Depuis maintenant dix ans, Basket USA vous propose chaque mardi son Top 5 des candidats au trophée de « Most Valuable Player (MVP) ». Et derrière les Nikola Jokic, Joel Embiid ou autres Ja Morant, qui n’en finissent plus de faire parler d’eux depuis quelques jours, il y a un nom qu’il ne faut pas omettre : celui de Chris Paul.
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Car, même à 36 ans passés, et alors qu’il se rapproche tout doucement de son 37e anniversaire, « CP3 » continue de rayonner avec les Suns, détenteurs du meilleur bilan de NBA (40 victoires – 9 défaites). En témoignent, notamment, ses 10.3 passes et 1.9 interception de moyenne, qui font de lui le meilleur passeur et le deuxième meilleur intercepteur de la ligue.
Des chiffres qui complètent à merveille ses 14.8 points et 4.6 rebonds de moyenne, d’autant qu’il les affiche en shootant à 49% aux tirs, 35% à 3-pts et 85% aux lancers-francs. Le tout sans jamais avoir été absent et en ne commettant que 2.3 pertes de balle par rencontre.
Et c’est finalement cet aspect du jeu de Chris Paul qui impressionne le plus, comme depuis le début de sa carrière, puisque celui-ci ne fait preuve de quasiment aucun déchet sur le parquet. Alors qu’il est, comme toujours, le principal dépositaire du jeu de son équipe.
La crème des organisateurs
Déjà détenteur du record NBA du plus grand nombre de matchs (49) à 10+ passes et 0 perte de balle, le « Point God » possède en prime le meilleur « ratio passe/perte de balle » de l’histoire (3.94), parmi les 13 joueurs éligibles qui totalisent au moins 7 500 passes décisives en carrière. Ce qui signifie que, depuis ses débuts dans la ligue en novembre 2005, le meneur de Phoenix délivre près de 4 passes décisives avant de perdre un ballon. Une prouesse saisissante !
À titre de comparaison avec certains des autres meilleurs passeurs de l’histoire, le « ratio passe/perte de balle » de John Stockton n’est que de 3.72, celui de Jason Kidd n’est que de 3.02, celui de Steve Nash n’est que de 2.97, celui de Mark Jackson n’est que de 3.28, celui de Magic Johnson n’est que de 2.89 et celui de LeBron James n’est que de 2.11.
En revanche, si l’on élargit l’échantillon aux 59 joueurs éligibles qui totalisent au moins 5 000 passes décisives en carrière, on remarque que quelqu’un explose le chiffre de Chris Paul. Il s’agit effectivement du lutin Muggsy Bogues, dont le « ratio passe/perte de balle » est de… 4.69 ! Mais, l’ancien meneur de poche (1m60) des Hornets excepté, personne ne fait mieux que « CP3″.
D’ailleurs, il n’est guère surprenant d’apprendre également que, parmi les joueurs qui ont déjà tourné à 10+ passes décisives de moyenne sur une saison, Muggsy Bogues et surtout Chris Paul trustent le Top 10 des meilleurs « ratio passe/perte de balle » de l’histoire, sur un seul exercice. Et que la campagne 2021/22 de l’actuel Sun (4.45 de « ratio passe/perte de balle ») est bien partie pour intégrer ce même Top 10, aux portes du Top 5…
Top 10 des meilleurs « assist-to-turnover ratio » sur une saison
(minimum 10 passes décisives de moyenne)
5.94 — Muggsy Bogues (1989/90)
4.65 — John Lucas (1983/84)
4.65 — Chris Paul (2013/14)
4.64 — Chris Paul (2007/08)
4.59 — Muggsy Bogues (1993/94)
4.45 — Chris Paul (2021/22)
4.43 — Chris Paul (2014/15)
4.31 — John Stockton (1987/88)
4.28 — Chris Paul (2009/10)
4.14 — John Stockton (1989/90)
Top 10 des meilleurs « assist-to-turnover ratio » en carrière
(minimum 5 000 passes décisives)
4.69 — Muggsy Bogues
3.94 — Chris Paul
3.84 — José Calderón
3.72 — John Stockton
3.58 — John Lucas
3.34 — Avery Johnson
3.29 — Rickey Green
3.28 — Mark Jackson
3.26 — Maurice Cheeks
3.12 — Nick Van Exel
Top 10 des meilleurs « assist-to-turnover ratio » en 2021/22
5.46 — Tyus Jones (MEM)
4.88 — Blake Griffin (BKN)
4.45 — Chris Paul (PHX)
4.35 — Patrick Beverley (MIN)
4.22 — Andre Iguodala (GSW)
4.17 — Tre Jones (SAS)
3.95 — Jaylen Nowell (MIN)
3.78 — Tyrese Maxey (PHI)
3.78 — Amir Coffey (LAC)
3.75 — Monte Morris (DEN)
Un tueur dans les moments chauds
Mais, au-delà de l’aspect des passes décisives et des pertes de balle, il y a un autre domaine dans lequel Chris Paul excelle avec les Suns, cette saison. Il s’agit du « clutch-time », comprenez là les cinq dernières minutes d’un match dont l’écart entre les deux équipes est égal ou inférieur à 5 points.
C’est généralement à ce moment-là que les grands joueurs sortent de leur boîte pour faire gagner les leurs. Et Phoenix, sous la houlette de son « Point God », prend aujourd’hui un malin plaisir à achever ses adversaires à cet instant précis, puisque la franchise de l’Arizona détient un incroyable bilan de 19 victoires et 3 défaites (soit 86.4% de succès !), quand le sort d’une rencontre se décide dans ce fameux « clutch-time ».
À la fois étouffants (« Defensive Rating » de 90.3) et chirurgicaux (« Offensive Rating » de 135.1) à ce moment de la partie, depuis le début de cet exercice 2021/22, les Suns n’ont clairement aucun d’équivalent dans la ligue, lorsqu’il leur faut plier l’affaire et décrocher la victoire. Quant à Chris Paul, tel un diesel, il a maintenant pris l’habitude de briller principalement dans les derniers quarts-temps. Tant au scoring qu’à la création.
Les statistiques de Chris Paul, quart-temps par quart-temps
QT1 : 1.9 pt, 3.0 pds et 0.5 pdb en 8 min, à 42% aux tirs et 22% à 3-pts.
QT2 : 4.2 pts, 2.5 pds et 0.7 pdb en 9 min, à 51% aux tirs et 39% à 3-pts.
QT3 : 3.2 pts, 2.1 pds et 0.5 pdb en 8 min, à 47% aux tirs et 28% à 3-pts.
QT4 : 5.7 pts, 2.9 pds et 0.7 pdb en 9 min, à 53% aux tirs et 42% à 3-pts.
Confirmée par les chiffres ci-dessus, l’impression de tueur qui se dégage chez « CP3 » s’est d’ailleurs vérifiée à plusieurs reprises ces derniers jours, puisque le futur Hall of Famer a livré de très bonnes 12 dernières minutes face au Jazz (24 janvier), dans l’Utah (26 janvier), face aux Wolves (28 janvier) puis face aux Spurs (30 janvier). Et ses récentes prestations globales lui ont d’ailleurs valu d’être élu « Player of the week » à l’Ouest pour la première fois depuis décembre 2017.
Mais pour en revenir au « clutch-time », on constate également que Chris Paul a une influence considérable sur le jeu de Phoenix, lui qui affiche dans ces conditions un incroyable +/- de +81 (le N°1 de NBA) et un « Net Rating » de +47.5 (le N°2 de NBA), pour aller avec ses 60 points (en 69 minutes) et ses 23 passes décisives (contre 4 pertes de balle), à 56% aux tirs et 82% aux lancers-francs.
Efficacité totale (somme de tout ce qu’apporte un joueur individuellement), par rapport au « Net Rating » dans le « clutch-time », cette saison
Tel un chirurgien, Chris Paul opère donc dans les défenses adverses avec une précision folle, abreuvant de ballons ses coéquipiers, généralement sur « pick-and-roll » ou sur « pick-and-pop », tout en faisant lui-même la différence, la plupart du temps à mi-distance. Un véritable patron, qui semble carrément se bonifier avec les années.
Si sa candidature pour le trophée de MVP n’est peut-être pas la plus ronflante de toutes, le meneur des Suns possède cependant de sérieux arguments à faire valoir en tant que chef d’orchestre de la meilleure équipe de la ligue. D’autant que Phoenix a, rappelons-le, changé de dimension depuis son arrivée dans l’Arizona, en novembre 2020…
1 – Nikola Jokic (Nuggets)
Bilan : 28 victoires, 21 défaites – 5e à l’Ouest.
Matchs : 44 disputés sur 49 possibles.
Stats : 26.0 pts, 13.7 reb, 7.8 pds, 1.4 int, 0.8 ctr et 3.5 pdb en 33 min.
Pourcentages : 57% aux tirs, 38% à 3-pts et 81% aux lancers.
2 – Joel Embiid (Sixers)
Bilan : 31 victoires, 19 défaites – 3e à l’Est.
Matchs : 38 disputés sur 50 possibles.
Stats : 29.1 pts, 10.8 reb, 4.4 pds, 0.9 int, 1.4 ctr et 3.0 pdb en 33 min.
Pourcentages : 50% aux tirs, 37% à 3-pts et 81% aux lancers.
3 – Chris Paul (Suns)
Bilan : 40 victoires, 9 défaites – 1er à l’Ouest.
Matchs : 49 disputés sur 49 possibles.
Stats : 14.8 pts, 4.6 reb, 10.3 pds, 1.9 int, 0.3 ctr et 2.3 pdb en 33 min.
Pourcentages : 49% aux tirs, 35% à 3-pts et 85% aux lancers.
4 – Stephen Curry (Warriors)
Bilan : 38 victoires, 13 défaites – 2e à l’Ouest.
Matchs : 47 disputés sur 51 possibles.
Stats : 26.0 pts, 5.5 reb, 6.3 pds, 1.5 int, 0.4 ctr et 3.2 pdb en 35 min.
Pourcentages : 42% aux tirs, 38% à 3-pts et 91% aux lancers.
5 – DeMar DeRozan (Bulls)
Bilan : 31 victoires, 18 défaites – 1e à l’Est.
Matchs : 45 disputés sur 49 possibles.
Stats : 26.4 pts, 5.0 reb, 5.0 pds, 0.8 int, 0.3 ctr et 2.2 pdb en 35 min.
Pourcentages : 50% aux tirs, 35% à 3-pts et 86% aux lancers.
Mentions : Ja Morant (Grizzlies), Kevin Durant (Nets), Giannis Antetokounmpo (Bucks), Rudy Gobert (Jazz), LeBron James (Lakers), Jimmy Butler (Heat), Devin Booker (Suns), Luka Doncic (Mavericks)…
LEXIQUE |
Net Rating : la différence entre le nombre de points marqués et le nombre de points encaissés par un joueur ou une équipe, sur 100 possessions.
Offensive Rating : le nombre de points marqués par un joueur ou une équipe, sur 100 possessions.
Defensive Rating : le nombre de points encaissés par un joueur ou une équipe, sur 100 possessions.