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Roman de l’été : « Allen Iverson, Not A Game » (1)

C’est désormais une tradition sur Basket USA : chaque été et chaque hiver, nous vous proposons la lecture d’extraits d’un livre en rapport avec le basket américain. La Coupe du monde de football est bientôt finie et le Tour de France ne vous intéresse pas ? Pas de panique, on a de quoi occuper vos après-midis au soleil sur la plage !

Pour cette intersaison 2018 – et après le triptyque Phil Jackson/Michael Jordan/Dream Team, Basket USA vous propose la lecture de « Allen Iverson, Not A Game », la biographie que Kent Babb a consacrée au génial arrière de Philadelphie, MVP de la Ligue en 2001. On prévient ses fans : ça dépote, car ce bouquin évoque sans fard les épisodes glorieux comme les périodes plus sombres. Bonne lecture !

PROLOGUE

Allen Iverson avait soif, la nuit précédant le test qui déterminerait à quelle fréquence il verrait ses cinq enfants mais il était surtout à cran. Sa villa de six chambres au nord-ouest d’Atlanta était dorénavant une prison : une prison vide de 720 m2 avec un seul détenu. Et Iverson ne supportait pas le silence. Nous étions fin décembre 2012. Sa femme l’avait quitté quelques mois plus tôt. Elle était partie avec les enfants et avait pris un appartement en location dans les environs de Suwanee (Géorgie). Elle ne cessait d’affirmer qu’elle allait demander le divorce mais ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait ; ni même la première fois qu’elle se plaignait auprès des autorités. Iverson se disait qu’elle reviendrait car quels que soient son état d’ébriété, son agressivité ou sa violence, quels que soient l’heure ou l’état dans lequel il rentrait en titubant à la maison, Tawanna était toujours revenue, remplissant cette maison de vie et de sons – comme l’aimait Iverson.

Mais aujourd’hui, elle était silencieuse. Si inconfortablement silencieuse. Iverson n’avait plus joué en NBA depuis trois ans et il s’était produit pour la dernière fois lors d’un match exhibition en Chine deux mois plus tôt – un petit contrat facile pour calmer ses créanciers. La maison avait maintenant une deuxième hypothèque. Dans moins de deux mois, elle arriverait à échéance et la maison devrait être vendue aux enchères. Mais pour l’instant, c’était encore chez lui, même s’il semblait que cela ne devait plus l’être pour longtemps. Ça avait été Noël la veille, les voix et les chansons avaient vibré dans l’air ; mais aujourd’hui, en ce mercredi soir, c’était de nouveau silencieux et Iverson était ému. Il allait peut-être sortir un moment. Il aimait le bar le « P.F. Chang’s » parce qu’il y était un habitué, qu’il était proche, à 8 km de la maison, qu’il y avait un service voiturier sur le parking et qu’on y servait de la Corona fraîche. Un verre, ça ne ferait pas de mal, non ? Juste pour décompresser un peu. Peut-être deux.

Le lendemain après-midi, il marchait en direction du cabinet du docteur, près de l’aéroport Hartsfield-Jackson à Atlanta, pensant qu’il avait suffisamment récupéré pour réussir les tests. Iverson avait bu plus d’un verre ou deux la veille mais il était 4h de l’après-midi à présent, soit beaucoup de temps pour que son corps élimine l’alcool. Le problème était qu’Iverson avait toujours surestimé les capacités de son métabolisme, même avant ses 37 ans. Son visage avait un peu gonflé, ses abdos et ses bras avaient perdu du volume depuis l’époque où il avait été nommé MVP de la Ligue, en 2001, l’année où il avait emmené les Sixers en Finales NBA et où toute la détermination de son jeu clamait au monde qu’un athlète, qu’un homme, ne devait pas être jugé sur sa seule apparence.

La vie de Tawanna ? Il l’estime à 5 000 dollars

À cette époque, il pouvait veiller jusqu’à l’aube – un ami l’aidait à regagner sa chambre d’hôtel à Atlantic City après une nuit marathon au casino, ou bien Tawanna le hissait en haut des escaliers de la maison jusqu’au lit – et être suffisamment opérationnel pour arriver à l’heure à la salle et enquiller 40 points, casser quelques chevilles avec son crossover et puis fuser vers le panier, où il enfumait des colosses deux fois plus grands que lui. Cependant, il approchait des 40 ans et les années ne l’avaient pas épargné. Il buvait davantage aujourd’hui et les séquelles se résorbaient moins facilement. La boisson le rendait nerveux, moins patient, plus grossier et parfois, il urinait sur le sol devant les enfants, ou bien, si Tawanna le regardait de travers, il faisait gravir les escaliers à sa chère et tendre rencontrée au lycée en la tirant par les cheveux. Ou encore, il lui écrasait les orteils avec ses Timberland comme on écraserait une cigarette. Parfois, il lui rappelait quelles étaient ses fréquentations, affirmant qu’il pourrait la faire tuer pour une bouchée de pain ; Iverson avait estimé sa vie à environ 5 000 dollars.

Elle pensait qu’il était alcoolique et qu’aucun argument ni aucune menace ne le garderaient sobre et présent à la maison. Tawanna est allée trouver sa mère, Ann Iverson. Elle l’a suppliée de raisonner son fils. Elle a insisté inlassablement auprès de Gary Moore, le mentor du jeune Iverson et aujourd’hui son manager personnel, pour lui demander d’intervenir, parce qu’il y avait peu de personnes qu’il écoutait, « Gary, alors que toi, il t’écoutera ». Elle pleurait et lui demandait gentiment d’arrêter de boire et quand ça ne marchait pas, elle montrait les dents et le lui demandait avec colère, balançant une bouteille de champagne à travers les murs en menaçant de prendre les enfants et le reste de son argent s’il n’arrêtait pas de boire et de foutre en l’air leur avenir. Il lui disait qu’il pouvait s’arrêter à tout moment s’il le voulait mais que personne ne lui dirait ce qu’il devait faire ; ce n’était en aucun cas la bonne méthode avec Iverson. Alors, elle a fait ce qu’elle avait dit, elle a entamé une procédure de divorce en 2010 avant de faire signer à Iverson un contrat post-nuptial inéquitable, préalable à son retour au foyer conjugal, pour la dernière fois.

Elle a repris la procédure en 2012 et loué les services d’un avocat hautement spécialisé dans les affaires de divorce, en lui disant qu’elle ne faisait pas confiance à Iverson pour s’occuper de leurs enfants. Pas quand ils étaient bébés, lorsqu’il avait gâché des événements importants parce qu’il était trop saoul – dont la naissance de son premier fils – et certainement pas maintenant que les choses avaient empiré. L’un des premiers arrêtés de la cour avait été d’ordonner des tests toxicologiques et d’évaluer la gravité du problème. Les conclusions du docteur Michael Fishman s’avéreraient déterminantes pour établir le lieu de résidence des enfants, ainsi que les droits de visite.

Son haleine sent encore l’alcool

L’examen était simple, tout ce qu’Iverson avait à faire était de ne pas consommer d’alcool pendant 24 heures. Il avait soigneusement programmé son rendez-vous. Tenant compte du fait qu’il abhorrait les matinées, il avait demandé à caser son rendez-vous dans une fenêtre en fin d’après-midi. Il était donc 16h quand il est entré dans le cabinet médical. Il a salué les employés présents. Deux d’entre eux ont pu dire que l’alcool qu’il avait ingurgité la veille se sentait encore dans son haleine. Un instant plus tard, Fishman a effectué un prélèvement dans la bouche d’Iverson à l’aide d’un coton et sa salive a montré qu’à cet instant même, tant d’heures après son dernier verre, son taux d’alcoolémie était situé entre 0,06 et 0,08, ce dernier chiffre indiquant que, d’après la loi en vigueur en Géorgie, Iverson était encore dans un état d’ivresse ne l’autorisant pas à prendre le volant. Puis Allen a uriné dans un flacon et à 18h, il avait encore un taux d’alcoolémie de 0,05, ce qui fit penser à Fishman qu’en un jour si déterminant pour son avenir, Iverson avait dû se la mettre sévère la veille pour être ivre à ce point en fin d’après-midi, ou bien qu’il avait dû continuer de boire dans la journée. Les résultats d’analyses d’Iverson ont rendu les conclusions de Fishman faciles et quand Allen s’est ensuite confronté à la tutrice légale, une médiatrice nommée par le tribunal, la Cour supérieure de Fulton County – il avait planté leur premier rendez-vous et appelé à la dernière minute pour en programmer un second – elle a noté qu’il « sentait très notablement l’alcool ». Un autre docteur avait également relevé cette odeur d’alcool dans l’haleine d’Iverson au cours d’un autre examen.

En février 2013, environ six semaines après ses analyses toxicologiques, Dawn Smith, la tutrice légale, se trouvait à la barre des témoins. Elle avait rencontré et interrogé Iverson plusieurs fois à ce moment-là. Au cours de son témoignage, elle a indiqué qu’un homme dont les actions spectaculaires dans des moments cruciaux avaient fait l’un des athlètes les plus célèbres d’Amérique était maintenant en train de sombrer dans sa vie personnelle – à une époque où, plus que toute autre, il avait besoin d’être « clutch ». « Les gens, d’après mon expérience, essaient de faire de leur mieux auprès de leurs enfants quand ils sont sous le coup d’une enquête sociale. Et il n’a cependant pas été en mesure de se reprendre, malgré toute l’attention fixée sur lui », a dit Smith au tribunal.

Pendant les mois qui ont suivi, les amis et les coéquipiers d’Iverson, icône du basket, ont essayé de démêler les faits de l’affabulation. Comment avait-il pu tomber si bas, si vite ? Ils avaient lu des histoires dans les journaux et sur des sites propageant des rumeurs sur les célébrités. Iverson pouvait-il vraiment être ruiné, quelques années seulement après une carrière qui lui avait rapporté plus de 150 millions de dollars rien qu’en salaires sportifs ? Était-il vrai que lui et Tawanna, la petite amie de lycée d’Iverson, cette âme douce qu’ils avaient connue comme étant la femme qui avait apprivoisé le mauvais garçon, s’étaient séparés ? Est-ce que ses habitudes de flamber, de jouer et de boire – particulièrement cette dernière – étaient allées si loin qu’elles semblaient maintenant en situation de ruiner complètement sa vie ? « Personne ne peut sauver Allen, excepté lui-même. Il doit tout d’abord admettre qu’il a besoin d’être sauvé. Je ne sais même pas s’il pense que c’est le cas », a dit Henry Gaskins, surnommé « Que », un homme qui, en 1996, s’était vu assigner par Reebok la tâche de guider Iverson dans sa vie d’adulte superstar.

Le basket a quitté Allen Iverson

Après que le divorce a été prononcé, la juge ayant été suffisamment convaincue de l’instabilité d’Iverson pour accorder à Tawanna tout ce qu’elle avait demandé, Allen a désespérément tenté de revenir en NBA. Il a attendu jour après jour que le téléphone sonne, espérant qu’une franchise finirait par ouvrir les yeux et reprendrait une ancienne star qui pensait avoir encore des choses à donner. Iverson qui, pendant longtemps, avait été vu comme un athlète qui refusait d’accepter ses propres limites, n’était rien de plus, dorénavant, qu’un homme brisé et triste, incapable de voir la vérité en face – une vérité que beaucoup de ses proches connaissaient et avaient tenté d’ignorer pendant des années : le basket avait été le seul pilier de la vie d’Iverson et aujourd’hui, le basket l’avait quitté. « Dieu lui a donné cet énorme talent mais on savait qu’un jour, Il allait le lui reprendre », a dit Pat Croce, l’ancien président des opérations basket des Sixers, l’homme qui avait supervisé la sélection d’Iverson en première position de la draft de 1996.

À suivre…

Kent Babb, « Allen Iverson, Not A Game », 307 pages, 22 euros, 13,99 euros en format numérique (ePub).

En vente en librairie, dans les grandes surfaces et sur les sites de vente en ligne.

Talent Sport

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Autres livres de basket disponibles

> Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (sorti le 14 mai 2014)

> Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (sorti le 17 juin 2015)

> Jack McCallum, « Dream Team » (sorti le 8 juin 2016)

> Kent Babb, « Allen Iverson, Not A Game » (sorti le 9 novembre 2016)

> Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous » (sorti le 31 mai 2017)

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