lutte intestine |
On a connu plusieurs fois le « Melo-drama » et maintenant, place au « Jimmy-drama ». Après avoir refusé une prolongation de contrat au début de l’été, Jimmy Butler a carrément demandé à partir ! C’était il y a dix jours, et ses dirigeants s’activent pour lui trouver un point de chute. Lui aimerait rejoindre le Heat, les Clippers, les Nets ou les Knicks, mais les Wolves, comme les Pacers avec Paul George ou les Spurs avec Kawhi Leonard, iront au plus offrant. Et ça coince…
L’affaire Jimmy Butler n’est pas uniquement sportive puisqu’elle révèle aussi de vraies divergences au sommet de la franchise, et ça n’arrange rien. D’un côté, il y a Tom Thibodeau, à la fois président et coach, qui s’accroche à son projet et aimerait trouver une solution pour convaincre son arrière/ailier de rester. De l’autre, Glen Taylor, le propriétaire, qui a pris la main sur les négociations pour sortir de l’impasse le plus rapidement possible et ne pas embourber le club.
Un mal pour un bien ? |
Forcément, l’affaire Butler va laisser des traces. En coulisses, Tom Thibodeau en sortira affaibli (s’il reste…), mais sur le terrain, c’est peut-être un mal pour un bien puisque Jimmy Butler était en froid avec Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns, les deux jeunes vedettes de l’équipe. Et que les Wolves peuvent récupérer des contreparties intéressantes.
Il lui faudra tout de même compter sur un effectif remanié avec des départs (Nemanja Bjelica, Jamal Crawford et bien sûr Jimmy Butler) et quelques arrivées (Anthony Tolliver, Josh Okogie, Keita Bates-Diop, James Nunnally, Luol Deng et le remplaçant de Jimmy Butler), mais forcément la préparation est perturbée et le début de saison sera sans doute compliqué. Le plus important pour Tom Thibodeau, c’est de pouvoir s’appuyer sur des valeurs sûres, les fameux « Timberbulls », comme Taj Gibson et Derrick Rose, et désormais Luol Deng, mais aussi un meneur (Jeff Teague) qui reste solide.
On sait que le coach aime avant tout les guerriers et c’est peut-être ce mélange non homogène entre le talent des jeunes Wolves dont il a hérité et le côté combattant qu’il tente depuis à tout prix d’instiller qui lui pète aujourd’hui à la figure…
Et puis, il y a donc les deux jeunes vedettes, Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns. Le premier reste une énigme, essentiellement parce qu’il est toujours sur courant alternatif en défense, et que ses qualités athlétiques devraient lui permettre d’être beaucoup plus dominant en attaque. Le second n’est plus très loin du statut de superstar, et les Wolves lui ont proposé le maximum il y a quelques jours pour s’assurer qu’il restera leur « franchise player » pendant cinq ans de plus !
Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir un vrai joueur de cette trempe, avec une telle polyvalence offensive, et le départ de Jimmy Butler pourrait lui permettre de s’affirmer davantage comme leader. À condition toutefois que lui aussi progresse en défense, où ses rotations souvent suspectes ont tendance à mettre tout le groupe en difficulté.
LES MOUVEMENTS DE L’ÉTÉ |
Arrivées : Josh Okogie et Keita Bates-Diop (Draft), James Nunnally, Anthony Tolliver (Pistons), Luol Deng (Lakers)
Départs : Nemanja Bjelica (Kings), Jimmy Butler (?), Jamal Crawford
LE JOUEUR À SUIVRE : Andrew Wiggins |
Si Karl-Anthony Towns a confirmé son statut de « franchise player », Andrew Wiggins laisse un goût d’inachevé, et il a même régressé la saison passée. La faute à Jimmy Butler qui lui a fait de l’ombre et dont le volume de jeu est plus important.
Plus maladroit et moins influent sur le jeu, Andrew Wiggins doit une revanche à son public mais aussi ses dirigeants qui ont cassé sa tirelire sur lui (146 millions sur cinq ans). Il doit redevenir la deuxième option en attaque, mais aussi et surtout montrer des progrès en défense et dans son jeu sans ballon.
Le départ de Jimmy Butler va lui redonner de l’espace, et selon le remplaçant de l’ancien Bull, il lui faudra une fois de plus trouver sa place, plutôt à l’aile où ses qualités en un-contre-un restent son point fort. Mais on attend davantage de lui car il n’est plus dans son contrat rookie, et va toucher 25 millions de dollars cette saison ! Il n’a donc plus l’excuse de la jeunesse…
MOYENNE D’ÂGE : 26.6 ans |
MASSE SALARIALE : 120.2 millions (11e sur 30) |
SI TOUT VA BIEN |
Finalement, le départ de Jimmy Butler libère tout un groupe, et son remplaçant colle mieux au collectif. Certes, les Wolves ont perdu en défense et en leadership mais Minnesota s’appuie sur une base solide, et les discours répétés sur la volonté et l’envie ne manquent à personne. En attaque, Anthony Tolliver et James Nunnally apportent un vrai danger à 3-points, de quoi ouvrir le terrain et écarter les défenses pour faire davantage de place à Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins.
À la bagarre avec Portland, San Antonio ou encore Denver et les Lakers, Minnesota tire son épingle du jeu et enchaîne une deuxième saison en playoffs. Le Jimmy-drama est digéré !
SI TOUT VA MAL |
Les Wolves n’arrivent pas à trouver preneurs pour Jimmy Butler et ils débutent la saison sans lui… mais aussi sans son remplaçant. Alors que l’Ouest s’est sérieusement renforcé cet été, Minnesota prend donc du retard à l’allumage. Pire, Tom Thibodeau est contesté par son propriétaire, et il n’est pas sorti indemne des tractations pour échanger son arrière/ailier. Un président/coach affaibli et un groupe dans l’incertitude… Voilà qui n’augure pas d’une saison de tout repos.