Contrairement à notre course au MVP, qui est hebdomadaire, nous avons choisi de faire un bilan collectif au quart de la saison (un peu plus même, comme la saison actuelle ne comportera que 72 matches). Aux États-Unis, on appelle ça le « Power Rankings », et ce Top 10 ne tient pas forcément compte du vrai classement.
Avec les nombreux matches reportés depuis le début de saison, il est très difficile d’établir une hiérarchie claire. Le Jazz et les deux franchises de Los Angeles ont montré les muscles et s’imposent comme les meilleures équipes après 40 jours de compétition. Suivent ensuite Philadelphie et Denver, qui montrent une certaine solidité.
En revanche, une fois ce Top 5 bien énuméré, le reste est terriblement bancal…
1. Utah (15 victoires – 5 défaites)
La défaite de lundi soir contre Denver ne doit pas faire oublier l’évidence : le Jazz est l’équipe en forme du moment. Avant cette glissade, Donovan Mitchell, Rudy Gobert et compagnie restaient sur onze victoires de suite. La série la plus impressionnante depuis le début de saison.
En s’appuyant d’abord sur sa continuité, avec un Mike Conley enfin intégré et à son meilleur niveau, puis en misant davantage sur le shoot à 3-pts, Quin Snyder a donné un nouveau souffle à sa formation, en conservant une grosse défense. Les soucis de 2020 entre Donovan Mitchell et Rudy Gobert semblent loin derrière eux et le Jazz présente pour l’instant un visage séduisant, complet et conquérant.
2. Los Angeles Clippers (16-5)
En profitant d’un calendrier favorable, les Californiens sont montés en puissance après un début de saison mitigé. Mais la bonne intégration de Nicolas Batum, les belles prestations de Paul George et la force tranquille qu’est toujours Kawhi Leonard ont mis les Clippers sur de bons rails.
L’attaque de Los Angeles est très performante et sans les absences de Kawhi Leonard et Paul George (placés à l’isolement) à Atlanta, peut-être que les Clippers seraient alors sur onze victoires de rang. Avec Tyronn Lue aux commandes, ils ont déjà réussi à gagner quelques matches sans convaincre et collectivement, ça tourne plutôt bien. Il faudra tout de même confirmer contre des grosses écuries.
3. Los Angeles Lakers (15-6)
Il y a une semaine, c’est sans doute les Lakers qui auraient mérité la première place de ce classement. Les champions en titre, alors qu’ils n’ont eu que deux mois de repos, avaient démarré tambour battant, portés par des performances remarquables à l’extérieur (10 victoires lors des 10 premiers matches loin de la Californie).
Mais il y a eu un coup de fatigue, avec un Anthony Davis moins tranchant offensivement notamment, et deux défaites de suite. Pas de panique pour autant car il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour LeBron James et compagnie, surtout après une victoire arrachée à Boston et alors qu’ils vont rapidement retrouver la cité des anges pour cinq rencontres d’affilée.
4. Philadelphie (15-6)
La greffe entre Doc Rivers et les Sixers a bien pris. L’ancien coach des Celtics et des Clippers a trouvé une combinaison qui a permis de relancer Tobias Harris, de garder Ben Simmons sous pression et de mettre Joel Embiid dans des conditions idéales pour dominer. Le pivot est brillant et affiche un niveau de MVP.
Revers de la médaille en revanche : quand le Camerounais est absent, les Sixers perdent le fil et souvent le match. Heureusement, comme la saison passée, Philadelphie peut s’appuyer sur des performances quasiment parfaites à domicile (10-1 cette année, 29-2 au Wells Fargo Center en 2019/20). Après une saison passée traversée dans le brouillard, les Sixers ont enfin retrouvé des repères et flirtent à nouveau avec les sommets de l’Est.
5. Denver (12-8)
Comme beaucoup d’autres équipes, les Nuggets sont difficiles à analyser cette saison. Ils sont capables du meilleur, comme faire tomber le Jazz ou s’appuyer sur un Nikola Jokic divin depuis le début de saison, qui frôle le triple-double de moyenne. Mais aussi du pire, comme perdre deux fois contre les Kings dans les premiers jours de la reprise.
Néanmoins, le départ de Jerami Grant a été, semble-t-il, bien digéré grâce aux prestations de Michael Porter Jr. et JaMychal Green, malgré un Gary Harris qui n’est pas dedans. Comme la saison dernière, cette équipe n’est pas toujours la plus impressionnante mais elle peut jouer sur commande et ainsi élever son niveau de jeu quand c’est nécessaire, face aux autres favoris de la ligue.
6. Milwaukee (11-8)
Habitués des sommets depuis deux saisons, les Bucks sont moins dominants pour le moment. Il faut collectivement intégrer Jrue Holiday et installer de nouveaux systèmes, qui perturbent Giannis Antetokounmpo, moins incisif et dominateur. Dès lors, s’ils restent solides, les joueurs de Mike Budenholzer se retrouvent trop souvent dans la réaction et pas assez dans l’action.
L’attaque est déjà en place, avec une efficacité inégalée dans la ligue (nouveau record de paniers à 3-pts sur un match), mais la défense est encore bancale. Clairement, les Bucks sont en recherche d’un nouvel équilibre. C’est moins clinquant que les deux dernières saisons, mais le coach espère que les Bucks seront ainsi plus forts en playoffs.
7. Boston (10-8)
Il y a eu plusieurs équipes de Boston cette saison. Celle avant la coupure, liée au protocole Covid-19 et à l’isolement, qui réalisait de très bons matches et accumulait les victoires. Celle après une semaine de pause, moins forte, qui s’incline régulièrement et peine en défense. Il y a aussi celle avant le retour de Kemba Walker, puis celle avec le meneur de jeu.
Jayson Tatum et Jaylen Brown portent les Celtes offensivement depuis plus d’un mois car Boston manque encore de régularité. Les recrues, Jeff Teague et Tristan Thompson, n’ont pas encore donné leur pleine mesure et les blessures de l’étonnant rookie Payton Pritchard et de Marcus Smart n’aident pas Brad Stevens. Malgré tout, les Celtics serrent les dents et suivent le rythme à l’Est.
8. Memphis (8-6)
Les Grizzlies n’ont pas encore gagné neuf matches, mais ils sont dans le Top 5 à l’Ouest avec six succès de rang, alors que, dans le même temps, les Spurs sont neuvièmes avec onze victoires. Ce paradoxe s’explique avec les dix jours passés loin des terrains pour la franchise du Tennessee, à cause du Covid-19… encore lui.
Pour autant, Memphis ne profite pas seulement d’un bon et allégé calendrier, par rapport à la concurrence, pour être dans ce Top 10. Ils ont gagné huit matches sur quatorze alors qui ont évolué très souvent sans Ja Morant et Jaren Jackson Jr. Le premier a manqué plus de la moitié des rencontres et le second n’a pas encore joué cette saison ! Comment donc ont-ils fait, avec en plus une attaque si faible, pour être aussi résistants ? Avec une grosse défense et un collectif qui surfe sur la dynamique de la saison 2019/20.
9. Indiana (11-9)
Les débuts sont prometteurs à Indiana et l’avenir pourrait être plus brillant encore. L’arrivée de Nate Bjorkgren sur le banc permet aux Pacers d’afficher un jeu offensif bien plus divers, complexe et moderne qu’avec Nate McMillan. Dans ce système, Domantas Sabonis se régale, et Malcolm Brogdon a élevé son niveau pour compenser les manques à l’extérieur.
Car les Pacers ont perdu T.J. Warren, blessé au pied gauche, et Jeremy Lamb ne fait que revenir de l’infirmerie. Sans oublier que Victor Oladipo a été échangé contre un Caris LeVert qui n’est pas en état de jouer jusqu’à nouvel ordre. L’ancien des Nets a été opéré d’une tumeur au rein. Quand elle aura retrouvé ses forces vives, la franchise d’Indiana pourrait se transformer en sacré poil à gratter.
10. Brooklyn (13-9)
Le bilan des Nets est aussi flatteur que trompeur. Brooklyn est déjà deuxième à l’Est et pourtant, avec son « Big Three » composé de Kevin Durant, James Harden et Kyrie Irving, il y a encore de la marge pour progresser. La preuve : les trois joueurs n’ont été alignés ensemble que quatre fois (trois victoires) et Brooklyn est déjà une machine à marquer des points, symbolisée par un Kevin Durant absolument fabuleux.
Sauf que les Nets ne défendent pas et c’est déjà plus inquiétant. On le sait, sans une véritable défense, les troupes de Steve Nash ne pourront pas viser le titre et c’est le principal chantier pour les semaines à venir. Sans oublier de garder Kyrie Irving dans le droit chemin puisqu’il ne faut pas oublier que le meneur, qui s’est excusé pour cela, a tout de même quitté le groupe pendant plusieurs jours sans prévenir personne…