Il était une fois la Fredette-mania

Pour mieux comprendre le phénomène Jimmer Fredette, nous avons donc discuté avec un ancien coéquipier, qui joue désormais en France.

Mais pour en savoir plus sur sa saison de folie, nous en avons aussi discuté avec Kyle Chilton, directeur des relations média à BYU. ce soir, et alors que le match face à Florida se dispute à la Nouvelle Orleans, ils seront près de 23 000 à se rendre à la salle de la fac’ pour regarder le match !

Peux-tu nous résumer ton job ?

C’est une combinaison de beaucoup de choses. J’essaie de tout mettre en place pour faciliter le contact entre les joueurs et les journalistes ou les reporters TV. J’organise les conférences de presse et je gère les informations qui sortent sur l’équipe. Je voyage avec eux pour les matchs à l’extérieur. Je m’occupe aussi des entretiens radio que nous avons avant et après les matchs. Tout ce qui est publié sur le site Internet, passe d’abord par moi.

Cette saison n’a pas dû être de tout repos ?

On a connu une saison assez agitée à cause de toute l’attention qui s’est portée sur notre équipe et Jimmer en particulier. On a toujours été suivis de manière assez intense par les médias, mais cette saison, c’était de la folie. On a reçu beaucoup d’attention de la part des TV nationales, comme ESPN, Sports Illustrated et tous les gros sites webs. Ça a représenté une grosse part de mon boulot, de manager tout ça.

Comment as-tu géré cette soudaine pression médiatique autour de Jimmer ?

Tout a commencé en janvier dernier, quand il a marqué 47 points contre nos rivaux de Utah. Ce soir là, Sports Center (ESPN) a appelé, puis le jour suivant on a reçu des tonnes d’appels des médias nationaux. On a commencé à s’organiser et à être plus sélectif dans les interviews qu’on accordaient. On a décidé de privilégier les interviews destinés aux grands médias comme Sports Center, ESPN Radio, Fox Sports Radio, car on sait que beaucoup de gens les écoutent ou les regardent. Le temps de Jimmer est précieux, comme pour chacun d’ailleurs, mais on ne voulait pas monopoliser son temps pour les interviews. On voulait qu’il bénéficie de cette couverture médiatique, mais qu’il puisse aussi se concentrer sur le reste. On a lui a fait un petit programme en accord avec le head-coach. Progressivement, on a tout mis en place. Je pense qu’on a fait du bon boulot, qu’on a su capitaliser tout cette attention pour que Jimmer en bénéficie, mais pour faire aussi en sorte qu’il ait du temps pour étudier et pour être lui même.

Comment expliques-tu cette Fredette-Mania qui s’est emparée du pays ?

C’est complètement fou. Ce ne sont pas simplement les gens de l’Utah et de ses alentours qui le suivent, c’est carrément devenu un phénomène national. Je pense que la principale raison, c’est qu’ESPN est tombé amoureux de lui en quelque sorte, en diffusant pleins de petits clips de lui. C’est vrai que c’est un joueur unique, la façon dont il joue en shootant de très loin. C’est un vrai compétiteur, intense, que les gens adorent voir jouer. Il ressemble à un mec normal et je pense que les gens arrivent à s’identifier à lui. Son prénom également est unique, « Jimmer ». Les fans l’utilisent désormais à chaque occasion qu’ils peuvent comme « You got Jimmered » où des trucs du genre. Ils s’aiment s’amuser avec ça, le transformer pour chambrer un peu.

Mais il ne faut pas oublier une chose. La raison pour laquelle les gens savent qui il est aussi parce que nous sommes une top 10 team. Lorsque nous n’en étions pas une, Jimmer n’avait pas autant d’attention qu’il n’a eu depuis. Il faut accorder beaucoup de crédit à ses coéquipiers. Il peut marquer plus de 40 points chaque soir, sans leur aide, rien de tout cela ne serait arrivé.

BYU a-t-il déjà connu un tel phénomène par le passé ?

Pas depuis que je suis là. Si on regarde dans l’histoire de Brigham Young University, on a eu de bonnes équipes, mais notre dernière grosse campagne dans le tournoi NCAA remonte à près de trente ans, à l’époque de Danny Ainge. Beaucoup de gens disent que l’attention était très élevée en ce qui le concerne à cette époque, mais le monde des médias a complètement changé depuis. Je ne sais même pas si ESPN existait. Aujourd’hui il y a tellement de moyens de partager une info, c’est juste complètement différent, je ne pense pas qu’on puisse comparer ces deux époques.

As-tu un moyen de quantifier l’attention qui s’est portée sur Jimmer cette saison?

Je n’ai pas de chiffres en particulier, mais il y a une chose que je peux dire qui, je trouve, résume bien la situation. Avant cette saison, j’ai très rarement refusé des demandes d’interviews. On a toujours eu suffisamment de temps pour satisfaire les exigences des médias. Cette année, j’ai dû refusé des demandes d’interviews tous les jours de la saison, au quotidien. Tout simplement parce que nous n’avions pas assez de temps disponible pour tout le monde. Pour la plupart, ils le comprennent. Jimmer est aussi un étudiant, il a sa vie personnelle.

Quelle est l’ambiance autour de cette aventure au moment d’affronter Florida ce soir ?

Je suis en Nouvelle-Orleans avec l’équipe, mais je sais que tout le monde va remplir le Mariott Center ce soir (22 700 places) pour regarder le match. J’ai eu des nouvelles en provenance de la fac hier. Les maillots avec le numero 32 se vendent de manière incroyable. De tous les athlètes qui sont passé à BYU, il est entrain de battre des records. Dans tout l’Utah et spécifiquement à Provo les gens sont très excités avant le match de ce soir. C’est le match le plus important de notre l’histoire depuis 30 ans, lorsque Danny Ainge a mis ce shoot à la dernière seconde contre Notre Dame (voir la vidéo ci-dessous). Tout les fans de BYU à travers le pays seront derrière leurs TV pour nous soutenir.

Retour sur l’époque de Danny Ainge