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Roman de l’hiver : Larry Bird-Magic Johnson (12)

« Larry Bird-Magic Johnson, Quand le jeu était à nous » raconte la formidable rivalité, dans les années 1980, entre l’ailier des Boston Celtics et le meneur des Los Angeles Lakers. Celle qui a assuré le succès et la popularité de la grande Ligue américaine. Embarquez avec nous dans la machine à remonter le temps… Bonne lecture !

Magic Johnson était agacé par l’attention médiatique démesurée dont Larry Bird faisait l’objet. Il n’avait pas la même liberté en attaque (ou dans les tirs) chez les Lakers que celle dont bénéficiait Bird chez les Celtics. Le rôle premier de Magic était de mettre les autres en position, particulièrement Kareem Abdul-Jabbar. Comme il marquait plus et avait de meilleures stats, Bird faisait plus souvent les gros titres.

« Est-ce que j’étais jaloux de l’attention qu’il drainait ? Bien sûr. Mince, j’avais du répondant moi aussi ! Mais les gens n’accordent pas la même importance aux passes qu’aux points. Je ne pouvais rien y faire », a expliqué Johnson.

Larry Bird a passé le All-Star week-end en compagnie de ses coéquipiers de Boston, Robert Parish et Tiny Archibald ; il n’était pas satisfait d’avoir perdu l’opportunité de jouir d’un peu de temps libre. Traditionnellement, les Celtics s’embarquaient dans un road trip sur la côte Ouest après le break du All-Star Game. Bird aurait préféré rester à la maison plutôt que de participer à ce qu’il estimait être un événement de second plan. « Pour être honnête avec vous, avant que David Stern ne devienne commissioner, le All-Star Game, pour moi, c’était n’importe quoi », a confié Larry.

Tous les ans, les All-Stars étaient honorés dans une salle des fêtes géante où ils mangeaient du poulet séché sur une estrade surélevée et assistaient à des divertissements produits par une troupe d’acteurs improbables. A Los Angeles, en 1983, Jonathan Winters fit rire aux éclats tout le staff de la NBA dans les loges en attendant de se faire annoncer. Mais quand il est monté sur scène et qu’il s’est rendu compte que les athlètes qui avaient les yeux rivés sur lui étaient principalement afro-américains, il a compris qu’il n’avait rien à voir avec son auditoire. « Il a été tétanisé, s’est rappelé David Stern. Il est arrivé sur l’estrade et il a commencé par une blague de chauffe sur l’anéantissement des Japonais… J’avais envie de disparaître. »

Les années suivantes se sont révélées tout aussi inconfortables. Le monologue de l’acteur David Steinberg sur l’insémination artificielle et le fait de déposer son contenu dans une bouteille a incité le malheureux Stern, assis à côté de Donald Carter, le propriétaire de Dallas (et chrétien évangéliste), à s’enfoncer davantage dans son siège.

Magic s’ennuie durant le All-Star week-end

Magic Johnson s’affaissait lui aussi sur son siège mais c’était l’ennui et non l’embarras qui altérait sa posture. Il avait horreur de la partie « Divertissement » du programme et envisageait de quitter les lieux en douce une fois que les lumières s’éteindraient. Ses acolytes étaient Isiah Thomas, George Gervin, Norm Nixon et Dennis Johnson. Leur fuite devait s’effectuer deux par deux, à couvert, dans l’obscurité, au moment des chutes de sketch les plus percutantes. Quand les lumières se sont rallumées, la salle était plus qu’à moitié vide.

En 1984, Larry Bird était assis à côté de Kareem Abdul-Jabbar dans une énième salle des fêtes du All-Star week-end, à Denver cette fois, transpirant sous les sunlights braqués sur lui.

« Ça craint !, lui a dit Bird.

– Ces putains de lumières me filent la migraine… », a marmonné Abdul-Jabbar qui s’est levé et qui est sorti.

Les joueurs ne le savaient pas mais leur sort était sur le point de changer. Le 1er février 1984, le lendemain du All-Star Game, David Stern a remplacé Larry O’Brien, qui prenait sa retraite. Il a été intronisé commissioner de la NBA. Si sa notoriété en dehors de la Ligue était limitée, Stern était reconnu en interne comme un avocat brillant et novateur, qui avait milité sans relâche pour un renouveau. Aucun élément, même le plus insignifiant, ne lui échappait : qu’il s’agisse d’un alinéa de l’accord de la convention collective ou du choix de la couleur des serviettes de table pour un dîner avec ses collaborateurs, il s’immergeait complètement, s’impliquant jusque dans les moindres détails. C’était un génie du marketing, avec un carnet toujours rempli de nouvelles idées pour une Ligue en quête de crédibilité.

C’était aussi un dirigeant accessible qui sollicitait l’avis de ses joueurs. Quand Larry Bird lui a dit qu’il détestait le banquet d’avant-match du All-Star Game, Stern l’a remplacé par un buffet dans une salle privée où les joueurs pouvaient aller et venir avec leurs familles. Quand Magic Johnson s’est plaint du programme de divertissement qui ne reflétait pas les centres d’intérêt des athlètes, Stern a engagé le chanteur Jeffrey Osborne. Il s’est montré si efficace que l’assistance s’est levée, poings serrés et bras tendus, en scandant des « Woo ! Woo ! » au lieu de chercher à s’éclipser par une porte dérobée.

« Avec David Stern, le sentiment général qui régnait au sein de la Ligue s’est transformé du jour au lendemain. Il savait ce dont nous avions besoin. Il savait également de quoi il disposait. Larry et moi étions-là, prêts à amener la NBA au niveau supérieur », a commenté Magic.

 

Le conflit NCAA-NBA

David Stern avait bien évidemment regardé la finale NCAA 1979 entre Michigan State et Indiana State mais ce n’était pas la faculté qu’auraient Bird et Magic d’insuffler une nouvelle vie à la NBA qui mobilisait son énergie. Il concentrait davantage son attention sur le fait que les commentateurs n’avaient pas le droit de mentionner la NBA pendant les retransmissions. La NCAA n’avait aucun intérêt à promouvoir le futur terrain de jeu de ses stars.

Les universités étaient en concurrence avec le basket professionnel pour la publicité, le temps de diffusion et les dollars des consommateurs. Et dans cette bataille, elles étaient gagnantes. En 1979, Larry Bird et Magic Johnson ne pesaient tout simplement pas suffisamment, en tant que produits marketing, aux yeux du commissioner Larry O’Brien et de son lieutenant en chef, David Stern. « On était bien trop occupés à survivre », a confié Stern.

En 1952, Larry O’Brien, stratège politique de profession, avait dirigé la campagne sénatoriale d’une jeune étoile montante du parti démocrate, originaire du Massachusetts, appelée John F. Kennedy. O’Brien l’avait ensuite suivi jusqu’à la Maison Blanche. Il était resté en charge dans l’équipe de Lyndon B. Johnson, il avait été nommé « ministre » des Postes et au début des années 70, il était devenu président du Comité national démocrate ; son bureau avait été initialement visé dans le fameux scandale du Watergate qui avait ruiné la présidence de Richard Nixon. Le CV de Larry O’Brien était absolument fascinant mais son passé politique n’avait pas du tout impressionné ses collègues du milieu du basket qui le trouvaient distant, inaccessible et indifférent en ce qui concernait ce sport en lui-même.

Des problèmes financiers faisaient que la NBA envisageait une possible fusion entre les franchises de Denver et d’Utah. Le public de la Ligue était clairsemé, les diffusions télévisées étaient réduites et les stratégies marketing de la NBA étaient rudimentaires. La majorité des basketteurs professionnels étaient afro-américains et les sociétés étaient ouvertement sceptiques sur le fait qu’une ligue principalement constituée de joueurs noirs puisse attirer leurs clients, qui étaient très majoritairement blancs. Au début des années 80, les prévisions concernant la NBA étaient sombres. Les médias dominants prédisaient régulièrement sa disparition.

« La seule fois où nous avons fait 60 minutes, ça a été quand Rudy Tomjanovich a reçu un coup de poing de Kermit Washington ou bien quand ils ont montré tout un pan de sièges vides et Rick Barry, le seul joueur blanc, assis sur le banc. Ça a toujours été négatif », a relaté David Stern.

 

Les rookies propulsés en couverture des guides

Dans une tentative pour capitaliser sur l’arrivée attendue de Magic Johnson et de Larry Bird en NBA, le bureau des relations publiques a pris l’initiative hautement inhabituelle de mettre les rookies sur les couverture du « NBA Register » et du « NBA Guide ». Ces couvertures n’ont que moyennement convenu à David Stern, qui supervisait le bureau marketing et pensait que c’était un affront vis-à-vis de stars établies telles que Kareem Abdul-Jabbar, George Gervin et Julius Erving. Il a consulté son équipe marketing, qui n’était constituée que d’une seule personne – lui-même -, et s’est finalement rangé à l’avis du bureau des relations publiques.

Avant l’arrivée de Bird et Magic, obtenir des contrats de sponsoring était un challenge décourageant. En mai 1982, David Stern a engagé Rick Welts pour créer un nouveau partenariat marketing pour la NBA. Welts, grand fan de basket et ancien joueur des Seattle SuperSonics, travaillait pour Bob Walsh & Associates, l’une des premières entreprises de marketing du pays. Une fois embauché par la NBA, il a revêtu son plus beau costume et il est allé démarché McDonald’s, Coca-Cola et General Motors. Il n’est jamais allé plus loin que le hall d’entrée. Il s’est heurté à la même humiliation quand il a toqué à la porte de firmes plus petites et moins prestigieuses.

« La plupart d’entre elles ne voulaient même pas me rencontrer. Et celles qui ont accepté de le faire m’ont ri au nez ! La NBA avait une terrible réputation dans le monde des affaires », a rapporté Rick Welts.

A la fin des années 70 et 80, alors que de nombreux joueurs doués tombaient les uns après les autres dans les affres de la drogue, la NBA tentait de faire changer la perception catastrophique selon laquelle la Ligue était pleine de toxicomanes.

David Thompson, trois fois All-American à l’université avec une détente sèche de 110 cm, aurait dû être une superstar de la NBA. Au lieu de cela, l’ancienne vedette de North Carolina State s’est empêtrée dans des problèmes de drogue et d’alcool. Il n’a plus été dans la Ligue passé ses 30 ans. John Lucas, un superbe athlète qui avait disputé l’US Open de tennis quand il avait 13 ans et qui avait été le numéro 1 de la draft NBA 1976, est parti en cure de désintoxication suite à des problèmes de cocaïne et d’alcool. Il a ouvert, plus tard, son propre centre de désintoxication à Houston, conçu tout spécialement pour aider les athlètes comme lui.

 

Les ravages de la drogue et de l’alcool

Sly Williams, un jeune talent prometteur des New York Knicks dont les excès étaient devenus notoires, a appelé un jour pour dire qu’il allait manquer un match à cause « (d’une) petite mort dans la famille ». Quatre participants au All-Star Game 1980 – la star de Phoenix Walter Davis, l’arrière de New York Micheal Ray Richardson, l’arrière d’Atlanta John Drew et l’arrière-ailier d’Atlanta Eddie « Fast Eddie » Johnson – ont eu des problèmes d’addiction.

Fast Eddie est parvenu à compiler plus de 10 000 points en carrière malgré sa consommation de cocaïne. John Drew, son coéquipier, a marqué plus de 15 000 points alors même qu’il avait commencé le free base. Drew est parti en cure de désintoxication en 1983. Il est revenu dans la Ligue et il a été désigné « Come-back player de l’année » en 1984. Puis il a replongé, deux ans plus tard, et il a été l’un des premiers joueurs exclus à vie de la NBA.

Les coaches et les general managers naviguaient tant bien que mal dans cet environnement culturel sur fond de drogue. Ils avaient peu de ressources, peu de directives officielles. Hubie Brown, ancien coach des Atlanta Hawks, a reconnu que l’usage de drogues était très répandu, que ce soit dans le sport ou dans le showbiz. Mais c’est la NBA qui essuyait toutes les critiques à cause de la notoriété des joueurs qui se faisaient prendre. Brown a fait la démarche de s’informer afin de pouvoir venir en aide aux joueurs de son groupe concernés par ce problème. Il a même consulté un psychologue. « Mais qu’est-ce que j’y connaissais au free base ou à la coke ? », a-t-il concédé.

Le bureau Sécurité de la Ligue s’est mis en relation avec les responsables de la sécurité publique dans chaque ville NBA afin d’identifier les dealers puis de limiter l’activité entre ces derniers et les joueurs. David Stern a invité les agents fédéraux chargés de la lutte anti-drogue à des réunions de la Ligue pour briefer les coaches, les general managers et les propriétaires sur la façon de détecter les joueurs aux prises avec des problèmes de drogue ou d’alcool. Des conseillers ont été mis à la disposition des athlètes, même s’il n’y avait que peu de joueurs intéressés.

« Il était toujours question de race, de drogue et de salaires astronomiques, a raconté David Stern. La perception de nos joueurs était : « Ils sont noirs, ils ont trop d’argent et donc, parce qu’ils sont noirs et qu’ils perçoivent trop d’argent, ils le dépensent dans la drogue. » »

 

Magic marqué par la mort de Terry Furlow

Terry Furlow, un Afro-américain qui était le meilleur marqueur de la Big Ten à Michigan State la saison précédant l’arrivée de Magic Johnson chez les Spartans, a correspondu de manière tragique à ce profil. Il a sympathisé avec Magic après l’avoir vu dominer l’un de ses matches au lycée. « Hey, petit, a-t-il dit à Johnson, viens me voir après l’école, on va faire un basket tous les deux. »

Magic s’est pointé et Furlow lui a mis un 15-0 en un-contre-un. Le lendemain, ça a été la même chose. Pendant des semaines, Furlow s’est joué de Magic avant que celui-ci ne boxe le ballon de dégoût. « Je me casse ! J’en ai marre que tu me battes tout le temps, a lancé Magic.

– Ecoute, si tu arrêtes maintenant, tu ne feras jamais rien. Reste là et prends ton mal en patience jusqu’à ce que tu apprennes à marquer », lui a dit Terry Furlow.

Magic est resté. Furlow l’orientait main gauche et le faisait tirer des deux mains. Il utilisait son corps pour fixer Johnson et le déborder. Il lui a montré comment exécuter correctement un « drop step » (1). Les matches devenaient de plus en plus serrés. Magic perdait 15-5 puis 15-7. Un an plus tard, il avait pris 8 cm. Et tout à coup, Johnson faisait jeu égal avec Furlow. « On se reverra en NBA », a dit Furlow à Magic le jour où les Philadelphie 76ers l’ont sélectionné en 12e position de la draft 1976.

Quatre ans plus tard, Furlow était mort, tué sur le coup après avoir heurté un poteau avec sa voiture sur une autoroute dans l’Ohio. La police a relevé des traces de cocaïne et de valium dans son sang. Furlow était au Utah Jazz à l’époque. Il avait 25 ans.

Magic savait que la drogue faisait partie de la culture du sport mais avant la mort de Furlow, ça n’avait jamais concerné quelqu’un qu’il connaissait. Les choses ont vite changé. Johnson n’entendait pas parler de cocaïne chez les Lakers mais il savait que certains des coéquipiers avec lesquels il avait gagné un titre fumaient régulièrement de l’herbe.

« Je ne disais jamais rien mais j’avais toujours envie de leur demander : « Bon sang, est-ce que nous essayons de gagner un titre ? » Parce que tu n’es pas à ton meilleur niveau quand tu prends ça, quoi qu’en disent les gens », a confié Johnson.

 

Selon Westphal, la moitié des joueurs prennent de la cocaïne

Larry Bird a été stupéfait quand les propos de l’ancien basketteur Paul Westphal, selon lequel la moitié des joueurs NBA prenaient de la cocaïne, ont été publiés dans les années 80. « Je ne le voyais pas. Je ne savais pas ce que les gars faisaient quand ils quittaient la salle. Mais je n’arrivais pas à croire qu’ils pouvaient jouer à un tel niveau en prenant ces trucs-là », a dit Bird.

Quand il était à l’université, Larry s’était rendu à une soirée étudiante, dite de « fraternité », avec un ami sur le campus d’Indiana State. L’une des filles se comportait bizarrement. Quand Larry s’est inquiété de son état, son ami lui a dit : « Oh, elle a sniffé.

– Merde, sors-moi de là !, lui a dit Bird.

– Hey, Larry, ce n’est rien de méchant…

– Je me tire ! », lui a dit Bird.

Larry a suivi la même logique en NBA : il a évité les grosses soirées, préférant s’amuser en petit comité. Les Celtics ont été décimés par deux tragédies hautement médiatisées dans les années 80 et 90 : la mort du n°2 de la draft 1986, Len Bias, suite à une overdose de cocaïne (le surlendemain de sa sélection, le 19 juin, à 22 ans), et la disparition dramatique d’un coéquipier, Reggie Lewis, d’une crise cardiaque (le 27 juillet 1993, à 27 ans). Plus tard, le médecin traitant de Lewis a déclaré que sa mort pourrait être liée à l’usage de cocaïne. Dans les deux cas, Bird n’avait rien vu venir. « J’ai manqué beaucoup de choses. Parce que je ne voulais pas savoir », a concédé Larry.

En 1981, durant la deuxième saison de Magic et Bird dans la Ligue, les propriétaires à court de trésorerie et luttant pour la viabilité de leurs franchises ont décidé d’ouvrir leurs livres de comptes aux athlètes pour leur faire connaître la précarité de leur avenir. A l’époque, 60% de leurs revenus bruts, qui avoisinaient les 118 millions de dollars, étaient redistribués aux joueurs. La formule devait changer, sinon la Ligue risquait de péricliter.

En mars 1983, la NBA et le président de l’association des joueurs, Bob Lanier, ont entériné un accord inédit mettant en place, pour la première fois dans l’histoire de la Ligue, un plan de partage des revenus. Larry O’Brien était encore commissioner mais c’est David Stern qui avait été, en coulisse, le grand architecte de cet accord. Ce pacte comprenait un « salary cap », un plafond pour la masse salariale. Devaient être reversés aux joueurs 53% des revenus bruts déclarés de la Ligue (télévision, radio et billetterie) et 500 000 dollars par an de droits d’affiliation garantis. Ce concept de partage des revenus est devenu un modèle pour les franchises des sports majeurs.

 

La Ligue décide de faire le ménage

Six mois après l’entrée en vigueur de la nouvelle convention collective, la Ligue a annoncé une grande politique anti-drogue, imaginée pour lutter spécifiquement contre l’usage de la cocaïne et de l’héroïne : des usagers ou revendeurs récidivistes ont été suspendus pour un minimum de deux ans. Cette politique prévoyait également de fournir un traitement de désintoxication aux joueurs qui révélaient d’eux-mêmes leurs problèmes. Bob Lanier et les partenaires de la convention ont identifié certains facteurs pouvant mener à l’abus de drogues : les problèmes familiaux, l’ennui au cours des déplacements, des difficultés à gérer l’argent et les ajustements que devaient faire les anciennes stars d’université pour accepter un rôle de moindre importance chez les professionnels.

Lanier, qui est afro-américain, s’était senti offensé lorsqu’on avait suggéré que tous les joueurs noirs de NBA étaient des consommateurs de drogue. Il s’est senti encouragé par la force que dégageait l’exemplarité de Magic Johnson, cet Afro-américain modèle qui non seulement se tenait à l’écart de la drogue mais ne fumait pas et ne buvait pas d’alcool non plus. « Il est arrivé pile au bon moment. Magic avait ce merveilleux visage radieux… Pareil avec Larry Bird. C’était un tel compétiteur ! Tout le monde appréciait ce qu’il faisait. On avait besoin de gars comme ça », a confirmé Bob Lanier.

En 1984, Rick Welts a insufflé un nouveau dynamisme au All-Star week-end en instaurant le concours de dunks et l’Old-Timers’ Game (un match des anciens qui a été abandonné par la suite à cause des blessures, trop nombreuses). La NBA a réussi à séduire Schick et American Airlines, en partie grâce aux histoires fascinantes concernant les participants. Pour Welts, c’était ce que les fans voulaient.

Bird et Magic avaient le profil idéal. C’était la côte Est contre la côte Ouest, le bleu de travail contre le « Showtime », le meneur d’hommes et son courage contre la star flamboyante. « C’était comme s’ils sortaient tout droit d’un casting de cinéma. On n’aurait pas pu rêver mieux ! Ça nous a apporté les fondations sur lesquelles bâtir l’image du joueur en tant que héros », a expliqué Welts.

 

C’est l’histoire de deux mecs, un Blanc et un Noir

S’ils avaient en commun une vision du jeu exceptionnelle, Johnson et Bird étaient à l’opposé l’un de l’autre. Magic était extraverti, émotionnel et avenant. Bird était impassible, réservé et énigmatique. Il y avait aussi une indéniable différence entre eux : la couleur de leur peau. Aucun n’a jamais attribué la moindre importance à cette composante de leur rivalité mais que cela leur ait plu ou non, c’est vite devenu un élément du tableau.

« Il y avait de toute évidence un facteur racial dans leur relation. Larry était un individu dominant, hautement intelligent et il était blanc. Magic était un individu dominant, hautement intelligent et il était noir. Ça ne comptait pas pour les coaches ou pour les joueurs mais ça comptait pour le public. Larry suscitait l’admiration parmi les Blancs et Magic suscitait l’admiration parmi les Noirs. Et cela entraînait de l’animosité entre les deux groupes quand les Celtics et les Lakers se rencontraient. Larry n’a jamais aimé ça. Il ne voulait pas être le « Grand Espoir blanc ». Mais il n’avait pas le choix », a rapporté K.C. Jones, l’ancien coach des Celtics, qui est afro-américain.

Magic voyait cette barrière raciale quand il était question de Bird. Ses amis noirs de Michigan State dénigraient en permanence le jeu de Bird tandis que ses amis blancs de la même université avaient tendance à survaloriser les talents de Larry. « Le pays était divisé à propos de Larry et moi. Après un certain nombre d’années, ça n’a plus posé de problèmes aux gens de nous admirer tous les deux. Mais au début, les Noirs soutenaient Magic et les Lakers, les Blancs roulaient pour Larry et les Celtics », a expliqué Johnson.

Durant sa première semaine au camp d’entraînement, Bird a essuyé les moqueries de Cedric Maxwell, qui lui disait : « Grand Espoir blanc. » Il n’y a guère prêté attention. Larry avait grandi en jouant contre des Afro-américains qui travaillaient au Valley Springs Hotel, à French Lick, et leurs origines ethniques n’avaient aucune importance pour lui. « Le plus important pour moi, c’était de jouer avec les meilleurs », a dit Bird.

Toute l’Amérique n’avait pas l’esprit aussi ouvert à l’époque. D’après Magic, les joueurs blancs étaient systématiquement dénigrés et perçus comme étant « surévalués » par les fans noirs. Ces derniers estimaient que les stars blanches étaient fabriquées de toutes pièces par les médias, majoritairement blancs. Les fans blancs critiquaient les joueurs noirs pour leur indiscipline et la faiblesse de leurs fondamentaux. Ils n’étaient certainement pas prêts à payer pour voir le « street ball » des Afro-américains. L’arrivée de Bird et Magic a contribué à dissiper ces idées préconçues des deux côtés de l’échiquier ethnique.

La suite et la fin du livre, c’est dans la version papier ou numérique ! Rendez-vous cet été sur Basket USA pour de nouveaux extraits d’un ouvrage basket.

 

  1. Le « drop step » est un move que l’attaquant exécute poste bas dos au panier. Après avoir reçu le ballon, il enroule le défenseur en passant sa jambe au-delà de celle du défenseur. Puis il le contourne en prenant un dribble pour aller shooter près du cercle.

Première partie – Deuxième partie – Troisième partie – Quatrième partie

Cinquième partie – Sixième partie – Septième partie – Huitième partie

Neuvième partie – Dixième partie – Onzième partie

 

Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous », sorti le 31 mai 2017 (352 pages, 22 euros)

Chez le même éditeur

Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (2014, 352 pages, 22 euros)

Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (2015, 726 pages, 24 euros)

Jack McCallum, « Dream Team » (2016, 396 pages, 22 euros)

Kent Babb, « Allen Iverson, Not a game » (2016, 330 pages, 22 euros)

Roland Lazenby, « Kobe Bryant, Showboat » (2018, 600 pages, 24 euros)

Marcus Thompson II, « Stephen Curry, Golden » (2018, 300 pages, 21,90 euros)

Julien Müller et Anthony Saliou, « Top 50 : Les Légendes NBA » (2018, 372 pages, 19,90 euros)

Julien Müller et Elvis Roquand, « Petit quiz NBA, 301 questions » (2018, 176 pages, 9,90 euros)

George Eddy, « Mon histoire avec la NBA » (2019, 192 pages, 19,90 euros)

Talent Editions

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