Annoncée très riche, l’actuelle cuvée de rookies faisait ses grands débuts sur la scène NBA cet été.
Déjà ensemble pour une escapade dorée en Crète en 2019, Cade Cunningham, Jalen Green et leurs petits camarades du Top 5 de la dernière Draft ont pour la plupart rempli leur mission et répondu aux attentes, mais certains autres ont déçu, quand d’autres encore ont surpris et ont alimenté quelques regrets à certaines franchises.
Dans ce premier bilan, Basket USA se concentre uniquement sur les rookies, dont le très bon Davion Mitchell, élu co-MVP avec Cameron Thomas des Nets. La deuxième partie évoquera les sophomores et les « vétérans » en général…
Le Top 5 de la Draft : des valeurs sûres
Cade Cunningham (Pistons – 19 points, 6 rebonds, 2 passes, 2 interceptions)
Joueur métronomique et méthodique, Cade Cunningham n’est clairement pas le type de joueur le plus adapté pour briller dans le contexte (individualiste) de la ligue d’été. Cela dit, le numéro 1 de la dernière Draft a parfaitement assumé son statut avec 19 points, 6 rebonds, 2 passes, 2 interceptions et 1 contre de moyenne, le tout à 43% de réussite aux tirs dont un très bon 50% à 3-points (13/26).
S’il a eu besoin de deux matchs pour vraiment trouver son rythme, Cunningham a laissé une belle première impression, avec ce match à 24 points (à 7/10 à 3-points), 7 rebonds, 3 passes face aux Knicks. De même, si Houston et Jalen Green ont remporté le match face à ses Pistons, Cunningham a été très bon face à son dauphin à la Draft, rentrant notamment un 3-points après avoir esquivé Green d’un dribble dans le dos…
A sa décharge, Cunningham a également dû s’adapter à un rôle bien différent du sien à Oklahoma State, en deuxième « meneur » alors que Killian Hayes a été le principal porteur de ballon des Pistons. Cette option n’a pas vraiment porté ses fruits et il semblerait logique que Cunningham ne soit plus placé dans le coin en attaque, mais bel et bien en tête de raquette à diriger la manoeuvre quand les choses sérieuses vont commencer…
https://www.youtube.com/watch?v=qGdAapOIS4w
Jalen Green (Rockets – 20 points, 4 rebonds, 2 passes)
A 20 points de moyenne à 51% aux tirs dont 53% à 3-points, Jalen Green a confirmé d’entrée de jeu qu’il était l’attaquant d’élite qu’on prédisait (le meilleur de la Draft selon lui). Malheureusement touché aux ischios, l’ancien pensionnaire de G-League a dû jeter l’éponge après trois matchs seulement, mais ses 62 points en 71 minutes laissent à penser que les Rockets ne se sont pas trompés avec leur deuxième choix.
Athlète au-dessus du lot, Green a également la lecture du jeu qui va avec pour aller trouver les interstices dans la défense adverse, mais aussi pour sanctionner un défenseur trop collant d’un stepback déjà bien maîtrisé. A la différence de Cunningham, Green a pour le coup eu les coudées franches en attaque avec les Rockets et il en a bien profité, démontrant au passage qu’il avait déjà des mouvements de vétéran, notamment sur des 3-points qu’il arrive à se créer tout seul comme un grand.
A ce propos, son adresse à 3-points devrait logiquement retomber à la rentrée prochaine, surtout face à des défenses plus préparées et mieux organisées, mais Green a d’ores et déjà assumé la « hype » autour de lui. Attaquant élégant et athlète largement au-dessus de la moyenne, Green va surtout devoir apprendre à répéter les performances à haut niveau lors du marathon de la saison régulière, comme tous les rookies qui débarquent.
Evan Mobley (Cavaliers, 11 points, 8 rebonds, 3 passes, 2 contres)
Le longiligne rookie des Cavs n’aura joué que trois matchs, pour une production correcte mais sans plus, à 11 points, 8 rebonds, 3 passes et 2 contres (tout de même). Les fans des Cavs sont manifestement inquiets mais, à l’image d’un gros dunk sur la tête d’Alperen Sengun après un rebond offensif autoritaire, ou un contre sur le même Sengun, Evan Mobley a tout de même rassuré sur son potentiel des deux côtés du terrain.
Comme Kristas Porzingis ou Jaren Jackson Jr. avant lui, dont la production en ligue d’été est très similaire, Mobley doit encore se renforcer musculairement pour vraiment peser de tout son poids. Il s’est ainsi fait bouger plusieurs fois par des attaquants adverses, et il a souvent pris des tirs un peu casse-croûte, souvent en déséquilibre ou sous pression de la défense.
Il faudra probablement s’attendre à un démarrage plutôt laborieux la saison prochaine pour l’ancien d’USC à Cleveland. Cela dit, la présence de véritables menaces offensives à ses côtés, dont Collin Sexton ou Darius Garland (voire Ricky Rubio qui débarque) créeront les espaces suffisants pour libérer Mobley.
Scottie Barnes (Raptors, 15 points, 7 rebonds, 3 passes, 2 contres)
Alors lui, par contre, n’aura pas besoin de période d’adaptation du point de vue du physique ! Phénomène athlétique sur les ailes, à 2m03 pour 102kg, Scotties Barnes a des faux airs de OG Anunoby sur un terrain de basket, et ça tombe bien car ils seront bientôt coéquipiers à Toronto. Comme Anunoby, Barnes débarque en NBA assez brut de décoffrage techniquement, surtout sur le tir extérieur (27% à Vegas).
Mais pour ce qui est de se jeter au sol pour récupérer un ballon, dunker son propre raté sur la claquette ou fixer la défense pour décaler un coéquipier, Barnes s’est montré tout à fait à la hauteur. Il a notamment réussi un joli double double à 18 points, 10 rebonds et 5 passes face aux Knicks, avec une vraie volonté de créer du jeu pour ses partenaires, mais il y aura aussi une part de boulot pour rectifier le tir extérieur sur jeu placé, à 4/15 sur le tournoi.
Avec son autre coéquipier, Precious Achiuwa, fraîchement arrivé dans l’échange pour Kyle Lowry, Barnes rentre dans la lignée des ailiers aux longs bras qu’apprécient particulièrement les Raptors (après Pascal Siakam, Chris Boucher voire Yuta Watanabe). Barnes fait en tous les cas partie de ce nouveau projet qui s’engage chez des Raptors au potentiel défensif assez effrayant.
Jalen Suggs (Magic, 15 points, 6 rebonds, 2 passes, 2 interceptions)
Comme l’autre Jalen, Suggs n’a pas terminé la ligue d’été à cause d’un petit pépin physique (au pouce gauche). Dans ces cas-là, on ne prend évidemment aucun risque et ça laisse donc une petite pointe de regret tant l’ancien de Gonzaga avait brillé pour débuter, avec 24 points, 9 rebonds et 3 contres (dont une situation de deux contre un que va renverser Suggs au contre dans les ultimes secondes) pour arracher la victoire face à Golden State en prolongation.
Plus complet face à Cleveland à 16 points, 8 rebonds et 5 passes, Suggs n’aura finalement droit qu’à 11 minutes de jeu face à Boston avant de se faire mal au pouce. A 36% à 3-points, l’ancien quarterback des Zags n’avait pas forcément bien réglé la mire mais son activité et sa présence leader sur le terrain ont déjà été palpables à Vegas.
Le Magic doit se frotter les mains de disposer d’un tel talent des deux côtés du terrain. En attendant le retour programmé de Markelle Fultz, Orlando va pouvoir confier les clés du camion à Suggs en toute confiance. Suggs commettra évidemment son lot d’erreurs en chemin mais, à l’image de sa claquette dunk monstrueuse sur un raté de Janis Timma, la nouvelle pépite du Magic a les épaules taillées pour un costume de star en NBA.
https://www.youtube.com/watch?v=9gjKUjJPWR8
Quelques belles surprises
Davion Mitchell (Kings, 11 points et 6 passes)
Si c’est Louis King qui a été élu MVP des Finals, après la victoire de Sacramento contre Boston, son coéquipier Davion Mitchell est lui élu co-MVP de la compétition. 9e choix de la Draft, on ne peut pas vraiment le classer dans les surprises, mais ce qui est épatant, c’est qu’il a vraiment la gagne dans le sang. Déjà champion NCAA avec Baylor, Mitchell pèse sur le jeu davantage que par ses stats brutes, et on retiendra ses grosses performances en défense.
Bien accroupi et solide sur ses appuis, il se fait rarement débordé sur le un-contre-un, et c’est un régal à voir jouer. C’est aussi un leader, et il aura un vrai rôle à jouer dans une franchise en quête de playoffs depuis 15 ans. Même s’il y a De’Aaron Fox devant lui, il a les qualités pour grappiller du temps de jeu.
Cameron Thomas (Nets, 27 points, 2 passes, 2 rebonds)
Désigné co-MVP avec le King Davion Mitchell, Cameron Thomas a pris tout le monde par surprise. Meilleur scoreur du tournoi à Vegas, l’ancien de LSU a mis tout le monde d’accord avec deux sorties à 30 points ou plus, dont un ultime match à 36 points. Mais n’allez pas lui dire que c’était un coup de chance ! Thomas fait partie de ces joueurs qui a besoin de croire qu’il est le meilleur scoreur sur le terrain pour rayonner au mieux.
Car, dans les autres compartiments du jeu, Thomas n’est pas vraiment impliqué, ni intéressé. Le néo-Net n’a fait la passe à Vegas que s’il n’avait aucune autre solution de secours. A voir comment sa mentalité va passer au contact des trois Alphas locaux à la rentrée prochaine…
Mais, à l’instar de ce qu’il a pu faire pour battre les Wizards en prolongation, dont ce dernier tir sur un pied après avoir cafouillé son dribble face à Corey Kispert, Thomas n’a peur de rien. Sa capacité à se redresser comme un i sur ses tirs en suspension en sortie de dribble est bonnement affolante. Aucune position n’est rédhibitoire pour Thomas qui a le shoot dans le sang !
Alperen Sengun (Rockets, 14 points, 11 rebonds, 3 passes, 3 contres)
Il a 19 ans depuis un mois seulement, mais Alperen Sengun n’a pas été impressionné le moins du monde pour ses débuts dans l’univers NBA, avec la ligue d’été en guise d’introduction. Le géant turc de 2m08 pour 110kg a fait parler sa stature dans la peinture de Vegas. Machine à double double, il a également impressionné dans la dissuasion, ce qu’on ne lui connaissait pas forcément, avec 3 contres de moyenne.
S’il a parfois vendangé à la finition, ne terminant qu’à un petit 43% aux tirs (comparé à ses 65% en ligue turque), Sengun a bien compensé sa relative maladresse en allant chercher ses points sur la ligne de réparation, au contact, en vétéran pour ainsi dire. Très mobile pour sa taille et malin dans ses mouvements conquérants vers le cercle, Sengun pourrait suivre les traces d’un Enes Kanter en termes de production offensive. Mais le néo-Rocket a un potentiel plus élevé que son devancier.
Défensivement, il a du coffre et sa vitesse de déplacement latérale a plutôt bien tenu globalement. Mais elle va être testée grandeur nature la saison prochaine. Parmi les rookies les plus (sinon le plus) productifs, Sengun a été particulièrement impressionnant dans sa qualité de déplacement et sa réactivité pour sa taille. En témoigne ce move avec dribble dans le dos enchaîné d’une volte et d’un panier main gauche entre deux défenseurs…
https://www.youtube.com/watch?v=zNSsMsLXTVA
Chris Duarte (Pacers, 18 points, 4 rebonds, 4 passes, 2 interceptions, 2 contres)
Facile offensivement à 46% de réussite au global dont 48% à 3-points et 100% aux lancers, Chris Duarte y ajoute élégance et classe. Il faut dire qu’à 24 ans, l’ancien d’Oregon fait partie des vétérans dans sa classe de Draft. Et il l’a montré en maîtrisant parfaitement son sujet à Las Vegas.
Capable de dégainer derrière l’arc en sortie d’écran comme en sortie de dribble(s), et avec un goût déjà prononcé pour les paniers sur la cloche, Duarte a déjà un arsenal offensif sacrément développé pour un rookie. Pas forcément explosif au premier abord, l’arrière dominicain est néanmoins redoutable pour surgir et piquer le cuir pour l’interception et aussi s’imposer au contre.
Très constant entre 14 et 21 points dont deux matchs à 19 unités, Duarte a un jeu complet et propre, qui devrait plaire à Rick Carlisle, de retour dans l’Indiana.
Trey Murphy III (Pelicans, 16 points, 7 rebonds, 3 passes, 2 contres)
Comme Chris Duarte, Trey Murphy III s’est démarqué de ses camarades rookies par sa maturité dans le jeu. L’ancien de Virginia jouait déjà très propre l’année passée pour son dernier tout de piste universitaire, à 50-40-90, et il l’a prouvé à nouveau en ligue d’été. Il faut dire qu’avec ses 21 ans et une double carrière universitaire, d’abord à Rice puis à Virginia, Murphy a déjà bien roulé sa bosse.
Démarrant fort avec 26 points et 9 rebonds pour son premier match, Murphy a globalement réussi à garder le rythme tout au long du tournoi, faisant dire à certains scouts qu’il aurait mérité mieux que sa sélection en 17e position à la dernière Draft. Outre son adresse, Murphy a également donné de belles garanties à la création, avec un match complet à 7 points, 7 rebonds et 7 passes face aux Cavs.
Efficace d’emblée sur le « réception tir » dans les coins, mais aussi convaincant défensivement dans les aides et pour couper les lignes de passes, Murphy pourrait s’avérer être une très bonne pioche pour les Pélicans qui continuent à construire autour de Brandon Ingram et Zion Williamson.
Mentions : Jalen Johnson (Atlanta), 19 points, 9 rebonds ; Sharife Cooper (Atlanta), 15 points, 7 passes ; Bones Hyland (Denver), 20 points, 5 passes, 3 rebonds ; Luka Garza (Detroit), 15 points, 10 rebonds ; Jericho Sims (New York), 8 points, 8 rebonds.
La frustration
Josh Giddey (Thunder, 2 points en 5 minutes)
Il avait commencé fort, avec un joli dunk à deux mains après un slalom dans la défense, mais sur la possession suivante (ou presque), Josh Giddey se retrouvait au sol en tête de raquette. Entorse de la cheville gauche et rideau sur la ligue d’été ! Au bout de cinq minutes…
Le Thunder n’a logiquement pris aucun risque et Giddey a donc fait un passage éclair sur la scène du Strip. Dommage pour les fans d’OKC mais aussi pour le jeune talent australien qui s’est fait évincer de l’effectif olympique quelques semaines plus tôt, et rate donc ses débuts en ligue d’été NBA également.
https://www.youtube.com/watch?v=oMcyG4lZ8Lk
Quelques déceptions
Jonathan Kuminga (Warriors, 17 points, 6 rebonds, 2 passes)
S’il présente beau au niveau des stats, à 17 points et 6 rebonds, et qu’il a réussi quelques actions d’éclats qui confirme un vrai potentiel, dont une face à Jaylen Hoard qui a joué l’interception mais s’est fait déborder, Jonathan Kuminga n’a pas levé les nombreux doutes sur son efficacité offensive avec un petit 37% aux tirs dont un inquiétant 28% à 3-points, et un non moins suspect 64% aux lancers…
La grande majorité de ses paniers sont le fruit de son travail en corps à corps ou à travers le contact… ou tout simplement dans les airs en général ! Il va falloir compléter la panoplie assez rapidement car Kuminga pourrait rapidement être « mis à nu » face aux défenses NBA. Cela dit, le talent est là et les Warriors vont le former à leur rythme.
Ziaire Williams (Grizzlies, 12 points, 5 rebonds)
A l’inverse de Kuminga, Ziaire Williams est un poids plume à ce stade de sa carrière. Le petit protégé de LeBron James passé par Stanford a certes fait parler son immense talent offensif sur quelques séquences où il a réussi des tear drop tout en toucher, mais le rookie de 19 ans des Grizzlies est encore un diamant brut. Ou plus exactement un ourson à remplumer !
Dans la pouponnière du Tennessee, menée par les Ja Morant et autres Dillon Brooks, Williams devrait néanmoins se retrouver comme un poisson dans l’eau. Son profil d’ailier créateur et scoreur peut s’avérer très complémentaire de ses nouveaux coéquipiers. Espérons-le, car Williams a tout de même délivré une ligne d’adresse plutôt maussade à 38% au global, 20% à 3-points et seulement 53 aux lancers.
Le clan français
A part Olivier Sarr (11 points, 7 rebonds en 16 minutes) qui n’a pas été drafté mais a tout de même obtenu un « two-way contract » avec Memphis, le clan tricolore a plutôt livré une impression mitigée, tendance décevante. Le seul joueur français drafté, Juhann Bégarin a été plutôt solide, à 6 points, 4 rebonds et 3 passes de moyennes, mais pas suffisamment convaincant pour jouer en NBA dès la rentrée prochaine.
Les deux autres joueurs non-draftés, mais rattrapés par un « two way », Joël Ayayi (chez les Lakers) et Yves Pons (également chez les Grizzlies) ont également fait dans la discrétion, respectivement à 5 points, 3 rebonds et 2 passes en 21 minutes, et 2 points et 2 rebonds en 17 minutes, même si ce dernier n’a pas pu s’empêcher de faire les highlights avec plusieurs contres stratosphériques… et un dunk en lévitation !
https://www.youtube.com/watch?v=dpgDDRfkMtQ
https://www.youtube.com/watch?v=adsbL28x_Qo
Mentions : Franz Wagner (Orlando), 8 points, 4 rebonds (à 44% de réussite dont 15% à 3-points) ; Corey Kispert (Washington), 9 points, 2 rebonds (à 35% de réussite dont 29% à 3-points) ; Tre Mann (Oklahoma City), 9 points, 3 rebonds, 2 passes (à 24% aux tirs) ; Keon Johnson (LA Clippers), 8 points (à 29% de réussite aux tirs, dont 20% à 3-points et 57% aux lancers) ;