La reprise de la saison NBA approche, alors il est temps de clôturer en beauté le roman de l’été !
Après « Un coach, onze titres NBA » de Phil Jackson, nous vous avons proposé le deuxième ouvrage dédié à la balle orange édité par Talent Sport : « Michael Jordan, The Life » de Roland Lazenby, un bouquin de plus de 700 pages qui retrace toute la carrière de « Sa Majesté ».
Nous avons passé les premiers chapitres – qui évoquent les aïeux, l’enfance et la carrière universitaire de Mike – pour attaquer ses débuts chez les pros.
Bonne lecture ! Rendez-vous en librairie ou sur les sites de vente en ligne pour la prolonger.
À partir de ce moment, Jerry Krause travailla sur un accord un peu compliqué avec les Seattle Supersonics pour récupérer Scottie Pippen. Les Sonics devaient le retenir au 5e rang de la draft 1987. En retour, Seattle obtenait Olden Polynice, un pivot de l’université de Virginie. Joueur issu d’une petite ville et d’une petite école, Pippen se retrouva soudainement sous les projecteurs à Chicago. Il était perdu, ce qui était assez compréhensible. « Il avait un talent extraordinaire mais c’était un talent totalement brut, se souvint Jim Stack. Lorsque nous l’avons drafté, il avait des problèmes au dos. À cause de cela, il est resté longtemps assis durant le camp d’entraînement. » Ces problèmes au dos allaient constituer un élément important dans le développement de la carrière de Pippen et dans sa relation avec la direction de la franchise.
L’amitié qu’il développa rapidement avec l’autre joueur choisi par les Bulls au 1er tour de la draft, Horace Grant (10e choix), l’aida à s’adapter durant cette première année chez les pros. « Ils sont venus tous les deux à Chicago le lendemain de la draft. Ils sont allés voir un match de baseball des White Sox, se souvint Cheryl Raye-Stout. Ils étaient assis sur le banc, une casquette des Bulls sur la tête. Une amitié s’est tout de suite créée entre eux. Et cela s’est traduit sur le terrain. Ils se sentaient vraiment bien l’un avec l’autre. Tous les deux avaient besoin de mûrir. C’était plus difficile pour Scottie, car il venait d’une école NAIA. Il n’était pas habitué à avoir autant de médias autour de lui. C’était quasiment un choc pour lui. »
La relation entre les deux rookies devint une alliance de circonstance. « Scottie est comme mon frère jumeau », expliqua Grant qui avait déjà un frère jumeau, Harvey, futur joueur NBA (sa carrière débuta en 1988 à Washington). Pippen devint son jumeau de substitution. Ils faisaient leurs courses ensemble, allaient à leurs rendez-vous ensemble, conduisaient le même type de voiture et vivaient l’un près de l’autre dans la proche banlieue de Chicago, à Northbrook. Ils se sont mariés à une semaine d’intervalle et ont été témoin l’un pour l’autre. C’était le genre de relation qui donnait une forme assez curieuse à l’entente déjà délicate des Bulls. « Un jour, Scottie a appelé. Il n’est pas venu à l’entraînement parce que son chat était mort, se souvint Mark Pfeil, ancien préparateur physique. Horace a appelé environ quinze minutes plus tard, expliquant qu’il était avec Scottie pour partager sa peine. Johnny Bach, notre coach assistant, était absolument furieux. Il a pris Horace au téléphone et lui a dit : “Tu te pointes tout de suite ici ! Tu devrais foutre ce chat à la poubelle…” Lorsque l’équipe s’est rassemblée, Horace a voulu observer une minute de silence pour le chat de Scottie. »
« Scottie, je vais te botter le cul ! »
De telles absurdités agaçaient Jordan. Selon Krause, les entraînements étaient rapidement devenus plus amusants que les matches à Chicago. Jordan durcissait le ton et hurlait à Pippen : « Je vais te botter le cul ! » Dès le début, l’objectif des confrontations de Michael à l’entraînement a été d’endurcir Pippen. Bach expliquait que le jeune ailier avait appris de cette expérience, même si elle n’avait pas instauré une relation chaleureuse entre les deux hommes.
« Lorsque Scottie et Horace entraient, Michael sentait que les choses pouvaient tourner, expliqua Mark Pfeil. Ce qui le frustrait, c’est qu’ils n’avaient pas la même attitude que lui. Ils étaient suffisamment jeunes pour dire : “Nous serons payés de toute façon, que l’on perde ou que l’on gagne.” Et cela suffisait à les rapprocher. »
Jordan se souciait seulement de trouver des partenaires pour l’aider à gagner. Doug Collins suivait une ligne similaire, aussi dure, expliqua Bach. « Doug avait des attentes élevées avec les jeunes joueurs. Parfois, il les comprenait mal. Il avait de fortes exigences et s’impliquait beaucoup au niveau émotionnel avec eux. Doug les amenait chaque soir à un niveau de compétition élevé. Il les menait à ce niveau-là. Il s’est impliqué émotionnellement avec eux, les amenant à comprendre combien chaque match était important, combien chaque entraînement était important. Il les conduisait. Certains coaches guident les jeunes joueurs. Lui les conduisait. »
Pippen continua d’avoir des problèmes au dos pendant cette première saison. Certaines personnes au sein de l’organisation le soupçonnèrent de simuler, jusqu’à ce qu’un diagnostic soit finalement établi. Scottie subit une intervention chirurgicale durant l’intersaison 1988. « Je reconnais que durant ma première année ou durant mes deux premières années, je me suis beaucoup planté, affirma Scottie un jour. J’ai fait la fête, j’ai profité de mon argent, je n’ai pas joué au basket avec le sérieux nécessaire. Je suis sûr que beaucoup de rookies ont fait la même chose que moi. Vous n’avez pas l’habitude d’être sous les feux des projecteurs ni de jouir d’une belle situation financière. »
Malgré tout, son talent faisait naître de grands espoirs pour la direction. Et ce, même si durant cette première année, il ne pesait que 93 kg. « Son corps n’était pas prêt mais vous pouviez voir des signes, se souvenait Jordan. Quand le terrain était ouvert, il ressemblait terriblement à “Dr J”. Il partait en contre avec le ballon et avec ses longues foulées, il avait déjà atteint l’autre panier. Je pense que les gens ont été surpris de le voir progresser aussi rapidement et de voir son corps répondre aussi bien à ce style de jeu. »
La prise de bec avec Doug Collins
L’équipe voulait ajouter de la taille et un leader vétéran dans le frontcourt. Aussi, Chicago rappela Artis Gilmore (38 ans), alors à San Antonio. Gilmore devait partager les tâches au poste de pivot avec Dave Corzine. Oakley s’était bien installé au poste d’ailier fort et il voulait davantage le ballon. Collins n’était pas opposé à cette idée mais il était difficile de résister à l’option Jordan.
« Nous devons atteindre le point où Michael Jordan ne sera plus l’unique source d’énergie de l’équipe, déclara Collins aux journalistes. Comme les Bulls, Michael sait qu’il ne pourra pas résister longtemps aux charges inhumaines que nous lui imposons. Même si je doute parfois qu’il soit un simple humain… »
Les plans les plus optimistes voyaient Pippen et Grant gagner du temps de jeu. Jordan pourrait associer ses talents surpuissants aux capacités en développement de ses coéquipiers. « Nous n’avons encore rien prouvé, lança Collins aux journalistes. L’année dernière, nous étions des étudiants brillants qui jouaient sur l’émotion. Les rebonds d’Oakley, les points de Jordan, la régularité de Paxson, la dureté de Corzine, tout cela s’est mis en place. Ça nous a permis de rester dans la moyenne. »
La saison n’avait même pas commencé que les problèmes se sont présentés. Fin octobre, Jordan accusa Collins d’avoir triché sur le score d’un match à l’entraînement. Il quitta celui-ci. Les gros titres des journaux informèrent la ville de Chicago que les deux hommes ne se parlaient pas. Jordan fut condamné à une amende. Collins se retrouvait sous pression pour le mouvement suivant.
« Dans les premiers temps, Michael était à la fois ambitieux et volontaire, expliqua Bach. Doug avait lui aussi un tempérament très impétueux. Je notais parfois qu’avec cette personnalité et ce comportement explosifs, il caressait un joueur à rebrousse-poil. Surtout quelqu’un comme Michael. » « Il a sa fierté, j’ai la mienne, déclara Jordan aux journalistes. Nous sommes deux adultes. Le moment venu, on se dira les choses. Je ne vais pas les précipiter. »
« Doug savait qu’il devait accepter et ajuster les choses. Et c’est ce qu’il a fait, se souvenait John Paxson. Il devait calmer sa superstar. C’était un petit test pour lui. Vous ne savez pas ce qui se serait passé si un autre joueur avait fait ça, car les types ne quittent tout simplement pas l’entraînement. Ils ne tournent pas les talons comme ça. »
Les deux hommes se sont vite rabibochés en public mais la réalité, c’est que Michael éprouvait peu de respect pour son entraîneur. Au fil des années, Collins étalerait sa science du jeu. « Mais à ce moment-là, il était immature, expliqua Sonny Vaccaro. Il n’était tout simplement pas prêt. C’était évident. »
Avec Vaccaro, Jordan évoquait parfois sa frustration. Il n’était pas content de son entraîneur. Il y avait des situations qui poussaient Jerry Krause à mettre Collins en garde à propos de son comportement. On soupçonnait le general manager des Bulls de conserver des traces des imprudences du coach. Au printemps et à l’intersaison, ils s’étaient affrontés vigoureusement au sujet des acquisitions de joueurs. Le coup de colère de Jordan à l’entraînement rendait un peu plus intenable la position de Collins, déjà fragile.
Le coach se met les joueurs à dos
Doug était déchiré. Il estimait que l’équipe ne pouvait pas remporter le titre NBA avec un joueur aussi dominant que Jordan. Michael continuait d’écarter les meneurs pour les remises en jeu et se chargeait de diriger la manœuvre, contrôlant l’attaque. Cela signifiait que l’entraîneur ne pourrait jamais amener les Bulls à pratiquer un basket d’équipe. Cette situation poussa Krause à croire que Collins était incapable de dire non à Jordan.
« Ce doit être très difficile, pour un entraîneur, de développer une relation de travail avec Michael et d’avoir le même type de relation avec les autres joueurs, fit remarquer John Paxson presque une décennie plus tard. C’est tout bonnement impossible. Vous devez laisser une certaine marge de manœuvre à quelqu’un comme Michael. Sur le terrain, vous ne pouvez pas être aussi critique à son égard que vous pouvez l’être avec les autres. À cause de ce qu’il peut faire et de tout ce qu’il représente. »
Impulsif et émotif, Collins eut tendance à accabler ses joueurs pour les défaites, parfois en des termes amers et caustiques. Cela n’avait qu’un seul effet : il se les mettait à dos. Les membres de l’équipe encouragèrent Jordan à parler ouvertement de ces difficultés. Il refusa, évoquant la condamnation publique qui avait frappé Magic Johnson en 1981-82, lorsque le meneur des Lakers avait affronté son entraîneur, Paul Westhead.
« En tant qu’entraîneur principal, vous marchez sur un fil avec un joueur comme Michael Jordan sous vos ordres, ajouta Paxson en regardant en arrière. Il n’aurait pas fait quelque chose comme ça mais nous connaissions tous la situation chez les Lakers, avec Magic Johnson et Paul Westhead. Westhead avait été viré après un désaccord avec Magic. C’est le pouvoir que Michael aurait pu utiliser s’il avait choisi de le faire. Doug marchait sur des œufs. Au début de sa carrière de coach, il a géré ça du mieux qu’il pouvait. »
Le résultat a été une faille dans la relation Jordan-Collins. Une faille que Michael a tout fait pour dissimuler. Certains ont pensé que le joueur et l’entraîneur étaient raisonnablement proches. Ce n’était pas le cas, affirma Vaccaro. « C’était comme l’eau et l’huile. Je le savais. » Jordan s’insurgeait par ailleurs contre les pitreries de Collins pendant les matches. Elles contrastaient singulièrement avec le calme plein de dignité qu’il appréciait tant chez Dean Smith. Beaucoup de personnes, au sein de la franchise, se nourrissaient de l’énergie folle de Doug. Jordan trouvait cela presque déplaisant mais il gardait tout cela pour lui, car de nombreux supporters considéraient que cette énergie constituait un élément important pour une jeune équipe excitante.
« Doug était un bonhomme très passionné, commenta John Ligmanowski qui fut longtemps responsable de l’équipement chez les Bulls. C’était presque comme s’il voulait être dans le match. Après une rencontre, il était trempé de sueur et complètement vidé. C’était amusant, parce que les Bulls commençaient tout juste à être bons. L’équipe se reprenait. »
Une image brouillée
En dépit de ses défauts comme jeune coach, Collins avait l’énergie nécessaire pour mener les Bulls à l’étape suivante de leur développement. « Doug était un chouette type, assura Mark Pfeil. Tout l’intéressait chez les gens. Il se souciait d’eux. » Cheryl Raye-Stout se souvenait que les médias, les journalistes de télévision en particulier, adoraient Collins. « Il était très accessible pour eux. Doug criait, hurlait, sautait, s’agitait… Il était très démonstratif dans son coaching et les gars qui détenaient la clé de la réussite dans cette équipe étaient extrêmement jeunes. Horace et Scottie le détestaient. Doug était en train de grandir avec eux. Il était nouveau dans le circuit. C’était un type qui venait de la télévision. Lui aussi apprenait tout le processus. »
Si Jordan formulait des reproches au sujet de l’incident du mois d’octobre avec Collins, c’était parce qu’il avait commencé – plus souvent, parfois, que sa mère ne l’avait fait – à s’occuper des choses qui pouvaient affecter son image, une image qui était devenue la source de ses revenus. Il l’admit à Johnette Howard, une journaliste de Detroit, lors d’une interview réalisée plusieurs semaines plus tard. « Je me suis senti mal d’avoir agi comme ça, dit-il à propos de sa sortie. Mais je me suis senti bien en voyant que les gens percevaient les choses telles qu’elles étaient. Ils ont compris que je suis juste un compétiteur acharné. »
Cela allait devenir son excuse pour n’importe quel comportement pouvant être interprété comme inconvenant : c’était parce qu’il était un compétiteur-né. Accuser sa nature excessive était bien pratique. Plus important encore, le public semblait prêt à l’accepter. Pourtant, il avait plusieurs raisons de s’inquiéter de son image, comme il l’avait indiqué à Howard. « Je suis dans une position délicate avec cette équipe. C’est dur, pour moi, d’être un leader vocal dans cette formation. Tout le monde semble voir les Chicago Bulls comme “l’équipe de Michael Jordan” ou bien “Jordan et compagnie”. Mon nom est toujours en pleine lumière. Certaines personnes vont naturellement être jalouses. »
Une autre chose inquiétait Michael : il ne voulait pas que l’on dise que la façon dont il traitait ses coéquipiers à l’entraînement était dure. Aussi, il essayait de trouver un équilibre, comme il l’expliqua. « Si vous montrez une forme de gentillesse et vous préoccupez des gens, ils vous apprécient davantage. » Michael prit une habitude : essayer de féliciter ses coéquipiers de manière régulière dans les interviews accordées aux médias.
Une superstar toujours plus jalousée
Doug Collins était populaire à Chicago. Après l’incident de l’entraînement, Jordan prit soin de lui témoigner le respect approprié. Le coach s’était vu récompensé en obtenant une prolongation de contrat mais certains observateurs relevaient certains signes indiquant que la pression s’accentuait sur lui. Il avait perdu du poids, il mangeait mal et souvent, il avait les traits tirés.
Jordan, lui aussi, était stressé. Ironie du sort, la situation était aggravée par sa réussite financière. Son argent et son statut continuaient d’agacer plusieurs joueurs au sein de la Ligue. Ils avaient entendu parler de ses contrats publicitaires. Ils voyaient ses costumes coûteux et ses colliers en or. À l’époque, il y avait vingt-quatre joueurs qui gagnaient plus d’un million de dollars par an en NBA. Jordan s’était engagé en paraphant un contrat qui lui rapportait 830 000 dollars environ en 1987-88. D’après Sonny Vaccaro, Magic Johnson n’a jamais pu comprendre comment Jordan avait réussi à obtenir un contrat pour ses chaussures beaucoup plus important que celui de n’importe quelle autre star. Vaccaro entendait tout le temps des récriminations similaires de la part d’autres joueurs. Maintenant, on le connaissait comme l’argentier de Nike. C’était son travail d’écouter et de parler avec les basketteurs.
Lacy Banks entendit également ces bruits. Le « Chicago Sun-Times » l’avait chargé de couvrir les Bulls cet automne-là, en 1987. Banks était un pasteur baptiste, parfois appelé « le Révérend » par ceux avec lesquels il bossait. Lui aussi fut frappé par le rapport de Jordan à l’argent, peu ordinaire. « Lorsque j’ai commencé à suivre Michael, il évoluait encore, se remémora Lacy. Il n’avait pas encore décroché un gros contrat. Il partait du principe qu’il avait signé un premier contrat avec Jerry Reinsdorf et qu’il était tenu de le respecter. Si Reinsdorf voulait le rompre et lui donner plus l’argent, il ne refuserait pas. Mais il ne pensait pas que c’était son rôle de dire : “Je pense que je vaux plus d’argent à présent. Je pense que vous devriez me payer plus.” »
Michael faisait énormément de choses en dehors du terrain. Son salaire dans le basket était devenu une question de fierté. Mais il ne voulait pas être vu comme quelqu’un réclamant plus. Ses revenus en dehors du parquet lui permettaient de dire qu’il ne jouait pas pour l’argent. D’autres avaient prétendu la même chose au fil des ans mais Jordan était réellement le premier joueur professionnel qui n’avait pas besoin de se focaliser sur son salaire de basketteur.
Banks avait suivi Mohamed Ali pour le magazine « Ebony » et il avait appris à le connaître. Souvent, il avait noté combien le boxeur était incompris. Ali avait fait preuve d’un immense courage en s’élevant ouvertement contre la guerre du Vietnam bien avant que cela ne devienne une position courante. Il paya très cher son opposition à cette guerre (1). Ce jeune prince du basket que Lacy suivait maintenant ne montrait pas de préoccupations semblables pour la justice sociale. Mais comme la plupart des personnes qui couvraient l’actualité de « MJ », Banks tomba en admiration devant la star des Bulls. « Je voyais qu’il appréciait le fait qu’un Noir couvre l’équipe, se souvint Banks en 2011. Nous étions très proches les premières années. »
Tout le monde veut approcher le nouveau dieu
Les deux hommes s’asseyaient souvent ensemble, jouant aux cartes et discutant, sur les vols commerciaux que prenait l’équipe ces années-là. Souvent, quand Jordan était seul pendant les déplacements, Lacy s’occupait d’aller lui chercher du jus d’orange et des biscuits aux flocons d’avoine après les matches – car ses admirateurs dans l’entrée empêchaient Michael d’y aller lui-même. Ils restaient là jusqu’au petit matin, regardant des films sur SpectraVision ou jouant aux cartes. C’est à ce moment-là que Banks en arriva à la conclusion que Jordan avait une mémoire photographique. Il pouvait citer des passages entiers de scénarios de films et se souvenir de détails stupéfiants dans ses matches, dont la liste était interminable.
« J’en suis venu à penser qu’il comptait mes cartes, déclara Lacy au sujet de leurs parties épiques de Stud (2) à cinq et sept cartes et de tonk (3). Il pouvait miser à chaque main. Au moins 90% d’entre elles. Je jouais pour essayer de gagner de l’argent. Mike jouait pour se détendre et pour la compétition. À bien des égards, il me fascinait. Michael sortait tout droit d’un rêve. J’avais une belle relation avec lui. Une relation sérieuse, enrichissante et plaisante. »
Jordan se montrait invariablement poli avec les femmes qui frappaient à la porte de sa chambre d’hôtel tard le soir, en quête d’affection. « C’était avant que je ne réalise qu’il avait une vie cachée », expliqua Banks. Ils étaient si souvent ensemble, ces jours-là, que les gens commencèrent à appeler Lacy « l’homme de Michael ». « J’étais sur un petit nuage et cela flattait mon ego. » Surtout avec tant de belles femmes qui voulaient rencontrer Jordan. « Vous connaissez Michael ? Vous pouvez me le présenter ? », demandaient-elles à Banks, qui refusait toujours poliment.
Le journaliste sportif trouvait Jordan étonnamment patient. Pas seulement avec les femmes mais aussi avec les nombreux inconnus qu’ils rencontraient dans les aéroports ou dans les hôtels. « Il ne rembarrait personne », affirma Lacy. Jordan devait une grande partie de son approche à ses parents. « C’étaient des gens tranquilles mais sociables, souligna Banks. Il y avait une énorme ressemblance entre Michael et son père. Dans les expressions de leur visage et dans leur façon de s’exprimer. Madame Jordan était profondément chrétienne. Je n’ai jamais rien entendu de fâcheux à propos de sa mère, de son père ou de ses frères et sœurs. »
Le journaliste sportif a passé du temps à réfléchir à la raison pour laquelle Jordan était mal compris, pas tant par le public que par ses pairs dans le monde du basket. « Les gens qui jalousaient son succès ne le comprenaient pas, poursuivit Banks. Ils pensaient qu’il était arrogant en s’affichant avec ces bijoux clinquants. Ils le jalousaient, pas tant pour son talent que pour son succès commercial. Un contrat de plusieurs millions de dollars avec Nike, c’était du jamais vu. Ce qu’on voyait tous, c’était que ce type attirait tout ce qui relevait du marketing. Et celui qui en obtenait un morceau allait bien s’en tirer. Les Bulls ont commencé à attirer du monde, terminant en tête de la Ligue pour les affluences. Michael devenait le roi du parquet. »
C’était un couronnement que les adversaires des Bulls mais aussi certaines personnes au sein de la franchise de Chicago regardaient avec mépris.
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Objecteur de conscience, Mohamed Ali fut condamné à 5 ans d’emprisonnement et à une amende de 10 000 dollars. Il perdit sa licence de boxeur et son titre du champion du monde des poids lourds.
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Variante du poker.
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Jeu de cartes traditionnel américain de la famille du rami.
Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life »726 pages, 32 euros, 13,99 euros en format numérique (ePub).
En vente en librairie, dans les grandes surfaces et sur les sites de vente en ligne.
Talent Sport : https://talentsport.fr
https://www.facebook.com/Talentsport2014/
Autres livres de basket disponibles
> Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (sorti le 14 mai 2014)
> Jack McCallum, « Dream Team » (sorti le 8 juin 2016)
> Kent Babb, « Allen Iverson, not a game » (sorti le 9 novembre 2016)
> Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous » (sorti le 31 mai 2017)