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Roman de l’été : « Allen Iverson, Not A Game » (2)

C’est désormais une tradition sur Basket USA : chaque été et chaque hiver, nous vous proposons la lecture d’extraits d’un livre en rapport avec le basket américain.

Pour cette intersaison 2018 – et après le triptyque Phil Jackson/Michael Jordan/Dream Team, Basket USA feuillette « Allen Iverson, Not A Game », la biographie que Kent Babb a consacrée au génial arrière de Philadelphie MVP de la Ligue en 2001.

On prévient ses fans : ça dépote, car ce bouquin évoque sans fard les épisodes glorieux comme les périodes plus sombres. Bonne lecture !

Première partie : https://www.basketusa.com/news/509134/roman-de-lete-allen-iverson-not-a-game-1/

Chapitre 1

L’enfant de la balle

Il allait de maison en maison, espérant trouver la petite merde. C’était dimanche soir, le soleil se couchait sur la Virginie côtière et la patience de Mike Bailey s’épuisait de seconde en seconde. Il aurait dû le savoir. Ça ne faisait aucun doute maintenant. Non, Coach, il n’est pas là. Désolé, Coach, vous l’avez manqué.

Bailey était le coach de basket du lycée Bethel, à Hampton – une ville située sur une presqu’île donnant sur l’océan Atlantique, en Virginie – et après vingt ans de service, il était devenu familier des méandres de la psychologie adolescente. Mais là, il était furieux d’avoir été ainsi mené en bateau par un môme. C’était précisément le genre de chose qui faisait qu’il n’avait plus confiance en Iverson, pensa Bailey en lui-même, se répétant ce qu’il lui dirait quand il finirait par le trouver. C’était la raison pour laquelle la parole de ce gosse ne valait pas un clou.

Trois jours plus tôt, Iverson avait demandé à rentrer chez lui. Juste un week-end, Coach. Il voulait aller voir sa mère et ses amis. Bailey connaissait la situation familiale délicate d’Iverson et il savait que le gamin avait une possibilité de réussir quelque chose de grand. Deux ans plus tôt, le coach avait vu pour la première fois le meneur de jeu de l’équipe de son collège, quand il était en classe de 4e. Il était si rapide et attaquait le panier avec une telle aisance ! Ce gosse était vif comme l’éclair, les autres garçons ne se déplaçaient pas suffisamment vite pour se placer devant lui ni pour mettre une main devant son visage et, mince, il était déjà passé. Iverson pourrait obtenir une bourse d’université, Bailey en était convaincu. Une occasion unique de s’en sortir, pour lui et sa famille. Mais il y avait tant à faire… Tout un travail de construction. La première fois qu’il avait rencontré Iverson, ils avaient évoqué ses absences à l’école. D’après les relevés, dix d’entre elles l’avaient fait exclure du programme de sport. Bailey dit à Iverson qu’il avait manqué 76 jours de classe. Nan, Coach, corrigea fièrement le gamin, seulement 69.

« Si tu foires ce programme, je te tue ! »

C’est après sa classe de 3e que Bailey s’est pris d’affection pour Iverson et s’est investi pour son avenir ; à tel point que lui et sa femme, Janet, lui ont donné tout ce qu’ils ont pu : ils ont payé pour qu’Allen puisse suivre un programme scolaire l’été, ils l’ont accueilli chez eux et ont fait le pari d’engager Iverson dans un programme à hauts risques pour lui, où la moindre absence signifiait l’exclusion de la pra- tique du sport – un train lancé à pleine puissance quittant les rails. Et maintenant, Bailey se mordait les doigts de s’être laissé aller à un tel enthousiasme. Le gamin était introuvable. Il l’a cherché, maison après maison, scannant du regard les trottoirs, les playgrounds et les allées. Ouais, Coach, on vient juste de le voir.

Bailey est remonté dans sa voiture et il est rentré chez lui. Le lendemain matin, il a vu Iverson assis en classe. Un peu plus tard ce jour-là, il a aperçu Allen qui marchait seul. « Approche », lui a ordonné le coach. Iverson s’est approché. Bailey l’a emmené dans une pièce sombre et l’a saisi à la gorge. « Si tu foires ce programme, je te tue ! », lui a-t-il dit.

Elle a emménagé dans le district d’Aberdeen, à Hampton, quand elle était encore enceinte ; elle avait 15 ans et vivait à 100 à l’heure. On pouvait la voir courir dans le quartier qui, quelques décennies plus tôt, avait fait partie d’un plan de relogement pour certains des résidents noirs de la presqu’île de Virginie et qui, à ce moment-là, était devenu une sorte de communauté dans la communauté. Ses habitants en appréciaient la tranquillité. Et elle avait débarqué, échappée tout droit de chez sa grand-mère, une fois encore.

Sa voix portait dans les rues et à travers les fenêtres. Son ventre rond relevait son maillot de basket. Dans les mois qui ont suivi son 15e anniversaire, Ann Iverson a fait les quatre cents coups avec Allen Broughton, le garçon qu’elle avait rencontré trois ans auparavant à Hartford, au Connecticut ; le garçon qui semblait incapable de se tenir à distance des ennuis, le garçon auquel Ann ne pouvait résister. Ils en avaient parlé : premier amour, premier baiser, première baise – tout ça allait ensemble, n’est-ce pas ? Quand elle s’était sentie en âge, il était venu frapper au carreau à l’arrière de la maison de sa grand-mère, le jour de son anniversaire, à minuit, et ils étaient descendus à la cave.

Broughton avait joué au basket et gagné la considération de gars beaucoup plus âgés que lui. Ann l’adorait. Elle se serait battue pour lui. Elle aurait fait n’importe quoi – et puis il a disparu pour ne plus jamais revenir, même après que le préparateur physique du basket lui eut révélé qu’elle en était à deux mois de grossesse. Pourtant, cela ne l’avait pas empêchée de claquer les portes, de jouer au basket et d’enquiquiner ses voisins. Puis la maman d’Ann est morte et sa grand- mère, Ethel Mitchell, a emmené la famille sur la côte de Virginie ; la vieille dame espérait y trouver des environs plus calmes pour sa petite-fille, que l’on connaissait dans les rues sous le nom de « Juicy ».

La maman occupe trois boulots

Ses premières contractions ont eu lieu début juin et quand le bébé est sorti, elle a remarqué la longueur de ses bras. Il deviendrait basketteur, a-t-elle immédiatement pensé. Ou du moins, c’est ce qu’elle disait aux gens. Elle l’a appelé Allen, comme son père et son premier amour, mais elle l’appellerait Bubba Chuck, une combinaison des noms de deux oncles.

Elle a trouvé le moyen de s’amuser et de sortir, même à Aberdeen. D’autres fois, elle invitait pour une fiesta dans la maison de Madame Ethel, la vieille dame qui veillait sur le sommeil du petit Allen ou, du moins, qui le protégeait du raffut de l’autre pièce. Bubba Chuck a grandi. Comme sa mère, il aimait aller vite, enfourcher un vélo à dix vitesses dès l’âge de 4 ou 5 ans, jouer à la bagarre dans le jardin avec ses oncles Greg et Stevie, tandis que Madame Ethel criait pour leur demander d’arrêter. « Pour l’amour de Dieu, vous allez me mettre ce garçon en pièces ! » « Ils l’envoyaient valdinguer contre la maison ou ailleurs. Il encaissait les coups les plus rudes et se relevait direct face à eux », rapporta Butch Harper, le voisin d’à côté.

Ann travaillait le soir au chantier naval et le jour en tant que dactylo et cariste. Madame Ethel s’occupait des enfants, dont Ann et ses frères et sœurs. C’était à Ann de régler les factures. Elle travaillait la plupart du temps et même quand elle était en congés, elle n’était pas à la maison – encore partie pour une fiesta, même s’il faisait de nouveau bon vivre à Aberdeen ou bien, plus tard, chez eux, à Newport News, à quelques kilomètres au nord-est de la presqu’île. Il y avait souvent un homme avec elle, Michael Freeman, qui faisait des choses mystérieuses pour boucler les fins de mois. Avant de disparaître pour la nuit ou pour quelques jours, ils mettaient une balle dans la main de Bubba Chuck et le regardaient faire ; quand il a eu 9 ans, Ann a appelé Harper, son vieux voisin, et l’a imploré de renoncer à cette règle qui voulait que les enfants vivent à Hampton et jouent à Hampton, où Harper supervisait la ligue Deen Ball Sports. Ann était très enthousiaste à ce sujet, expliquant à son travail, aux autres mamans et papas, combien son fils était bon, et affirmant qu’il allait jouer en NBA, qu’il n’y avait qu’à attendre.

L’une des personnes qui se trouvaient là a été témoin de cette effervescence et si l’enthousiasme était commun, les détails étaient singuliers. Gary Moore était un coach sous les ordres d’Harper. Il travaillait avec les joueurs de football et il a aimé ce qu’il a entendu. Il a voulu jeter un œil à cette petite fabrique d’énergie. Alors, il a fait venir Bubba, 9 ans, sur le terrain, parmi des garçons âgés de 11 et 12 ans. Il lui a glissé le ballon entre les bras et – mince, comment il y va ! « Il leur mettait la misère, c’était incroyable ! », s’est souvenu Harper plus de vingt ans plus tard.

Moore a promis à Ann qu’il serait beaucoup plus qu’un coach pour son fils. Il veillerait sur lui, le protégerait des vautours qui ne cesseraient de lui tourner autour. Il veillerait à ce qu’il ait des défis à relever, à ce qu’il soit cadré et protégé. La façon dont Moore envisageait les choses, c’était qu’un gosse aussi doué que Bubba Chuck devait être nourri et fortifié, mentalement et physiquement, construit en partant des fondations pour passer l’épreuve du temps, comme une maison. « Mes mots, a dit Moore à Ann, ne font qu’illustrer de quoi aura l’air ce produit fini. » Elle a souri, s’est animée et a secoué la tête de joie, en remerciant Dieu de lui avoir offert ce bébé, cette bénédiction qui utiliserait ses longs bras pour les transporter vers une bien meilleure situation.

Allen effectue des livraisons douteuses

Ils ont tapé la balle dans la salle de sport d’Aberdeen et Iverson a explosé à l’échauffement, attaquant le panier, rentrant des tirs lointains sur l’aile, s’envolant hors de portée des garçons qui défendaient sur lui. Puis est venu le moment où l’entraînement devait commencer. Bob Barefield a annoncé qu’ils allaient passer l’heure suivante à faire des exercices, des ateliers sur les fondamentaux et les appuis. Et quand Barefield a commencé la séance, Bubba Chuck a pris la porte.

Le basket lui plaisait, pas le travail. L’entraînement était pour lui un enfer de corvée. Donc, non, merci, a-t-il dit au coach ; et s’il fallait en passer par là pour jouer dans la ligue de jeunes, eh bien, ils pouvaient se la garder pour eux, leur satanée ligue de jeunes. Barefield en a été sidéré. Cependant, il a pris sur lui et décidé de rester patient car il suivait et encadrait un gosse qui avait besoin d’être constamment stimulé. Barefield a parlé à Iverson et lui a demandé de lui faire confiance. Le gamin a répondu favorablement. Toutefois, Allen ne se voyait pas seulement comme un athlète mais aussi comme un jeune aux multiples talents, qui possédait bien plus que de la vitesse et de l’adresse aux tirs à offrir au monde entier. De toute façon, il préférait le football américain. Et de plus, il allait devenir un artiste ou un rappeur. Il a rencontré Rahsaan Langford, un jeune de l’est de la ville. Tout le monde l’appelait « Ra ». Il rivalisait en freestyle avec les meilleurs d’entre eux, transformant les pensées du quotidien et les souvenirs anciens en un flot de rimes qu’il crachait dans les halls d’entrée, aux coins des rues et sur les playgrounds. Ses mots fusaient, tout comme fusait Bubba Chuck avec un ballon de basket. Peut-être que pour la première fois dans sa jeune vie, Iverson a été jaloux.

Ra était très talentueux, comme son nouvel ami, et ensemble, ils allaient réussir à Newport Bad Newz, comme ils l’appelaient. Langford était effacé en compagnie d’étrangers mais quand il se sentait en confiance, il illuminait la pièce ou le coin de la rue, semant l’hilarité parmi ses compagnons. Et comme Iverson, Langford et plusieurs autres amis ne voulaient jamais rentrer chez eux. C’était là où avaient lieu les soirées d’Ann, là où on buvait et où on consommait de la drogue pendant des heures. Iverson a développé une manie qui, plus tard, le hanterait : plutôt que de passer la nuit à dormir, il restait éveillé, trouvant l’épanouissement d’autres manières. Quelquefois, Ann demandait à Bubba Chuck d’aller faire une commission pour le groupe. Et le voilà parti. Il allait frapper à la porte de la maison d’un dealer et entrait, tandis qu’une unité de surveillance de la police l’observait en face.

L’un des policiers, un ancien athlète de Bethel, a appelé Dennis Kozlowski, le coach de football du lycée et le directeur du programme sportif. Il lui a rapporté qu’Iverson était entré dans une maison où se trouvaient des personnages peu recommandables et qu’il en était sorti les poches pleines. Les flics l’ont laissé courir. C’était peut-être la première fois – mais sûrement pas la dernière – qu’un représentant de la loi détournait la tête. Iverson est rentré à la maison et a livré son colis. Il passait des heures à rêver d’une autre vie et à coucher son imagination sur le papier – parfois, il utilisait tout ce qui se trouvait à sa portée quand il n’avait pas de papier sous la main. Allen a même utilisé la face intérieure de la porte de sa chambre comme toile pour y dessiner tout en haut Michael Jordan, son idole, planant dans les airs. La star des Chicago Bulls volait vers le panier, son maillot flottant comme un drapeau au vent. D’autres fois, quand les bruits étaient trop forts dans les autres pièces, il attrapait un ballon et faisait des dribbles sur les trottoirs. Parfois, il y avait d’autres garçons sur le playground, même au lever du jour. Et certaines nuits, il y allait seul pour prendre des tirs.

D’autres fois, avec Ra, Eric « E » Jackson et Marlon Moore, les jeunes gars qu’Iverson nommeraient plus tard ses très importants « amis du premier jour », il allait s’asseoir dans un hall ou partait pour une longue balade à pied. Ils étaient là, ensemble, s’auto-désignant le « Cru Thik » (1) ; ils étaient nés et avaient grandi dans les dures rues de la Virginie côtière et, par la grâce de Dieu, ils n’y mourraient pas jeunes et frustrés ni, pire que tout, pauvres. Ensemble, ils ont grandi et conclu un pacte : si l’un d’entre d’eux réussissait quelque chose de grand, que ce soit dans le rap, le sport ou quoi que ce soit d’autre, le groupe ne se séparerait jamais. Si l’un d’entre eux perçait, alors tous les autres suivraient.

Les eaux usées de la maison le forcent à porter des bottes

Iverson était en 3e quand le coach des wide receivers (2) de Kozlowski est entré dans le bureau du directeur et a fermé la porte. Les absences d’Allen à l’école étaient déjà un problème ; le coach de basket, Bailey, faisait la guerre à Iverson au sujet du nombre précis de fois – des dizaines – où il avait manqué la classe. Aujourd’hui, même quand il daignait se présenter à l’établissement, il arrivait rarement avant 11h. Au tout début de l’année scolaire, il avait déjà manqué neuf fois le cours d’histoire du matin du coach ; un de plus, avait dit le coach à Kozlowski, et il n’aurait pas d’autre choix que d’évincer Iverson et ainsi le rendre inéligible pour jouer avec les Bruins. « Attends un peu avant de prendre cette décision », avait lancé Koslowski à son assistant, le temps de tirer tout ça au clair.

Il a convoqué Iverson dans son bureau et en est rapidement venu aux faits. « Allen, pourquoi diable ne peux-tu pas arriver à l’heure à l’école ? », lui a demandé le coach. Le garçon ne semblait même pas réaliser qu’il avait manqué si souvent la classe mais il s’est expliqué. Ann et Freeman, l’homme qu’elle avait rencontré sur les chantiers navals et qui s’était fait repérer comme revendeur de drogue, avaient maintenant deux filles plus jeunes, Brandy et Iiesha. Après le départ d’Ann de la maison de Madame Ethel, il n’y avait personne, la plupart du temps, pour les garder. Kozlowski avait eu des échos comme quoi les choses tournaient parfois mal à la maison ; les lumières restaient parfois éteintes et pendant un temps, une canalisation cassée avait laissé tellement d’eaux usées se répandre sur le sol qu’Iverson devait mettre des bottes pour se déplacer d’une pièce à l’autre. Ce que son coach n’avait pas compris, c’était qu’à n’importe quelle heure, la présence d’Iverson à l’école relevait bien souvent du miracle. Il réunissait suffisamment de pièces jaunes pour appeler un taxi puis demandait à des amis de le ramener chez lui, sur Jordan Avenue. D’autres fois, il appelait un coach à 4h30 du matin et demandait à se faire conduire.

Même à l’âge de 15 ans, il s’était habitué à ne pas trouver sa mère au réveil ou bien à ne pas pouvoir la réveiller, et si Brandy devait aller à l’école, c’était à lui de l’y amener. Et si Iverson allait en classe, qui garderait Iiesha, qui était née épileptique ? La plupart des matins, Allen voyait Brandy prendre le bus. Lui restait auprès de sa petite sœur encore bébé jusqu’à ce qu’Ann rentre à la maison et c’était seulement à ce moment-là qu’il s’en allait à l’école. « Doux Jésus… », a pensé Kozlowski. Selon les points de vue, soit cela donnait au jeune homme talentueux une seconde chance à cause de ses difficultés particulières, soit Iverson était encore une fois exempté de ses responsabilités grâce à ses qualités sur les terrains de football et de basket.

Quoi qu’il en soit, Kozlowski a demandé à l’un des agents de sécurité de Bethel, un ancien sauteur en hauteur de son équipe d’athlétisme, de prendre sa voiture – le break Buick Reliant, a précisé le coach, avec « KOZ » écrit sur la plaque minéralogique –, de s’arrêter à la maison d’Iverson chaque matin et de prendre les trois enfants. Il déposerait ensuite Brandy à son école et emmènerait Iverson et Iiesha au lycée, où le bébé passerait son temps aux soins des classes d’économie domestique du lycée Bethel.

Iverson s’est senti dans son élément quand les matches ont commencé. Les stades et les gymnases étaient les seuls endroits où personne ne se souciait de lui. Quelquefois, il passait les nuits avec des amis, une façon, pour lui, de trouver la paix après le coucher du soleil. L’un des mentors d’Iverson, un ancien athlète de 20 ans qui s’appelait Tony Clark, acceptait qu’Allen reste avec lui certains soirs. Il transmettait ses conseils et sa sagesse au jeune esprit d’Iverson. Mais un soir, la petite amie de Clark a débarqué et poignardé ce dernier dans le cou. Allen est parti en courant en voyant le sang de son ami se répandre dans la rue. Il a vu un autre jeune homme recevoir une balle alors qu’il était assis à côté de lui, sous un porche, et il se dit qu’en un été, huit de ses amis ont été tués par balle.

Un garçon désespérément en quête de réconfort

Souvent, Moore l’invitait chez lui et le conduisait à droite et à gauche. Iverson a fini par avoir confiance en Moore, qui avait joué au football pour Kozlowski des années plus tôt. Il approchait déjà la quarantaine et était même plus âgé qu’Ann Iverson. Il dégageait une image de maturité, une aura paternelle qui avait immédiatement attiré Iverson ; et il faisait partie de ceux qui croyaient en la grandeur du destin de son protégé.

Quelles qu’aient été ses tentatives pour trouver de la stabilité, Iverson était passé au travers si souvent qu’il attachait beaucoup de prix aux plus petits témoignages de réconfort et d’apaisement. Avant que sa famille déménage de sa maison à Newport ne News, Allen a jeté un long regard au dessin qu’il avait fait de Michael Jordan, en rêvant de pouvoir un jour avoir en main son propre destin, un privilège qu’un athlète professionnel doit sûrement considérer comme un dû. Quand ils ont quitté la maison, ils ont rassemblé le peu qu’ils possédaient dans des sacs poubelles, se préparant pour la nouvelle étape – quelle qu’elle puisse être. Iverson a fait sortir la porte de ses gonds à l’aide d’un tournevis.

Son père biologique, Allen Broughton, purgeait une peine de prison, la première d’une longue liste, dont une en 1996 pour avoir poignardé son ex-petite amie. La première fois qu’Iverson l’a rencontré, cela s’est passé sous la surveillance de gardiens. Le garçon a demandé à son père s’il pouvait aider d’une manière ou d’une autre pour qu’il ait une nouvelle paire de baskets. Broughton a dit à Iverson qu’il n’en était pas question et il a renvoyé le garçon chez lui, profondément déçu. Mais Ann avait une autre idée : elle a utilisé l’argent du loyer de ce mois-là pour acheter des chaussures à son fils avant un déplacement de summer league à Lawrence, au Kansas. L’un des hommes qui s’arrêteraient pour voir Iverson serait un coach d’université du nom de Larry Brown.

Ann conserva des liens avec Freeman, qui essayait de représenter une figure paternelle, mais lui aussi passerait la plupart des vingt années suivantes en prison, sous des accusations de détention de drogue. Allen voyait en Moore et en ses coaches des hommes stables. Quand Bailey et lui eurent terminé leur conversation à propos de ses absences à l’école, le coach de basket lui posa une question dont la réponse fut à la fois révélatrice et déchirante, sachant ce que Bailey avait appris de sa jeune star. « Qu’attends-tu de moi ? », lui demanda Bailey. Iverson réfléchit avant de répondre : « Seras-tu toujours là pour moi ? »

À suivre…

1. « Cru » est la graphie argotique du mot « crew » qui signifie « bande ».
2. Au football américain, receveurs écartés, chargés de capter les longues passes du quarterback.

 

Kent Babb, « Allen Iverson, Not A Game », 307 pages, 22 euros, 13,99 euros en format numérique (ePub).

En vente en librairie, dans les grandes surfaces et sur les sites de vente en ligne.

Talent Sport

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Autres livres de basket disponibles

> Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (sorti le 14 mai 2014)

> Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (sorti le 17 juin 2015)

> Jack McCallum, « Dream Team » (sorti le 8 juin 2016)

> Kent Babb, « Allen Iverson, Not A Game » (sorti le 9 novembre 2016)

> Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous » (sorti le 31 mai 2017)

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