Si LeBron James n’existait pas, Stephen Curry serait probablement le joueur le plus populaire du monde. En quelques saisons, le meneur des Warriors s’est imposé comme un des visages de la NBA, un double MVP et le futur meilleur shooteur de tous les temps.
Alors qu’il célèbre ses 30 ans ce 14 mars, on a choisi de célébrer la carrière du génie de Golden State à travers 30 dates marquantes.
La rencontre avec Drazen Petrovic
Cela fait partie des belles histoires de la vie de Stephen Curry. Le 8 février 1992, lors du All-Star Week-end d’Orlando, Dell Curry, son père, participe au concours à 3-pts. À l’échauffement, il confie son fils à Biserka Petrovic, la maman de Drazen Petrovic. C’est donc une « rencontre » avec celui qui est peut-être le meilleur shooteur du monde à l’époque. Cet instant a été immortalisé par une photo du gamin Stephen, qui n’a pas encore 4 ans. Des années plus tard, le meneur superstar ira jusqu’à envoyer un de ses maillots des Finals à Biserka pour qu’il prenne place dans le Drazen Petovic Memorial Center de Zagreb. Un geste de classe. Normal, dirons-nous, pour de tels esthètes du shoot.
LeBron James vient l’applaudir en NCAA
Des années plus tard, Curry commence à briller sur les parquets universitaires. Sa hype monte et LeBron James, alors déjà une star de la grande ligue, finaliste NBA en 2007 et meilleur marqueur de la saison 2007-2008, vient voir évoluer le meneur des Wildcats de Davidson, fluet physiquement, le 7 décembre 2008. Le futur adversaire du « King » ne déçoit pas avec 44 points ! Et le shoot primé décisif en fin de rencontre. « Il a eu un peu d’espace et il ne lui en faut pas beaucoup », avait commenté LeBron. « C’était un énorme shoot. »
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Ses 40 points en March Madness
Pour la première victoire de Davidson en March Madness depuis 1969, Curry a fait les choses en grand : 40 points contre Gonzaga, dont 30 en seconde mi-temps ! Il termine aussi avec un magnifique 8/10 à 3-pts. La pression ? Visiblement, cela n’est pas un souci. « Je prends chaque match de la même manière, avec la même approche », avait expliqué Curry à l’époque. « Je m’échauffe, je shoote de la même façon, je ne veux pas me laisser dominer par l’atmosphère. »
Meilleur marqueur NCAA et de l’histoire de Davidson
Pour sa dernière année à Davidson, Curry marque les esprits et les statistiques. Le 28 février 2009, après une performance à 34 points, il devient le meilleur marqueur de l’histoire des Wildcats. Quelques semaines après, il termine avec 28.6 points de moyenne en 32 matches, devenant ainsi le meilleur marqueur NCAA en 2008-2009. Bien évidemment, il est élu dans la première équipe All-American. La NBA lui ouvre donc ses portes.
La Draft
Il se présente à la Draft 2009, qui, avec le recul, contient du lourd : Blake Griffin, James Harden ou encore DeMar DeRozan. Il est sélectionné en 7e position par les Warriors et, comme souvent, des années après, il y a des regrets pour les autres équipes. Plus particulièrement pour les Wolves, qui voulaient un meneur de jeu, et qui ont drafté Ricky Rubio et Jonny Flynn avant lui…
Son premier match NBA
C’est sous les ordres du mythique Don Nelson que Curry commence sa carrière chez les professionnels, le 28 octobre 2009 contre Houston. Tout le « Chef Curry » est déjà là : les dribbles, la liberté dans le jeu, le shoot extérieur, la dose de génie dans les passes et la vision du jeu. Sa première fiche de statistique est correcte avec 14 points et 7 passes.
Sa saison rookie
Avec 17.5 points, 5.9 passes et 1.9 interception de moyenne, Curry réalise une très solide première saison en NBA. Il termine (logiquement) second du trophée de rookie de l’année, juste derrière Tyreke Evans, qui avait compilé 20.1 points, 5.8 passes et 5.3 rebonds par match avec les Kings. Bien évidemment, il participe au Rookie Challenge de l’époque et il est élu dans la All-Rookie First Team. Son avenir s’annonce brillant.
Champion du monde 2010
Ce petit jeune prometteur est envoyé en Turquie pour disputer les championnats du monde avec Team USA. L’équipe américaine est portée par Kevin Durant, Chauncey Billups ou encore LaMar Odom, et Curry participe à 8 des 9 rencontres. Avec 4.6 points en moins de 11 minutes, il revient aux États-Unis avec la médaille d’or autour du coup.
Les blessures à la cheville
Curry est indéniablement un grand talent, mais il est aussi et surtout ralenti par des soucis physiques. Pendant plusieurs années, il a traîné, à juste titre, la réputation d’être un joueur fragile. Ses chevilles ont beaucoup souffert et l’ont plombé dans son ascension, le privant de régularité. En mai 2011, après une saison où il s’est régulièrement tordu la cheville, il passe une première fois sur le billard pour les ligaments de sa cheville droite. Mais rien n’y fait : durant la saison 2011-2012, pourtant raccourcie, les entorses se multiplient, et il repasse par la case opération. Il n’aura joué que 26 des 66 matches de la saison écourtée à cause du lockout.
Ses 54 points à New York
Dans sa carrière, Curry a accompli nombre de bijoux, de grands matches, de chefs d’œuvre. Il est difficile d’en isoler plus qu’un autre. Mais le premier à New York le 27 février 2013 – qui demeure son record en carrière – conserve un goût particulier. Peut-être justement parce qu’il est le premier, donc marqué du sceau de la fraîcheur, de la nouveauté. Et puis les chiffres sont tellement magnifiques : 54 pts à 11/13 à 3 pts, 6 rebonds et 7 passes ! Certes, dans une défaite. Voici ce que nous écrivions dans notre résumé de l’époque : « N’hésitant devant aucune position, il donne l’impression de toujours prendre le shoot de trop, celui qui est trop compliqué pour rentrer. Mais à chaque fois, il fait mouche. Concentré mais pas fermé, ses exploits ont toujours été accompagnés de sourires et lors de son 10ème panier à 3 pts, il s’est même autorisé un petit Shimmy Shake comme son coach (Mark Jackson) savait si bien le faire. »
Le record de Ray Allen tombe
Libéré physiquement, Curry surfe sur ce style de performance, celle du Madison Square Garden, pour devenir un des shooteurs les plus prolifiques de la ligue. Mieux encore, avec 272 paniers primés inscrits en 78 matches, il fait tomber le record de Ray Allen, établi en 2006, de 269 paniers à3-pts. À 24 ans, ce jeune garçon dépoussière le livre des records et met ses empreintes sur le shoot pour enfoncer ses mains dedans et modeler cet art selon sa volonté. Désormais, les performances des shooteurs seront toutes comparées à Curry, le nouveau mètre-étalon du shoot.
La naissance des « Splash Brothers »
Malgré ses problèmes de cheville donc et malgré un certain scepticisme sur son avenir, les Warriors croient en lui et le prolongent pour 44 millions de dollars sur 4 saisons durant l’été 2012. Un choix payant dès la saison suivante où, on l’a vu, Curry flambe avec 22.9 points, 6.9 passes et 4 rebonds de moyenne. Sous son impulsion, mais pas que, les Warriors progressent. En effet, il a été rejoint la saison passée par Klay Thompson. Les « Splash Brothers » sont nés. Golden State est en playoffs, puis passe le premier tour contre Denver.
44 points contre les Spurs en playoffs
Le second tour est un obstacle de taille : les Spurs. Il sera trop imposant pour les jeunes Warriors, qui s’inclineront en 6 matches, mais dès le premier match, Curry démontre qu’il peut également franchir le palier des playoffs. Dans un match en double prolongation où San Antonio réalise un énorme comeback, l’ancien meneur des Wildcats colle 44 points et 11 passes en 58 minutes. Dès lors, Curry, ça commence à devenir sérieux.
Premier All-Star Game
Il ne lui manque que la décoration sur la veste. C’est chose faite en février 2014 avec sa première participation au match des étoiles à New Orleans. Et par la grande porte : il est élu dans le cinq majeur par les fans. Il loupe un peu son match en terme d’adresse avec 12 points à 4/14 au shoot, mais distribue 11 passes. L’essentiel est ailleurs : il a sa carte de membre pour le All-Star Week-end et le grand match du dimanche.
La All-NBA Team en 2014
Nouvelle récompense de poids en 2014 : il intègre la seconde All-NBA Team. Difficile de le manquer tant il est bon avec 24 points, 8.5 passes et 4.3 rebonds de moyenne. C’est alors la meilleure saison de sa carrière. Elle ne sera pas récompensée en playoffs, Golden State étant éliminé au premier tour contre les Clippers à l’issue du Game 7. Curry est All-Star, All-NBA, a déjà quelques grosses performances et records en poche. Il ne lui manque qu’une grande campagne en playoffs pour exploser. Ça va venir…
Champion du monde 2014
Comme en 2010, Curry fait partie de l’équipe américaine pour le Championnat du monde. Il va donc défendre son titre en Espagne. Il partage l’affiche avec James Harden, son coéquipier Klay Thompson ou la star montante et déjà championne olympique Anthony Davis. Il est meilleur que quatre ans plus tôt avec 10.7 points de moyenne et le voici avec deux médailles internationales en attendant peut-être les Jeux olympiques qu’il n’a encore jamais disputés.
L’arrivée de Steve Kerr sur le banc
Pour pleinement utiliser le potentiel du groupe, les Warriors avaient besoin de changement. Mark Jackson est donc remplacé par Steve Kerr, qui n’a pourtant aucune expérience sur un banc NBA. Élève de Phil Jackson et Gregg Popovich, mais aussi ancien GM des Suns, l’ancien meneur des Bulls va utiliser ses superbes qualités de psychologue pour entamer une relation intime, puissante avec son meilleur joueur. Les deux hommes échangent souvent, avec le sourire, des marques de respect, et une sorte de connexion entre un père et un fils émerge. Pour comparer, on pense notamment à Jackson et Michael Jordan, Larry Brown et Allen Iverson ou Popovich et Tim Duncan. Sur le plan technique, il apporte de la vitesse et une liberté de shooter à un meneur, qui était un peu bridé par le jeu ralenti de Mark Jackson.
Les ventes de maillot
Les Warriors version Kerr dominent la ligue et Curry prend une nouvelle dimension technique, mais aussi médiatique. En janvier 2015, la NBA publie les chiffres des ventes de maillots NBA pour le dernier trimestre 2014. James, qui venait de revenir à Cleveland, domine logiquement le classement mais il est suivi par un petit nouveau : Curry. En un an, il avait gagné cinq places et même trois en un petit trimestre. Quelques mois plus tard, il prendra la tête et deviendra la nouvelle idole des jeunes.
Le MVP 2015
Avec 67 victoires et 15 défaites, Golden State termine la saison 2014-2015 avec le meilleur bilan de la ligue. Les vagues offensives de la franchise californienne déferlent sur les adversaires et les gifles infligées sont nombreuses. Meilleur joueur de son équipe, avec 23.8 points, 7.7 passes de moyenne et 2 interceptions de moyenne, Curry est élu MVP devant James Harden et LeBron James. Encore une montagne qu’il a surmontée. Une bague et il aura tout gagné…
Champion en 2015
Curry et sa bande passent le premier tour sans embûche face aux Pelicans, puis souffrent davantage contre Memphis – collectivement, le Game 4 fut un petit bijou défensif – et écartent Houston en finale de conférence. En Finals, Curry retrouve LeBron James et Cleveland. Là encore, Golden State a des difficultés face au monstre « King James » et le changement tactique de Kerr, en mettant Andre Iguodala dans le cinq, va bouleverser la série. Curry avait eu du mal en début de Finals, avant de claquer 37 points dans le Game 5. Les Warriors remportent le titre en 6 rencontres. La bague au doigt, Curry n’a simplement pas remporté le trophée de MVP des Finals, qui aurait rendu sa saison parfaite.
La routine d’avant-match
Désormais au sommet de la NBA, Curry attire tous les regards. Les audiences des matches flambent, les spectateurs viennent en masse observer le génie de l’Oracle Arena. Cela se symbolise par sa routine d’avant-match qui est filmée, analysée, scrutée. Rarement de simples échauffements fait de dribbles et de shoots n’avaient été aussi médiatiques – et spectaculaires.
Le shoot venu d’ailleurs contre Oklahoma City
Trois ans, jour pour jour, après le show de New York, Curry délivre un nouveau récital grandiose contre le Thunder : 46 points à 12/16 à 3-pts ! Ses 12 tirs primés égalent le record NBA de Kobe Bryant et Donyell Marshall mais c’est bien le dernier qui est resté dans toutes les mémoires. Inoubliable. À 118 partout, il reste 6 secondes à jouer et le meneur a encore la possibilité d’appeler un temps-mort. Il ne le fait pas, remonte la gonfle puis se stoppe à 11 mètres pour envoyer un nouveau missile à 3-pts. Ça rentre ! Le monde de la NBA en est resté bouche bée.
402 réussites à 3-pts
Dans cette saison où il semble sur un nuage, Curry explose – le mot n’est pas exagéré – le record de paniers à 3-pts. Il le fait passer de 286 à 402 ! Cela fait 5.1 paniers primés inscrits par match ! Voici un record qui va probablement mettre du temps à tomber. Dans l’histoire, aucun autre joueur que Curry n’a dépassé les 300 paniers à 3-pts dans une saison. Aucun…
L’unanime MVP de 2016
30.1 points par match à 50 % de réussite, 45.4 % à 3-pts, 90.8 % aux lancers-francs, 6.7 passes, 5.4 rebonds, 2.1 interceptions, un record à 3-pts ahurissant, un bilan collectif de 73 victoires (record NBA)… Impossible de ne pas donner le trophée de MVP à Curry. Il est même le premier joueur de l’histoire à être élu à l’unanimité. On imagine mal comment faire autrement tant il a illuminé la saison régulière.
La blessure des playoffs 2016
Les Warriors ont marché sur la ligue depuis l’arrivée de Kerr et la prise de pouvoir de Curry. Le titre 2016 est donc promis aux « Splash Brothers ». Mais les blessures le rattrapent. D’abord à la cheville, puis au genou. Son entorse le prive de deux semaines de playoffs et le coupe dans son élan. Les Warriors ne sont pas loin d’être sortis par Oklahoma City en finale de conférence et s’inclinent 4-3 face aux Cavaliers, après avoir pourtant mené 3-1. Ces semaines de printemps 2016 resteront une blessure, dans tous les sens du terme, pour le double MVP.
Le record de 13 paniers à 3-pts
La saison suivante, Golden State s’est réinventé avec l’arrivée de Kevin Durant. Les deux derniers MVP évoluent sous les mêmes couleurs mais Curry ne ralentit pas ses performances pour autant. Néanmoins, il connaît des pannes. Face aux Lakers, en début de saison, il conclut une partie avec un affreux 0/10 ! Trois jours après, le 7 novembre 2016, il se venge sur les Pelicans en empilant 13 paniers primés ! Le record est enfin dans ses mains – comme tous les records à 3-pts ou presque pourrait-on dire en caricaturant à peine.
Le doublé de 2017
Avec les « Splash Brothers », un Draymond Green qui a pris de l’épaisseur et un Kevin Durant parfaitement intégré au système des Warriors, les champions 2015 écrasent les playoffs 2017. Douze matches, douze victoires à l’Ouest. En Finals, encore une fois contre les Cavs, Durant est décisif dans le Game 3 et Curry récupère une seconde bague de champion, mais manque encore une fois le trophée de MVP des Finals malgré une excellente série (26.8 points, 9.4 passes, 8 rebonds). Peu importe, il est double MVP et double champion comme peu de joueurs depuis 30 ans – et pas des moindres : James, Jordan, Duncan et Magic Johnson.
Un contrat XXL
Forcément, Curry pouvait envisager une revalorisation salariale avec ses récentes performances. Il est loin le temps des doutes, le temps des 44 millions sur 4 saisons. Désormais, c’est quasiment ce qu’il va gagner par saison ! À l’été 2017, il signe donc un contrat de 201 millions de dollars sur cinq saisons.
Le rachat des Panthers
Une nouvelle fortune qu’il pourrait bien investir dans la NFL. En effet, le 18 décembre 2017, sur Twitter, Curry avait écrit être intéressé par le rachat des Carolina Panthers. Il l’avait confirmé quelques jours après, dans une interview pour ESPN. Comme il a grandi à Charlotte, il est tout naturel de le voir s’impliquer dans ce dossier. Ce qui semble en bonne voie puisqu’avec Sean « Diddy » Combs, Curry a rejoint Michael Rubin pour former un groupe d’actionnaires potentiels. Affaire à suivre donc.
La régularité à 3-points
Les records à 3-pts tombent comme des mouches avec Curry. Le 2 mars dernier, il enregistre le 200e shoot primé de sa saison, pour la 6e année consécutive. Ainsi, il devient le premier joueur à compiler 6 saisons de suite avec au moins 200 paniers à 3-pts. Ray Allen était resté bloqué à 5. Il a, rapidement, été rejoint par son compère de toujours, Thompson. En attendant d’autres records à venir…