Après le Game 4 et avec une avance de 3-1, les Clippers avaient un pied et demi en finale de conférence, ce qui aurait été une première dans leur histoire. Mais encore une fois, ils ont échoué, gaspillant à chaque fois deux avances conséquentes. Résultat : comme contre Utah, les Nuggets ont effacé ce retard et arraché une ultime rencontre.
Nikola Jokic estime que la pression est sur les épaules des Clippers, qui tremblent au pire moment, alors que les coéquipiers du Serbe ont le vent dans le dos. Au point de renverser définitivement Los Angeles, un des grands favoris pour le titre ? Il reste un dernier effort à produire.
La concentration des Clippers
On peut appeler ça de différentes manières comme le fait Doc Rivers, qui parle tour à tour de « grande fragilité émotionnelle », « d’absences » ou « d’erreurs mentales », les faits restent les mêmes : les Clippers ne parviennent pas à conclure les matches. Par deux fois, ils ont pris de l’avance (16 points dans le Game 5, 19 dans le Game 6) et, par deux fois, ils ont finalement perdu.
Pour le coach, il n’y a pas de secret, ce sont des erreurs techniques qui justifient ces moments délicats, une défense qui baisse d’un ton par exemple, quand Marcus Morris, lui, pense que c’est un excès de confiance, de la suffisance même. Le mal est profond puisque c’est la septième fois de la saison que les Californiens gâchent une avance d’au moins 15 points avant de s’incliner. Ils ont les capacités pour, dans un premier temps, mettre les mains sur la partie, mais n’arrivent pas ensuite les garder pendant 48 minutes. C’est fâcheux.
Même s’ils assurent ne pas paniquer, les joueurs de Los Angeles risquent d’être fragilisés psychologiquement. S’ils prennent plus de 10 points d’avance en troisième quart-temps ce soir, ne vont-ils pas mécaniquement avoir un moment de doute, puis montrer des signes de faiblesses, en repensant aux derniers matches ?
Le facteur X derrière Nikola Jokic et Jamal Murray
Les Nuggets peuvent compter sur un Nikola Jokic de gala depuis le début de la série (sauf le Game 1 où toute l’équipe des Rocheuses était épuisée) et sur un Jamal Murray solide malgré la défense imposée par les Clippers. Mais pour renverser Los Angeles, les deux joueurs ont besoin de soutien. Ils en ont reçu lors des deux derniers matches et ce qui est intéressant pour Michael Malone, c’est qu’il est très varié.
Dans le Game 5 par exemple, ce fut dans un premier temps Paul Millsap. L’intérieur, très moyen depuis le début des playoffs, s’était réveillé en se chauffant avec Marcus Morris et il avait réalisé un excellent troisième quart-temps. Puis, dans le « money time », c’est Michael Porter Jr. qui avait flambé avec un gros shoot décisif, pour assumer ses propos après le Game 4 dans lesquels il réclamait plus de ballons.
Enfin, dans le Game 6, c’est Gary Harris qui a pointé le bout de son nez dans le dernier quart-temps, avec deux tirs primés très importants. La défense des Clippers est concentrée sur Jokic et Murray et elle n’hésite pas à les prendre à deux parfois. C’est là que leurs coéquipiers doivent en profiter pour sanctionner ces choix.
En plus d’un duo Jokic-Murray très en forme, l’attaque de Denver a besoin de mouvements, d’équilibre et de réussite de loin pour donner sa pleine mesure. C’est là qu’elle bouscule les Clippers et provoque des fautes.
Le banc de Los Angeles
Maladroit, inquiétant et sujet de moqueries au premier tour, Paul George a retrouvé ses sensations dans cette série. Il est adroit à 3-pts et seconde très bien un Kawhi Leonard qui n’a pas grand chose à se reprocher. Sauf que derrière les deux All-Stars, il manque une troisième arme. Certes, Marcus Morris réalise une bonne série, mais les critiques se portent surtout sur le duo Lou Williams – Montrezl Harrell.
Les deux meilleurs remplaçants de la ligue (ils ont remporté les trois derniers trophées de meilleur sixième homme) sont loin de leur niveau habituel. La preuve : ils compilent 20.8 points par match à eux deux, alors que c’est pratiquement la moyenne de l’un comme l’autre en saison : 18.2 points pour Lou Williams, 18.6 points pour Montrezl Harrell. Les deux joueurs ont souffert d’une expérience compliquée dans la « bulle ». Ils ont été touchés par des deuils, ont quitté Disney World et depuis leur retour, leur impact est moindre.
Il ne faut pas oublier Landry Shamet, qui ne met par un tir extérieur (17 % à 3-pts), ou Reggie Jackson, peu utilisé et inexistant. Alors que les Clippers présentent sur le papier un des bancs les plus puissants et redoutés de la ligue, pour l’instant, il n’apporte pas grand-chose et souffre particulièrement en défense. Et comme Patrick Beverley se laisse souvent emporter par son agressivité, Kawhi Leonard et Paul George auront pourtant bien besoin de l’apport des remplaçants pour trouver du rythme.
Car quand ils défendent fort et peuvent vite se projeter, les Clippers prennent systématiquement l’ascendant…