A quel poste joue la star des Lakers ? Meneur de jeu, ailier, ailier-fort… Impossible de trancher tant la notion de poste a évolué depuis quelques années, surtout avec des joueurs polyvalents et complets comme LeBron James.
LeBron James, meneur de jeu des Lakers. Le plan de Frank Vogel change-t-il vraiment quelque chose pour Los Angeles, le King ayant toujours été au centre du jeu de ses équipes depuis son arrivée en NBA ?
Plus que la sémantique, ce que je retiens surtout, c’est que la franchise a totalement changé son fusil d’épaule par rapport à la saison précédente, où Magic Johnson et Rob Pelinka avaient justifié le recrutement de joueurs ayant besoin du ballon (Rajon Rondo, Lance Stephenson ou Michael Beasley) par la volonté de décharger LeBron James, lui qui s’était épuisé lors de sa dernière saison à Cleveland, sans Kyrie Irving, en devant créer l’immense majorité du jeu des Cavs.
LeBron James meneur, c’est sans doute surtout un moyen de dire que Rajon Rondo sera remplaçant, en charge de faire tourner la « second unit » ou l’équipe quand le quadruple MVP se reposera. Il faut dire que le duo ne fonctionne pas lorsqu’il est ensemble sur le terrain, avec un NetRating de -5.4 sur les 602 minutes qu’ils ont partagées, c’est-à-dire que les Lakers ont encaissé 5.4 points de plus que ce qu’ils n’en marquaient, sur 100 possessions, quand les deux étaient ensemble sur le parquet.
Les postes sont juste des ancres pour le cerveau
Mais le concept de « LeBron James, meneur de jeu » est aussi une bonne façon de s’interroger sur la notion de poste en NBA. Il faut d’abord avoir en tête que les « guards », « forwards » et « center » ont été ainsi nommés dans les premiers temps du basket, à l’époque où le dribble était interdit, et où il était de toute façon impossible, les balles n’étant pas parfaitement rondes et les rebonds imprévisibles. Dans ce jeu où le ballon progressait par passes, les « guards » (« gardiens ») étaient ainsi chargés de défendre le panier quand le ballon changeait de main, les « forwards » (« avants ») étant eux chargés de se projeter vers le cercle adverse et les « centers » (« centraux ») devant sans doute faire le lien entre les deux.
Le jeu a tellement évolué depuis que cette nomenclature n’a d’ailleurs plus vraiment de sens, mais les noms sont restés, se spécialisant avec l’arrivée du « point guard » et le « shooting guard », ainsi que le « small forward » et le « power forward ».
Comme l’expliquait Jalen Rose dans une séquence désormais culte, face à Skip Bayless, ces positions « ont seulement été inventées pour qu’un novice puisse suivre le jeu ».
Ce sont des ancres pour le cerveau, des ancres utiles mais qui ne disent pas tout, et qui cachent surtout beaucoup de nuances. Sauf que comme l’écrivait Paul Valéry, « le simple est toujours faux », mais « ce qui ne l’est pas est inutilisable ». Il faut simplifier et vulgariser les choses, sous peine d’être incompréhensible.
Cinq ou dix positions ?
Cela n’empêche pas certains de vouloir rentrer dans les détails. En 2012, Muthu Alagappan, alors étudiant à Stanford, avait ainsi proposé un modèle visant à classer les joueurs NBA selon des critères plus précis. En compilant les données, il avait trouvé 13 positions, qu’il avait ensuite ramené à 10.
Sa cartographie de l’univers NBA, basée sur des données statistiques, a été critiquée, et elle reste évidemment imparfaite. Mais elle met bien en lumière le fait que des joueurs d’un même poste (comme celui de meneur) peuvent en fait être dans des registres très différents.
Une autre façon de voir les choses a été proposée, là encore en s’appuyant sur les données statistiques, et définie grâce au « machine learning ». De quoi dégager cinq postes, mais aux spécificités assez différentes : le « spécialiste du 3-points » (JR Smith, Eric Gordon, Kyle Korver…), le « facilitateur » (LeBron James, Stephen Curry, James Harden…), le « scoreur désigné » (Kevin Durant, Kyrie Irving, Russell Westbrook…), « l’intérieur stationnaire » (Rudy Gobert, DeAndre Jordan, Hassan Whiteside…) et « l’intérieur mobile » (Dirk Nowitzki, Kevin Love, Kelly Olynyk…).
« Ailier », « meneur », « facilitateur », « All-Star offensif/défensif », « porteur du ballon »… Comment appeler LeBron James ? Impossible de répondre car ce sont simplement des étiquettes pour une réalité trop complexe. Ce qui est sûr, c’est que le triple champion n’est jamais meilleur que lorsqu’il a le ballon en main, entouré de shooteurs. Et l’important, c’est que les Lakers en reviennent à cette formule.