Les Warriors ont recruté Kevin Durant parce qu’avec les défenses plus dures et les changements défensifs plus présents en playoffs, Klay Thompson et surtout Stephen Curry manquaient souvent d’espace lors des joutes de fin de saison. Les « Splash Brothers » ayant du mal à faire la différence en un-contre-un, l’arrivée de l’un des joueurs les plus efficaces de NBA en isolation est donc devenue une assurance face à des équipes qui parviennent à contenir le backcourt des hommes de la Baie.
Mais ajouter un scoreur de la trempe de Kevin Durant a des conséquences. L’ancien du Thunder est tellement facile offensivement qu’il peut parfois sortir du système et le jeu des Warriors a évolué depuis son arrivée.
Si certains regrettent que le jeu en mouvement de Golden State soit parfois mis de côté, Steve Kerr fait surtout preuve de pragmatisme. Face à une défense qui « switchait » autant que les Rockets, il était difficile de libérer Stephen Curry et Klay Thompson, et les isolations pour Kevin Durant devenaient donc une bonne option, bien que moins esthétiques…
52.4% d’adresse dans les troisièmes quart-temps !
Mais il y a encore une période où le meneur redevient ce raz-de-marée qui emportait tout en 2016 : le troisième quart.
Sur la saison régulière et les playoffs, le double MVP affiche des statistiques bien plus élevées dans le troisième quart-temps qu’ailleurs. Il y tourne ainsi à 9.76 points de moyenne à 52.4% de réussite de loin !
En comparaison, il tourne à 7.31 points de moyenne dans le premier quart-temps (34.7% de loin), 5.53 dans le deuxième (37.1%) et 3.31 dans le quatrième quart-temps (36.7%). Logiquement, Golden State en profite souvent pour faire la différence, puisque le club affiche un +/- de +501 dans les troisièmes quart-temps cette saison, ce qui signifie qu’ils ont donc marqué 501 points de plus que leurs adversaires dans cette période, très largement plus que dans tous les autres quart-temps.
Rester endurant le plus longtemps possible… quand les défenseurs s’épuisent
Quel est le secret de Stephen Curry pour briller autant au retour des vestiaires ?
« Je ne sais pas », répondait-il en conférence de presse. Je sais que j’ai bien joué dans les troisièmes quarts de cette série. Comme je le dis toujours, le match dure 48 minutes pleines. Il faut de l’endurance, de la résilience et de la confiance en vous. Peu importe comment ça se déroule jusque-là, on peut le changer. C’était bien de sortir du vestiaire en étant concentré, en rentrant quelques tirs, en réalisant quelques stops, et en prenant du plaisir. Après la façon dont la première mi-temps s’est passée, ça s’est parfaitement déroulé, donc c’était bien. »
Mais le préparateur physique personnel du meneur, Brandon Payne, assure que le double MVP travaille sur sa condition physique pour être capable d’exploiter les défenses en deuxième mi-temps, quand les adversaires commencent à fatiguer.
« C’est de la capacité de performance », assure-t-il à The Athletic. « Là, il s’agit de la capacité de travail en playoffs. C’est le temps qu’on peut jouer à vitesse maximale sans perdre la discipline mécanique, la vitesse ou la précision en faisant des choix sur le terrain. C’est le niveau supérieur de la préparation, sur lequel on travaille en permanence. Je me fiche de savoir qui peut travailler vite pendant longtemps. Je veux que les joueurs puissent être performants, avec des mécaniques parfaites et des décisions rapides et précises, dans les derniers instants des matchs. »
Assistant coach des Warriors, Bruce Fraser confirme que c’est plus difficile pour Stephen Curry en début de match.
« Je ne sais pas trop », répond-il, interrogé sur l’efficacité de son joueur en troisième quart-temps. « Si je devais faire des suppositions, je dirais qu’il analyse mieux les équipes et qu’il n’y a pas autant d’adrénaline chez les adversaires dans le troisième quart-temps. Quand il se met en route, on peut alors mettre en place plus de choses pour lui. On ne le fait pas trop en début de match. Mais c’est parce que les défenses adversaires l’accrochent et l’attrapent, et que c’est compliqué pour lui de se libérer. »
Stephen Curry attend donc patiemment que les défenseurs adverses s’épuisent pour profiter de meilleurs espaces dans les troisièmes quart-temps, là où il n’a donc pas à forcer autant pour obtenir de bons shoots.
« Il est là pour jouer », confirme Kevin Durant. « Il gère bien son rythme. Il ne vient pas sur vous en vous attaquant encore, encore et encore pour débuter le match, et se retrouver carbonisé à la fin. C’est un malin. Steph sait que le troisième quart-temps est son heure. »