Après près de quatre mois intenses de compétition, la saison régulière 2025 de la WNBA est arrivée à son terme. L'exercice a connu un succès historique, en terme d'affluence dans les salles, de couverture et d'audience TV, et pour cause, le spectacle a été au rendez-vous sur le terrain, avec des stars qui ont tenu leur rang et des étoiles montantes qui n'en finissent plus d'impressionner.
On regrettera bien sûr le passage éclair de Caitlin Clark et plus globalement les blessures de joueuses majeures qui ont atténué cet effet. D'un autre côté, ça laisse une marge de progression conséquente sur tous ces points pour la saison prochaine ! Avant de passer aux playoffs dès demain, l'heure est venue de tirer le bilan et les enseignements de cette saison qui n'aura pas manqué de piment.
L’équipe : le train d'enfer des Lynx
Minnesota a dépassé les 30 victoires en saison régulière pour la première fois de son histoire, terminant à 34 succès en 44 matchs après avoir survolé le championnat. Lancées par leur 9-0 d'entrée et une invincibilité à domicile qui a duré jusqu'à fin juillet (14-0), les protégées de Cheryl Reeve ont ensuite tenu bon lorsque Napheesa Collier s'est blessée trois semaines en août.
Car la menace des Lynx ne repose pas uniquement sur son intérieure, et c'est ce qui a fait leur force cette saison avec cinq joueuses à 8 points et plus qui ont su se relayer pour maintenir l'équilibre en attaque, de Kayla McBride à Courtney Williams en passant par Alanna Smith, Natisha Hiedeman, et Jessica Shepard. Un quintet auquel il faut désormais ajouter DiJonai Carrington (8.6 points par match). Leurs futures adversaires en playoffs savent à quoi s'attendre !
La surprise : les Valkyries
Pour leur première saison en WNBA, les attentes autour des Valkyries étaient réduites, si ce n'est celle de ne pas se ridiculiser.
Si la nouvelle franchise de Golden State était attendue dans le fond du classement, les joueuses de Natalie Nakase ont explosé les attentes. Bilan final de 23 victoires pour 21 défaites et une qualification en playoffs dès leur première saison, du jamais-vu pour une franchise d'expansion.
Un succès qui s'explique notamment par une agressivité défensive qui aura été la marque de fabrique de cette équipe, mais aussi les bonnes prestations de Janelle Salaün qui a porté les Valkyries à de nombreuses reprises cette saison. Les deux autres Françaises de l'équipe, Iliana Rupert et Carla Leite, ont également eu leurs moments de gloire, à l'image du match à 19 points de cette dernière face aux Mystics, le 30 août dernier, qui a mis fin à tous les espoirs de victoire de la franchise de Sonia Citron.
Le seul point noir est la fin de contrat de Julie Vanloo, coupée alors qu'elle était en plein vol pour San Francisco après avoir remporté l'EuroBasket avec la Belgique.
La révélation : le carton des Frenchies !
La WNBA a été un régal à suivre à plus d'un titre, et notamment pour le public français tant le contingent tricolore a globalement rayonné durant cette saison régulière. Celui-ci a été porté à dix joueuses après les arrivées de Leïla Lacan et Migna Touré à Connecticut et Iliana Rupert à Golden State en cours de saison.
Leïla Lacan a poursuivi sur son exercice remarquable avec Basket Landes puis en équipe de France en apportant son intensité à une équipe de Connecticut alors dernière du championnat. A l'arrivée, elle termine dans le meilleur cinq rookie aux côtés de Janelle Salaün (Golden State) et Dominique Malonga (Seattle) et le Sun a affiché un bien meilleur visage suite à son arrivée.
De son côté, la sœur de Tidjane Salaün a grandement contribué à la super saison des Valkyries (11.3 points à 36.6% à 3-points, 5.1 rebonds en moyenne sur 33 matchs), tandis que Dominique Malonga a montré ce qu'elle a pu en fonction de son temps de jeu (7.7 points, 4.6 rebonds en 14 minutes en moyenne sur 42 matchs). On retiendra notamment ses sorties face à Las Vegas (22 points, 12 rebonds), à Los Angeles, dans un final de folie perdu face à Dearica Hamby deux jours plus tard (20 points, 11 rebonds), puis contre Dallas (22 points, 9 rebonds).
Dans le même esprit, Marine Johannès avec New York et Carla Leite avec Golden State n'ont pas manqué de briller lorsqu'elles en ont eu l'occasion. “MJ” a régalé la galerie par ses inspirations géniales et ses paniers venus d'ailleurs, et Carla Leite a apporté sa fraîcheur et son culot, principalement en sortie de banc.
Même si la saison de Seattle a été décevante avec une deuxième partie d'exercice délicate, Gabby Williams a pour sa part tenu son rang de joueuse majeure de Seattle, avec une sélection All-Star et le statut de meilleure voleuse de ballons de la ligue (2.3 interceptions par match). Mention spéciale enfin pour Monique Akoa Makani, devenue titulaire indiscutable à Phoenix après avoir gagné sa place lors du camp d'entraînement.
Le coup de cœur : l'épatante Paige Bueckers !
Numéro 1 de la Draft, la meneuse sortie d'UConn a été à la hauteur des attentes en prenant très vite la mesure du niveau WNBA. Comme elle le faisait à l'université, la meneuse s'est attelée à impliquer ses coéquipières tout en allant chercher ses opportunités au scoring. Son match incroyable à 44 points sur le parquet de Los Angeles a marqué les esprits, dévoilant un aperçu du potentiel de l'un des futurs phénomènes de la ligue.
A l'arrivée, Paige Bueckers termine dans le Top 5 des meilleures scoreuses de la ligue (5e avec 19.2 points), à l'interception (1.6 par match) et dans le Top 10 des meilleures passeuses (10e avec 5.4 passes). La prochaine étape consistera maintenant à faire gagner Dallas, dernier de la classe.
Le regret : les blessures
Si cette saison a été aussi serrée, c'est, en partie, parce que les blessures ont été nombreuses. Le Liberty a été touché avec la blessure d'abord de Jonquel Jones puis de Breanna Stewart qui a manqué la quasi-totalité du mois d'août, ce qui a empêché l'équipe de New York de trouver une certaine régularité et de pouvoir s'établir dans les hauteurs du classement.
Le Fever a aussi payé un lourd tribut. Après seulement trois semaines de compétition, Caitlin Clark a été touchée au quadriceps et a manqué plusieurs semaines avant de revenir sur les parquets, pour quatre petits matchs avant une rechute, cette fois-ci à l'aine, juste avant le All-Star Break. Au final, la meneuse n'a plus joué de la saison et a fini avec seulement 13 matchs sur 44 possibles alors qu'elle n'avait raté aucune rencontre depuis son arrivée à la fac.
Après Caitlin Clark, le Fever a perdu Sophie Cunningham, Sydney Colson, Aari McDonald ou encore Chloe Bibby, mais Indiana tout de même réussi à se qualifier en playoffs grâce à une Kelsey Mitchell, autrice d'une saison à 20 points de moyenne, son record en carrière.
Outre le Fever, les Valkyries jouent sans leur meilleure joueuse à savoir Kayla Thornton depuis la mi-août tandis que Monique Billings, Tiffany Hayes ou encore Cecilia Zandalasini ont manqué un nombre important de rencontres.
Sans oublier Courtney Vandersloot du Sky qui s'est rompue les ligaments croisés dès les premières semaines de la saison régulière.
La déception : Seattle Storm
Saison décevante pour le Storm tant les attentes étaient grandes avant cette campagne. Des attentes réelles en début de saison régulière puisque Seattle s'était installée dans les premières places du classement et avait réussi à envoyer trois joueuses au All-Star Game (Nneka Ogwumike, Skylar Diggins et Gabby Williams). Mais après le match des étoiles, et malgré l'arrivée de l'arrière scoreuse Brittney Sykes, le Storm s'est effondré avec 12 défaites sur les 21 derniers matchs et une place en playoffs arrachée grâce à un tir d'Erica Wheeler dans les dernières secondes face à Golden State.
Qualifié en playoffs, le Storm espère corriger ses soucis d'irrégularité pour créer la surprise en éliminant les Aces.
Le couac : Angel Reese fait du surplace
On attendait mieux pour cette deuxième saison WNBA du phénomène médiatique Angel Reese. L'intérieure du Sky a très vite réussi à effacer son départ poussif sur le plan individuel en affichant ses progrès dans tous les domaines, avec quatre semaines impressionnantes de mi-juin à mi-juillet où elle a tourné à 16.6 points, 13.2 rebonds et 4.5 passes décisives en 12 matchs. Sa dynamique a coïncidé avec la meilleure période de la saison pour Chicago (cinq victoires), mais a ensuite été stoppée par sa blessure et trois semaines d'absence en août.
Déjà en difficulté, le Sky ne s'en est pas remis, et a sombré pour terminer à la dernière place avec le même bilan que Dallas. La sortie médiatique d'Angel Reese la semaine dernière, qui lui a valu une suspension et des excuses publiques, reflète au final plutôt bien la frustration de toute une équipe après cette nouvelle saison ratée.
La performance collective : la série de 16 victoires des Aces
Si la saison s'était arrêtée au 2 août, les Aces auraient été la grande déception de cette campagne 2025 puisque Las Vegas avait essuyé un revers de 53 points face aux Lynx. Sauf que depuis tout a changé dans le Nevada. Les joueuses de Becky Hammon ont en effet fini la saison sur une série de 16 succès consécutifs, la deuxième plus longue de l'histoire à égalité avec le Phoenix Mercury de 2014 et derrière les 18 victoires des Los Angeles Sparks de 2001.
Une série folle qui a permis aux Aces de s'installer à la deuxième place du classement derrière Minnesota, et au cours de laquelle l'équipe a enchaîné les performances de haut rang à commencer par le match à 32 points et 20 rebonds d'A'ja Wilson, le premier “30-20” de l'histoire de la WNBA ou encore les 22 tirs à 3-points inscrits face aux Sparks pour le dernier match de la saison, un record pour la Grande Ligue féminine.
La performance individuelle : Alyssa Thomas, reine du triple-double
Si elle ne sera pas MVP, Alyssa Thomas a écrit son nom dans les livres d'Histoire de la WNBA avec huit triple-double cette saison, un record en WNBA. En carrière, la joueuse du Mercury a réalisé 19 triple-double, là aussi c'est un record, mais ce ne sont pas les seuls records que la championne olympique a battus cette saison.
Alyssa Thomas est ainsi devenue la première joueuse à signer trois triple-double de suite. Face aux Sparks, elle a claqué 10 points, 11 rebonds et 10 passes en seulement 21 minutes et 52 secondes, soit le record du triple-double le plus rapide. C'est cinq secondes de moins que celui de Jessica Sheppard des Lynx.
La MVP : Team Collier ou Team Wilson ?
Le premier titre de MVP en carrière tendait les bras à Napheesa Collier depuis le début de saison. L'intérieure des Lynx n'a jamais levé le pied, terminant son meilleur exercice en carrière à 22.9 points à 53.1% au tir (40.3% à 3-points), 7.3 rebonds et 3.2 passes décisive et une première place acquise haut la main par Minnesota.
Sauf que la folle série de Las Vegas a peut-être rebattu les cartes, puisque A'ja Wilson aelle aussi dominé son sujet match après match pour terminer en boulet de canon, au point de ravir à Napheesa Collier le titre de meilleure scoreuse de la ligue (23.4 points) et de conforter sa place en tête des meilleures rebondeuses (10.2). La tenante du titre a multiplié les prestations XXL (13 matchs à 30 points et plus !) et va peut-être réussir à coiffer son homologue des Lynx pour aller chercher son quatrième sacre individuel.
Cette saison, les Lynx de Napheesa Collier ont gagné leurs deux premiers matchs face aux Aces, mais A'ja Wilson a dominé les débats lors de la dernière confrontation entre les deux joueuses, remporté par les Aces, avec 31 points et 8 rebonds, tandis que Napheesa Collier avait été tenue à 12 points à 5/13 au tir, 6 rebonds et 3 passes décisives.
L'entraîneuse de l'année : Natalie Nakase
On a mentionné les Valkyries comme la grande surprise de cette saison, et ce succès collectif s'explique par l'excellente gestion de Natalie Nakase, l'entraîneuse de Golden State. D'abord, elle a fait des Valkyries, une excellente défense, la troisième meilleure de WNBA avec 99.8 points encaissés pour 100 possessions. Puis, elle a montré une capacité d'adaptation à toute épreuve.
Après un bon début de saison, on pensait que les Valkyries allaient couler avec les nombreux départs pour l'Eurobasket dont celui de Janelle Salaün, mais Golden State s'est maintenue grâce à un collectif qui a su prendre le relais menée par une Kayla Thornton, All-Star.
Une fois que cette dernière s'est blessée, encore une fois, beaucoup pensaient que Golden State allait sortir du top 8, mais Natalie Nakase a su mettre Veronica Burton dans les meilleures conditions, ce qui a permis à la meneuse de réaliser une excellente fin de saison et de s'imposer comme la favorite au titre de MIP.
Enfin, Natalie Nakase a emmené les Valkyries en playoffs pour leur première saison en WNBA, une performance inédite. La question maintenant est de savoir si cela sera suffisant pour que l'ancienne assistante des Clippers remporte le titre d'entraîneur de l'année parce que la concurrence est rude. D'un côté, Karl Smesko du Dream a battu un record de victoires pour un coach rookie avec ses 30 succès à la tête d'Atlanta. De l'autre, Cheryl Reeve la technicienne des Lynx, meilleure équipe de la Ligue et qui a su le rester malgré la blessure de Napheesa Collier, début août.
Les favoris au titre : Minnesota défié par Las Vegas… et New York ?
Les Lynx vont logiquement se présenter avec les faveurs des pronostics. Le collectif est solide, l'équipe se connaît et doit être plus motivée que jamais à l'idée de prendre sa revanche sur la défaite en finale en cinq manches de l'an dernier face à New York.
Sur sa lancée, Las Vegas va arriver dans le même état d'esprit. Double championnes en titre en 2022 et 2023, les Aces ont vécu l'élimination en demi-finale l'an dernier comme un véritable affront. Sur le papier, l'effectif fait partie des plus redoutables de la ligue avec également de nombreuses armes pour épauler A'ja Wilson.
Le match de la saison : Liberty – Fever
Après trois semaines d'absence à cause d'une élongation au quadriceps gauche, Caitlin Clark était revenue sur les parquets le 14 juin pour y défier le Liberty. La star du Fever a proposé un véritable festival avec 32 points, 8 rebonds et 9 passes à 7/14 de loin, dont un passage fou où elle a enchaîné trois flèches à longue distance de suite pour ramener le Fever dans la partie alors que les joueuses de Stephanie White avaient compté 11 points de retard.
Si New York a pu compter sur les 34 points de Sabrina Ionescu pour rester dans la partie cela n'a pas suffi et le Liberty s'est finalement incliné 102 à 88.
Le fait historique : Rachid Méziane, premier entraîneur français en WNBA
C'était une grande première et le défi de rebâtir le Sun en repartant pratiquement de zéro était de taille. La saison du Connecticut a été très difficile, avec un début d'exercice marquée par la blessure de Marina Mabrey, puis de longues semaines à souffrir en peinant bien souvent à rivaliser sur 40 minutes.
On retiendra donc la fin, et ce dernier mois de compétition bien plus encourageant, avec cette série de cinq victoires en sept matchs d'une formation qui a fini par se trouver de la stabilité et des repères autour du tandem Mabrey-Charles, et des joueuses comme l'étincelle Leïla Lacan ou Saniya Rivers pour apporter de précieux relais. Une base de travail solide pour la suite ?
Et vous, qu'avez-vous retenu de cette saison WNBA ?