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Roman de l’hiver : Larry Bird-Magic Johnson (9)

« Larry Bird-Magic Johnson, Quand le jeu était à nous » raconte la formidable rivalité, dans les années 1980, entre l’ailier des Boston Celtics et le meneur des Los Angeles Lakers. Celle qui a assuré le succès et la popularité de la grande Ligue américaine. Embarquez avec nous dans la machine à remonter le temps… Bonne lecture !

 

« Dr J » s’est assis avec Magic Johnson et l’a briefé sur les défis qui l’attendaient. Julius Erving avait quitté l’université en tant que junior et ce faisant, il avait raté une opportunité de disputer les Jeux olympiques. Magic devrait lui aussi abandonner ce rêve s’il passait pro, lui a-t-il dit. « Dr J » lui a expliqué que, quelle que soit sa décision, quelqu’un serait déçu. « Si tu passes pro, certains de tes coéquipiers d’université vont t’en vouloir. Si tu restes à l’université, ta famille va peut-être éprouver du ressentiment car tu ne seras pas en mesure de l’aider financièrement », a-t-il ajouté.

Erving a également mentionné la différence entre la saison de basket universitaire et celle, souvent longue et exténuante, du basket pro. « Es-tu prêt à entrer dans un monde d’hommes ? C’est 82 matches maintenant, pas 30. Ton corps pourra-t-il supporter un tel effort ? Pourras-tu encaisser une telle charge ? Ça va être complètement différent. Tu penses que tu sais ce que c’est mais fais-moi confiance, tu n’en sais rien. Sois prêt pour les hauts et les bas, car ils arriveront », a poursuivi Erving. Magic était prêt. Il attendait ce moment depuis qu’il avait 12 ans. Il a été déclaré éligible à la draft NBA et s’est préparé à l’inévitable bouillonnement que cela allait provoquer.

Sa décision a effectivement défrayé la chronique mais pas comme il s’y attendait. Un article de Joe Falls, du « Detroit Free Press », détaillait pourquoi Johnson ne ferait pas un bon pro. Falls se demandait (de façon très pertinente à cette époque) si Magic serait capable de tirer de loin ou avec suffisamment de réussite pour devenir un shooteur extérieur correct. Il affirmait que les passes aveugles de Magic n’aboutiraient pas en NBA et il mettait en doute ses capacités défensives. Falls était également sceptique sur le fait qu’un joueur de la taille de Johnson puisse réussir au poste de meneur dans une Ligue qui privilégiait la vitesse et les qualités physiques.

Magic déstabilisé par un chroniqueur influent

Magic connaissait Falls depuis le lycée. C’était un chroniqueur influent et ses mots ont fait sensation. Ils ont également agacé Johnson. « Tu as vu ça ? », a-t-il demandé à Greg Kelser en le prenant au saut du lit d’un coup de fil très matinal.

« Tu as lu Joe Falls ce matin ?, a dit Magic à Jud Heathcote quand il est arrivé à la salle des Spartans.

– Ah, ne t’en fais pas, c’est Joe, c’est tout », lui a répondu Heathcote.

Johnson était déjà motivé par le fait de laisser une marque en NBA mais la prose de Falls a été l’impulsion dont il avait besoin pour rester une heure de plus, effectuer une centaine de tirs supplémentaires et faire encore quelques exercices d’appuis défensifs. « Joe Falls m’a fait une faveur. Il m’a aidé plus que n’importe qui à me préparer pour la NBA », a affirmé Magic.

Le point de chute de Johnson en NBA serait déterminé par le jet d’une pièce de monnaie, pour savoir qui des Chicago Bulls ou des Los Angeles Lakers aurait le choix n°1 à la draft 1979. Après avoir rencontré Johnson, le general manager des Bulls, Rod Thorn, et le coach, Jerry Sloan, un entraîneur de la vieille école qui avait horreur des paillettes et du style, avaient le tournis à l’idée de construire autour de lui. « Magic était tellement désarmant avec son charisme… On lui posait des questions mais tu vois, ce qui arrivait, c’est qu’il nous interrogeait nous. Même Jerry était emballé », a dit Thorn.

La visite de Magic aux Lakers s’est bien passée elle aussi. Il en est sorti convaincu qu’ils allaient le prendre s’il héritaient du premier choix – jusqu’à ce qu’il lise, dans l’avion qui le ramenait chez lui, un article du « L.A. Times » qui évoquait la fascination du general manager, Jerry West, pour la star d’Arkansas Sidney Moncrief, les plans de l’équipe pour faire venir l’ailier de UCLA David Greenwood pour une entrevue et les spéculations selon lesquelles les Lakers pourraient utiliser leur tour de draft en échange d’un ailier fort. « Peut-être qu’ils ne m’aiment pas autant que je le crois », a-t-il confié à son père.

Ce que Magic ne savait pas, c’était que le Dr Jerry Buss, futur propriétaire des Lakers, qui était sur le point de racheter l’équipe à Jack Kent Cooke, avait dit aux dirigeants de la franchise californienne qu’il s’attendait à ce qu’ils draftent Magic. « Ils étaient réticents parce que Jerry West aimait vraiment beaucoup Moncrief. Mais je leur ai dit : « Ce sera Magic, sinon vous devrez vous trouver un autre repreneur » », a relaté Buss.

Les fans des Bulls choisissent « face », c’est « pile »

Le pile ou face s’est fait par haut-parleur interposé dans une salle de conférence vide. Rod Thorn était à Chicago, le représentant des Lakers Bill Sharman à Los Angeles. Le conseilleur juridique de la NBA, David Stern, était à New York et supervisait ce tirage au sort. Les Bulls ont investi dans l’événement en tant qu’opportunité promotionnelle. Ils ont laissé les fans décider si ce serait pile ou face. Les fans de Chicago ont voté pour face. « C’est pile qui est sorti. Ils ont eu un Hall of Famer en la personne de Magic Johnson et nous avons eu David Greenwood », a dit Thorn. Greenwood a joué six ans pour les Bulls ; sa carrière, discrète, s’est étalée sur huit saisons, dans quatre équipes.

La destination de Larry Bird en NBA était déjà décidée au printemps 1979 mais le moment où il allait effectivement arriver à Boston restait indécis. Quand la saison d’Indiana State s’est achevée de façon dramatique à Salt Lake City, par la faute de Michigan State, les Celtics se sont efforcés de signer Bird pour les huit derniers matches de leur championnat. Il a décliné leur offre afin d’obtenir son diplôme.

Cela signifiait qu’il devait officier en tant que professeur d’éducation physique et coach assistant de baseball au lycée West Vigo, à Terre Haute. Bird était censé commencer en mars mais à chaque tour passé par Indiana dans le tournoi, il appelait le coach de baseball de West Vigo, Dave Ballenger, pour s’excuser et reporter son arrivée. Après le troisième appel, Ballenger a fini par dire à Bird : « Pourquoi tu t’excuses ? Je vais au match ! »

Red Auerbach avait été persuasif dans son discours pour attirer Bird à Boston, lui disant qu’il serait le premier joueur de l’histoire à évoluer en NCAA et en NBA le même mois, mais le jeune ailier a préféré aller enseigner le flag football, le badminton et le dodgeball. Ses attributions comprenaient également un cours de réanimation cardio-pulmonaire et une initiation à la conduite automobile.

Alors que les Celtics perdaient sept de leur huit derniers matches, Larry a appris à conduire à des lycéens à bord d’un véhicule spécialement équipé, disposant d’un frein côté passager au cas où les jeunes conducteurs paniqueraient. « On l’a parfois échappé belle mais j’avais toujours ma main gauche prête à se saisir du volant en cas de besoin », a confié Bird.

Bird s’occupe d’enfants déficients mentaux

La tâche la plus difficile – et la plus enrichissante – de Larry à West Vigo a été les trois ou quatre fois où il a eu en charge une classe d’enfants déficients mentaux. Il passait la majorité du temps de classe à poursuivre les élèves dans le hall pour leur faire regagner leurs places car ils sortaient de la classe sans crier gare afin d’aller gambader dans les couloirs. « Ç’a été une expérience incroyable. Et parfois très émouvante. Tu ne peux pas savoir à quel point je respecte les gens qui travaillent toute leur vie pour aider ces enfants », a déclaré Bird.

Le soir, Larry jouait au basket, au Boys and Girls Club de Terre Haute. Il venait parfois compléter l’équipe de softball de Bob Heaton. Un soir, début avril, il est arrivé sur le diamant et a constaté que son frère Mike était dans l’équipe adverse. Bird jouait champ gauche quand Mike a fait une frappe en ligne dans sa direction. La balle est montée tout droit puis a chuté d’un coup au dernier moment, comme une balle papillon de Tim Wakefield. Larry s’est mis à genoux et a présenté sa paume ouverte mais la balle a heurté son doigt et le lui a retourné. Il a ressenti un picotement bizarre et quand il s’est saisi de la balle pour la renvoyer, son doigt s’est incurvé selon un angle inhabituel, comme s’il était un personnage de dessin animé avec des membres exagérément élastiques. « J’ai regardé mon doigt et il était replié vers ma main, complètement retourné dans l’autre sens », a raconté Bird.

Le doigt estropié de Larry était si monstrueux que son frère Mike a failli vomir quand il l’a examiné. La petite amie de Bird, Dinah Mattingly, l’a vite emmené à l’hôpital le plus proche, où le personnel des urgences lui a fait passer une radio et lui a immobilisé le doigt dans une attelle.

Il a très mal dormi ce soir-là. Ce doigt le lançait et l’empêchait d’avoir des phases de sommeil prolongées. Le réveil de Bird était programmé aux aurores, pour partir à la cueillette des champignons, et il voulait s’en tenir à ce qui avait été prévu. Il y a une période de six semaines, tous les ans, où les morilles, champignons rares, poussent en Indiana. Leurs tailles et leurs couleurs varient en fonction du mois et ils sont extrêmement difficiles à trouver. Bird cueillait les champignons depuis des années et il était très contrarié : un doigt douloureux menaçait de lui pourrir sa journée. Que cela puisse également ruiner sa saison à venir avec les Boston Celtics ne lui est jamais venu une seule fois à l’esprit…

Il a gobé deux aspirines et il est parti à la cueillette. Après être revenu des bois juste avant la nuit, son frère l’a informé : « Il y a un docteur qui te cherche. Il a vu tes radios, tu dois aller immédiatement à Indianapolis. »

« Larry, je ne suis pas sûr que ton doigt guérira »

Le diagnostic était alarmant : l’articulation de Bird était cassée. Son état nécessitait une opération chirurgicale pour extraire des fragments d’os et lui mettre une broche, afin de stabiliser son doigt.

« Ça va prendre combien de temps à guérir ?, a demandé Bird au chirurgien.

– Guérir ? Mon garçon, je ne suis pas sûr qu’il guérira », lui a répondu le chirurgien.

Après l’opération, le docteur a fait en sorte d’immobiliser le doigt en mettant une agrafe derrière l’ongle. Puis il a attaché un mécanisme qui courait le long de son poignet, pour tenir le doigt en place. Un soir, alors que Bird regardait la télévision, l’agrafe a sauté et l’ongle s’est arraché. Larry a poussé un cri de douleur et s’est trouvé maculé de son propre sang.

Il n’avait pas encore signé de contrat avec les Celtics et ne les avait pas non plus informés de sa blessure. Quand Red Auerbach a appris l’opération chirurgicale de son choix de draft, il a convoqué Bird à Boston. A ce moment-là, l’ailier avait repris l’entraînement mais il ressentait quand même un soupçon d’inquiétude en se rendant à la convocation du « parrain » des Celtics. « Je n’avais plus la même sensation qu’avant avec le ballon. J’étais sûr que Red allait le voir », a dit Bird.

Le médecin de l’équipe, le Dr Thomas Silva, n’a pas aimé ce qu’il a vu. Il a expliqué à Auerbach que l’articulation ne se remettrait jamais complètement et que Bird n’aurait plus la même amplitude de mouvement. D’après lui, le jeune ailier était une marchandise endommagée. Le boss des Celtics l’a écouté puis il a pris Bird en main sur le terrain. Il lui a lancé la balle et lui a dit : « Tire. »

Larry a rentré un tir. Puis un autre. Et encore un. Ses sensations n’étaient plus tout à fait les mêmes mais son adresse était intacte. Alors, Red Auerbach lui a fait une passe à terre puis une passe poitrine puis une passe derrière la tête. Bird les a toutes saisies adroitement. « S’il ressentait de la douleur, il a été très bon pour ne pas le montrer. Ce petit jeune était un dur », a dit Auerbach. Le general manager a mis son bras autour du jeune ailier. « Je ne suis pas inquiet là-dessus », lui a dit Red. Pour la première fois depuis son arrivée à Boston, Bird a respiré avec soulagement. Enfin.

A mesure que le temps a passé, le doigt de Larry s’est calcifié et beaucoup déformé. Un jour, alors qu’il posait pour la couverture de « Sports Illustrated », le photographe lui a dit de mettre son doigt en l’air pour signifier que lui et les Celtics étaient numéro 1. Quand Bird a levé son affreuse phalange, ça ressemblait plus à « Nous sommes numéro 10 ». Le photographe a pris son cliché en lui demandant d’utiliser son autre main à la place.

Si Larry a réussi quelques-uns des plus gros tirs de l’histoire de la NBA, il a concédé, près de 30 ans plus tard, que le diagnostic du Dr Silva était correct. « Je n’ai jamais pu tirer aussi bien ensuite », a-t-il dit.

Magic fréquente le gratin grâce à Jerry Buss

Magic Johnson a passé presque tout le mois d’août 1979 à travailler son jeu dans le périmètre. Le Dr Charles Tucker, un conseiller scolaire de Lansing et ancien joueur de basket qui était devenu son agent, l’avait prévenu que les équipes le délaisseraient pour faire prise à deux sur Kareem Abdul-Jabbar, jusqu’à ce que le jeune homme démontre la fiabilité de son tir extérieur. « Personne ne me laissera le champ libre sans en payer le prix », ronchonnait Magic entre deux séances d’exercices.

Il a signé un contrat de 2,3 millions de dollars sur 5 ans, avec un bonus de 175 000 dollars à la signature, sans pouvoir imaginer ce qu’il ferait de tout cet argent. Jerry Buss lui a demandé de venir s’installer à Los Angeles pour s’acclimater à son nouveau lieu de vie et Johnson s’est volontiers exécuté.

Magic avait 19 ans. Il ne connaissait personne et se sentait perdu devant tout le clinquant de cette ville tentaculaire aux autoroutes démesurées. Ses nouveaux coéquipiers étaient beaucoup plus âgés. Nombre d’entre eux étaient mariés et avaient des enfants. Durant ses premiers mois dans sa nouvelle ville, il s’est senti complètement seul.

Buss était propriétaire d’un complexe d’appartements à Culver City. Il a proposé au rookie de s’y installer car c’était proche de la salle d’entraînement, de l’aéroport et du Forum d’Inglewood. Johnson s’est acheté une nouvelle télévision couleur. Il passait ses journées à regarder « Perry Mason » et à téléphoner chez lui. La pagaille de chez lui, à Lansing, lui manquait. Ce qui lui avait toujours semblé trop petit, trop bruyant et trop encombré lui apparaissait dorénavant très réconfortant. Le dimanche soir, il appelait et demandait à sa sœur Pearl de lui décrire ce que sa mère Christine cuisinait. Puis il raccrochait et se faisait livrer de quoi manger – encore une fois.

Un matin, Jerry Buss a appelé pour prendre de ses nouvelles. « Tu aimes le football ? », lui a demandé le propriétaire. Trois heures plus tard, Magic se retrouvait au bord du terrain, à un match d’USC, assis à côté des coaches et des joueurs. La saison des Lakers n’avait pas encore commencé et il n’avait pas encore joué avec eux. Pourtant, il a été accueilli par les acclamations des supporters de football universitaire : « Magic, Magic ! » « Dr Buss !, s’est exclamé Johnson. Ils savent qui je suis ! »

Buss et Johnson, les deux nouveaux gars du clan Lakers, sont devenus d’inséparables compères. Ils adoraient tous les deux les donuts au chocolat, qu’ils dévoraient les samedis matins. Ils aimaient jouer au billard et se tirer la bourre dans de mémorables parties de ping-pong. Le propriétaire aimait fréquenter des night-clubs VIP et même s’il n’était pas un buveur, Johnson l’accompagnait. Il sympathisa ainsi avec les personnes les plus fortunées de Los Angeles.

Prince, Stallone, Michael Douglas : tout le monde connaît Johnson

Buss a emmené Magic à la célèbre fête annuelle de son confrère magnat de l’immobilier Donald Sterling, à Malibu. Sterling, qui rachèterait plus tard les Los Angeles Clippers, possédait une magnifique villa en front de mer. Il faisait servir des martinis et des cocktails turquoise surmontés de parasols miniatures. Magic était émerveillé par la musique, le buffet et les femmes mais il était surtout fasciné par les vagues déferlantes. « J’étais du Michigan, je n’avais jamais vu la mer avant », a-t-il expliqué.

Quand il est rentré à la maison après la soirée, il a appelé Greg Kelser, son ami d’enfance Dale Beard, sa petite amie Cookie et sa mère. « Tu ne vas pas croire où je suis allé ce soir. J’ai été à la mer. Juste au bord de l’eau. Avec toutes les huiles et les personnalités locales ! »

Une semaine plus tard, Buss a emmené Magic à la Playboy Mansion. C’était un vendredi soir. C’était une soirée cinéma mais Magic ne pouvait pas rester concentré sur le film car il y avait trop de femmes superbes qui attiraient son attention. Cela a donné lieu à une autre série d’appels téléphoniques chez lui, pour annoncer : « Devine où j’ai été ? » Sauf que cette fois-là, il a retiré sa maman et Cookie de la liste d’appels.

Buss a emmené son meneur de jeu danser au très select « Pip’s », à Beverly Hills, parmi les plus grands noms d’Hollywood. « Il y avait Prince, Sylvester Stallone, Michael Douglas… », raconta Johnson, passant en revue toute une pléiade de stars. « Ça m’a fait complètement halluciner ! Et ce qui me faisait halluciner encore plus, c’est qu’ils me connaissaient », a avoué Magic.

Soir après soir, Buss et lui faisaient des virées en ville. Jerry amenait beaucoup de femmes avec lui en soirée. Il dansait avec elles le disco, la valse et le tango, et ce pendant des heures. Quand il était fatigué, il se tournait vers Johnson et lui disait : « Earvin, danse avec ces dames. »

Quelquefois, Buss et Magic partaient à Las Vegas, où le premier gagnait (ou perdait) des milliers de dollars dans la demi-heure. Chaque fois que le propriétaire des Lakers estimait qu’il avait atteint sa limite, ils retournaient danser. Ils passaient énormément de temps ensemble. Pourtant, ils parlaient rarement basket. Buss voulait que son précieux investissement voie plus loin que ça. « Earvin, fais attention à ton argent. Qu’est-ce que tu veux faire après le basket ? », lui demandait-il.

L’objectif du flamboyant propriétaire des Lakers était de créer une équipe de basket avec un style hollywoodien. Doris Day et Frank Sinatra étaient déjà des habitués du Forum. Jerry Buss a su qu’il avait gagné son pari quand Sean Connery l’a appelé un soir pour lui demander s’il y avait une place dans sa loge pour l’agent 007. « Dès que les gens voyaient Magic jouer, ils en redemandaient », a raconté Buss.

Avant l’arrivée de Johnson, les matches de summer league des Lakers attiraient 3 500 personnes environ. A la première sortie de Magic, plus de 10 000 fans se sont présentés.

Bird rencontre son coach sans le savoir

Il y a eu une ferveur similaire à Boston, où Larry Bird était déjà présenté comme le sauveur qui allait métamorphoser une franchise qui n’avait gagné que 29 matches la saison précédente. Bird se méfiait un peu de cette ville, particulièrement après avoir vu de la fenêtre de sa chambre, au Parker House, des « Hare Krishna » en robe scander leurs prières dans la rue.

Harry Mangurian, le propriétaire des Boston Celtics, n’était pas un adepte de la vie nocturne, des casinos et des filles sexy. C’était un passionné de chevaux de course et la poignée de main qu’il avait donnée à Bird lui suffisait. « Il ne semblait pas trop s’intéresser au basket. C’était sa femme qui était très fan », a dit Bird.

Boston ne manquait pas de restaurants chics ni de boîtes branchées mais Larry ne les fréquentait pas. Quelques bières dans la cuisine de sa petite maison à Brookline, dans la banlieue de Boston, suffisaient à son bonheur. Avant que la saison ne commence, l’équipe est allée se faire un steak au resto mais le rookie ne s’y est pas montré, trop occupé à tondre la pelouse de son jardin.

Il était heureux que Dinah soit venue à Boston avec lui. Bird pouvait s’emporter et être colérique. Heureusement, Dinah était son précieux alter ego. Quand il était sur le point de prendre une décision hâtive, elle savait lui dire : « J’y réfléchirais davantage si j’étais toi. » « Elle m’a empêché de faire tout un tas de bêtises », a confié Larry.

Ils s’étaient rencontrés à l’université d’Etat d’Indiana, durant l’une des périodes les plus chaotiques de sa vie. Son père s’était suicidé un an plus tôt et sa famille connaissait des difficultés financières. Bird s’était marié à une amie d’enfance, Janet Condra, juste après avoir été admis à l’université d’Etat d’Indiana mais le couple avait divorcé en 1976. Pendant une brève (et sans suite) réconciliation, Condra est tombée enceinte et a eu une fille, Corrie. Les avocats de Bird ont demandé un test de paternité et quand il a été établi que Corrie était bel et bien l’enfant de Larry, elle marchait déjà. Elle n’avait que très peu vu son père. Larry sortait déjà avec Dinah à cette époque et il a refusé de faire partie de la vie de sa fille, une décision qui le hante encore aujourd’hui.

C’est Dinah qui l’a poussé, au fil des années, à prendre contact avec Corrie et à tenter de créer un lien avec elle. Dinah, qui est devenue plus tard sa femme, l’a aussi aidé à gérer sa vie privée, qui devenait de plus en plus publique à mesure que sa stature grandissait. « Elle a toujours été la plus mature de nous deux, a admis Bird. J’étais parfois un gars pas facile à vivre, particulièrement quand je jouais… Je suppose qu’elle adorait quand je rentrais de l’entraînement et que je faisais la sieste, comme ça je lui fichais la paix. J’ai eu beaucoup de chance. Dinah a toujours été très indépendante mais elle m’a également beaucoup soutenu. Et il y a eu des périodes où j’en avais vraiment besoin. »

Au début, Bird ne s’aventurait pas trop dans Boston. Comme Magic, il ne connaissait personne dans sa nouvelle ville. Même pas son coach, Bill Fitch. En attendant fébrilement que sa conférence de presse en tant que nouveau venu dans le Massachusetts commence, Larry a vu un monsieur corpulent s’approcher de lui. L’homme lui a parlé du personnel des Celtics. Bird a poliment répondu à ses questions mais il était nerveux et préoccupé et il n’avait qu’une envie, c’était que cet homme le laisse tranquille.

Quand la conférence de presse a finalement commencé, Bird s’est excusé en allant prendre place sur l’estrade. A sa grande surprise, l’homme l’a rejoint. « Larry, lui a-t-il dit, je suis ton coach, Bill Fitch. »

A suivre…

Première partie – Deuxième partie – Troisième partie – Quatrième partie

Cinquième partie – Sixième partie – Septième partie – Huitième partie

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Chez le même éditeur

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Jack McCallum, « Dream Team » (2016, 396 pages, 22 euros)

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