Alors que la 26e édition du Hoop Summit s’est tenue samedi à Portland, on profite de l’occasion pour effectuer un bond en arrière de dix ans, avec le Hoop Summit 2015. Sur le modèle de l’édition 2011 avec Anthony Davis et Evan Fournier, on observe une variété de destins, mais surtout l’implacable loi du temps qui passe, puisque seuls cinq joueurs présents au Hoop Summit 2015 évoluent toujours en NBA. Et une vague de « one and done » qui n’ont pas franchement payé par la suite !
Côté américain, cette cuvée était marquée par la présence de trois futurs All-Stars : Jalen Brunson, Jaylen Brown et Brandon Ingram, des vedettes de leur génération, payés en conséquence, mais derrière, c’est bien tristounet avec sept joueurs qui évoluent dans des ligues de seconde, voire troisième, zone.
Côté international, Jamal Murray et Ben Simmons sont clairement les têtes d’affiche, et les deux seuls joueurs à encore évoluer dans la Grande Ligue. Les autres ont bien roulé leur bosse, en véritables globe-trotters des parquets, au gré de courtes piges aux quatre coins du monde.
Ce voyage dans les couloirs du temps permet de se remémorer des noms oubliés, tels que Ivan Rabb, Thon Maker ou Skal Labissière, en passant par le fils du GOAT des bûcherons… et même, hélas, d’un disparu trop jeune.
Team USA
Jaylen Brown (28 ans, Boston)
Bien que considéré quatrième meilleur prospect de cette cuvée (derrière Ben Simmons, Brandon Ingram et Skal Labissière), Jaylen Brown avait été auteur d’un petit match au Summit, avec seulement 8 points et 2 rebonds. Mais il s’est bien rattrapé depuis, devenant en deux ans un des cadres des Celtics qui sont allés conquérir le titre suprême l’an passé, avec le titre de MVP des Finals en prime. Quadruple All-Star, l’ailier explosif et physique de Bean Town est aussi un joueur influent dans la Ligue, par son rôle au sein du syndicat des joueurs.
Jalen Brunson (28 ans, New York)
Longtemps en civil sur le banc, la faute à une blessure à la cheville droite, Jalen Brunson a effectué un retour en douceur récemment. N’empêche, il est clairement un des grands noms de cette cuvée. Deux fois titré en NCAA, dont un titre de MOP en 2018 avec Villanova, le meneur gaucher a également atteint les sommets de la Ligue, avec deux capes All-Star depuis son arrivée à New York. Où, après deux premières saisons à 9 points de moyenne à Dallas, il a clairement passé un cap majeur, à 28 points cette saison !
Brandon Ingram (27 ans, Toronto)
Sur le flanc depuis décembre dernier, lui aussi à cause d’une cheville, l’ailier All-Star a depuis été envoyé de La Nouvelle-Orléans à Toronto dans l’échange contre Bruce Brown et Kelly Olynyk. Attendu à l’entraînement la semaine prochaine, Brandon Ingram va rater le train des playoffs, après l’avoir attrapé deux fois seulement en cinq ans à NOLA (pour deux sorties dès le premier tour). Débarqué en NBA un an après le Hoop Summit, ce scoreur prolifique et élégant aura un nouveau défi à relever avec les jeunes Raptors et Scottie Barnes sur l’autre aile.
Henry Ellenson (28 ans, G-League)
Seul joueur inactif pour le match final de l’édition 2015, Henry Ellenson fera pourtant bien monter sa cote l’année suivante du côté de Marquette (où son père avait aussi évolué), se faisant élire meilleur rookie de la Big East avec 17 points et 9 rebonds de moyenne. Drafté haut (en 18e choix) par les Pistons, le pivot shooteur va plafonner à 38 apparitions sa deuxième saison, avant de faire le nombre à New York, Brooklyn puis Toronto. Après deux saisons correctes en Espagne (autour des 11 points et 5 rebonds), et une courte pige au Japon, l’intérieur est revenu au bercail, au Herd du Wisconsin en G-League où il tourne à 20 points, 9 rebonds.
Chase Jeter (27 ans, G-League)
Intérieur très bien noté après avoir été élu meilleur joueur de son Etat du Nevada lors de son année senior, Chase Jeter a même réussi à gratter une médaille d’or au Championnat des Amériques des moins de 18 ans, remplaçant appelé au dernier moment. Mais sa carrière ne décollera jamais. En NCAA, il va d’abord squatter le bout du banc à Duke, avant de trouver du temps de jeu chez les Wildcats d’Arizona. Snobé à la Draft 2020, il ne touchera jamais à la Grande Ligue. Après deux saisons européennes, en Autriche et en République Tchèque, il est rentré au pays, au Go-Go de Capital City, l’équipe G-League des Wizards. Sans grande réussite (3 points, 2 rebonds)…
Malik Newman (28 ans, Turquie)
Non-drafté en 2018, l’arrière scoreur, qui aura connu son heure de gloire à Kansas, ne jouera finalement que deux matchs en NBA, avec les Cavs, en 2020 puis 2021. Malik Newman va surtout faire carrière dans l’antichambre de la Ligue, avant de s’exporter à l’international, notamment en Russie où il a fini meilleur scoreur en VTB League en 2023, avec 19 points de moyenne avec Saratov. Il a bien bourlingué depuis et continue de rouler sa bosse, entre l’Italie et la Turquie cette saison, avec un rôle moindre (7 points).
Isaiah Briscoe (28 ans, Taïwan)
Meneur coté dans son lycée du New Jersey, qui passera deux saisons à Kentucky, Isaiah Briscoe faisait partie des têtes de gondole de l’événement en 2015, tout proche du double-double d’ailleurs (9 points, 9 passes, plus 4 rebonds et 3 interceptions). Mais, non-drafté et sans adresse extérieure, il n’aura droit qu’à deux petites piges en NBA (à Orlando et Philly) avant de disparaître sur le circuit international (Allemagne, Pologne, Italie, Grèce) et désormais à Taïwan.
Stephen Zimmerman (28 ans, Japon)
Intérieur de devoir, Stephen Zimmerman a rapidement passé la case NCAA, « one and done » à UNLV, pour se faire sélectionner par le Magic à la Draft 2016. Mais, choisi au second tour, sans contrat garanti, il va surtout squatter l’antichambre de la Ligue, pendant trois saisons, avant de s’exporter en Europe (Allemagne, République Tchèque) et plus loin encore (Australie, Japon). Depuis deux saisons, il fait en l’occurrence des stats en deuxième division japonaise (12 points, 10 rebonds).
Ivan Rabb (28 ans, sans club)
Intérieur longiligne qui va bien progresser à la fac de California (14 points, 10 rebonds en sophomore), Rabb va signer un contrat NBA après un échange entre le Magic qui l’avait drafté en 35e position (au second tour), avant de l’échanger à Memphis (avec Dillon Brooks). Mais, au bout de ses deux saisons garanties, il a été limogé et, après deux petits tours en G-League, il a carrément disparu des radars et semble s’être lancé dans le mentoring de jeunes athlètes.
Allonzo Trier (29 ans, sans club)
Scoreur de série et natif de Seattle, Allonzo Trier suivait les traces d’un Jamal Crawford, réussissant une belle carrière universitaire du côté d’Arizona (17 points, 4 rebonds en trois saisons). Mais, ignoré à la Draft 2018, sa carrière a tourné court, et ce, malgré une très belle campagne rookie à 11 points avec les Knicks. Il a retenté sa chance en G-League, chez les Vipers, en début de saison, mais il n’a pas passé le cut…
Caleb Swanigan (décédé à 25 ans)
C’est le destin tragique de cette cuvée. En proie à des problèmes de surpoids tout au long de sa vie, Caleb Swanigan a été arraché à sa cellule familiale au lycée pour tenter d’accrocher la Grande Ligue. Grâce à deux belles saisons à Purdue, dont 18 points et 12 rebonds sa seconde, l’intérieur massif a réussi à réaliser son rêve de NBA, drafté au 26e tour par les Blazers. Mais, sans temps de jeu à Portland, il sera échangé à Sacramento, avant un retour bref à Portland avant la Bulle. Deux ans plus tard, il était retrouvé mort (de causes naturelles) chez lui à Fort Wayne, dans l’Indiana…
Team World
Jamal Murray (28 ans, Denver)
Grand bonhomme du Hoop Summit avec 30 points et le titre de MVP du match, avec la victoire de la « Team World » sur le fil (103-101), Jamal Murray a plutôt bien assumé sa « hype » de l’époque dans sa carrière NBA. Deuxième option des Nuggets derrière l’inévitable Nikola Jokic, l’archer canadien des Rocheuses en est à sa quatrième saison de suite à 20 points ou plus, remportant notamment le titre suprême en 2023. Malheureusement freiné par les blessures, dont une saison blanche en 2021/22, et encore cette saison, il n’a atteint les 80 matchs joués que deux fois en carrière, et n’a conséquemment jamais été All Star… De même, son bilan à l’internationale, avec la sélection canadienne, est pour le moment vierge de médailles, avec une décevante cinquième place aux derniers JO de Paris.
Ben Simmons (28 ans, LA Clippers)
Proche du triple-double pour le match à Portland (13 points, 9 rebonds, 9 passes), le grand espoir australien avait donné le ton d’emblée sur son jeu polyvalent et sa capacité athlétique. À 14 points, 7 rebonds et 7 passes de moyenne sur ses sept saisons de NBA, Ben Simmons a clairement baissé d’un cran depuis ses blessures au dos à la fin de sa période à Philly, où il avait été trois fois All-Star. Désormais « roler player » chez des Clippers, il veut se refaire une santé après trois dernières années bien maussades. Arlésienne chez les Boomers, l’ancien n°1 de la Draft 2016 ne s’est jamais doté d’un tir extérieur (ou même à mi-distance) suffisamment stable pour accomplir pleinement son potentiel, considérablement entamé par les blessures.
Thon Maker (28 ans, Liban)
Ailier moderne de 2m13 pour 100kg qui finira meilleur rebondeur du Hoop Summit (10 prises), Thon Maker était très attendu, choisi en 10e choix de la Draft 2016 par les Bucks sur son potentiel physique. Comparé à Kevin Garnett, le Soudanais (du Sud) de naissance va faire ses armes aux côtés de Giannis Antetokounmpo mais il ne percera jamais. Il culminera à 5 points et 4 rebonds en 2018/19, entre Milwaukee et Detroit. Cinq saisons NBA et le voilà sur le circuit international, dont la Chine (15 points, 8 rebonds de moyenne en deux saisons) et le Liban actuellement.
Skal Labissière (29 ans, G-League)
Classé dans le Top 3 des meilleurs prospects des lycées américains avant le Hoop Summit, où il confirmera de belles prédispositions avec 21 points, 6 rebonds et 6 contres, Skal Labissière va faire une petite saison (6 points, 4 rebonds seulement) à Kentucky avant de se déclarer à la Draft 2016, lors de laquelle il sera choisi en 28e position. Ballotté depuis entre des rôles mineurs en NBA, et des bonnes stats en G-League (dont deux invits aux deux derniers All-Star Game), l’attachant intérieur haïtien a joué 4 matchs cette saison avec les Kings, mais il n’arrive malheureusement pas à s’y imposer dans la durée.
Cheick Diallo (28 ans, Porto Rico)
Arrivé sur le tard au basket, l’intérieur malien a appris vite pour finir en cinq étoiles à la fin du lycée, raflant au passage le MVP au McDonald’s All American puis au Jordan Classic. Au Hoop Summit, Cheick Diallo cumulera 12 points, 6 rebonds et 3 contres. « One and done » à Kansas, il a été choisi par les Pelicans à la 33e place. Il y fera trois saisons, entre la G-League et la NBA, pour 6 points et 5 rebonds sa meilleure saison en 2018-19. Ensuite, c’est le voyage : Russie, Espagne, Porto Rico, Japon, Philippines.
Stefan Peno (27 ans, Serbie)
Prometteur chez les jeunes avec pas moins de quatre médailles en championnats d’Europe jeunes, dont un trophée de MVP du tournoi en moins de 16 ans (malgré une médaille d’argent), Stefan Peno va peu à peu rentrer dans le rang. Formé au Barça, mais plus souvent dans la réserve que la première, le meneur Serbo-Guyanais évolue désormais en championnat serbe, au Radnicki Belgrade, honnête à 13 points, 5 rebonds et 4 passes cette saison. A part pour un joli doublé coupe – championnat en 2020 avec l’Alba Berlin en Allemagne, il ne va s’imposer nulle part, ni en Lituanie, ni en Espagne, ni en Grèce. Un pigiste globe-trotter en somme.
Zhou Qi (29 ans, Chine)
Joueur All-Star dans son pays, le pivot chinois de 2m18 débarque chez lez Rockets qui continuent de surfer sur l’engouement qu’ils suscitent dans l’Empire du milieu en 2017, un an après sa Draft. Entre temps, il a remporté le titre de champion de Chine avec son club de Xinjiang, à 16 points, 10 rebonds et 2 contres de moyenne. Mais en NBA, Zhou Qi ne fera qu’un petit tour (19 matchs en tout et pour tout). De retour au pays, il claquera sa meilleure saison en carrière à 22 points, 13 rebonds et 2 contres. S’il a rapidement testé la ligue australienne, avec succès, il est plutôt resté casanier, passé cette saison aux dominants Ducks de Pékin.
Federico Mussini (27 ans, Italie)
Dans le bon wagon dès ses débuts pros avec Reggio Emilia qui ira emporter l’EuroChallenge en 2014 alors qu’il tourne à 11 minutes par match, Federico Mussini va ensuite vivre son rêve américain après avoir participé au Jordan Brand Classic à 16 ans et au Hoop Summit à 19, puisqu’il passera deux saisons à la légendaire fac de St John’s, dans le quartier du Queens à New York. Mais le retour à la réalité va être assez rude car le meneur ne va jamais s’imposer en première division italienne. Sur ses dix dernières années de carrière dans la Botte, six ont été passées en Deuxième Division.
Georginho De Paula (28 ans, Brésil)
A l’instar de Zhou Qi en Chine, Georginho De Paula n’aura fait que de rares incartades hors de son territoire natal, qu’il connaît plutôt bien et où il domine son sujet. Meneur/arrière d’1m98, mais sans tir fiable à 3-points, il va d’abord tenter sa chance en G-League, chez les Vipers de Rio Grande Valley, après sa première saison concluante et un titre de Meilleure Progression au Brésil en 2017. Il rebondira bien en devenant double champion, dont le titre de MVP des Finales et même champion du monde des Clubs (la FIBA Intercontinental Cup) en 2023. Il goûtera succinctement à l’Europe à Ulm, mais là aussi sans insister davantage. Il joue dans son club de cœur de Franca depuis.
Tai Wynyard (27 ans, Nouvelle Zélande)
Plus jeune joueur du Hoop Summit, du haut de ses 17 ans, l’intérieur néo-zélandais n’a vu le parquet des Blazers que pour 10 minutes pour 2 petits points et 2 passes. Signé par Kentucky, son avenir semblait prometteur, mais sans minute sa première saison, blessé au dos la seconde, il essaiera bien de se relancer à Santa Clara, mais là aussi, ça va capoter. Retour à la case départ donc, en Nouvelle-Zélande, où il a joué la quasi totalité de sa carrière, sans grand éclat car souvent plombé par les pépins physiques. Fun fact : son père Jason est plus ou moins le GOAT des bûcherons de compétition.
Nedim Buza (29 ans, Bosnie)
Ailier délié de 2m03 pour 95kg capable d’aller claquer de jolis dunks, Nedim Buza va faire carrière au pays, avant de connaître la Belgique, et deux doublés coupe – championnat avec Ostende. Il va aussi se blesser gravement au tibia péroné en septembre 2016, et sa carrière va forcément en pâtir. Il ne joue plus professionnellement depuis une pige de 9 matchs au Bosna Royal en 2023.
Les meilleurs dunks du Hoop Summit 2015