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Portrait | Derrick Coleman, viva la diva

Comparé à Charles Barkley et Karl Malone lors de son arrivée dans la Ligue en 1990, Derrick Coleman aurait pu devenir l’un des meilleurs 4 de l’histoire.


Un cadeau du ciel. C’est ce que qu’ont pensé les New Jersey Nets en retenant Derrick Coleman en première position de la Draft 1990. Sa saison rookie va conforter cette impression. Elu « Débutant de l’année », Coleman redonne vie à une équipe moribonde, créditée de 17 misérables victoires l’exercice précédent. Le roster est déprimant au possible autour de Mookie Blaylock et Sam Bowie, passé à la postérité pour avoir été retenu devant Michael Jordan lors de la Draft 1984. Avec ses 18.4 points et 10.3 rebonds de moyenne, Coleman envoie un message à la planète basket : « Les faibles n’ont rien à faire en NBA ».

A peine arrivé, il a déjà tout compris. L’attitude à avoir. Le discours à tenir. Le problème de Derrick, c’est son trop-plein d’assurance. Trop de fierté. Trop d’amour-propre. Il a fait inscrire en lettres d’or à l’arrière de sa Jeep Cherokee : « Jeune, surdoué et Noir ». Sûr de lui autant qu’ambitieux, il attrape tout de suite le melon en déclarant : « Je suis l’équipe à moi tout seul. Si vous avez besoin d’un joueur capable de tout faire sur un terrain, appelez-moi ! Je ne veux être le dauphin de personne. Je serai dans la même catégorie que des gars comme Jordan, Magic, Bird et Barkley. »

Une vraie tête de lard

Né à Mobile, en Alabama, le 21 juin 1967, Coleman a grandi à Detroit où l’intimidation est un art. Une façade nécessaire pour survivre. A 21 ans, il n’a peur de rien ni de personne. « Mon passé, mon enfance à Detroit expliquent ma personnalité et mon refus de la défaite. J’ai toujours eu horreur de perdre, même aux billes. Certains disent que j’ai une grande gueule ou que j’ai chopé le boulard. Ils n’ont rien compris. J’ai confiance en moi, c’est tout. »

Il n’y a pas que la confiance. Derrick est un dur, un vrai. Une réputation née dans la rue et sur les playgrounds, entretenue au lycée et trimbalée jusqu’à l’université. Il y eut de nombreuses bastons, divers incidents et plusieurs prises de bec avec son coach à la fac de Syracuse, Jim Boeheim. « Personne ne peut me dire ce que je dois faire. J’accepte les conseils mais c’est moi qui prends les décisions. Bonnes ou mauvaises, ça, c’est mon problème. »

Boeheim et Coleman restent malgré tout en contact. Le coach des Orangemen constate que « Derrick n’en fait toujours qu’à sa tête ». Mais il lui rend un bel hommage quand il affirme : « J’ai rarement vu un basketteur ayant aussi peu de déchet dans son jeu. Malgré les apparences, il est très réfléchi. Il sait quand il faut passer, shooter ou calmer le jeu. »

Des éloges justifiés tant Coleman a marqué son passage à Syracuse. Il détient le record de points pour l’université. Surtout, il fut le premier joueur dans l’histoire de la NCAA à compiler plus de 2 000 points, plus de 1 500 rebonds et plus de 300 contres. Une performance qui lui permet de battre un record dès son arrivée en NBA avec l’obtention d’un contrat lui garantissant 15 millions de dollars sur 5 ans. Du jamais-vu pour un rookie.

Cela ne lui suffit pas : Coleman annonce qu’il demandera une augmentation dans les deux ans. Derrick ne doute de rien. Et surtout pas de lui. En arrivant chez les pros, il s’assagit un peu. Oh, très légèrement… Lors de sa saison rookie, il corrige un de ses coéquipiers pour une banale histoire de billets de match. Au moins, il n’a pas d’altercation avec son coach, Bill Fitch. Peut-être parce que ce dernier lui adresse un joli compliment : « Derrick est le prototype de l’ailier des années 90. Plus rapide encore que Karl Malone, plus costaud que Charles Barkley, plus grand que Scottie Pippen et meilleur shooteur que ces trois-là. »

Exagéré ? Pas tant que ça. Avec ses 2,08 m et 104 kg, « D.C. », gaucher, offre un cocktail épatant de puissance, d’agilité, de mobilité et d’adresse. Il est très fort près du cercle, bon passeur, adroit derrière l’arc… Polyvalent au possible. L’ailier moderne par excellence. Et puis Derrick s’est calmé. Au placard, le trop-plein d’agressivité et de violence. Maintenant, quand quelque chose ne lui plaît pas, il est plutôt du genre bougon. Il abrège une conversation en tournant le dos puis les talons. « Il faut garder ses distances. J’ai appris ça en devenant adulte. Si je ne me protège pas moi-même, qui d’autre le fera ? »

Flambeur mais généreux

Comme tous les durs, Coleman peut avoir le cœur sur la main. Après avoir signé son premier contrat, il fait profiter sa famille de sa fortune toute neuve. Une maison pour sa mère, une voiture pour son oncle, des cadeaux aux uns et aux autres. Dans le quartier de son enfance, il fait construire un superbe terrain de basket avec des panneaux en plexiglas et des cercles à ressorts. Tout le monde peut y jouer mais seuls les durs peuvent s’imposer. En NBA, la loi est la même. New Jersey gagne peu à peu le respect. Durant sa deuxième saison chez les Nets, en 1991-92, la shooting machine Drazen Petrovic dépasse les 20 points de moyenne. Coleman colle aux basques du sniper croate (19.8 pts). Mookie Blaylock envoie tout ce joli monde en playoffs. Au premier tour, Cleveland plie l’affaire en quatre matches. Derrick écrase une larme en voyant Blaylock faire ses cartons, direction Atlanta (lire « Mookie Blaylock, mi-aigle, mi-cobra »). La mène est confiée au petit prodige new-yorkais Kenny Anderson, épisode également retracé dans cette rubrique (lire « Kenny Anderson, New York Story »). Sur le banc, Chuck Daly remplace Bill Fitch. Les Nets retrouvent Cleveland en ouverture des playoffs. Ils prennent un match de plus, ce qui ne suffit toujours pas. L’élimination est complètement dérisoire à côté de la tragédie frappant la franchise le 7 juin suivant avec l’accident de voiture qui coûte la vie à Petrovic sur une autoroute allemande (lire « Drazen Petrovic, putain de camion »).

Coleman devient logiquement meilleur scoreur (20.2 pts) d’une équipe de New Jersey toujours réduite à l’état d’amuse-gueule en playoffs. Cette fois, c’est New York qui se met en appétit (3-1). Derrick n’a pas tout perdu. Il a fêté sa première sélection All-Star à Minneapolis – ce sera la seule – avec son coéquipier Kenny Anderson et se voit convié au championnat du monde 1994 avec la Dream Team II (8.6 pts de moyenne).

Un poison pour un groupe

derrick-coleman-sports-illustratedUne grave blessure ampute sa saison suivante de 26 matches. Il fait la gueule. Le soufflé est retombé : New Jersey n’a plus d’âme. Le courant ne passe pas du tout avec le nouveau coach, Butch Beard, qui lui reproche son je-m’en-foutisme et son égoïsme. Au locker room, la diva fait des siennes. Beard impose un dress code. Ou les joueurs le respectent ou les amendes pleuveront. La seule réponse de Coleman est de lui tendre un chèque en blanc. Charge, à l’entraîneur, d’inscrire le montant total des amendes dont il devra s’acquitter… Kenny Anderson s’y met aussi. Le meneur se plaint de ne pas avoir assez de shoots à cause de la boulimie du n°44. En janvier 1995, « Sports Illustrated » se fend d’une couverture assassine pour l’intéressé. « Petulant prima donnas like New Jersey’s Derrick Coleman are bad news for the NBA. » « Les prima donna susceptibles comme Derrick Coleman à New Jersey sont une mauvaise nouvelle pour la NBA »

Disons-le, Derrick est aussi victime du délit de sale gueule. La suffisance et l’arrogance semblent dessiner chaque trait de son visage, avec un regard narquois et une moue ironique. Tête à claques, fumiste, fainéant : « D.C. » semble réunir toutes les tares du sportif pro raté. Mais il ne fait rien pour soigner son image. Durant un match contre le Jazz, il allume Karl Malone en le traitant « d’Oncle Tom », expression péjorative donné à un Noir qu’on accuse d’être assujetti au pouvoir blanc.

Le 30 novembre 1995, New Jersey expédie Coleman chez les Sixers contre Shawn Bradley. Cette équipe de Philadelphie ne s’est toujours pas remise du départ de Charles Barkley. Limité à 11 rencontres pour cause de blessure, Coleman n’est d’aucune utilité. L’arrivée d’Allen Iverson en 1996 ouvre une ère nouvelle pour Philly. Le natif de Mobile fait le taff en rapportant 18.1 points par match, assortis de 10.1 rebonds et 3.4 passes. Mais la tête brûlée ne s’est pas fait une religion. Un joueur de caractère l’est pour la vie. L’histoire du sport professionnel n’offre pas d’exemples d’éléments ingérables devenus des coéquipiers sans histoires.

Un habitué des commissariats

Par son manque d’engagement, sa mauvaise volonté, ses blessures à répétition, réelles ou exagérées (seulement 4 saisons à 70 matches ou plus en 15 ans de carrière), Coleman est à lui seul un poison pour une équipe de Philadelphie toujours engluée dans les bas-fonds de l’Eastern. C’est un intérieur consistant mais pas mieux qu’un role player. Il a pris du poids, abuse de l’alcool. Et puis Derrick est bien connu des inspecteurs (sorry, on n’a pas pu résister…). Son casier judicaire, encore au stade de brouillon, commence à s’étoffer. 1988 à Syracuse : harcèlement. 1995 à Detroit : refus d’obtempérer à la police qui lui demande de déplacer son camion, insultes envers un agent. 1997 à Detroit : entrave à une enquête de police. 1999 à Detroit : il pisse dans le restaurant italien « Intermezzo », devant le patron, le personnel et les clients… Au tribunal, il expliquera qu’une boisson lui a échappé des mains, tâchant son pantalon. Free-agent en janvier 1999, il rejoint les Charlotte Hornets… qui se portent mieux sans lui (34-14 sans lui en 2000-01, 12-22 avec lui). En octobre 2001, un blockbuster trade impliquant le pivot français Jérôme Moïso le renvoie en Pennsylvanie.

Depuis son départ des Nets, Coleman pèse grosso modo 14 points et 8 rebonds. Larry Brown le convainc de le rejoindre chez les Pistons en 2004 mais le champion NBA sortant stoppe les frais au bout de cinq rencontres. Terminus. Côté faits divers, on trouve des arrestations pour conduite en état d’ébriété, conduite sans permis légal et une sérieuse collision nocturne entre sa voiture de sport et une remorque de tracteur à Charlotte. Coleman et sa passagère sont lacérés au visage. Eldridge Recasner, shooting guard remplaçant des Hornets, frôle la mort avec un poumon perforé (plus une fracture de l’épaule droite). Alors que son coéquipier est en soins intensifs, un Coleman guilleret badine dans les couloirs de l’hôpital… Recasner lui en voudra de ne pas avoir pris de ses nouvelles durant toute la semaine suivant l’accident.

« Il aurait pu devenir le meilleur ailier-fort de l’histoire »

A l’instar d’un Shawn Kemp, Derrick Coleman demeure l’exemple d’un ratage spectaculaire, d’un gros potentiel resté sous-exploité (« underachiever », disent les Ricains). Au moins the « Reign Man » a-t-il tutoyé les étoiles. « Sports Illustrated » écrivait encore à son sujet : « Coleman aurait pu devenir le meilleur power forward de tous les temps. Au lieu de ça, il fut juste assez bon pour être sûr de toucher le chèque suivant. »

A 54 ans, l’ex-premier choix de draft est aujourd’hui ruiné, après avoir dilapidé ses 91 millions de gains en carrière. Pourtant, à la fin de sa carrière, il avait débuté une nouvelle vie comme businessman, associé avec Dave Bing, l’ancien maire démocrate de Detroit. Coleman a toujours considéré Bing (76 ans) comme son mentor. Bing est un ancien joueur NBA, passé lui aussi à Syracuse. Sept fois All-Star, cet arrière a fait son entrée au Hall of Fame en 1990 et a été retenu parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire. Ils s’étaient rencontrés quand Derrick avait 14 ans et sont restés amis. Malheureusement, à l’image de la ville de Detroit, toutes les affaires de Coleman sont en faillite, mais il reste toujours très actif auprès de la communauté, et comme Rasheed Wallace, il participe depuis plusieurs années à la distribution d’eau potable à Flint, touchée par une grave crise sanitaire.

 

PALMARÈS

All-NBA Third Team : 1993, 94

All-Star : 1994

Champion du monde : 1994

Rookie de l’année : 1991

NBA All-Rookie First Team : 1991

Derrick Coleman Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
1990-91 NJN 74 35 46.7 34.2 73.1 3.6 6.6 10.3 2.2 2.9 1.0 2.9 1.3 18.4
1991-92 NJN 65 34 50.4 30.3 76.3 3.1 6.4 9.5 3.2 2.6 0.8 3.8 1.5 19.8
1992-93 NJN 76 36 46.0 23.2 80.8 3.3 8.0 11.2 3.6 2.8 1.2 3.2 1.7 20.7
1993-94 NJN 77 36 44.7 31.4 77.4 3.4 7.9 11.3 3.4 2.7 0.9 2.7 1.8 20.3
1994-95 NJN 56 38 42.4 23.3 76.7 3.0 7.6 10.6 3.3 2.9 0.6 3.1 1.7 20.5
1995-96 PHL 11 27 40.7 33.3 62.5 1.2 5.4 6.6 2.8 2.7 0.4 2.6 0.9 11.2
1996-97 PHL 57 37 43.5 26.9 74.5 2.8 7.3 10.1 3.4 2.9 0.9 3.2 1.3 18.1
1997-98 PHL 59 36 41.1 26.5 77.2 2.5 7.4 10.0 2.5 2.4 0.8 2.7 1.2 17.6
1998-99 CHA 37 32 41.4 21.2 75.3 2.1 6.8 8.9 2.1 2.6 0.7 2.4 1.1 13.1
1999-00 CHA 74 32 45.6 36.2 78.5 1.7 6.9 8.5 2.4 2.6 0.5 2.3 1.8 16.7
2000-01 CHA 34 20 38.0 39.2 68.5 1.4 4.1 5.4 1.2 1.6 0.3 1.2 0.6 8.2
2001-02 PHL 58 36 45.0 33.7 81.5 2.9 5.9 8.8 1.7 2.7 0.7 2.1 0.9 15.1
2002-03 PHL 64 27 44.8 32.8 78.4 2.4 4.7 7.0 1.4 2.7 0.8 1.5 1.1 9.4
2003-04 PHL 34 25 41.3 22.2 75.4 1.3 4.3 5.7 1.4 2.3 0.7 1.7 0.8 8.0
2004-05 DET 5 10 21.4 0.0 100.0 0.6 2.4 3.0 0.0 1.2 0.0 0.4 0.0 1.8
Total   781 33 44.7 29.5 76.9 2.7 6.6 9.3 2.5 2.6 0.8 2.6 1.4 16.5

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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