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Le cannabis en NBA : une drogue pas comme les autres

larry-sandersLa saison passée, JJ Hickson avait été contrôlé positif au cannabis. L’intérieur des Nuggets avait écopé de cinq matches de suspension, sans salaire. Une sanction prévue par le règlement mais qui interpelle sur la vision de l’herbe dans la ligue. Pour la NBA, la marijuana (ou cannabis) ne sont en effet pas un produit dopant comme les autres. L’usage de certains produits comme les stéroïdes peut conduire à plusieurs dizaines de matches de suspension. L’herbe, en revanche, n’est jamais synonyme de lourde peine.

Pourquoi la NBA agit-elle ainsi sur les questions de marijuana ? La ligue est assez légère quand il s’agit de ce sujet et les explications sont autant politiques que physiques.

Le cannabis est-il un produit dopant ?

Si JJ Hickson et d’autres joueurs avant lui ont été sanctionnés, c’est bien parce que dans le règlement de la NBA, le cannabis est interdit. On trouve une mention « marijuana » dans la page 11 du CBA.

CBA page 11

C’est également inscrit page 9 du Code mondial antidopage 2014.

Code mondial antidopage 2014 page 9

Substance prohibée, son utilisation est donc sanctionnée. En NBA, le barème est simple et on peut le lire page 12 du CBA. Pour la première infraction, le joueur reçoit un simple avertissement. À la seconde, il écope d’une amende de 25 000 dollars et doit suivre un traitement. Enfin, au troisième contrôle positif, la ligue sévit avec une suspension de cinq matches.

sanctions CBA

Le cannabis fait bien partie des produits dopants dans le monde du sport, comme l’explique Dorian Martinez, ancien directeur du numéro vert national antidopage du Ministère des Sports et créateur des site Dopage.com et Sport Protect.

« Pour être considéré ainsi, un produit doit avoir deux critères sur les trois suivants : la substance doit améliorer les performances, poser un souci de santé et un souci éthique. Le cannabis réunit les deux derniers cités : il est nocif pour la santé et il est interdit dans la société civile, donc on imagine mal des sportifs l’utiliser. »

Avec une particularité.

« Sa particularité est qu’il est seulement interdit en compétition. Ensuite, son seuil de détection a été relevé par l’agence mondiale antidopage en 2013, parce que des sportifs contrôlés en compétition pouvaient encore contenir dans leur organisme du cannabis qu’ils auraient fumé longtemps avant, et ainsi être contrôlés positif. Il y a deux usages : le récréatif et le dopage ».

Améliore-t-il les performances ?

C’est le grand débat : fumer de l’herbe peut-il aider un sportif, un basketteur en l’occurrence, à être plus performant ? Les études puis les conclusions qu’elles amènent sont contradictoires.

« On pourrait penser le contraire, mais dans certains cas, avec certaines doses, il peut améliorer les performances. Des études ont confirmé les témoignages de sportifs. On remarque une amélioration du relâchement musculaire, une réduction du stress et de l’anxiété pour les compétitions, un meilleur sommeil et un meilleur temps de récupération. Ce sont les effets recherchés chez les sportifs qui utilisent ce produit pour se doper, avant les compétitions avec des dosages appropriés », avance Dorian Martinez.

Si l’effet sur le stress est confirmé, l’impact sur les muscles et la récupération physique semble plus hypothétique. Non prouvé, pour le moment en tout cas.

« Le cannabis peut avoir un effet positif en terme de compétition. L’effet euphorisant permet d’éviter le stress. Dans le cas d’une rencontre sportive, cela peut permettre de mieux gérer la pression, de moins sentir la douleur et la peur », confirme Emmanuel Orhant, le médecin du club de football de l’Olympique Lyonnais. « Mais je n’ai vu aucune étude claire et nette sur l’amélioration musculaire et les temps de récupération. »

Dans la très grande majorité des cas, les joueurs prennent donc de l’herbe dans un but récréatif, en vacances ou en soirée, pendant leurs vacances. Et comme chaque été, entre le 1er juillet et le 30 septembre, tous les joueurs NBA sont contrôlés à deux reprises par la ligue, ils sont souvent pris par la patrouille.

Comment la NBA contrôle-t-elle ses joueurs ?

Les contrôles en NBA sont effectués dans des contextes qui peuvent sembler étranges quand on connaît leur objectif premier : attraper un joueur en flagrant délit. Pour attraper les tricheurs, l’effet de surprise est essentiel.

En 2013, ESPN détaillait les méthodes américaines : aucun contrôle les soirs de match, contrôles inopinés avec un médecin qui prévient les équipes à l’avance, appel téléphonique directement aux joueurs pendant l’intersaison pour prendre un rendez-vous…

« C’est beau… », ironise Emmanuel Orhant, avec un large sourire.

Forcément, quand on lutte contre le dopage, de telles largesses sont pointées du doigt. David Howman, directeur général de l’Agence mondiale antidopage, avait ciblé la NBA dans les colonnes d’ESPN en 2012.

« Il y a des brèches dans leur programme. J’aimerais qu’ils discutent de ces choses plutôt que de les laisser de côté. Ils estiment ne pas avoir de problèmes avec ce sujet. »

Des critiques qui ne touchent pas la direction de la NBA puisque la grande ligue est indépendante. Elle ne dépend pas de la Fédération internationale de basket, du code mondial antidopage ou encore de l’Agence américaine antidopage. Par sa puissance, elle fait ce qu’elle veut, sans rendre de comptes. Elle a tout de même durci les choses depuis 2013.

Éduquer plutôt que punir, la politique et philosophie américaine

Des contrôles qui n’ont d’inopinés que le nom et des sanctions à dose homéopathique, la lutte contre le cannabis n’est pas motivée par une volonté de durcir le ton. En clair, ce n’est pas une priorité de la ligue.

Cette méthodologie trouve son origine dans le programme anti-dopage établi conjointement par la ligue et le syndicat des joueurs en… 1983 ! Pionnière aux États-Unis sur la lutte contre le dopage (consommation et vente), la ligue avait décidé d’impliquer des joueurs et donc de baser son système sur trois étapes : la prévention et l’éducation, la détection et la discipline, le traitement.

C’est pour cela qu’outre JJ Hickson, les cas de joueurs attrapés sont chiffrables et les histoires connues. David Kahn, le GM des Wolves avait raconté que Michael Beasley fumait trop. Un joueur NCAA a été suspendu un an pour contrôle positif. Et que dire des Bulls de 2002 qui fumaient avant les rencontres

Cette clémence, ou pédagogie selon l’angle, se justifie par la vision du cannabis dans la société américaine.

« Les lois NBA remontent à une époque où il fallait être en accord avec la société américaine, la NFL a connu cela aussi mais elles sont désormais datées », commente William Reymond, journaliste basé aux États-Unis.

En juillet 2014, le New York Times a pris position pour la légalisation. Un acte fort après des années de politique anti-drogue.

« Il y a eu un premier constat, avec l’échec de la guerre contre la drogue, qui a débuté dans les années 70 et qui n’a pas produit d’effet. Ensuite, le second constat, c’est que tout ce qui a été dit sur les drogues douces avait été exagéré. En plus du New York Times, il a y eu CNN qui a fait volte-face sur ce sujet en expliquant qu’ils étaient pour légaliser le cannabis pour des raisons économiques et de société. La société américaine a évolué. Il y a eu, dans un premier temps, l’utilisation de la marijuana sous forme médicale dans plusieurs états comme la Californie ou le Nevada, et c’est désormais légal dans le Colorado. C’est de l’argent qui rentre dans les caisses en période de crise économique, ça a fait baissé la délinquance et ça n’a pas provoqué la fin du monde. La société américaine est plutôt tranquille par rapport à ça et on le voit avec la NFL qui a suspendu un joueur (Josh Gordon, receveur des Cleveland Browns) pour une saison complète pour usage de marijuana. Ça a choqué les journalistes sportifs mais aussi plus globalement les gens qui ne comprenaient pas la dureté de la sanction. »

Dépénalisation et consommation

Depuis le 6 novembre 2012, le Colorado et l’état de Washington sont les premiers états américains à adopter la légalisation de petites quantités de cannabis (jusqu’à 28 grammes). Aux États-Unis, la prescription ou la recommandation de marijuana est autorisée dans 13 États.

« Ça bouge avec les états, certains vont franchir le pas, d’autres non. Il n’y aura pas de décision fédérale ».

JJ Hickson, joueur de Denver, avait donc été sanctionné pour de la prise de cannabis dans un état où il est légalisé. Mais en tant que sportif, il est soumis à un règlement et doit montrer une image qui fait figure d’exemple. Seulement, des chiffres officieux (et invérifiables forcément) évoquent entre 60 et 70% de joueurs qui fument de l’herbe…

« On voit des photos privés de joueurs sur Twitter ou Instagram qui fument, et ils ne sont pas attrapés par les contrôles. On peut imaginer que la consommation de marijuana est plus élevée que ce que l’on voit dans la NBA, soit un cas tous les ans… », rappelle William Reymond. « La NBA est plus progressiste que la MLB ou à la NFL. Elle n’a pas la volonté d’aller traquer les joueurs et de mettre ce débat sur la table. On se demande plutôt comment les joueurs se font attraper. »

Si on peut facilement imaginer que si 60 ou 70% des joueurs NBA fument, il est effectivement compliqué de trouver une logique à un contrôle positif de temps en temps. Sauf si on prend en compte les méthodes de contrôle, qui sont laxistes si elles sont comparées à celles du football européen par exemple.

En retard face à ses homologues européens

Emmanuel Orhant, le médecin de l’OL, est dans le football depuis 11 ans. Avant cela, il avait travaillé avec l’équipe de France d’aviron et participé aux Jeux olympiques 2004 dans le staff technique. Il explique la méthodologie européenne dans le football en terme de dopage. La qualité et la philosophie des contrôles est plus sérieuse qu’outre-Atlantique.

« Il existe plusieurs niveaux de contrôle : un à l’échelle européenne, l’autre à l’échelle française. Pour l’Europe, c’est l’UEFA qui s’appuie sur le code mondial antidopage. En France, c’est l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). C’est un peu différent, mais au final, c’est quasiment la même chose. Au football, c’est uniformisé entre la France et l’Europe. On peut avoir des contrôles diligentés par l’UEFA et l’AFLD. À l’entraînement ou en match. À chaque fois, personne n’est prévenu. Je suis en général averti par le personnel de sécurité, qui les fait entrer dans le centre d’entraînement. Ils décident de lancer une campagne, ils contrôlent le nombre de joueurs qu’ils désirent. Ils décident également du prélèvement : urinaire, sanguin ou les cheveux, voire les trois en même temps. Nous sommes à la disposition des médecins préleveurs, pour les aider. Il est prévu dans chaque stade des locaux pour les contrôles. Toute anomalie est confinée dans un rapport, qui peut-être à charge contre le joueur, le club ou la fédération. »

Les joueurs, à l’instar de la NBA lors des quatre jours du « programme du transition » des rookies, suivent chaque année des formations pour être mis au courant des nouvelles réglementations. Ils doivent être maîtres de leur corps et de ce qu’il contient. Les contrôles sont trop nombreux pour prendre des risques.

« On a déjà eu plusieurs contrôles dans une seule semaine. Globalement, j’ai entre 10 et 15 contrôles par an. Ça représente environ 70 joueurs. Certains sont contrôlés plusieurs fois, d’autres pas du tout. C’est un tirage au sort, donc complètement aléatoire. »

Ça n’a évidemment pas empêché des sportifs de se faire attraper. Parmi de nombreuses occurrences, Fabien Barthez avait été sanctionné deux mois pour avoir fumé un joint, en 1996. En rugby, toujours en France, Rupeni Caucaunibuca avait lui écopé de trois mois pour le même écart de conduite. La boxe ou la natation ont aussi connu des contrôles positifs ces derniers années. Aucun sport n’est épargné.

Une petite sanction de temps en temps

Si la politique anti-dopage de la NBA peut dérouter par ses principes, elle est sévère dès lors qu’on sort de la simple question du cannabis. Le 27 janvier 2006, Chris Andersen est banni pour ne pas avoir respecté cette politique, en prenant de cocaïne, LSD et Méthamphétamine.

Plus récemment, OJ Mayo a abusé de la la DHEA, une substance anti-vieillissement qui fait partie des stéroïdes. Il a pris 10 matches de suspension. La peine fut encore plus lourde pour Nick Calathes, testé positif à la Tamoxifène, une molécule anti-estrogène, souvent utilisée contre les cancers du sein et qui pourrait masquer la présence de stéroïdes. 20 matches.

La NBA sait taper fort en matière de drogue. Dans les années 1980, elle s’est ainsi montrée très dure avec les joueurs qui prenaient de la cocaïne, multipliant les suspensions à vie. En revanche, pour le cannabis, elle n’affirme pas une réelle fermeté. Le produit n’est pas utilisé pour améliorer les performances et il ne fausse pas la compétition sportive, donc la marque NBA. La ligue vend un produit marketing fantastique et le cannabis n’a aucune influence sur celui-ci, que ce soit sur le plan sportif ou médiatique. Sans oublier que la société américaine l’accepte de plus en plus.

Il n’y a donc pas de raison d’avoir la main trop lourde pour ces écarts de conduite. Mais, produit dopant oblige, une petite sanction est nécessaire. Pour la morale.

« Les lois sont là, il faut les appliquer mais c’est hypocrite. Tout le monde est content avec ce statu quo », conclut William Reymond.

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