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Le roman de l’hiver : « Dream Team » (12)

Depuis deux ans, Basket USA vous propose le roman de l’été (avec des extraits de l’autobiographie de Phil Jackson puis du « Michael Jordan, The Life » de Roland Lazenby), et pour vous accompagner au coin du feu, nous vous proposons désormais le roman de l’hiver. On attaque avec l’ouvrage de référence de Jack McCallum, grande plume de l’hebdomadaire US « Sports Illustrated », sur l’aventure de la « Dream Team » à Barcelone. Une formation de légende qui fêtait en 2017 ses 25 ans. Bonne lecture !

Première partie
Deuxième partie
Troisième partie
Quatrième partie
Cinquième partie
Sixième partie
Septième partie
Huitième partie
Neuvième partie
Dixième partie
Onzième partie

 

Chapitre 17 – Le Dukie

Recherchons All-American universitaire devant effectuer tâches ingrates pendant les vacances d’été

A l’exception de Michael Jordan, Magic Johnson et Larry Bird, on pouvait dire de Christian Laettner, qui s’avéra être le joueur le moins important des douze constituant l’effectif, qu’il était le joueur le plus certain de figurer dans l’équipe olympique. Dans les prémices des négociations au sein des membres du comité chargé de bâtir l’équipe, l’idée que les joueurs universitaires devaient être au même nombre que les joueurs professionnels avait été rapidement écartée. Alors, le rapport de 8 pour 4 est devenu la référence.

L’idée d’avoir 10 pros et 2 étudiants restait dans l’air mais – avec des joueurs tels que Isiah Thomas, Clyde Drexler et Dominique Wilkins absents des dix initialement choisis -, il est vite apparu évident qu’un seul étudiant serait retenu parmi les douze joueurs constituant l’effectif. « Le cadeau aux tenants de l’amateurisme », comme l’a décrit le membre du comité Donnie Walsh.

Laettner préféré au Shaq

Et celui qui allait être ce candidat universitaire est apparu avec la même évidence. « Personne ne l’a dit ouvertement, m’a raconté C.M. Newton, mais Christian Laettner allait faire partie de cette équipe. » De toute évidence, son coach d’université, Mike Krzyzewski, membre du comité, avait mis en avant ce choix. Laettner a déclaré qu’au début de sa quatrième année universitaire, « Coach K » lui avait dit : « Ils vont prendre un étudiant. Ton objectif, c’est d’être ce gars-là. Et tu seras ce gars-là si tu joues bien et que tu fais une grande saison. »

Duke a réalisé une grande saison et Laettner a joué magnifiquement. S’il demeurait encore un espoir pendant l’hiver pour Shaquille O’Neal, le produit de Louisiana State University, tout a changé l’après-midi du 28 mars, environ deux mois avant que le comité n’annonce les deux joueurs retenus. C’est ce jour-là que Christian Laettner est devenu une légende.

Dans la finale régionale de l’Est au Spectrum de Philadelphie, un match déterminant pour l’accession au Final Four, Kentucky menait 103-102 contre Duke à 2,1 secondes de la fin. « Nous allons gagner », dit Mike Krzyzewski à ses joueurs durant le temps mort qui précéda une remise en jeu sous son panier. C’était ce qu’un coach était censé dire, bien sûr, mais Krzyzewski sentait qu’il avait une chance. Tout le monde savait que le dernier tir serait pour Laettner et il y avait eu un précédent couronné de succès : deux ans plus tôt, dans une finale régionale contre Connecticut, Laettner avait réussi un tir en pivot en se jetant vers l’avant qui avait permis de gagner le match et qualifié Duke pour le Final Four.

Mike Krzyzewski assigna à Grant Hill la mission de faire la passe. Le père de Hill, Calvin, avait été une star de NFL avec les Dallas Cowboys. Ce fait peut paraître hors sujet mais il est néanmoins utile de le mentionner vu la perfection avec laquelle Hill fit la passe. Plus tôt dans la saison, dans la même situation contre Wake Forest, Hill avait adressé une passe pourrie à Laettner, faisant sortir ce dernier en touche. Mais cette fois, la passe de Hill était parfaite, droite, belle et suffisamment haute pour que Laettner, du haut de ses 2,11 m, puisse s’en saisir sans avoir besoin de jouer les acrobates.

« Je suis Christian Laettner, t’es que dalle »

Il est impossible de décrire à quel point le clan Kentucky priait ardemment pour que Laettner rate son tir. Plus tôt dans le match, alors que Duke menait 73-68, Laettner et Aminu Timberlake, joueur de Kentucky, s’étaient tamponnés ; Timberlake était tombé au sol. Laettner lui planta immédiatement son pied droit dans l’estomac, sans lui mettre trop de pression mais suffisamment pour bien le lui faire sentir. Alexander, de « Sports Illustrated », a décrit plus tard la scène comme suit : « C’était juste une réaction d’orgueil du genre : “Je suis Christian Laettner et toi, t’es que dalle.” »

Laettner eut très souvent le rôle du méchant, beaucoup plus rarement celui du souffre-douleur. Il prit un dribble, feinta le reverse à droite puis fit un reverse à gauche et déclencha un fadeaway, le vingtième tir qu’il tenta ce jour-là. A cet instant, il avait rentré ses 19 tirs précédents – dont 10 lancers francs. Krzyzewski dit plus tard que s’il avait été conscient de cette statistique, il n’aurait sans doute pas donné ce dernier tir à Laettner, de peur que les lois des probabilités ne soient contre lui. J’en doute. Le tir de Laettner s’éleva vers le panier avec une parfaite rotation et les supporters de Kentucky qui se dirigeaient vers la sortie se figèrent, le masque de l’effroi soudainement gravé sur leurs visages.

Bonnie Laettner était tellement fan des performances de Marlon Brando dans « Les Révoltés du Bounty » et « Le Bal des maudits » qu’elle avait écrit « Christian », le nom que Brando avait donné à son fils, sur le certificat de naissance de son fils malgré le fait qu’elle l’avait prénommé Christopher. Laettner ressemblait à ce qu’il était – un pur produit de la Nichols School, petit lycée à classes préparatoires aux grandes écoles situé dans son Buffalo natal, presque exclusivement fréquenté par des Blancs, avec costume-cravate obligatoire. Laettner adorait parler de Nichols, au point que ses coéquipiers de Duke en avaient ras la casquette d’en entendre causer.

Il semblait être taillé sur mesure pour Duke, cet aimant à joueurs blancs très convoités (Danny Ferry, Cherokee Parks, Chris Collins, Greg Paulus, Steve Wojciechowski et J.J. Redick, entre autres) qui a fini par énerver tout le monde. Mais sa maman, une forte influence dans sa vie, adorait l’université de Caroline du Nord et son coach, Dean Smith. Elle pressa Christian d’aller à Chapel Hill et il l’envisagea. Mais finalement, il avait trop le profil d’un Dukie (1) pour ne pas devenir un Dukie. Et il est tout simplement impossible de surestimer la haine que Laettner s’est immédiatement attirée parmi ses adversaires.

 

Un beau gosse surévalué ?

« Duke était comme l’équipe de l’Amérique, Christian Laettner était Dieu et je ne l’aimais pas », dit Juwan Howard dans le documentaire « The Fab Five » narrant sa glorieuse première année de fac à l’Université du Michigan, qui a représenté une sorte de contre-référence culturelle à Duke au début des années 1990.

« Je pensais que Christian Laettner était un tendre », a dit Jimmy King.

« Surévalué », a dit Ray Jackson.

« Beau gosse », a dit Juwan Howard.

Laettner n’était ni tendre, ni surévalué, pas en tant que joueur universitaire. « Beau gosse » est justifié. Il avait vraiment (et il a toujours) l’air d’une star de soap opera, la chevelure ondulante, des yeux bleus perçants, et une taille de géant. On aurait pu lui donner le rôle d’un chirurgien séducteur retors couchant avec les infirmières du bloc opératoire ou bien, dans une version plus moderne, celui du séducteur gay abusant de la naïveté des jeunes internes. Des commentaires ont vu le jour comme quoi Laettner était gay et plus précisément, qu’il avait une liaison avec son compagnon de chambrée Brian Davis.

Ce n’était pas une surprise compte tenu du fait que le noyau dur des supporters des écoles rivales de Duke se démenait avec une grande rudesse pour surpasser les Cameron Crazies, les supporters de l’équipe masculine de basket de Duke. Ce qui était étonnant, c’était combien Laettner encourageait ces rumeurs, par défi, en embrassant Davis dans un match après avoir écrasé un dunk ou bien, en d’autres occasions, en étendant son bras et en abaissant son poignet au moment de tenter un lancer franc, donnant l’occasion à la foule de l’insulter.

Dans le même temps, Laettner était aussi décrit comme un dur par Hill, son coéquipier. « Christian était plus grand que tout le monde, il savait se battre et il voulait toujours se battre, m’a dit Hill. Il provoquait une bagarre avec des gars juste pour voir s’ils avaient du cran. » Bobby Hurley, le meneur All-American (2) de Duke, était une cible de choix. Mike Krzyzewski avait confié la mène et un poste de titulaire à Hurley dès qu’il était arrivé sur le campus, alors que Laettner était traité en freshman, qu’il était, et ça l’avait rendu fou – il l’est encore aujourd’hui.

Laettner emmène Hill faire des tête-à-queue la nuit…

Il a toujours joué le rôle du Dukie dominant. Un soir de 1990, alors qu’il était freshman, Grant Hill ouvrit à quelqu’un qui frappait à sa porte autour de minuit. C’était Christian Laettner, qui lui demanda de mettre son manteau. Il pleuvait fort mais Laettner insista pour qu’il sorte et il l’emmena dans sa voiture. Il conduisit à vive allure dans la nuit jusqu’au parking désert du Centre médical de Duke. Une fois arrivé là-bas, il effectua des tête-à-queue lancé à pleine vitesse en tirant brusquement sur le frein à main. Hill n’osait piper mot parce qu’il n’était qu’un freshman et que Laettner était… eh bien, Laettner.

Hill m’a dit que ce garçon bien comme il faut de Nichols School voulait également être noir. « Une année, Bobby [Hurley] a été blessé et Tony Lang l’a remplacé dans le cinq de départ. Christian se trouvait dans le regroupement et frappait dans ses mains en disant : “OK, on est cinq frères à débuter.” Et il n’avait pas l’air de plaisanter. »

Quand il était senior, les gens se demandaient si Laettner était le meilleur joueur du pays. En revanche, il était indéniablement le plus en vue, l’idole adorée des supporters de Duke et, pour ses adversaires, l’incarnation typique du mauvais garçon appartement à une fraternité. Il était aussi une sorte d’archétype – le joueur universitaire immortel qui ne serait jamais aussi bon chez les pros, qui n’y n’aurait jamais le rendement que l’on pouvait attendre d’un All-American.

Alors que Michael Jordan était limité par la philosophie de North Carolina, partager les initiatives et faire circuler le ballon, les talents de Laettner étaient poussés à leur maximum dans le système du « Présente-toi et attaque le panier » de Krzyzewski. Laettner, qui ne manquait pas de talents autour de lui, pouvait utiliser son tir dans le périmètre avec aisance mais il pouvait aussi jouer poste bas et dominer grâce à sa taille. Il ne serait pas capable de le faire chez les pros. Il était un peu tendre, peu enclin à progresser, un peu lent – un peu de ceci, un peu de cela. Devenir une star de NBA du niveau de ses partenaires de la « Dream Team » dépendait de beaucoup de choses. Mais quel sacré joueur universitaire il a été !

Le plus grand match de tous les temps ?

Et donc, le tir de Laettner se nicha dans le panier, comme il semblait être destiné à le faire, faisant réaliser à son auteur une après-midi parfaite à 31 points, performance comparable à celle, presque parfaite, à 44 points que Bill Walton (UCLA) avait mémorablement infligée à Memphis State en 1973, en finale du championnat NCAA. Dans le carré presse, après que le tir de Laettner fût rentré, le vieux briscard Bob Ryan, chroniqueur au « Boston Globe », écrivit la question « Le plus grand match de tous les temps ? » sur son carnet et la montra à tout le monde, bras tendu. Beaucoup étaient d’accord et Laettner en était la star à l’unanimité.

Quantités de choses ont été écrites sur cette rencontre, une matière de toute évidence très appétissante pour tous ceux qui sont friands de l’histoire de la NCAA. Feu Chris Farley a fait une vidéo promotionnelle de ce match pour la NCAA. Il y jouait le rôle de Laettner. Ce tir a été diffusé, approximativement, près de deux mille fois depuis. Laettner proclame qu’il ne le regarde pas, alors qu’Hill admet qu’il s’arrête devant chaque fois qu’il apparaît à l’écran – la passe parfaite, la prise de balle et le pivot, le tir parfait, la célébration orgiaque. « Ce qui est bien, me dit Hill, c’est qu’on le revit tous les ans. »

Le lendemain du match, C.M. Newton, qui était directeur des sports à Kentucky en même temps que président du comité de sélection olympique, avait estomaqué les seniors de Kentucky en retirant leurs maillots, quand bien même ils avaient été battus. C’est le genre d’impact qu’a eu ce match. Pour le comité de sélection olympique, la décision de prendre Laettner comme représentant étudiant était facile ; ce fut la seule concession à l’ancienne manière de faire. La tâche ne serait facile pour personne, encore moins pour Laettner, le petit dur aux attitudes de caïd.

Chapitre 18 – The Glide

Clyde est dans l’équipe et Jordan hausse les épaules

Houston, Texas. Le 11 mai, quelques semaines avant d’affronter Michael Jordan dans ce combat des Finales que tout le monde attendait, Clyde Drexler fut nommé dans l’équipe olympique, en même temps que Christian Laettner. L’effectif était maintenant complet et pour l’éternité, Clyde resterait le onzième homme, le joueur « d’appoint » parmi les joueurs NBA.

Le principal argument contre l’ajout de Drexler à l’équipe était qu’il ressemblait trop à Jordan. En même temps, c’était probablement la meilleure raison pour le prendre car être si proche du style de Jordan ne pouvait pas être une mauvaise chose. En vérité, à l’époque, peu importait quel style de joueur ou quel poste devait être ajouté. Tout était déjà réglé : la qualité de la montée de balle avec Magic Johnson, John Stockton, Michael Jordan et Scottie Pippen ; du rebond avec David Robinson, Patrick Ewing, Charles Barkley et Karl Malone ; du shoot extérieur avec Chris Mullin, Michael Jordan et Larry Bird ; de la pression en défense avec Scottie Pippen et Michael Jordan ; du scoring avec tout le monde ; du divertissement de haut niveau avec Charles Barkley. Le café et les croissants ? Le jeune étudiant était là pour ça. Il suffisait juste de prendre le meilleur joueur disponible ou bien, en l’occurrence, le meilleur joueur qui n’était pas Isiah Thomas.

Pendant plusieurs années, la saga « Jordan ou Drexler » avait fait les choux gras des journalistes sportifs – j’en faisais partie de temps à autre – et Michael remportait invariablement tous les suffrages, sauf ceux de la charmante ville de Portland, en Oregon, dont les fans étaient loyaux envers Clyde, ignoré par trois des quatre fuseaux horaires du pays, et plus qu’agacés d’entendre sans cesse parler de Jordan. De plus, il fallait, pour eux, que Drexler soit aussi bon que Michael, car c’est sa présence dans l’effectif de Portland qui avait amené les Trail Blazers à ignorer « MJ » pour drafter le pivot Sam Bowie en 1984.

Le commentateur radio de Portland Steve « Snapper » Jones, un homme délicieux qui adorait parler basket et débattre de n’importe quelle question, était tout particulièrement loquace s’agissant de Drexler et de sa rivalité avec Jordan. Rod Thorn, de son plus bel accent traînant de Virginie occidentale, avait l’habitude de lui dire : « Steve, est-ce que vous recevez bien la télé là-bas, à Portland ? »

Jordan fait tout mieux que Drexler

Pour la plus grande part, Drexler se tenait à l’écart des comparaisons avec Jordan mais il avait suffisamment de vanité – une qualité qui ne le distingue pas de la plupart des athlètes pros de très haut niveau – pour tremper de temps à autre un orteil dans ces eaux dangereuses et demander tranquillement, comme il me le demandait parfois en privé : « Que fait Michael que je ne puisse pas faire ? » Une réponse était « Rien »… Sauf que Jordan faisait tout mieux.

Ils jouaient au même poste, second arrière, avec une élégance athlétique similaire. Mais Jordan était un meilleur shooteur, meilleur sur le départ en dribble, meilleur passeur, meilleur défenseur, meilleur rebondeur et même un meilleur dunkeur que Drexler, dont la détente verticale lancée, mesurée à 112 centimètres, aurait sans doute surpassé celle de Jordan.

On peut seulement imaginer, alors, l’horreur du cauchemar éveillé qu’a vécu Clyde dans le Match 1 des Finales NBA 1992. Ses Trail Blazers avaient pris un excellent départ contre les Bulls de Jordan à Chicago. Mais alors vint le deuxième quart-temps et Jordan commença à enquiller les 3-points : un, deux, trois, quatre, cinq…

Que diable se passait-il ? Ni Jordan, ni Drexler n’étaient considérés comme des shooteurs longue distance. Le pourcentage en carrière de Drexler à 3 points est de 31% et celui de Jordan n’est que de 32%. Quoi qu’il en soit, le pourcentage de Drexler tombait à 28 en playoffs tandis que celui de Jordan grimpait à 33. Cela fait une différence non négligeable. Cependant, à l’entame de ces Finales, Drexler était généralement considéré comme un meilleur shooteur de loin que Jordan ou, comme l’a si joliment dit Michael avant le début de la série : « Clyde est un meilleur shooteur à 3 points que celui que j’ai choisi d’être. »

Drexler ramène l’art du trash-talk 30 ans en arrière

Et puis, dans cet étrange Match 1, Jordan réussit ses 6 tentatives à 3 points. Et que fit-il ? Il haussa les épaules ? Qui diable l’avait déjà vu hausser les épaules ? Mais oui, après son dernier tir à 3 points réussi, Jordan tourna son regard vers le bord du terrain, où se trouvait le commentateur Magic Johnson, et il haussa les épaules, d’un air de dire « Je ne sais pas ce qui se passe ».

Drexler savait exactement ce qui se passait. Dans l’interminable guerre de comparaisons entre Jordan et lui, il se faisait encore griller. Et que glissa « Clyde the Glide » (3) à Jordan pendant tout ça ? Des commentaires salés, tels que « Tu vas en rater un, quand même ? », « Bon tir » et « Bien joué ». La semaine suivante, j’ai écrit dans « Sports Illustrated » que Drexler avait « ramené l’art du trash-talking environ 30 ans en arrière ».

Pendant longtemps, on a dit de Drexler qu’il avait le score le plus élevé aux tests d’évaluation psychologique que les Trail Blazers faisaient passer aux rookies. Le coach assistant John Wetzel avait l’habitude de dire de Drexler qu’il avait « de la bonté dans l’âme ». Clyde était infailliblement poli et cordial, même envers les médias. Toutes ces choses paraissent adaptées si vous souhaitez présenter votre candidature à la tête de l’Association des étudiants mais elles ne sont pas nécessairement en adéquation avec le succès en NBA.

De même, pour le basket, Drexler avait beaucoup joué petit ailier à l’université de Houston et souvent joué pivot au lycée Ross Sterling de Houston. Donc, il a dû s’adapter quand il est devenu arrière shooteur en NBA. Il avait d’étranges habitudes pour un grand joueur de NBA. Il descendait ses mains à sa taille avant de les élever pour tirer et il dribblait tête baissée et presqu’exclusivement de la main droite, des habitudes qui n’ont pas beaucoup changé à mesure qu’il a gagné en maturité. Mais aucune de celles-ci n’a semblé le gêner tant que ça (Jerry West partait presque toujours à droite et Lenny Wilkens presque toujours à gauche et personne ne pouvait les arrêter non plus).

 

Clyde arrive à l’entraînement juste à l’heure

Puis, alors que Drexler ne se querellait pas vraiment avec ses coaches, il s’est disputé avec deux d’entre eux – le très respecté Jack Ramsey et le beaucoup moins respecté Mike Schuler. La réputation de Drexler d’arriver « juste à l’heure » à l’entraînement était connue de tous, tout particulièrement depuis qu’il l’avait reconnu et assumé. Alors que Jordan provoquait des duels et harcelait ses coéquipiers pendant les matches d’entraînement, Drexler se mettait lui-même dans le camp des joueurs considérant que « l’entraînement, ça compte mais pas tant que ça ».

En 1990, Don Nelson appela Drexler « le joueur le plus surévalué de la Ligue » et ajouta quelques autres commentaires venimeux. « Il nuit à ce que tente de mettre sur pied une organisation, m’a dit Nelson. Il est pire que tout parce qu’il a des manières très policées. Il est croyant, très dévoué à sa famille. Pourtant, dans le contexte d’une équipe, il est destructeur. » Drexler a toujours pensé qu’en fait, Nelson parlait à la place de son assistant, Schuler, qui avait été viré par les Trail Blazers au milieu de la saison 1988-89 pour finalement se retrouver chez les Warriors. Quelle que soit leur source, ces commentaires étaient inexcusables – indiquant que Nelson n’aurait pas été le bon choix de coach pour la « Dream Team » – et Nelson s’est excusé, plus tard, pour les avoir formulés.

Mais en 1992, Drexler était considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de la Ligue en dehors de Jordan. Il y avait un large consensus pour reconnaître qu’il avait « assagi » son jeu, qu’il jouait avec plus de consistance et qu’il avait suffisamment de qualité, en tant que porteur de balle, pour faire mentir la réputation d’équipe bête qu’avait Portland, une critique qui ciblait surtout Drexler. Il affirmait avec insistance qu’il avait toujours joué avec consistance et que son jeu n’avait pas besoin de s’assagir, car il n’avait jamais été enflammé.

De tous les athlètes afro-américains, sensibles au stéréotype voulant que les Noirs réussissent par leurs qualités athlétiques pures et les Blancs par la discipline et l’intelligence, que j’aie jamais rencontrés, Drexler était en tête de liste, avec Isiah Thomas. Concernant l’étiquette « bête », lui et ses coéquipiers des Trail Blazers avaient l’habitude d’en rire pendant les entraînements, se grattant la tête et disant « Euh… » après que le coach, Rick Adelman, eut demandé certains systèmes de jeu. Mais c’était l’une de ces blagues un peu amères car en fait, ils s’étaient fait doubler par les rusés Pistons de Chuck Daly en Finales l’année précédente. Et voici que se présentaient Jordan et les Bulls. Et ils savaient tous que c’était leur dernière chance de devenir champions.

C’est Drexler qui a tout perdu

Mais cela ne devait pas se réaliser. Drexler jouait avec le genou droit en compote et en vérité, bien que les Trail Blazers fussent égaux aux Bulls sur le papier, ils n’avaient pas la même alchimie basket et ils n’avaient pas Jordan, qui se souvenait très bien que huit ans plus tôt, Portland avait fait l’impasse sur lui lors de la draft parce qu’elle était certaine d’avoir déjà son arrière au poste 2 en la personne de Drexler. Quand Jordan rentra son sixième et dernier 3-points, Drexler ne défendait pas sur lui. Cliff Robinson arriva très vite pour le gêner et c’est donc Robinson qui se retrouva à opiner du chef pendant que Jordan haussait les épaules.

Mais ne nous y trompons pas : c’est Drexler qui avait perdu. Ça a toujours été comme ça. Un autre joueur aurait pu tenter de chercher une explication rationnelle – « Je n’étais pas vraiment sur lui quand il a mis la plupart de ses 3-points » – ou, au moins, fixer du regard un journaliste après s’être fait interroger sur l’orgie de 3-points de Jordan. Mais voici ce que Drexler a déclaré : « J’ai dit avant la série qu’il avait deux cents moves. J’avais tort. Il en a trois cents. Je peux vous dire ceci : je suis heureux d’aller à Barcelone dans son équipe. »

 

1-Un Dukie est un étudiant de l’université de Duke.
2-Retenu dans l’équipe All-America, une sélection des meilleurs joueurs à un échelon donné.
3« The Glide », le planeur, était le surnom de Clyde Drexler.

La suite et la fin du livre dans la version papier ou numérique ! Rendez-vous l’été prochain pour de nouveaux extraits d’un livre de basket.

 

– Jack McCallum, « Dream Team », éditions Talent Sport, sorti le 8 juin 2016, 396 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

A lire aussi, chez le même éditeur

– Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA », sorti le 14 mai 2014, 352 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

– Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life », sorti le 17 juin 2015, 726 pages, 24 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

– Kent Babb, « Allen Iverson, not a game », sorti le 9 novembre 2016, 322 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

– Jackie MacMullan, « Magic-Bird, quand le jeu était à nous », sorti le 31 mai 2017, 352 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

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