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Le roman de l’hiver : « Dream Team » (4)

Depuis deux ans, Basket USA vous propose le roman de l’été (avec des extraits de l’autobiographie de Phil Jackson puis du « Michael Jordan, The Life » de Roland Lazenby), et pour vous accompagner au coin du feu, nous vous proposons désormais le roman de l’hiver. On attaque avec l’ouvrage de référence de Jack McCallum, grande plume de l’hebdomadaire US « Sports Illustrated », sur l’aventure de la « Dream Team » à Barcelone. Une formation de légende qui fêtait cette année ses 25 ans. Bonne lecture !

Première partie
Deuxième partie
Troisième partie

(Peu importe que la saison suivante, j’aie choisi un candidat différent au titre de meilleur joueur de tous les temps en la personne de Magic et encore un autre quelques années plus tard, Jordan. C’est ainsi que les choses se passent dans le monde des faiseurs de listes ; vous devez avoir la mémoire courte.)

Je me rappelle plusieurs choses autour de cet article sur Larry Bird, qui vont au-delà de ses confidences concernant sa passion pour le show télévisé « Bonanza ». Chuck Daly, qui fut plus tard son coach au sein de la Dream Team, me confia que Bird lui avait un jour véritablement « troué le cul » après avoir planté un shoot au nez et à la barbe du banc des Detroit Pistons. Son coéquipier aux Celtics, Danny Ainge, me rapporta que Larry était si bon que de temps en temps, il dribblait pour se mettre délibérément en difficulté afin d’augmenter le degré de difficulté de l’action. Bird confirma ses dires (des années plus tard, Kobe Bryant se ferait crucifier par un Phil Jackson prétendant que Kobe faisait la même chose). Bill Walton relata qu’un soir, Bird alla dribbler dans le coin, s’attira une prise à trois puis lui glissa une passe qui fila entre les jambes de Joe Barry Carroll.

Bird autant passionné par le badminton que par le basket !

Larry ne s’interdisait pas de montrer ses talents dans d’autres sports. C’est une chose qui m’a toujours fasciné chez les athlètes pros (Jordan s’est toujours demandé jusqu’à quel point il aurait pu réussir au baseball, une question à laquelle nous avons obtenu une réponse plus tard, mais aussi dans des sports tels que l’athlétisme et le football américain). Bird m’a dit, avec le plus grand sérieux, qu’il était autant passionné par le badminton que par le basket. Il m’a également confié qu’il n’était pas « fort comme un Turc mais têtu comme une mule ». Et il adorait se vanter de ses dons au baseball (un sport qu’il aimait pratiquer avec ses frères dans l’équipe Carpet Center/500 Platolene de Terre Haute) en tant que frappeur puissant et première base-champ extérieur. Bird s’était cassé une articulation en jouant au softball. Il en a souffert des années plus tard et s’est plaint de ne plus sentir aussi bien le toucher du ballon de basket depuis cette blessure. Je n’ai jamais su si je devais y croire.

J’ai été particulièrement étonné de l’ambidextrie de Bird, qui allait bien au-delà de la simple faculté de dribbler avec sa main gauche. Bird était complètement à l’aise pour shooter de la main gauche, comme il le faisait de temps à autre, et il mangeait et signait des autographes de la main gauche. Il avait juste grandi comme ça. Il a déclaré qu’il avait toujours tenu son stylo et écrit de la main gauche et pourtant, quand un professeur l’envoyait au tableau, il utilisait sa main droite.

Il y avait une sorte de mystique de l’arnaqueur de rue autour de Bird, le gars qui avait toujours un tour dans sa manche, une répartie assassine toute prête au coin des lèvres. Quinn Buckner, un ancien coéquipier de Bird, qui devint plus tard membre du comité qui effectua les sélections pour la « Dream Team », me raconta l’un de ces tours de magie réalisés par Larry lors d’une séance de tirs à l’entraînement où il avait tué l’équipe adverse sur le fil : « On était tout près de l’emporter quand tout à coup – et je n’invente rien – Larry a déclenché un tir qui a non seulement éjecté notre ballon du panier mais est lui-même rentré dedans. Ce gars pouvait jouer au billard et au basket en même temps. »

Bird n°1 à 3 points en match, pas forcément lors des exhibitions

Buckner évoqua ensuite une action où lui-même était parti comme une bombe en contre-attaque et où Bird avait réussi à lui envoyer une longue passe, malgré la présence d’un défenseur directement sur la ligne de passe. « Et alors, Larry envoie la balle. Elle part direct complètement sur la gauche, vire autour du défenseur et effectue une boucle pour m’arriver dans les mains. Personne dans l’histoire – personne – n’a fait ce genre de passe. »
Que Bird accepte de participer au concours de tirs à 3 points était un triomphe pour la NBA car personne ne savait comment ce show allait tourner. Bird s’y était engagé pour plusieurs raisons. Cela faisait intervenir l’aspect tireur d’élite de son jeu – il adorait les séances de tir d’avant et d’après-match, où il défiait ses coéquipiers Danny Ainge et Jerry Sichting. Il adorait l’idée de ne pas partir nécessairement favori, à mesure que les commentaires autour du concours s’enflammaient. Des joueurs tels que Craig Hodges, Dale Ellis et Leon Wood étaient des spécialistes du tir longue distance. En match, Bird était le numéro 1 pour tout le monde, bien entendu. Mais ce n’était pas nécessairement le cas lors des exhibitions, où sa lenteur de mise en action pouvait constituer un handicap. Larry voulait montrer qu’une telle analyse était fausse.
Et donc, quelques minutes avant le début de la compétition à Dallas, dans le vestiaire où se trouvent sept des huit concurrents, la porte s’ouvre soudainement. Bird fait son entrée en demandant : « Qui va terminer second ? » Puis il refait le coup de l’intox sur les ballons bleu, blanc, rouge glissants.
C’en était déjà fini à ce stade. Bird n’enleva même pas sa veste de survêtement lors des deux premiers tours – il a toujours tenu à préciser que ce n’était pas un geste de bravade ; c’est tout simplement qu’il se sentait mieux comme cela – et se retrouva opposé au fin tireur Hodges en finale. Il n’y avait pas photo. Dans sa tenue de l’équipe de l’Est d’un ton rouge criard, Bird enquilla 9 tirs à 1 point de suite et utilisa délibérément la planche pour le ballon bleu, blanc, rouge, à l’approche de la fin.

Un grand joueur doublé d’un grand shooteur à 3-points

Larry était sur un nuage. Ses premiers mots furent pour ses coéquipiers de Boston qui l’avaient chambré en lui disant qu’il ne gagnerait pas et tout particulièrement pour le vétéran M.L. Carr, qui avait l’habitude de claironner qu’il était « le roi du 3-points ». Bird reprit son slogan : « Je suis le roi du 3-points ! hurla-t-il encore et encore. Je suis le roi du 3-points ! » Même plus tard dans sa carrière, cela le faisait sourire quand quelqu’un l’appelait « le roi du 3-points ». Il l’était, aussi, d’une façon qu’il n’envisageait même pas à l’époque. Il n’était probablement pas le premier grand shooteur à 3 points, un titre qui aurait pu revenir à Dale Ellis, mais c’était la première véritable superstar à ajouter le shoot à 3 points à son jeu ; et il reste l’exemple le plus prestigieux, dans l’histoire de la NBA, d’un grand joueur doublé d’un grand shooteur à 3 points.
Bird remporta ce concours les deux années suivantes. Le premier avait quelque chose de spécial. Il eut lieu au milieu d’une saison où son équipe remporterait le titre NBA et il semblait vouloir tout dire à propos de Bird – la concentration inaltérable, la confiance en soi à toute épreuve, la joie pure de jouer au basket mieux que quiconque. Il y eut tout simplement quelque chose, avec Larry, qui lui valut le sobriquet de « Légende », même si nous devons reconnaître que Michael Jordan était meilleur dans la polyvalence et que Magic Johnson (cinq titres de champion contre trois pour Bird) était un gagneur plus accompli.
Nous ne pouvons toutefois séparer Bird de son ethnicité. Le fait que des millions de jeunes Blancs de par le monde se soient identifiés à Bird, l’aient trouvé presque d’essence divine, n’est pas raciste mais certainement racial. Idem pour les millions d’autres qui l’ont détesté pour la simple raison qu’il était blanc, théorisant que sa célébrité, vantée par une presse en majorité blanche, était chimérique.

Ewing change d’avis sur Bird

Ceux qui le connaissaient savaient que sa ténacité avait été durement acquise, sans artifice, et que son enfance difficile (son père alcoolique se suicida quand il avait 18 ans) avait forgé son caractère. Des années plus tard, Patrick Ewing me raconta tout ce que j’avais besoin de savoir sur ce que les autres joueurs pensaient de Bird. Ewing avait grandi à Cambridge, au Massachusetts, et idolâtré la légende des Celtics Bill Russell mais il n’était pas un fan de Bird ni des Celtics de son époque. Il ne s’en est pas expliqué. Il n’avait pas à le faire. Les Celtics étaient l’équipe des Blancs, dont Bird était le leader blanc. « Pendant tout le lycée, dit Ewing, mes amis et moi le détestions et nous détestions son équipe. »
Mais quelque chose changea quand Ewing arriva dans la Ligue et croisa le regard tranchant du plouc de French Lick. Il prit son téléphone et appela ses amis : « Vous vous rappelez toutes ces conneries qu’on disait sur lui à l’époque ? leur dit Ewing. Eh bien, oubliez-les. Ce putain de mec, c’est l’incarnation de la Vérité. »

CHAPITRE 5 – LE PARIA

Isiah la fout en l’air… et fout tout en l’air

Il avait tout dans le creux de la main, l’issue de ce match, l’issue de toute la saison, sa longue bataille pour changer le Terrible Triumvirat de la NBA en un Fantastique Quarteron… Il avait tout ça. Juste là !
Ses Detroit Pistons menaient d’un point face aux Celtics au Boston Garden, dans le Match 5 de la finale de Conférence Est. Il ne restait que cinq secondes à jouer et tout ce que Isiah Thomas avait à faire était de remettre la balle en jeu sur un coéquipier. Et la victoire était à lui. Facile. Isiah était à cette époque-là, de son propre aveu, le gars le plus malin du circuit, tout le temps, à chaque instant. Et il n’avait pas tout à fait tort.
Mais c’est à ce moment-là que la situation commença de se dégrader. Le coach de Detroit, Chuck Daly, demanda un temps mort, auquel il avait droit, mais personne ne le vit. Aucun des vétérans sur le parquet – ni Joe Dumars, ni Bill Laimbeer, ni Adrian Dantley, ni Thomas lui-même – ne pensa à le réclamer.
La meilleure option d’Isiah Thomas était Bill Laimbeer, adroit aux lancers francs, et Larry Bird le savait lui aussi. Donc, Bird fit semblant de défendre sur Adrian Dantley et fondit sur Laimbeer juste au moment où, pressé par les cinq secondes imparties pour effectuer la remise en jeu, Thomas envoya la balle dans sa direction.

L’insulte d’Isiah

C’était du Bird typique, qui avait du mal à rester sur son bonhomme en homme à homme stricte. Tel le fouineur d’une salle de classe, il était maître dans l’art de s’occuper des affaires des autres. Bird pensa un moment faire faute sur Laimbeer mais comme il s’en expliqua plus tard, la passe de Thomas « semblait devoir rester dans les airs pour l’éternité ». Bird l’intercepta puis fit immédiatement volte-face, trouva son coéquipier Dennis Johnson qui coupait dans la raquette, lui fit une passe parfaite et vit Johnson ajuster un lay-up avec la planche qui donna aux Celtics une victoire 108-107 et l’avantage 3-2 dans la série. Ce n’est pas à ce moment-là que Thomas hypothéqua sérieusement ses chances de participer à une « Dream Team » qui n’était pas encore née. C’est quelques minutes plus tard.
Thomas fut surpris dans ce qui était alors le pire des endroits où pouvait se trouver un joueur de NBA qui venait de perdre cruellement – le vestiaire visiteur de l’ancien Boston Garden, juste un cran au-dessus des toilettes d’un collège : de l’eau tiède, des douches ouvertes donnant sur le vestiaire et l’atmosphère viciée d’un hall de prison. Il était bondé, l’air ambiant était empli d’une lourde tension, la saison était presque terminée et toute l’hostilité envers les Celtics tourbillonnait déjà dans le système nerveux de Thomas. En fait, une bagarre avait éclaté entre Bird et Laimbeer, le pote d’Isiah, dans le Match 3, gagné 122-104 par les Pistons. Laimbeer avait reçu une amende de 5 000 dollars pour avoir poussé Bird au sol et Bird avait reçu 2 000 dollars d’amende pour avoir jeté le ballon sur Laimbeer.
Dennis Rodman, un rookie qui ne s’habillait qu’en homme à l’époque (pour autant que je sache), dit ce qu’il pensait de Bird. Je n’étais pas là au début de la conversation mais Rodman déclara que Bird était « surévalué » et qu’il avait gagné trois titres de MVP de suite « seulement parce qu’il était blanc ». L’attention se tourna ensuite vers Thomas, au moment où j’arrivais. On demanda à Thomas ce qu’il pensait des commentaires de Rodman. Il répondit qu’il « (devait) se rallier à l’opinion de Rodman ». Puis son esprit, de toute évidence en mode complètement borné, ajouta : « Larry Bird est un très, très bon basketteur. Mais s’il était noir, il serait tout simplement un type lambda. » Puis Isiah partit de son rire connu de tous, fait d’un petit gloussement accompagné d’un sourire mi-ange, mi-démon.

Le racisme s’invite dans le débat

Plusieurs jours plus tard, dans une démarche de demande d’abso- lution, qui culminerait lors des Finales NBA à Los Angeles, Isiah, à côté d’un Bird mal à l’aise, arbora un sourire comme preuve du fait qu’il plaisantait. Mais ce sourire, aujourd’hui comme hier, ne fut jamais perçu de cette façon. Il était insondable. C’était cette sorte de sourire qui pouvait tout aussi bien signifier qu’il plaisantait ou qu’il était sérieux comme un prêtre à l’office religieux. C’était impossible à savoir. Isiah était et reste encore aujourd’hui un solipsiste. Sa réalité est la seule réalité.
Lors de la conférence de presse, Isiah indique de manière légitime que les athlètes noirs sont parfois considérés différemment des athlètes blancs. Les Blancs sont fréquemment caractérisés comme « cérébraux » et « travailleurs », tandis que les Noirs sont présentés comme de simples talents naturels. Il y a sans doute du vrai là-dedans mais c’était un sujet à aborder dans d’autres circonstances et qui n’aurait en aucun cas dû inclure Bird. La défense d’Isiah aurait été plus convaincante de la manière suivante : « Je me suis planté. J’étais en colère. Vous êtes-vous déjà retrouvé à moitié nu au Boston Garden, devant un auditoire qui vous demande de vous exprimer sur un rival que vous détestez ? »
Mais il ne s’est pas défendu de cette façon. Cependant, il y eut d’autres raisons qui firent qu’Isiah n’intégra finalement pas la « Dream Team » – beaucoup mettent en avant le prétendu boycott de Michael Jordan lors du All-Star Game qui avait eu lieu deux ans plus tôt à Indianapolis et d’autres pointent l’intrigue politique qu’il avait menée pendant la saison 1988-89 pour forcer les Pistons à se séparer d’Adrian Dantley en faveur de son pote Mark Aguirre – je pense que cela fut la raison majeure.
Detroit avait encore de l’espoir, même après la double gaffe d’Isiah. Les Pistons ont battu les Celtics 113-105 à la maison et égalisé dans la série mais, comme c’était prévisible, ils perdirent de nouveau au Boston Garden (117-114) dans le Match 7. Ainsi, ce que Isiah aurait dû dire il y a des années, lorsqu’on lui avait demandé si Bird était surévalué, c’est ce que Patrick Ewing avait dit à ses coéquipiers de retour chez lui : « Rodman avait tort. Ce putain de mec, c’est l’incarnation de la Vérité. »

CHAPITRE 6 – L’HOMME MAGIQUE

Avec un « skyhook » junior, il se fait une place au sommet

Quelques semaines seulement après qu’Isiah eut fait sa passe mal avisée qui orienta (pour partie) sa carrière, Magic Johnson, le meilleur pote d’Isiah (d’après ce qu’ils nous ont tous deux affirmé), se trouvait lui aussi balle en main au Boston Garden, avec le match à sa pogne, comme cela avait été le cas pour Isiah. Les enjeux étaient plus importants pour Magic qu’ils ne l’avaient été pour Isiah parce que c’était les Finales. Les Lakers étaient menés par les Celtics 106-105 à environ 10 secondes de la fin dans le Match 4. La victoire de Boston mettrait la série à 2-2.
Les Lakers prirent un temps mort et la balle revint à Magic, ce qui ne fut pas une surprise. Il l’amena ligne de fond côté gauche, à environ 6 mètres du panier, et Kevin McHale, avec ses longs bras, fit un bond en dehors de la raquette pour aller défendre sur lui. Magic effectua un dribble en changeant de direction puis continua dans la raquette tandis que Bird et Robert Parish convergeaient vers lui. Magic faisait généralement la passe à ce moment-là mais d’où je me trouvais, en bordure de la ligne de fond, il semblait vouloir prendre le tir. A environ 2,50 mètres du panier, Magic déclencha le tir qu’il appellerait lui-même plus tard, en jubilant, « le skyhook junior », d’après le nom donné au bras roulé qui était la spécialité de son coéquipier Kareem Abdul-Jabbar. Il rentra, donnant aux Lakers la victoire ainsi qu’un avantage 3-1 dans la série (ce qui s’avéra crucial puisqu’ils allaient remporter le titre à L.A. au terme du Match 6).

Magic-Bird, trajectoires inverses

Ce fut à ce moment – un an après le triomphe des Celtics et de Bird et trois ans après que McHale eut désigné Magic par l’expression « Tragic Johnson », en raison de son faible niveau de jeu dans les Finales 1984 – que Magic trôna au sommet de l’échelle des joueurs NBA. Imaginez Bird et Magic dans des ascenseurs côte à côte, à la mi-saison. Ils se sont arrêtés un moment au même niveau. Les autres – dont les jeunes tel Michael Jordan, au dessous d’eux – ne peuvent que les suivre du regard dans les hauteurs, en sauveurs de la Ligue. Ce sont les gardiens de tout ce que le basket a de sacré – le talent, l’altruisme, l’imperturbabilité sous la pression. Puis Bird, lentement, imperceptiblement, amorce sa descente, grimaçant sous le mal de dos et Magic s’élève. Voici le niveau qu’avait atteint Johnson durant la saison 1986-87, qui lui apporta le premier de ses trois trophées de MVP. Il avait augmenté sa moyenne de points de cinq unités tout en continuant de gérer l’attaque avec son jeu de passes.
Le renversement de fortunes avait été soudain mais pas tout à fait inattendu. Si vous écoutiez attentivement Bird à la fin de l’odyssée des Celtics pour la conquête du titre 1986, il se dirigeait déjà vers un avenir flou. Il savait que l’état de son dos empirait et il s’inquiétait également de la santé de Bill Walton, dont le rôle en tant que sixième homme avait énergisé l’équipe. Et combien de matches avait faits Walton, gêné par une blessure à la cheville en 1986-87 ? Le mieux serait d’y répondre en minutes : 112.

Non, les Lakers époque Showtime n’étaient pas des rigolos

Si Magic fut toujours l’optimiste, Bird fut toujours le réaliste. L’image populaire est que Magic était une barrique de sourires et que la caravane du « Showtime » des Lakers était le pilier de cette joie de vivre (2) qui s’installa en NBA dans les années 1980. Cela ne fut pas le cas. Abdul-Jabbar apporta un sens nouveau au mot « austère » ; j’approchais son casier dans le vestiaire du Forum de la même façon que j’aurais approché un panier de vipères. James Worthy gardait ses opinions pour lui. Byron Scott semblait toujours être un peu nerveux, comme s’il était en permanence sur la sellette, en proie aux remontrances du coach, Pat Riley, ou au regard renfrogné d’Abdul-Jabbar. A.C. Green n’offrait pas grande conversation une fois passé le sujet de sa virginité, sur lequel je ne me suis jamais étendu (Gordon Edes, du « Los Angeles Times », fit une plaisanterie restée dans les mémoires : l’idée de l’humour d’A.C. Green était le verset 16 du chapitre 3 de l’Évangile selon Saint Jean). Pat Riley était (et demeure) un homme avisé, dont j’appréciais la compagnie, mais au fil du temps, il eut des accès de paranoïa et devint la personne la plus responsable de l’interdiction de l’accès aux entraînements et de l’instauration, en NBA, d’une mentalité digne des coaches de foot US.

Les grandes étiquettes qui définissaient les équipes – la franchise des Lakers était le « show principal », les indigestes Celtics étaient « le journal de 20h » – étaient tout simplement erronées. Les entraînements des Celtics à Hellenic College, dans la banlieue de Boston, étaient tout ce qu’il y avait de plus divertissant, une sorte de vaudeville (1) du basket. Le coach, K.C. Jones, était plus un professeur remplaçant, navigant à vue sans feuille de route. McHale balançait des vannes à Walton, Bird lançait des piques à n’importe qui et à tout le monde et Danny Ainge jouait quotidiennement le rôle du mormon espiègle et dévergondé. Walton, jamais avare d’hyperboles, décrivait les matches d’entraînement comme « spirituels », pleins de ce qu’il considérait être l’essence du basket-ball – la joie débridée de la compétition.
Quand vous étiez dans le sillage des Celtics, vous aviez l’impression qu’il se passerait toujours quelque chose de fun. Ce fut le cas, un soir à L.A., pendant les Finales 1987, quand j’ouvris la porte de ma chambre d’hôtel et vis l’ailier remplaçant des Celtics Darren Daye coller son pied nu dans mon Portabubble, un ordinateur portable encombrant avec d’énormes coupleurs, sur lequel je transmettais mes articles.

« Darren, mais qu’est-ce que tu fabriques ? lui ai-je demandé.
– Euh… Quel est ton nom de famille ? dit-il. McCallum ? Oh, je vois, j’ai demandé la clé de la chambre de McHale à la réception et ils m’ont donné la tienne. Je pensais que c’était la machine de stimulation pour les pieds qu’utilise Kevin. »
En dehors des McHale, des Ainge et des Walton, les Celtics n’étaient pas si comiques en apparence. Ils eurent leurs moments – donner un coup de pied digne d’un karatéka dans le journal qu’un coéquipier était en train de lire dans le salon d’un aéroport ou dans le vestiaire fut, un temps, une obsession dans l’équipe – tandis que les Lakers, si flashy sur le parquet, affichaient beaucoup plus de bienséance.

A suivre…

1. En français dans le texte.

– Jack McCallum, « Dream Team », éditions Talent Sport, sorti le 8 juin 2016, 396 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

A lire aussi, chez le même éditeur

– Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA », sorti le 14 mai 2014, 352 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)
– Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life », sorti le 17 juin 2015, 726 pages, 24 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)
– Kent Babb, « Allen Iverson, not a game », sorti le 9 novembre 2016, 322 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)
– Jackie MacMullan, « Magic-Bird, quand le jeu était à nous », sorti le 31 mai 2017, 352 pages, 22 euros et 13,99 en format numérique (Kindle)

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