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Roman de l’été : « Michael Jordan, The Life » (9)

La saison NBA est terminée, il va falloir chasser l’ennui et trouver de quoi s’occuper. Basket USA a pensé à vous ! Comme l’an passé, nous vous offrons une sorte de roman de l’été, de longs extraits d’un livre 100% basket américain.

Après « Un coach, onze titres NBA » de Phil Jackson, nous vous proposons le deuxième ouvrage dédié à la balle orange édité par Talent Sport : « Michael Jordan, The Life » de Roland Lazenby, un bouquin de plus de 700 pages qui retrace toute la carrière de « Sa Majesté ».

Nous avons passé les premiers chapitres – qui évoquent les aïeux, l’enfance et la carrière universitaire de Mike – pour attaquer sa première année sur les parquets pros, en 1984-85.

Le roman de l’été, c’est un épisode par semaine jusqu’en septembre. Bonne lecture !

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

Sixième partie

Septième partie

Huitième partie

 

L’arrivée de Doug Collins

Quelques semaines après la saison, Jerry Krause remercia Stan Albeck, ce qui suscita à nouveau la colère des supporters de l’équipe, dont le nombre était en augmentation. Jerry Reinsdorf avait le sentiment que le coach avait entravé le bon fonctionnement des choses lorsqu’ils avaient voulu différer la reprise de Michael Jordan suite à sa blessure au pied. En outre, Albeck avait rejeté les conseils offensifs de Tex Winter.

Le choix de son remplaçant se limita à deux noms, Doug Collins, commentateur, et Phil Jackson une fois encore. Krause hésita un peu puis choisit Collins qui avait vu beaucoup de matches de la Ligue en travaillant sur CBS, même s’il n’avait pas d’expérience comme coach. « Un type de la télé ? Vraiment ? », aurait répondu Reinsdorf lorsque Krause émit cette idée pour la première fois. Collins avait été une vedette à Illinois State. C’était le 1er choix de la draft 1973. Il avait également joué un rôle clé au sein de l’infortunée équipe olympique américaine de 1972 (1). Drafté par les Philadelphie Sixers, Collins aida cette équipe à se relever de sa désastreuse saison 1972-73 (9 victoires-73 défaites) pour devenir un prétendant au titre en 1977. Trois fois All- Star, il fut finalement victime de blessures qui mirent prématurément fin à sa carrière.

Un type de la télévision comme coach ? WTF ?

« C’était une situation très inconfortable car Collins était commentateur. Il avait voyagé avec l’équipe avant d’être engagé, souligna Cheryl Raye-Stout. Stan Albeck regardait par-dessus son épaule et voyait Doug Collins. Ce dernier avait brièvement servi comme consultant. Il y eut des spéculations sur le fait que Collins avait piqué le boulot d’Albeck. » « Lorsque j’ai engagé Doug, tout le monde s’est moqué de moi, souligna Krause. Beaucoup de gens disaient : “Pourquoi diable engages-tu un type de télé ?” » « À l’époque, j’avais 35 ans, rappela Collins. Il y avait eu neuf entraîneurs en dix ans à Chicago. J’étais le genre de type qui se retroussait les manches et faisait bouger les choses. »

Jordan n’en fut pas aussi persuadé dans un premier temps. En fait, il se méfiait de Collins, voyant dans sa nomination une autre invention de Krause. « La première fois que j’ai rencontré Doug, je n’ai pas pensé qu’il savait de quoi il parlait, se souvint Michael. Je me suis demandé quand il avait obtenu le poste. Il était si jeune… Mais une fois que je l’ai connu, je l’ai beaucoup apprécié. Il était brillant, il avait le contrôle et surtout, il était positif. »

Non seulement Collins apporta cette force mais il ajouta des coaches assistants, Johnny Bach et Gene Littles, à l’équation. Bach, en particulier, allait devenir un maillon essentiel au sein de l’équipe. Bach se rappelait de Collins : « Je l’avais entraîné aux Jeux olympiques de 1972. Nous étions de bons amis et nous avions du respect l’un pour l’autre. Doug m’a appelé et m’a dit : “J’aimerais que tu viennes ici pour intégrer le staff.” C’était un plaisir de travailler avec Paul Douglas Collins. Il était exalté, passionné, enthousiaste. Il a vraiment remis cette franchise sur la voie du succès. »

 

Steve Colter laminé par Jordan

Le processus de recrutement du staff complété, Krause s’occupa à nouveau du roster. Il se sépara d’Orlando Woolridge, Jawann Oldham et Sidney Green et commença à collectionner les choix de draft et à faire des économies. Pour la draft de 1987, il aurait une réserve entière de premiers tours. Mais l’équipe devait attaquer la saison suivante avec un seul joueur, dans le roster, tournant à une moyenne à deux chiffres. Et ce joueur sortait d’une grave blessure au pied.

À l’époque, le public n’avait pas idée de combien Michael Jordan était motivé et en colère. Krause avait fait venir un arrière de Portland avec deux années de NBA derrière lui, Steve Colter. Jordan se présenta devant lui, au camp d’entraînement, comme s’il était Krause en personne. Pendant les matches ou les entraînements, il devint de plus en plus évident que le sensible Colter ne pourrait pas jouer aux côtés de Michael.

Comme beaucoup de meneurs, Colter avait du mal à être efficace sans le ballon dans les mains. Et depuis longtemps, Jordan avait l’habitude, encouragée par chacun de ses entraîneurs, de chasser le meneur pendant les remises en jeu, de réceptionner la passe, de monter la balle et de lancer lui-même l’attaque. Avec le temps, il devint clair que John Paxson, qui n’avait pas besoin du ballon pour être efficace, était un meilleur choix aux côtés de Michael. Krause transféra Colter à Philadelphie avant la mi-saison et fit venir Sedale Threatt. Autre nom d’une longue liste de meneurs qui ne pouvaient pas gagner de terrain dans l’ombre de Jordan.

 

Jim Stack, l’homme des deux mondes

Krause engagea Jim Stack cette année-là pour être son bras droit. Stack avait joué à Northwestern puis dans les ligues professionnelles en Europe. Il avait montré un don pour élaborer des systèmes et possédait un coup d’œil pour le jeu. Aussi, en plus d’assister Krause, Stack s’occupa des premières étapes du recrutement. La direction des Bulls et l’équipe se séparaient déjà en deux mondes bien distincts mais la position de Stack lui permettait de garder un pied dans les deux.

Stack admit qu’il était délicat de traiter la politique interne. Lorsqu’il n’était pas sur la route pour superviser des joueurs, il était à l’entraînement avec l’équipe et détaillait ses rapports dans les réunions de l’équipe. En plus du travail effectué pour Krause, Stack faisait le lien avec les entraîneurs. Jordan aussi. Du fait de ses relations de travail, Stack est devenu une partie du ciment qui a maintenu la cohésion de l’organisation pendant plus d’une décennie de conflits.

Stack avait suivi beaucoup de matches de basket à travers le monde mais le jeu le plus électrisant qu’il lui avait été donné de voir était celui pratiqué pendant les entraînements des Bulls. « Jordan était un bulldozer, se souvint-il en 2012. Nous avons parfois eu des joueurs plus talentueux aux côtés de Michael mais ils ne pouvaient tout simplement pas égaler les immenses prouesses qu’il réalisait sur le terrain. Pauvre Steve Colter… À mon arrivée, je pensais que c’était l’un des meilleurs meneurs mais Jerry a été contraint de le transférer car il déclinait en affrontant Michael à l’entraînement. »

 

CHAPITRE 19

À l’attaque !

Il y eut une pression importante du public, pour la première saison de Doug Collins à la tête des Bulls, afin que le front office renforce le roster avec les scoreurs disponibles sur le marché comme Eddie Johnson, à Sacramento, ou un « big man » comme Joe Barry Carroll à Golden State. Jerry Krause choisit d’attendre, ce qui renforca l’inquiétude des fans. Ils craignaient que l’effectif n’ait été vidé de ses talents. Selon certaines prévisions d’avant-saison, les Bulls ne seraient pas en mesure de remporter 30 matches à nouveau.

Certains observateurs estimaient que l’équipe ne pourrait pas marquer suffisamment de points pour remporter ses matches. Leurs interrogations trouvèrent une réponse le soir du coup d’envoi de la saison 1986-87, à l’occasion d’une rencontre face aux Knicks au Madison Square Garden. L’équipe de New York avait un air de « Tours jumelles » avec l’association des pivots Patrick Ewing et Bill Cartwright. Elle l’utilisa pour prendre une avance de 5 points au milieu du quatrième quart-temps. Durant un temps mort, Michael Jordan regarda Doug Collins et lui dit : « Coach, je ne vais pas vous laisser perdre votre premier match. »

Il inscrivit les 18 derniers points de l’équipe pour arracher une victoire 108-103. Ses 50 points établirent un record, celui du nombre de points marqués par un adversaire au Garden. Il faisait voler en éclats la marque établie tour à tour par Rick Barry et l’ancien Bull Quintin Dailey : 44 points. « Je n’ai jamais vu un joueur ressemblant à Michael Jordan. Jamais. Jamais. Jamais », assura Collins après avoir donné l’accolade à chacun de ses joueurs. Alors que les journalistes étaient tout ouïe, Michael expliqua à son père que les supporters des Knicks l’avaient aiguillé vers ce record. « Alors, tu jouais au milieu du public, pas sur le terrain ? », demanda son père en plaisantant. « Je joue toujours au milieu du public », répondit le n°23.

 

« MJ » prend les commandes du basket US

« L’effervescence qui gagna la franchise après cette victoire lors du match d’ouverture de la saison constitua un tournant décisif, fit observer Jerry Reinsdorf, le propriétaire, en regardant en arrière. C’était l’année où les choses commençaient à se mettre en place et le niveau de jeu de Michael était incroyable. » C’est véritablement l’année où Jordan prit les commandes du basket américain. C’était une révolution à la fois grande et petite. Il était entré dans le basket professionnel à l’âge des shorts « Daisy Duke » courts et serrés et créa rapidement quelque chose qui convenait mieux à ses goûts. Il adopta des modèles plus larges et six centimètres plus longs environ, taillés spécialement pour lui. Bientôt, les joueurs se présenteraient sur le terrain avec de vrais shorts leur arrivant aux genoux. Ce fut de loin sa contribution à la mode la plus durable dans le temps.

Son style de jeu fut lui aussi frappé du sceau de la fureur, avec ces dunks rageurs qui faisaient désormais partie de la routine. Chicago avait accueilli Johnny Bach comme nouveau coach assistant. À l’instar de Tex Winter, Bach avait la soixantaine. Ancien militaire, cet entraîneur vétéran venait de passer trois saisons à la tête des Golden State Warriors. Bach était plus que désireux d’aider à la fois Doug Collins et Michael Jordan. Mais à l’instar de Winter, il était quelque peu réticent, dans un premier temps, à l’idée d’approcher le franchise player.

« Les assistants coaches, surtout ceux qui ont une certaine expérience, sentent parfois quand il faut entrer en scène ou quand il est préférable de rester en retrait, commenta-t-il en 2012. En ces temps- là, j’observais Michael à distance. Son jeu était tellement bon que vous aviez du mal à y croire. Tout ce qu’il pouvait faire vous sciait. J’ai toujours pensé que la meilleure chose à faire, c’était de le regarder et d’apporter toute l’aide possible. »

 

Bach connaît la musique militaire

Les premières tâches de Bach, sous l’ère Collins, consistèrent à superviser des talents pour l’équipe et à détailler, pendant les réunions d’équipe, ce qu’il avait vu en observant ses adversaires. C’est là qu’il établit une première connexion avec Jordan. En parlant du jeu, Bach avait un don pour « utiliser la formule exacte », comme il disait. « J’utilisais beaucoup de termes militaires car j’avais servi la Navy pendant la guerre. » Jordan fut immédiatement séduit par son langage et captivé par ses récits de la Seconde Guerre mondiale. Bach y avait perdu son frère jumeau, un aviateur, pendant les combats. « Cela sembla retenir son attention », se souvint Johnny. Au-delà de son langage, ses yeux brillaient et il était habillé impeccablement. Un autre détail qui frappa l’imagination de Michael.

Le coach assistant plus âgé parlait souvent de l’Amiral William « Bull » Halsey qui avait pris le commandement de la guerre navale dans le Pacifique Sud. Il utilisait les mots de celui-ci pour envoyer des messages à Jordan, qu’il pouvait impressionner pendant les matches. « Je marchais à côté de Michael quand le temps mort touchait à sa fin et je lui disais : “Pour l’amour de Dieu, Michael, attaque, attaque, attaque ! C’est ce que disait Halsey et c’est ce que je te dis”, raconta Bach. Je lui disais ça quand j’estimais qu’il n’attaquait pas assez le panier. Je ne l’ai pas fait souvent mais il s’en est souvenu. Cela ressemblait au commencement de quelque chose. En tant que coach assistant, vous ne pouvez pas appeler un système pour un gars. Mais je jugeais utile de lui dire : “Je ne t’ai pas vu faire ce que tu es capable de faire.” Mon analyse de la situation, c’était que je pouvais le stimuler en lui disant par exemple : “Eh, Michael, attaque, attaque, attaque !” Ce sont les petites choses que je faisais et nous avions une bonne relation grâce à cela. » Michael commença à parler de Johnny comme de son entraîneur personnel. À ses yeux, les messages de Bach devinrent une sorte de mantra au fil de la saison. C’était le soutien dont la jeune star avait besoin pour créer une nouvelle connexion avec le jeu.

Cette saison-là, il atteignit les 40 points à 28 reprises. Six fois, il passa la barre des 50. Fin novembre et début décembre, il marqua 40 points ou plus dans neuf matches consécutifs, dont six dans un road trip à l’Ouest. Plus tard, il insista sur le fait qu’il l’avait fait par nécessité. « Lorsque je suis arrivé ici pour la première fois, je devais créer l’étincelle, je devais être celui qui ferait prendre le feu, se remémora-t-il. Aussi, je devais exploiter beaucoup de mes caractéristiques personnelles. »

 

Même un orteil enflé ne peut ralentir l’extraterrestre

Une vision se propagea rapidement dans le microcosme NBA : cette version-là de Michael Jordan était quelque chose de nouveau. À Phoenix, Walter Davis en prit note. C’est ce que rapporta son coéquipier Ed Pinckney. « J’ai cru comprendre que Michael idolâtrait un peu Walter. C’était l’un de ses joueurs préférés. À l’époque, Walter était un joueur de renom, cinq fois All-Star. » À l’approche d’une confrontation avec les Bulls, Pinckney remarqua que Davis se regaillardit et commença à se préparer plus durement qu’il ne le faisait habituellement. « Pour moi, c’était un peu étrange car Walter dominait à son poste à son époque. Il ne s’était jamais vraiment soucié d’affronter quelqu’un en particulier. Je ne le savais pas mais un gros contingent de joueurs retournait à North Carolina pour jouer l’été. »

Ancien Tar Heel, Walter Davis ne voulait, semble-t-il, rien lâcher face à Jordan pendant la saison régulière en NBA. Il craignait que ce dernier ne se nourrisse de sa supériorité pour alimenter ses provocations verbales pendant les sessions d’été, une fois de retour à Chapel Hill. « Je savais en quelque sorte ce qui allait arriver, ajouta Pinckney. Davis, lui, savait exactement ce qui allait arriver. Michael a fait le spectacle. Il a vraiment assuré le spectacle. Ces deux-là ont tout donné. Ce n’était pas la façon dont Jordan marquait qui frappait l’esprit. Il était plutôt question de prendre le contrôle du match. À un moment ou à un autre, vous saviez qu’une telle chose allait arriver. Il y avait ces séries avec dix ou douze paniers d’affilée. Et la façon dont il le faisait. Ça ressemblait à des attaques démentes contre le panier adverse. Il bondissait d’un panneau à un autre et revenait. C’était tout ce boulot-là qui vous frappait, ces attaques folles sur le panier. »

Pinckney fut surtout frappé par la façon dont le jeu de Jordan affecta Davis. « Walter était vraiment un bon basketteur et Michael lui fit complètement modifier son approche du match. » Les Bulls s’inclinèrent malgré tout de 2 points, en dépit des 43 inscrits par Jordan. Jerry Krause se souvint qu’après la rencontre, le médecin de l’équipe lui avait incisé un orteil, qui avait enflé. « Le pus sortait de partout. C’était répugnant. Si vous aviez vu ça, vous auriez eu envie de vomir. »

À leur retour à Chicago, le docteur lui ordonna de laisser reposer l’orteil pendant dix jours, comme s’en rappela Krause dans une interview en 2012. « À cet instant-là, Michael discute avec Doug Collins. Je m’en vais. Quinze minutes plus tard, Doug sort dans le couloir et dit : “Nous devons parler.” Il me rapporte ce que Michael a dit. Il voulait aller à San Antonio le soir suivant. Il ne se blessera pas et si ça ne va pas, il ne jouera pas. Tout ce que vous sort habituellement un joueur. J’étais probablement un peu faible, alors nous l’avons laissé aller à San Antonio. Et vérifiez bien, je crois qu’il a inscrit 52 points ce soir-là. »

 

Jordan tire le meilleur du meilleur de la NBA

En fait, c’était 43, dans cet ensemble de matches – neuf – à 40 points ou plus. Avec un orteil touché. Les Bulls perdirent six de ces rencontres. Le bilan n’est pas aussi mauvais qu’on pourrait le croire sachant que huit de ces neuf matches se jouaient à l’extérieur. Vers la fin de la série, Jordan marqua 41 points à Atlanta mais Dominique Wilkins lui répondit avec 57 pions.

Jordan tirait le meilleur du meilleur de la Ligue à chaque match. Comme les Celtics l’avaient appris lors des playoffs précédents, il était devenu impossible de défendre sur lui, en tout cas avec un seul homme. Durant la première saison de Michael, les Lakers lui avaient envoyé Byron Scott puis Michael Cooper. Ils l’avaient éteint en lui refusant la possession du ballon. Ces jours-là étaient révolus, comme le souligna Cooper à un journaliste. « Les gens disent que je fais du bon boulot sur Michael ou bien qu’Untel a fait le boulot. C’est faux. Je suis incapable de l’arrêter. J’ai besoin de l’équipe entière pour ça. Dès qu’il touche la balle, il attise l’intensité qui est en vous. L’alarme se désenclenche parce que vous ignorez ce qu’il va faire. Il va à droite, à gauche, il monte sur vous, il vous tourne autour, il passe en dessous. Il virevolte, il tourne. Et vous savez qu’il va réussir à armer son tir. Vous ignorez simplement à quel moment et comment il le fera. Psychologiquement, c’est la chose la plus dévastatrice pour un défenseur. »

L’attaque que Bach l’encouragea à développer était tellement créative que Rick Telander, journaliste sportif au « Chicago Sun-Times », décida de l’interroger sur son jump. « Ma détente verticale n’a jamais été mesurée, répondit Jordan, mais parfois, je pense à la hauteur à laquelle je m’élève. J’étends toujours mes jambes lorsque je saute haut, comme si j’étais sur une balançoire. Et c’est comme si j’ouvrais un parachute qui me ramenait doucement sur terre. Je suis monté vraiment haut contre New York, lors de notre premier match. Je pense que sur mon dernier dunk, mes yeux étaient proches du cercle. Parfois, vos poignets heurtent simplement l’arceau. Mais cette fois, il y avait mes coudes et tout le reste. J’ai presque couvert tout le cercle. »

« I believe I can fly »

Michael était aussi enthousiaste que n’importe quel fan au sujet de son temps de suspension. « J’aimerais pouvoir vous montrer la vidéo d’un dunk que j’ai réussi à Milwaukee, déclara-t-il à Telander. Ça s’est passé au ralenti. On dirait que je décolle, comme si on m’avait mis des ailes. Quand je le revois, j’ai des frissons. Je me dis : quand “sauter” devient-il “voler” ? Je n’ai pas encore la réponse. »

Il n’y avait pas de meilleur endroit pour étaler de telles qualités que le Slam Dunk Contest, durant le All-Star week-end de Seattle. Les fans établirent un record en accordant 1,41 million de voix, cette saison-là, au joueur que l’on appelait désormais « His Airness ». « C’est super que les supporters aiment autant mon style, commenta-t-il. Je ne ferai rien qui puisse les décevoir. »

À cette époque-là, le Dunk Contest revêtait un caractère particulier pour les meilleurs athlètes. Ce phénomène était accentué par la participation de Jordan à l’événement, moins d’un an après son retour suite à sa blessure au pied. Le concours eut lieu au Kingdome de Seattle. Michael l’emporta avec une série de dunks exploitant sa maîtrise très personnelle des airs (Dominique Wilkins, la star d’Atlanta, était blessé). Cette fois, il ne fut pas question de geler l’effet « MJ » dans l’événement principal du All-Star week-end. Son ombre s’étendit sur toute la Ligue.

« Même dans un All-Star Game, vous ne pouviez pas détacher votre regard de lui, observa Mitch Lawrence, spécialiste de basket de longue date pour le « New York Daily News ». Ne vous méprenez pas, vous pouviez aussi admirer Magic Johnson et Larry Bird. Mais il s’est passé un truc avec Michael. Lorsque vous alliez le voir jouer, même pour un match de saison régulière, vous ne pouviez pas détourner votre regard de lui. Il pouvait y avoir une ou deux autres superstars sur le terrain, cela n’avait pas d’importance. Vous regardiez Michael Jordan 95% du temps. S’il observait une pause, vous regardiez peut-être les autres joueurs mais la plupart du temps, vous étiez scotché. Pour combien de types pouvez-vous dire la même chose ? »

Jordan reprit son rythme après le All-Star week-end. Fin février, il inscrivit 58 points contre les Nets, effaçant le vieux record de Chet Walker (57) sur un match de saison régulière pour la franchise de Chicago. Quelques jours plus tard, en dépit d’un cor douloureux au pied gauche, il planta 61 points face aux Pistons dans une victoire en prolongation, devant les 30 281 supporters surexcités du Pontiac Silverdome. À la fin de la rencontre, Michael se lança dans un duel intense avec Isiah Thomas et Adrian Dantley, chacun rendant panier pour panier.

« À ce moment-là, le jeu d’Isiah m’a porté à un autre niveau, admit-il plus tard. Il rentrait de gros shoots. J’arrivais derrière et je répondais avec un autre tir énorme. C’était un magnifique spectacle pour les supporters. Du grand basket. » De tous ses plus grands matches cette saison-là, cette victoire chez les Pistons fut sa préférée. De loin. « Parce que nous avons gagné, expliqua-t-il. Et parce que j’ai défendu sur Adrian Dantley dans les dernières minutes. J’ai volé trois ballons et je l’ai empêché de marquer un panier. C’était une victoire pour la défense. » Après la rencontre, des Pistons en état de choc commencèrent à travailler pour trouver un plan qui leur permettrait d’éviter un tel embarras à l’avenir.

Jordan sembla aller d’une performance hors normes à une autre. « Je ne sais pas comment il a réussi ça, déclara John Paxson, son coéquipier. Tous les soirs, quelqu’un d’autre se tenait devant lui. Et il n’a jamais fait un pas en arrière. »

1- Battue 51-50 par l’URSS en finale du tournoi de basket olympique, à Munich, à l’issue d’une dernière action très controversée.

 

A suivre…

 

Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life »

726 pages, 32 euros, 13,99 euros en format numérique (ePub).

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Autres livres de basket disponibles

> Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (sorti le 14 mai 2014)

> Jack McCallum, « Dream Team » (sorti le 8 juin 2016)

> Kent Babb, « Allen Iverson, not a game » (sorti le 9 novembre 2016)

> Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous » (sorti le 31 mai 2017)

 

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