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Roman de l’hiver : Larry Bird-Magic Johnson (6)

C’est désormais une tradition sur Basket USA : chaque été et chaque hiver, nous vous proposons de longs extraits d’un livre en rapport avec la NBA.

Après Phil Jackson, Michael Jordan (par Roland Lazenby), la « Dream Team » et Allen Iverson (par Kent Babb), nous avons continué de piocher dans la collection des éditions Talent Sport et c’est un ouvrage passionnant, signé Jackie MacMullan, que nous vous proposons pour les longues soirées de l’hiver 2018-19, au coin de la cheminée.

« Larry Bird-Magic Johnson, Quand le jeu était à nous » raconte la formidable rivalité, dans les années 1980, entre l’ailier des Boston Celtics et le meneur des Los Angeles Lakers. Celle qui a assuré le succès et la popularité de la grande Ligue américaine. Embarquez avec nous dans la machine à remonter le temps… Bonne lecture !

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

 

Le match, retransmis sur la chaîne nationale HBO, a attiré des observateurs intéressés : les Indiana State Sycamores, qui s’étaient réunis dans la maison de Larry Bird et Bob Heaton en dehors du campus pour suivre la rencontre. ISU devait affronter les Russes la semaine suivante et si Bird essayait de se focaliser sur son futur adversaire, il ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller devant ce que Earvin « Magic » Johnson était en train de leur faire.

« A ce moment-là, je ne savais que très peu de choses sur Magic. Mais je n’arrivais pas à croire ce que je voyais… Magic dirigeait ces gars comme dans une équipe pro. A chaque tir raté, ils étaient partis, la contre-attaque était déjà lancée. Ses angles de passe étaient parfaits. Il avait l’air un peu gauche, avec ce grand corps, en remontant la balle mais il avait toujours un temps d’avance sur tout le monde », souligna Larry.

Quand Magic et Michigan State ont terminé de laminer les Russes, Bird s’est tourné vers ses coéquipiers et leur a lancé : « Les gars, vous venez de voir la meilleure équipe du pays. » Il a commencé la soirée assis sur un vieux canapé à côté de Carl Nicks, à se la raconter, expliquant comment il allait dominer les Soviétiques. Il a désigné un ailier russe et expliqué en détail comment il allait l’enrhumer au poste. Il en a désigné un autre et a promis de faire pleuvoir des tirs extérieurs sur sa tête. « Il n’y en a aucun, là-dedans, qui peut défendre sur moi », a-t-il fanfaronné. « C’est ce qu’il a commencé par dire. Puis à la fin, il a dit : « Ce Magic, il est incroyable ! » », a rapporté Carl Nicks.

Jud Heathcote est étrangement silencieux

Bird a mis sa bravade en pratique le 20 novembre avec 22 points et 13 rebonds, tandis qu’ISU avait raison des Soviétiques 83-79. Ainsi, Indiana State devenait l’une des quatre seules universités à avoir battu les Russes.

Michigan State et Indiana State ont toutes les deux utilisé leur victoire contre les Soviétiques comme un tremplin pour leurs saisons régulières respectives, avant de partir vers des coins opposés du pays. Les Sycamores se sont envolés pour Deland, en Floride, où ils se sont aisément défait d’East Carolina (102-79) et de Cleveland State (102-71) pour remporter l’Hatter Classic.

A ce stade, Indiana avait 6 victoires pour 0 défaite mais Bird, l’architecte de la série victorieuse, qui avait tourné à 31 points et 13.6 rebonds, n’était pas impressionné. « On gagnait mais on n’avait encore joué personne », a-t-il expliqué.

Michigan State a pris l’avion pour Portland, dans l’Oregon, pour son tournoi de Noël du 18 décembre. Les Spartans devaient notamment rencontrer Washington State, la fac où Jud Heathcote avait fait ses études. Les Wazzus étaient classés 10es dans le pays et ils étaient menés par Don Collins, qui a ensuite évolué en NBA, aux Washington Bullets (futur Wizards). Heathcote, qui était généralement très loquace, apparut étrangement silencieux pendant les jours précédant le match contre sa fac bien-aimée, où il avait aussi travaillé comme coach assistant pendant sept saisons. « Il était tendu comme un bouledogue. Je peux te dire que ce match signifiait beaucoup pour lui. Tous ses anciens amis étaient dans les tribunes », a dit Magic.

La veille de la rencontre, Johnson a tenu une réunion avec les joueurs seuls. Il leur a expliqué la valeur symbolique de ce rendez-vous pour Jud Heathcote. « On ne peut pas lui faire faux bond », leur a dit Magic. Michigan State a battu Washington State haut la main, de 46 points. En quittant le terrain, Johnson a donné un coup de coude amical à Heathcote. « Coach, celle-là était pour vous », lui a-t-il lancé.

Le lendemain, juste avant le début du match entre Michigan State et Oregon State, le coach d’Indiana, Bob Knight, dont l’équipe venait de se faire battre par Oregon, a serré la main d’Heathcote et lui a dit : « Vas-y maintenant, Jud. Fais en sorte qu’il y ait deux équipes de la Big Ten en finale. » Michigan State a battu Oregon State de 8 points puis fessé Indiana 74-57 en finale. Magic a enquillé 20 points et 7 passes contre les Hoosiers.

Michigan State est classé numéro 1 dans le pays

Les Spartans étaient sur un petit nuage après leur performance mais ils étaient aussi nerveux à l’idée de rentrer chez eux et de fêter le Nouvel An avec leurs amis et leur famille. Le 30 décembre, ils ont pris un avion pour Seattle. Ils étaient censés prendre une correspondance, un autre vol devant les ramener dans le Michigan, mais une tempête de neige les a déroutés vers Denver. Et c’est là, pendant que son équipe se rassemblait autour du carrousel à bagages, que Jud Heathcote a eu l’information officielle : le nouveau classement des universités plaçait Michigan State numéro 1 dans le pays.

La formation nouvellement couronnée est partie pour la lointaine Minneapolis le lendemain, avant qu’une météo une fois encore difficile ne la cloue à l’hôtel le réveillon du jour de l’An, pour faire sécher ses chaussettes et ses sous-vêtements. Lorsqu’ils ont finalement atterri à Detroit, deux jours plus tard, le 2 janvier, les joueurs étaient fatigués, grincheux et irritables. L’attente pour récupérer leurs bagages était interminable. Dix puis vingt minutes ont passé. Jud Heathcote est allé voir un responsable de la compagnie aérienne. Il lui a demandé de faire en sorte que leurs bagages leur soient restitués. Dix autres minutes ont passé. « Il fumait des oreilles… », rapporta Magic.

Heathcote n’en pouvait plus d’attendre. Il est passé par-dessus le cordon de sécurité du convoyeur et s’est mis en chasse des bagages. Quelques minutes plus tard, il se faisait escorter, un agent de sécurité à chaque bras, sous les regards amusés de ses joueurs. « Je deviens très impatient quand je voyage ! », confia Jud.

Quand les Spartans sont rentrés à Lansing, cela faisait une semaine qu’ils ne s’étaient pas entraînés. L’équipe était remontée, déterminée à battre ses futurs adversaires, mais elle a perdu quatre de ses six matches suivants, dont une déculottée contre la faible Northwestern le 3 février. Cette défaite faisait tomber Michigan State à un bilan de 4 victoires pour 4 défaites dans la Big Ten. Le classement numéro 1 était un lointain souvenir, tout comme la joie d’avoir remporté le Far West Classic à Portland.

Jud Heathcote a convoqué une réunion d’équipe et réprimandé ses joueurs pour ne pas avoir fourni un effort suffisant en défense, pour ne pas s’être assez impliqués au rebond et pour ne pas avoir joué avec suffisamment de concentration. Puis ça a été au tour des joueurs de s’exprimer. Greg Kelser a parlé en premier. « Vos tirades ne font que mettre en avant nos erreurs. Il faut que vous la mettiez en veilleuse. Par ailleurs, vous vous en remettez beaucoup trop à Earvin. Cela nous rend trop prévisibles », a dit Kelser à Heathcote.

John Longaker dit ses quatre vérités à Magic

Un par un, les joueurs ont alimenté le débat. Jay Vincent a dit qu’il jouait de manière hésitante parce qu’il avait peur de se faire éjecter du terrain s’il commettait une erreur. Magic a dit à Heathcote qu’il avait l’impression d’étouffer dans le style d’attaque qu’ils privilégiaient. « Coach, laissez-moi prendre la balle et y aller », a imploré Johnson.

Les coaches et les joueurs se sont retrouvés dans une impasse. Jud Heathcote et son staff voulaient plus de fondamentaux et une plus grande implication. Les joueurs voulaient plus de liberté et moins de harcèlement. Le remplaçant John Longaker, un boursier Rhodes qui jouait rarement dans les moments clés mais qui était respecté de ses coéquipiers pour son Q.I. basket très élevé, s’est levé et a déclaré : « On ne joue pas le basket de Michigan State. Où est passée toute la confiance que l’on avait en début d’année ? Earvin, qu’est devenue toute l’audace que tu avais et qui nous motivait ? » « Il avait raison. On ne jouait plus avec la même assurance », a reconnu Magic. « J’étais heureux que John dise quelque chose parce que c’était le seul gars qu’Earvin aurait écouté », a affirmé Heathcote.

Longaker, qui a intégré l’Ecole de médecine de Stanford, parlait ouvertement à Johnson de ses lacunes scolaires. Il lui disait qu’il devait appliquer la même discipline à ses études que celle qu’il montrait à l’entraînement. Il a appris à Johnson comment planifier les tâches et gérer son temps. Longaker était l’un des quelques joueurs qui n’avaient pas peur de défier Magic. Pendant cette réunion d’équipe, il a imploré Johnson d’arrêter de pointer les autres du doigt et lui a demandé de se regarder en face.

Après que chaque joueur eut exprimé ses griefs, Heathcote s’est engagé à laisser un peu plus de latitude à son meneur. Il a aussi accepté de faire un effort pour hurler un peu moins. La réunion s’est terminée sans que l’on réponde de manière concrète à un autre problème non formulé. Si les Spartans étaient une équipe très soudée, il arrivait que la personnalité de Magic, omniprésent et incontournable, devienne écrasante. C’était parfois gênant pour Greg Kelser, qui était le meilleur marqueur et le meilleur rebondeur de l’équipe mais qui était clairement dans l’ombre de son sémillant coéquipier.

« La vérité, c’est que nous avions deux superstars, Magic et Kelser, et qu’on ne parlait que de Magic. Earvin comprenait que c’était un problème mais c’était simplement sa personnalité. Il ne pouvait pas empêcher que tout le monde l’aime. C’était un gars très facile à côtoyer et parfois, c’était difficile à vivre pour ses coéquipiers », a commenté Jud Heathcote.

Magic Johnson capte la lumière. Trop de lumière…

Greg Kelser exprimait rarement ses frustrations. Johnson et lui étaient de très bons amis. Ils passaient de nombreuses soirées ensemble, à danser dans les boîtes de Lansing. Pourtant, Heathcote décelait des indices de l’état d’esprit de Kelser dans le vestiaire. « Greg était toujours dans ses stats. On leur passait la feuille après le match. Earvin ne la regardait même pas tandis que Greg la dévorait. Il disait : « Ils ne m’ont crédité que de 6 rebonds… J’ai l’impression d’en avoir pris plus, non ? » »

En 2006, Kelser a fait paraître un livre dans lequel il livre ses souvenirs concernant la saison du sacre de Michigan State. Il y a un passage où il raconte qu’il a vu Magic marquer 20 points un soir et que ça l’a déterminé à en mettre 25 la fois suivante, pour que Johnson ne le rejette pas dans l’ombre. « Il y avait de la jalousie. Je ne le voyais pas à l’époque mais j’ai enlevé à Greg beaucoup de son rayonnement. Ce n’était pas intentionnel. Tout ce dont je me préoccupais, c’était de gagner. Ses commentaires dans ce livre m’ont surpris. Il a dit que je lui avais pris une partie de sa gloire. J’ai été stupéfié par cette analyse. C’était un peu décevant », a déclaré Magic.

Kelser insiste sur un point : il reconnaît que Magic lui a permis de bénéficier d’une exposition qu’il n’aurait sans doute pas eue s’il n’avait pas joué avec lui. Et il n’a jamais dit qu’il n’était pas reconnaissant envers son ancien coéquipier. « Je n’avais aucun problème à occuper le siège arrière d’Earvin. Mais je voulais aussi être reconnu pour ce que j’accomplissais. Quand notre équipe a été étiquetée « Magic Johnson et les Michigan State Spartans », je n’ai pas apprécié. Mais qu’est-ce que j’allais faire contre ça ? », a commenté Kelser.

La désormais célèbre réunion des Spartans est souvent présentée comme ayant été l’élément déclencheur du revirement de l’équipe. Jud Heathcote, lui, pensait que sa décision d’enlever Ron Charles du cinq de départ pour le remplacer par Mike Brkovich, plus petit, plus rapide et meilleur shooteur, avait autant contribué à la résurgence de sa formation que quoi que ce soit d’autre. Les autres équipes ont commencé à s’apercevoir des dégâts causés quand on laissait Magic s’emparer d’un rebond et déclencher lui-même la contre-attaque. Elles se sont adaptées en assignant à un joueur une tâche spécifique : le bloquer en dehors de la raquette.

Brkovich était un élément supplémentaire doté d’une bonne qualité de passe et de conduite de balle, ce qui facilitait le jeu de transition. Heathcote avait l’intention d’effectuer un autre changement : envoyer Terry Donnelly sur le banc et lancer le freshman Gerald Busby dans le cinq. Mais avant que Heathcote ait pu lui offrir cette promotion, Busby a brutalement quitté l’équipe. Il avait le mal du pays et ne supportait plus le comportement bourru de son coach, de même que son utilisation constante de grossièretés. Busby avait estimé qu’un changement de décor était préférable pour lui. Il est parti à Ferris State et il a été bon sous ses nouvelles couleurs. Mais il ne s’est jamais approché, ni de près, ni de loin, d’un titre national. Ce qui a compliqué la réalisation de son projet de passer pro. « Je me demanderai toujours ce que Gerald pensait », a admis Magic.

Il y a foule pour les matches des Sycamores

Après la réunion et le changement de cinq, les Spartans sont sortis victorieux de 10 de leurs 11 derniers matches. La seule défaite de cette série est intervenue quand le Wisconsin de Wes Matthews (qui deviendrait plus tard le coéquipier de Magic en NBA, pour les titres décrochés par Los Angeles en 1987 et 1988) a rentré un tir incroyable au buzzer contre la planche en fin de saison. Score final : 82-80.

Cette défaite cruelle a piqué les Spartans au vif, eux qui pensaient sincèrement ne plus perdre un autre match. Greg Kelser se souvient que ses coéquipiers étaient abattus de manière inhabituelle avant que Magic ne recadre le vestiaire et ne donne des tapes amicales dans le dos et sur les épaules de ses camarades. « C’est bon, leur saison est terminée. Nous, on a encore du pain sur la planche », leur a dit Johnson.

Cogner Indiana State était tout en haut de leur liste. L’équipe de Larry Bird était classée numéro 1 sur 40, une extraordinaire progression pour une fac qui avait une affluence moyenne de moins de 3 000 supporters par match avant que le prodige n’arrive. Indiana State a su que son heure avait sonné quand les étudiants qui avaient l’habitude de jouer sur les terrains après l’entraînement ont commencé à venir de plus en plus tôt. Le nombre de personnes qui regardaient l’équipe s’entraîner a gonflé pour dépasser la centaine et Bill Hodges a été contraint de fermer l’accès à l’entraînement. Ça n’a pas découragé les « rats de la salle » de se montrer, d’une manière ou d’une autre. « Je regardais par les vitres des portes de la salle et je voyais toutes ces têtes qui s’y pressaient pour observer les joueurs », confia le préparateur physique de l’équipe, le docteur Bob Behnke.

A la fin de la saison, les fans étaient en rang d’oignons, à l’extérieur de l’Hulman Center, à 15h30 pour un match qui commençait à 19h30. Comme la section des étudiants était en placement libre, il y avait un rush complètement dingue vers les places vides quand les portes s’ouvraient à 18h. Les supporters étaient autorisés à entrer au niveau central d’un bâtiment à trois niveaux. Bird et ses coéquipiers se tenaient dans le tunnel au premier niveau et regardaient leurs collègues étudiants se bousculer les uns, les autres pour avoir la meilleure vue de leur équipe de basket adorée.

Le plus souvent, le jeu en valait la chandelle. Au début de la saison, dans un match qui se jouait à deux points contre Illinois State, Hodges a demandé un temps mort dans les dernières secondes. Il y avait égalité et possession pour Indiana State. Behnke se souvient d’avoir vu Hodges montrer sur sa planchette un système élaboré à base de doubles écrans et de blocs au porteur (picks) dans le dos.

Carl Nicks devait effectuer la remise en jeu. Tandis que Bird et lui sortaient du regroupement et se dirigeaient vers le terrain, Behnke a entendu le premier dire à son ami : « Hey, Carl, tu me donnes juste la balle. » « Et c’est ce que j’ai fait, a dit Nicks. Et tu sais ce qui est arrivé. Larry a marqué. Et on a gagné. »

Le jour de gloire de Bobby Heaton

La victoire la plus excitante de l’année, toutefois, a vu Larry jouer un rôle de soutien. Au 1er février 1979, Indiana State avait remporté 18 matches d’affilée mais dans un match contre New Mexico State, les Sycamores étaient menés de 2 points à trois secondes de la fin. Greg Webb, des Aggies, était aux lancers francs. Bird et Nicks étaient sur le banc, sortis pour 5 fautes.

Bill Hodges a demandé un temps mort. Il a rappelé à ses joueurs qu’ils devaient rester calmes puis a réparti les responsabilités pour ces dernières secondes. Bobby Heaton, qui était en jeu, attendait qu’on définisse son rôle. Dans la confusion, Hodges avait oublié de lui dire où se placer.

Alors que chacune des deux équipes sortait de son regroupement, la foule, en faveur de New Mexico State, s’est mise debout et a hurlé : « 18-1 ! 18-1 ! » Slab Jones, sa star, est passé nonchalamment devant le banc d’Indiana State et a chambré Bird et Nicks : « C’est trop bête, votre série est terminée. »

Ne sachant pas trop où se mettre, Heaton est allé s’imposer sous le panier de l’équipe puis a réalisé qu’il était trop « enfoncé » et qu’il n’aurait pas le temps de tirer s’il recevait la balle. Il s’est placé au milieu du terrain et a attendu. Le lancer franc de Webb, trop court, a buté sur le cercle. Brad Miley, d’ISU, s’est emparé du rebond et a tout de suite transmis la balle à Bobby Heaton. Le joueur que Larry Bird appelait affectueusement « Heater » n’hésita pas : il envoya une bombe à 15 mètres au buzzer. « J’ai clairement pensé qu’elle allait passer par-dessus la planche », confia Heaton. Il poussa un râle. La balle amorça sa descente et, de façon incroyable, rebondit sur la planche pour finir dans l’anneau.

Ce tir mettait fin aux célébrations de New Mexico State. Indiana State avait forcé la prolongation de manière improbable avant de l’emporter dans la période additionnelle. « Quand New Mexico State a marqué son premier panier de la prolongation, il n’y a même pas eu d’applaudissements. Ils étaient morts », a noté Heaton.

Larry Bird était fou de joie pour Bobby Heaton, un bûcheron sans vitesse qui compensait en prenant les bonnes décisions sur le terrain. C’était aussi encourageant de voir le remplaçant Rich Nemcek réussir quelques actions décisives dans un match de cette intensité. « Quand Heater a rentré ce tir, je me suis dit : « Peut-être que cette année est vraiment différente. » J’ai vu des choses de notre banc, ce soir-là, que je n’avais jamais vues de toute l’année. Ils ont joué avec confiance. Ils ont joué comme s’ils étaient censés gagner », a déclaré Bird.

Bird : « Moi aussi, je suis jaloux de mes coéquipiers »

Neuf jours après ce suspense, Larry a signé l’unique sortie de sa carrière universitaire où il a marqué moins de 10 points. L’adversaire était Bradley. Bird a terminé à 4 points et 11 rebonds mais Indiana State l’a emporté 91-72 avec 31 points de Carl Nicks et 30 de Steve Reed. Après la défaite, le coach de Bradley, Dick Versace, a déclaré que sa « bird cage » (1) avait été un succès. « Il s’est félicité de m’avoir muselé. Ça m’a fait marrer. Je n’ai même pas essayé de scorer. J’ai pris 2 tirs. Ils m’ont pris à trois pendant tout le match en mettant un gars devant moi, un gars derrière moi et un autre qui essayait de me chiper le ballon. On avait des joueurs complètement libres sur le terrain, personne ne défendait sur eux », a commenté Bird.

C’était une période grisante pour Indiana State. A mesure que la série de victoires augmentait, la notoriété de l’équipe grandissait. Larry était une célébrité sur le campus, ce qui n’était pas du goût de tous ses coéquipiers. « Les gars avaient leur part mais ils pensaient qu’ils auraient dû obtenir plus, je suppose. Je pense que certains d’entre eux se voyaient si grands qu’ils considéraient qu’ils auraient probablement pu faire tout cela sans moi », a affirmé Bird.

« Il n’y en avait que pour Larry. J’ai souvent ressenti de la frustration. Larry essayait toujours de m’impliquer, j’essayais de faire bonne figure mais il y avait des fois où l’écho qu’il obtenait était un peu injuste. J’étais un membre de valeur de l’équipe et je me demandais si quelqu’un le remarquait… », a confié Nicks.

Plus Bird recevait d’attention, plus il s’en détournait. Il s’est mis à utiliser les entrées secondaires, les portes dérobées, à emprunter les voies les moins fréquentées pour se rendre à la nouvelle salle. Les interviews lui étaient si désagréables qu’il s’éclipsait souvent du vestiaire avant que les journalistes n’arrivent. Son comportement était déroutant pour Carl Nicks au début. « Je me disais : « Wow, c’est unique ! » J’étais un étudiant de Chicago qui avait l’habitude de dire à tout le monde ce qu’il faisait. Et Larry m’enseignait de ne pas me perdre sous les feux de la rampe… Je me suis retrouvé à faire pareil que lui », a poursuivi Nicks.

Tout le monde n’avait pas la même approche. Un jour, dans le bus, le groupe discutait pour savoir où il allait s’arrêter pour manger. L’un des remplaçants a dit sur un ton sarcastique : « Où Larry voudra. » Si de tels commentaires étaient blessants pour Bird, il ne l’exprimait jamais. Au lieu de cela, il ne faisait que pousser davantage ses coéquipiers. « Certains de ces jeunes ne comprenaient pas que Larry les avait hissés à un niveau qu’ils n’auraient jamais atteint de leur vie sans lui. Ils vivaient l’aventure d’une vie mais quelques-uns étaient trop jaloux pour en profiter », a expliqué Bob Behnke.

« Un jour, quelqu’un m’a demandé ce que je ressentais au sujet de tout ça. Je lui ai dit : « Mince, je suis jaloux d’eux moi aussi. Je suis jaloux parce que je n’ai jamais joué avec un Larry Bird. » C’était une figure imposante, même pour ses amis. Quand il s’agissait de basket, ils se conformaient scrupuleusement à ce que la star demandait. Il n’y avait aucun doute sur qui était le leader de l’équipe « et si l’un d’entre eux franchissait la ligne, il était stoppé », expliqua Larry.

A suivre…

1. « Bird cage », cage а oiseau.

Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous », sorti le 31 mai 2017 (352 pages, 22 euros)

Chez le même éditeur

Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (2014, 352 pages, 22 euros)

Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (2015, 726 pages, 24 euros)

Jack McCallum, « Dream Team » (2016, 396 pages, 22 euros)

Kent Babb, « Allen Iverson, Not a game » (2016, 330 pages, 22 euros)

Roland Lazenby, « Kobe Bryant, Showboat » (2018, 600 pages, 24 euros)

Marcus Thompson II, « Stephen Curry, Golden » (2018, 300 pages, 21,90 euros)

Julien Müller et Anthony Saliou, « Top 50 : Les Légendes NBA » (2018, 372 pages, 19,90 euros)

Julien Müller et Elvis Roquand, « Petit quiz NBA, 301 questions » (2018, 176 pages, 9,90 euros)

Talent Editions

 

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