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Portrait : Jeff Hornacek, le shoot comme une caresse

Avant de devenir le coach des Suns puis des Knicks,  Jeff Hornacek s’était fait connaître comme shooteur du côté des Suns et surtout du Jazz. En se caressant la joue au moment de tirer ses lancers.

C’est l’histoire d’un basketteur ignoré par tous les recruteurs de la Terre. Et pour cause : l’ancien coach des Knicks n’a reçu aucun don du ciel. Le bonhomme se destine à une carrière de comptable. Seulement, il ne lâche pas facilement le morceau. Et surtout, il sait jouer avec sa tête.

A force de persévérance, Jeff Hornacek s’est imposé comme l’un des meilleurs shooteurs à 3-points et tireurs de lancers francs de la Ligue. Son association avec John Stockton et Karl Malone propulsa le Jazz en Finales à deux reprises.

« Horny » ou la preuve que l’on peut réussir en NBA sans grosses qualités athlétiques.

On ne sait pas ce qu’il en est pour vous mais les joueurs profitant de leur présence sur la ligne des lancers pour envoyer des petits messages codés à leurs proches, ça nous a toujours prodigieusement gonflés…

Imagine-t-on un footballeur faire un coucou à sa maman juste avant de tirer un penalty ? A la limite, une fois par match, ce serait admissible. Mais Jason Kidd envoyant un bisou vers le panier pour saluer Joumana et son fils T.J. avant chaque lancer, c’était agaçant au possible. Et Jeff Hornacek se caressant trois fois la joue droite pour montrer à ses trois enfants qu’il pensait à eux, c’était juste IN-SUP-POR-TA-BLE ! Surtout que le bougre y allait souvent, sur la ligne de réparation. C’était même un spécialiste de l’exercice. Mais sans doute n’était-ce pas l’aspect le plus énervant de son jeu.

Ce qui fit sortir tous les adversaires du Jazz de leurs gonds, c’est l’adresse diabolique et la ruse de ce petit bonhomme parti de rien, qui n’avait aucune prédisposition particulière pour le basket et qui se révéla une merveille de coéquipier durant son séjour à Salt Lake City. A force de travail et de persévérance.

1996. Finale de Conférence Ouest. Seattle s’arrache pour sortir Utah en sept manches. John Stockton et Karl Malone, les vieux renards, ont donné du fil à retordre aux jeunes loups Gary Payton et Shawn Kemp. En marge de cette confrontation de doublettes, un homme a jailli de la série. Ne vous fiez pas à son air de ne pas y toucher, ce type est un poison permanent. A l’observer, on se demande parfois ce qu’il fait là. C’est le plus sous-estimé des shooting guards. Mais quelque part, avec son doigté magique et son adresse vénéneuse, il force l’admiration. Paradoxalement, Jeff Hornacek n’a pas beaucoup pratiqué le basket dans sa jeunesse. Il préférait le baseball et le hockey. Il faut dire qu’à son entrée à la Lyons Township High School de LaGrange (Illinois), il ne mesurait que 1,58 m pour 50 kg. A sa sortie, il faisait 1,88 m pour 68 kg.

Un éternel concours de circonstances

Jeffrey John Hornacek naît le 3 mai 1963 à Elmhurst, dans la banlieue de Chicago. John, son papa, est assistant coach au lycée St. Joseph’s, à Westchester. Il vit passer Isiah Thomas dans les années 70. S’il est une chose sur laquelle il n’a aucune influence, c’est la mécanique de tir du fiston. « Mécanique », le terme est flatteur… Jeff shoote des deux mains en donnant une petite pichenette vers l’avant, le ballon roulant sur son pouce gauche. A vrai dire, il ressemble plutôt à un gars en train de nager la brasse !

En plus du basket, Jeff joue donc au baseball. Position : shortstop (arrêt-court). Tout, dans la vie d’Hornacek, fut affaire d’accidents. Durant son année junior, un joueur est suspendu suite à un accident de voiture. Et voilà comment il se retrouve dans le starting five. Il a beau mener Lyons Township au Sweet 16 de l’Etat d’Illinois durant sa saison senior, sous les ordres de Ron Nikcevich, il ne reçoit aucune offre de bourse universitaire. Plusieurs petits colleges sont intéressés mais lui est convaincu d’avoir sa place en Division 1 NCAA. Faute d’opportunités, il se décide à la dernière minute en faveur de Cornell. Sa candidature arrive début juillet, bien trop tard. Il ne peut être inscrit pour le premier semestre.

« J’avais l’intention d’y aller pour le second », racontait-il en 2000 au magazine « Hoops ». « Durant tout le premier semestre, j’ai bossé (ndlr : pour une entreprise fabriquant des verres et tasses en plastique). Arrivé en décembre, Cornell m’a informé que j’étais accepté de manière non officielle. J’ai demandé ce que cela signifiait… On ne me donnait aucune garantie. Je ne voulais pas louper un deuxième semestre et perdre une année de fac entière. Mon père était coach de lycée, alors il a discuté avec plusieurs entraîneurs du coin. Il a rencontré un gars qui s’appelait Gary Cook. Cook était assistant à Iowa State. Mon père lui a parlé durant un tournoi organisé à Noël. Gary y faisait du scouting. Il lui a expliqué que les Cyclones avaient des problèmes avec leurs arrières. Peut-être y avait-il une ouverture pour moi. Plutôt que d’attendre la réponse de Cornell avec le risque d’essuyer un refus final, je suis parti faire un essai à Iowa State. Je suis juste rentré dans la voiture et j’ai filé là-bas. Je ne savais absolument rien de l’école. J’y suis allé en aveugle. »

Johnny Orr, coupe de para réglementaire et voix sévère, lui propose un deal. Il est prêt à l’accueillir à Iowa State, où il officie depuis 1980, mais demande à zieuter le matos… « Montre-moi ce dont tu es capable et on verra ce qu’on fait de toi », lui dit-il en substance.

Hornacek se montre visiblement convaincant puisque Orr lui demande de rester. Il choisit des études en comptabilité et se prépare à une vie de broyeur de chiffres. Redshirt en 1981, Jeff entame sa carrière universitaire l’année suivante comme point guard des Cyclones dans la Conférence Big Eight (futur Big 12). Le tournant a lieu durant un match télévisé face à Oklahoma State. Titularisé, Jeff joue 40 minutes et il est élu « Homme de la rencontre ». « Après ça, il n’est plus jamais sorti du cinq », explique Ric Wesley, assistant coach.

« Pour être honnête, durant le premier semestre, Jeff ne fut pas spécialement éblouissant… », admit Johnny Orr. « Il ne me donnait pas du tout l’impression de pouvoir jouer en NBA. Je me demandais s’il pouvait seulement jouer pour Iowa State… »

Iowa State gagne pour la première fois depuis 1944

La saison précédant son arrivée, la fac avait posté un record de 10 victoires-17 défaites. De 1982 à 86, l’équipe ne cessera de progresser, signant 13, 16, 21 puis 22 victoires. Hornacek est désigné co-capitaine dans ses troisième et quatrième années. En 1985, les Cyclones chutent au premier tour du Tournoi NCAA, pour ce qui est la première participation du college à la « March Madness » depuis 40 ans. La saison suivante, « ISU » atteint le Sweet 16 en sortant la tête de série n°5, Michigan, au second tour. Orr, qui se retirera en 1994, considère qu’il s’agit là de la plus grande victoire de sa carrière.

Jeff connaît son heure de gloire au Metrodome de Minneapolis, au premier tour. Il plante un premier shoot pour égaliser et envoyer le match contre Miami, l’équipe de Ron Harper, en prolongation. En overtime, il inscrit 2 points au buzzer pour offrir à Iowa State son premier succès (81-79) dans le Tournoi NCAA depuis… 1944. Deux jours plus tard, le 16 mars 1986, c’est donc Michigan, l’ancienne équipe de Johnny Orr, qui passe à la trappe (72-69).

Les stats d’Hornacek ne payent peut-être pas de mine (10.7 pts, 3.3 rbds et 5.4 pds de moyenne en 4 ans) mais ses 665 passes en carrière sont un record dans la Conférence. Il est désigné All American dans son année senior et figure dans le premier cinq All-Big Eight. Son n°14 sera retiré en 1991 au Hilton Coliseum d’Ames (Iowa). Personne n’avait intercepté autant de ballons que lui en 4 ans (211). Pour la petite histoire, c’est à la fac qu’il rencontra Stacy, sa future femme. Elle lui donnera deux garçons, Ryan et Tyler, et une fille, Abigale. « A la fin de son cursus, il pouvait absolument tout faire », reprend Johnny Orr. « C’était un entraîneur sur le terrain et un vrai leader. Il apportait réellement tout ce que vous attendez d’un basketteur de ce niveau. »

« Quand tu es lent, que tu ne peux pas dunker et que tu ne peux pas contourner un mec de 2,13 m, tu es bien obligé de trouver des solutions »

Seulement voilà, les scouts NBA ignorent sublimement cet arrière assez lent qui n’a pas aligné des chiffres prodigieux à Iowa State. Par sécurité, Jeff prend contact avec des boîtes d’expertise comptable. Une fois encore, papa décroche son téléphone. John demande à Bobby Knight de contacter Jerry Colangelo. Hornacek est invité au camp précédant la grande foire aux talents. Dans une Draft qui compte alors sept tours, Jeff est retenu par les Suns en avant-dernière position du second (46e), juste devant Michael Jackson (pas le chanteur, le champion NCAA 1984 avec Georgetown). Ce petit arrière blanc sans dons naturels ni génie particulier semble perdu dans l’industrie du spectacle qu’est devenue la NBA. En tout cas, pas vraiment à sa place. Imaginez ce que cela aurait été si sa carrière professionnelle avait démarré chez les Lakers époque showtime…

Car c’est Los Angeles qui détenait initialement ce deuxième tour de draft. Il fut cédé aux San Diego Clippers le 10 octobre 1983 dans le transfert de Byron Scott. Puis aux Detroit Pistons le 17 octobre dans le transfert de Ricky Pierce. Puis le même jour aux Phoenix Suns dans le transfert de David Thirdkill, surnommé « le Sheriff », vu plus tard à Roanne et qui, contrairement à ce que peut laisser penser son nom, n’a jamais tué personne sur un parquet pro américain. Même après avoir été drafté, Jeff se renseigne pour un boulot de comptable. Il lui faut réussir à passer l’écueil des premiers mois en NBA. S’il tient bon, son salaire sera garanti pour l’année. Faute de références, Hornacek hérite d’une place de back-up. Il secondera Jay Humphries.

« J’étais impatient de jouer », racontait-il. « A l’époque, on n’avait pas une équipe de contre-attaque. Il y avait Walter Davis, Alvan Adams, Larry Nance et l’attaque jouait typiquement sur demi-terrain. J’étais un meneur capable de lire les situations. Le coach, John MacLeod, était venu me voir et m’avait dit : « Ton job, c’est de donner la balle à Larry, Walter et Alvan et c’est tout. Si tu fais ça, tu auras ton quota de passes décisives tous les soirs. » Ce qu’on me demandait me convenait. Je pense que le coach avait compris que j’étais au moins capable de donner la balle aux autres dans de bonnes positions. »

Jeff culmine désormais à 1,93 m (pour 86 kg) et il va faire taire toutes les moqueries. Lorsque sa carrière pro démarre en 1986 à Phoenix, Jerry Colangelo, GM des Suns, exige très rapidement qu’il mette au placard « cette espèce de shoot bâtard à deux mains ». Hornacek s’efforce de lui donner satisfaction mais le résultat n’est pas forcément meilleur. « Je suis incapable de décrire mes tirs », explique Jeff. « Quand tu es lent, que tu ne peux pas dunker et que tu ne peux pas contourner un mec de 2,13 m, tu es bien obligé de trouver des solutions. »

En 1987, la franchise de l’Arizona est éclaboussée par une affaire de stupéfiants impliquant plusieurs joueurs (Davis, Edwards, Humphries, Gondrezick…). Jerry Colangelo pilote le rachat de l’équipe par un groupe d’investisseurs pour 44 M$. Une fois aux commandes, il impose un grand ménage. En février 1988, Cotton Fitzsimmons (R.I.P.), chargé de la gestion de l’effectif, cède Larry Nance à Cleveland contre Kevin Johnson. Un trade très décrié. « Nous nous sommes débarrassés de tout le monde excepté Jeff Hornacek », commenta-t-il. « On a pris Kevin pour sa vitesse et sa faculté à créer du jeu pour les autres. Il y a de grands shooteurs pour l’entourer et Jeff en fait partie. »

L’ailier six fois All-Star Walter Davis (33 ans), qui avait témoigné contre ses coéquipiers en échange d’une immunité, part en clinique pour traiter une dépendance à la cocaïne. Kevin Johnson et Jeff Hornacek intègrent le backcourt. L’équipe, qui s’affichait à 17 victoires-45 défaites, termine l’année par un 11-9. Phoenix pousse indirectement Davis vers la sortie en lui proposant 1 an de contrat pour la moitié de son salaire. Il rejoint Denver qui lui en offre 2.

Du groupe d’origine, il ne reste plus que quatre joueurs : Jeff Hornacek, Eddie Johnson, le regretté Armon Gilliam et Winston Crite. Cotton Fitzsimmons est nommé entraîneur. Avec les arrivées conjuguées de Tom Chambers, free-agent à Seattle, et Dan Majerle, 14e choix de draft, Phoenix s’achète une conduite, passant de 28 à 55 victoires. Au printemps 1988, les Suns avancent jusqu’à la finale de Conférence. Ils sont balayés par les Lakers. Hornacek vient de connaître sa première saison comme titulaire à temps plein. Il a tourné à 14.1 points et 5.2 passes en playoffs. « Ce fut probablement l’année la plus marrante », déclare-t-il. « Personne n’attendait rien de nous et du jour au lendemain, on s’est retrouvé au centre de toutes les discussions. »

Le sous-fifre s’invite au banquet des dieux

Le 24 novembre 1989 contre Orlando, il réussit son premier triple-double en carrière (22 pts, 12 rbds, 15 pds). Entre 1990 et 92, la franchise de l’Arizona s’invitera systématiquement en playoffs, portée par son trio Chambers-Johnson-Hornacek. Résultats : une deuxième finale de Conférence perdue contre Portland (2-4), un premier tour perdu contre Utah (3-1) et une demi-finale de Conférence perdue face aux Trail Blazers (4-1). En cette année 1991-92, Hornacek gagne définitivement le respect, en plus de l’estime des fans locaux dont il est l’un des chouchous.

Dans sa sixième saison, il se classe en effet meilleur scoreur des Suns avec 20.1 points par match (n°20 NBA). C’est aussi le meilleur intercepteur du club (1.95), le joueur qui obtient le plus de minutes, le plus adroit aux lancers (n°7 NBA) et derrière l’arc (n°3 NBA). Son deuxième triple-double intervient le 29 novembre contre Charlotte (31 pts, 10 rbds, 14 pds). Il est par ailleurs désigné « Joueur du mois de décembre » avec une moyenne de 21.9 points, 5.7 rebonds et 5.1 passes. La récompense de tout ça, c’est une convocation pour le All-Star Game d’Orlando. Le 9 février, Hornacek signe 14 points (5/10), 7 passes et 1 interception dans l’écrasante victoire de l’Ouest 153-113. Il y a là la crème de la crème : Magic, Drexler, Robinson, Olajuwon, Mullin, Malone et Stockton d’un côté, Jordan, Isiah, Barkley, Pippen, Ewing, Rodman et Dumars de l’autre… Hornacek n’aura jamais l’éclat de ces étoiles mais sa simple présence sur le parquet de l’Orlando Arena le dimanche 9 février est un signal fort.

L’aventure Phoenix s’arrête pourtant là. En guise de récompense, Jeff est expédié chez les Sixers avec Andrew Lang et Tim Perry pour permettre le transfert de Charles Barkley dans l’Arizona. Les boules ! « Pour moi, ce fut une surprise totale. Je venais de fêter ma première sélection All-Star et à l’époque, je pensais qu’un joueur loyal envers sa franchise obtenait le même traitement en retour. Je croyais que nous formions une famille. Ce trade m’a prouvé que tout ceci n’était que du business, quoi que dise la direction des Suns au sujet des liens qui, soi-disant, nous unissaient. »

« Nous ne voulions pas voir partir Jeff », assura Cotton Fitzsimmons. « C’est l’un des joueurs que j’ai le plus aimé coacher. Simplement, il se retrouvait dans la balance avec Kevin Johnson et Dan Majerle. Nous avons sacrifié l’élément le plus ancien. »

Un passage éclair à Philly

Avec un Hersey Hawkins à 19 points de moyenne, Jeff n’a pas d’autre choix que d’accepter un décalage au poste 1. On connaît quelques meneurs qui signeraient tout de suite pour tourner à 6.9 passes. Seulement, Clarence Weatherspoon n’est pas Charles Barkley. Orphelins du meilleur marqueur de la « Dream Team » à Barcelone, les Sixers prennent un aller simple pour l’enfer (26-56). Jeff inscrit 20 points à trente-deux reprises et 30 points neuf fois.

Hersey Hawkins parti à Charlotte, cela ne s’arrange pas. Heureusement, Dame Providence frappe à la porte des Hornacek un soir de février 1994. Le 24 très exactement. Jeff est cédé au Jazz, en compagnie de Sean Green, contre Malone. Jeff Malone, scoreur prolifique à Washington puis Utah. Neuf saisons de suite entre 18.1 et 24.3 points de moyenne. Plus de 17 000 points inscrits. L’un des shooteurs les plus purs de la Ligue. Scott Layden, le GM du Jazz, accepta rapidement la transaction.

« On nous offrait l’opportunité d’acquérir Jeff et nous n’avons pas hésité une seconde. Nous étions convaincus qu’il nous apporterait énormément. Tout le monde le connaît en tant que shooteur extérieur mais Jeff n’est pas uniquement ça. C’est un excellent all-around player. On avait le sentiment que ce serait un complément terrible pour John (Stockton). Le plus important était encore ailleurs : dans la vie, c’est un grand bonhomme. C’est un être exceptionnel, très attaché à la famille. Je ne dirai jamais assez de bien à son sujet en tant qu’individu. Il est venu et il s’est immédiatement intégré. »

Ce trade bouleverse une deuxième fois la vie de Jeff. Utah, c’est 47 victoires en 1993, 55 en 1992, 54 en 1991… Une présence régulière en playoffs depuis 10 ans. L’un des meilleurs tandems de la Ligue, en place depuis 1985. Une valeur sûre de la division Midwest. Après la nomination de Jerry Sloan comme coach en 1988, le Jazz s’est établi comme l’une des franchises les plus professionnelles de la Ligue. S’il est un joueur qui avait sa place dans ce tableau, c’est bien Jeff Hornacek. L’ancien Sixer peut repasser sur le poste 2.

Le chaînon manquant du Jazz

« J’avais peut-être affronté John et Karl une cinquantaine de fois avec les Suns », rigolait-il. « J’avais l’impression de rencontrer le Jazz chaque année en playoffs et à chaque fois, c’était des séries interminables. Je connaissais leur style, je connaissais leur équipe, je savais que je pouvais m’imposer à Salt Lake City. Je crois que le plus grand choc a été de jouer avec John et Karl et non plus contre eux. Je pensais qu’il me faudrait un peu de temps pour comprendre ce qu’ils aimaient faire. Mais non, ça s’est immédiatement bien passé. Je n’ai eu qu’à faire un hochement de tête. Dès le premier instant, nous avons été sur la même longueur d’ondes tous les trois. Nous savions quoi faire sur le parquet. On pouvait entrer sur le terrain, nous trouver naturellement et faire le job. »

Rudy Tomjanovich, le coach des Rockets, fut sonné par l’annonce de ce trade. « Il est si difficile de réaliser des mouvements sensés de nos jours… Si on vous avait demandé de regarder l’effectif du Jazz et de désigner la pièce manquante, vous auriez nécessairement cité Hornacek. »

Très vite, on retrouve le Jeff de Phoenix. Ce rôle de troisième option lui convient à merveille. Dans une équipe où les deux « Dream Teamers » de Barcelone font la pluie et le beau temps, Hornacek s’invente une nouvelle vie. Remplaçant à 18 reprises, il se ressource dans l’ombre d’un duo tranquille qui lui enlève un maximum de pression. Cette saison 1993-94 à 53 victoires accouche d’une finale de Conférence contre les Rockets, futurs champions (défaite 4-1). A 31 ans, Jeff songeait à prendre une retraite anticipée. Finalement, il vend sa maison à Phoenix et reloge toute sa famille dans l’Utah.

Un John Stockton bis

Dès la saison suivante, le n°14 s’intercale entre les deux champions olympiques de 1992 pour se classer deuxième meilleur marqueur du Jazz (16.5 pts) avec des pourcentages de réussite toujours aussi flamboyants (51.4 dans le champ et 40.6 derrière l’arc). Hornacek remportera le concours de tirs à 3 points du All-Star week-end à deux reprises. Mais ce n’est pas seulement un shooteur hyper adroit. C’est un joueur extrêmement malin qui maîtrise parfaitement le jeu sans ballon et qui sait comment se placer pour recevoir la patate chaude dans la meilleure position, une donnée fondamentale pour un deuxième arrière shooteur.

Jeff est un John Stockton bis : il ressemble à votre voisin de palier, il ne fait peur à personne, il n’est pas charismatique pour un sou mais il comprend parfaitement ce qui se passe sur un parquet et sait en tirer avantage avec un mélange de vice et de malice. Son Q.I. basket est très nettement au-dessus de la moyenne : on dirait qu’il possède un ordinateur à la place du cerveau. C’est un shooteur clutch, capable de dégainer hyper rapidement, et un défenseur tenace. Un coéquipier dévoué et déterminé, pro jusqu’au bout des ongles. Clairement sous-estimé. Pourquoi ? Parce que Jeff a le malheur de terminer dernier dans tous les tests d’aptitudes physiques. Utah s’en fiche. Sa qualité de passe et de shoot est la bienvenue, surtout au poste 2. La précision et la clairvoyance de son jeu eurent le don d’en irriter quelques-uns. En mars 1996 au Delta Center, Hornacek monte au panier et se fait accrocher par Jerry Stackhouse. Jeff proteste. L’arrière des Sixers lui saisit le visage avant de lui asséner plusieurs pains pour lui dire sa façon de penser…

« Jeff n’est pas le gars le plus rapide ni le meilleur jumper mais si vous l’affrontez dans un bar, vous êtes foutu », expliquait son coéquipier Adam Keefe. « Que ce soit au billard, au ping-pong ou aux fléchettes, il vous met la misère. Je l’ai vu. On y joue entre nous et Jeff botte le cul de tout le monde. La coordination entre son regard et ses mains est tout bonnement prodigieuse. »

Hornacek semble porter un masque imperturbable. La NBA, ses paillettes et ses millions de dollars n’ont rien changé à sa nature profonde. C’est un garçon tranquille issu de la classe moyenne et qui a épousé une fille de fermier. Après un match, on pourrait facilement le confondre avec un spectateur du Delta Center. Il n’est pas musclé, son gabarit est tout à fait quelconque et il a l’air d’avoir la quarantaine bien tassée. « Ce gars possède une espèce de paix intérieure », avançait Gordon Chiesa, assistant coach du Jazz, pour tenter d’expliquer la quiétude du personnage.

« C’est le bonhomme qui prendra toujours soin de vous envoyer une carte de Noël et une autre pour votre anniversaire », s’esclaffait Franck Layden, ancien président du Jazz. « Le frère de ma femme s’est éteint. Il a appelé pour présenter ses condoléances. Il était sincèrement navré. Jeff est ce type de bonhomme. »

Le basket pratiqué par l’équipe de Jerry Sloan respire l’intelligence. C’est propre, carré, parfaitement exécuté. Sans doute manque-t-il une part d’irrationnel et de magie dans tout ça. Autrement, comment expliquer qu’une franchise à 60 victoires en 1995 se fasse sortir pour la deuxième année de suite par Houston (47-35) en perdant chez elle, de 4 points (91-95), le Match 5 du premier tour ? Comme les Knicks à l’Est, Utah se sera révélé incapable d’exploiter la première retraite de Michael Jordan. Et tout indique que les mormons le regretteront longtemps…

Au printemps 1996, c’est Seattle qui remporte la manche décisive pour deux paniers de plus (90-86 dans le Game 7 à la Key Arena). Chez les Sonics, Gary Payton, Shawn Kemp, Detlef Schrempf et Hersew Hawkins dépassent allègrement les 52% de réussite aux tirs. Côté Jazz, Hornacek bouffe la feuille de match (3/10), imité par Karl Malone (8/22) et Bryon Russell (3/10). Conclusion tristounette d’un exercice qui aura vu l’ami Jeff signer sa meilleure année derrière l’arc. La shooting machine du Jazz casse deux records d’équipe, réussissant 104 tirs primés avec 46.6% de réussite. Les deux marques précédentes (102 à 44.9%) avaient été établies par John Stockton l’année d’avant. « Il possède toute la panoplie des tirs », constate son partenaire Antoine Carr.

Karl Malone : « Je n’ai jamais évolué avec un joueur aussi intelligent »

Jeff s’affiche à 15.2 points de moyenne, 50.2% aux shoots et 89.3% aux lancers francs. A quel rang peut-on le situer ? Tout simplement au second de la Ligue pour l’adresse aux lancers et au cinquième pour celle à 3 points. « Il ne s’amusera jamais à défier un adversaire en dribble ou en puissance mais à sa façon, il attaque aussi fort que n’importe quel joueur », constate son entraîneur, Jerry Sloan. « C’est pour cela que son jeu est fondamental dans nos systèmes offensifs. »

En janvier, Hornacek signa son 11 000e point en carrière. Sur lancer franc évidemment. « Pour quelqu’un qui ne pensait pas réussir quoi que ce soit dans cette Ligue, j’imagine qu’atteindre la barre des 10 000 (ndlr : le 14 février 1995 contre San Antonio) était déjà quelque chose d’exceptionnel. Chaque millier fut un petit événement en soi. Je n’avais pas planifié cette carrière en NBA. On me proposait un boulot dans deux boîtes d’expertise comptable à Des Moines, dans l’Iowa. Quand j’ai été drafté, je leur ai demandé s’il était possible de tenter ma chance dans la Ligue puis de revenir en cas d’échec. Les deux employeurs étaient d’accord. Rien de tout cela n’avait été programmé. »

Au lendemain de l’élimination face aux Sonics, il en redemande, sûr que cela finira bien par passer. C’est aussi l’avis du propriétaire, Larry Miller (décédé en 2009). Miller appréciait mieux que quiconque l’apport d’Hornacek. Il regretta que l’intéressé n’ait pas effectué toute sa carrière au Jazz. Avant son arrivée, l’équipe avait totalisé 45 victoires. Avec lui, elle en signa 53, 60, 55, 64, 62, 37 (l’année du lock-out) et 55. « S’il fallait décrire le joueur idéal de la franchise, Karl et John illustreraient sans doute ce portrait à la perfection. Mais j’ajouterais aussi Jeff pour son comportement, son style de vie, ses compétences et sa grande moralité. »

« Ce n’est pas le basketteur qui a reçu le plus grand don de Dieu, celui qui court le plus vite ni celui qui saute le plus haut », ajoutait Karl Malone. « Mais je vais vous dire un truc : je n’ai jamais évolué avec un joueur aussi intelligent. J’aimerais que tous les gamins d’Amérique se procurent un poster de Jeff, l’accrochent dans leur chambre et se demandent : « Comment ce gars peut-il réussir en NBA ? » C’est un exemple pour tous. Il leur montre qu’à force de travail, on peut réussir. » Les louanges se multiplient. Pour Stockton, « C’est juste un super joueur. Il trouvera une façon de vous battre ». Pour Barkley, « C’est le shooteur le plus pur que j’aie jamais vu ».

« Une Oldsmobile sur un circuit réservé aux Ferrari »

Quant à Hornacek, il résumait son profil comme ça : « J’ai le sentiment de savoir comment jouer au basket. Comment faire les petites choses qui compensent mon manque de vitesse et mes qualités athlétiques limitées. Je suis arrivé dans la Ligue peu de temps après Michael Jordan. Tout le monde veut lui ressembler mais il n’y aura pas d’autre Michael Jordan. En revanche, il peut y avoir des millions de basketteurs comme moi. »

Doug Robinson, un reporter du « Deseret News », trouva la formule adéquate : « Comme joueur, Jeff semblait une bizarrerie conçue par un esprit sans imagination. On aurait dit une Oldsmobile sur un circuit réservé aux Ferrari. »

Au sujet de ce fameux shoot, Jerry Sloan disait toute son admiration : « Vous savez que j’ai toujours mis l’accent sur le rebond et la défense. Mais quand un gars comme Jeff prend un tir ouvert dans le périmètre, vous savez qu’il ne sera pas nécessaire d’aller au rebond… Si j’étais joueur et que j’avais des problèmes au shoot, je louerais une pièce chez lui pour pouvoir prendre des cours particuliers. »

Aucun de ses coaches ne put lui faire changer ses habitudes au tir. Son pouce gauche servait toujours de guide à la balle. Après sa saison rookie, Jeff se rendit quotidiennement au gymnase. Stacy était là pour prendre les rebonds et lui renvoyer la balle. Un jour, elle en eut marre et s’assit pour observer son basketteur de mari. Jeff avait tout tenté pour corriger sa mécanique de tir. Elle lui suggéra de pointer le doigt vers le panier dès que la balle quittait ses mains. Cette réflexion élémentaire allait transformer son shoot pour toujours.

De 45.4% aux tirs dans sa saison rookie, il allait s’afficher à 50.6 dès la suivante. Il ne retomba jamais en dessous de 47%, sauf en 1993-94. Jeff prit l’habitude de noter ses observations dans un petit carnet qui ne le quittait jamais. Il inscrivait là tout ce qui concernait sa technique.

A son arrivée en NBA, il hésita à shooter comme il en avait l’habitude. Il craignait que son style peu orthodoxe ne fasse bondir le staff… « On appelait ça le « Hornacek Drill » (ndlr : l’exercice Hornacek) », raconta Gordon Chiesa. « Nous avons appris aux autres gars de l’équipe à shooter comme lui, sans forcément équilibrer le corps mais en gardant le contrôle du mouvement. »

Peut-être faut-il chercher ailleurs l’origine de cette prodigieuse adresse. Petit, Jeff avait l’habitude de jouer sur un terrain derrière la maison familiale, du côté de Chicago. Un fil traversait l’aire de jeu, partant de l’arrière du panneau. Impossible de le louper en empruntant l’allée derrière la bicoque. Jeff apprit à shooter en dessous et par-dessus. « Un arc parfait plaçait la balle exactement sur le fil. Ça m’a aidé à donner de belles courbes à mes tirs. »

En cette saison 1995-96, Hornacek émarge à 2,12 M$, derrière Malone et Stockton évidemment mais aussi derrière Antoine Carr (2,53 M$), Chris Morris (2,5) et Felton Spencer (2,18). A Philadelphie, il tenta de négocier une augmentation de son petit contrat de 1,2 million. Hersey Hawkins touchait le double. Les Sixers lui proposèrent ce qui pouvait alors ressembler à un jackpot : 3,5 millions pour la saison suivante. Mais l’équipe était si faible qu’il refusa tout simplement son transfert depuis Phoenix, avant de se raviser. Sa carrière lui rapporta finalement près de 26 millions.

Le natif d’Elmhurst est un élément-clé dans l’accession du Jazz aux Finales NBA 1997 et 98. A 34 et 35 ans, ses moyennes demeurent constantes. Il tourne à 14.5 et 14.2 points en saison régulière avec le même pourcentage (48.2). Dommage que Jeff craque dans le rendez-vous le plus important de la saison… En 1997, il ne s’affiche qu’à 37.9% aux tirs (22/58) et en 98, il en réussit seulement 23 sur 56 (41%). Chicago était le théâtre idéal pour ce rendez-vous. Tous ses amis d’enfance et ses proches étaient au United Center. Tous sauf son coach de lycée, Ron Nikcevich. Il n’avait pas de places et n’était pas du genre à appeler un ancien joueur pour s’en procurer.

Avant le coup d’envoi de l’exercice 1999-2000, celui que Jerry Sloan et l’annonceur du Delta Center surnommaient affectueusement « Horny » (comme autrefois les fans de Phoenix) annonce que cette 14e campagne sera sa dernière. Il a 36 balais. Son genou gauche le fait souffrir depuis de longs mois. A vrai dire, cela fait 16 ans qu’il joue sur un genou estropié. Les médecins lui avaient indiqué avec humour qu’il faudrait un jour le remplacer… On prétend qu’à l’abri des regards, il boitait énormément.

« We are family… »

Durant l’intersaison, il passe sur le billard une quatrième fois afin de faire nettoyer le cartilage. Pour pouvoir durer aussi longtemps, Jeff a dû diminuer la charge de travail qu’il s’imposait de lui-même. La douleur n’est pas la seule explication à sa volonté d’en finir. Il veut profiter de sa famille. Aussi mettra-t-il un terme à sa carrière NBA le 16 mai 2000. Utah vient de s’incliner 4-1 en demi-finales de Conférence face à Portland. Maigre consolation : Jeff a terminé n°1 de la Ligue pour la réussite aux lancers francs (95%, 171/180). Entre le 12 novembre et le 6 janvier, il en réussit 67 d’affilée. Une précision d’horloge suisse. Hornacek est aujourd’hui 17e pour le pourcentage de réussite aux lancers francs en carrière (87.7), derrière Kevin Durant et Dirk Nowitzki, et 35e pour l’adresse à 3 points (40.2%). Aux points, 122e (15 659). Aux passes, 56e. Aux steals, 41e.

« J’ai trois enfants de 11, 9 et 5 ans », expliquait-il avant le coup d’envoi de sa dernière campagne. « Je pense à toutes les choses que j’ai manquées durant ces années de compétition. Ma femme a mis sa carrière entre parenthèses depuis la fac. Elle a pu un peu s’épanouir durant mes deux premières années dans la Ligue, avant l’arrivée des enfants, mais aujourd’hui que nous en avons trois et que je suis sans cesse en déplacement, elle doit s’occuper de tout. Elle avait envie d’écrire mais elle a dû mettre ses aspirations de côté. Cela fait quelques années que nous luttons pour le titre NBA. Arrive un moment où, titre ou pas, il faut penser à la suite. C’est une décision de père de famille. »

« Quand il est en déplacement, il appelle 15 fois par jour », racontait Stacy, son épouse. « Quand les enfants jouent un match, je reçois un appel toutes les 5 minutes. C’est Jeff qui veut connaître le score et le play-by-play… Il y a quelques années, j’avais brodé des images des enfants sur un oreiller. Jeff le prenait en déplacement. Comme ça, il pouvait s’endormir avec eux ! Il culpabilise à cause de ses nombreuses absences. Il a fait de son mieux pour compenser. Une fois, il a guidé les enfants pas à pas au téléphone, leur expliquant comment faire un toast et des saucisses pour m’apporter le petit-déjeuner au lit… Avant de quitter la ville, il lui arrive de laisser un plat de pâtes dans le frigo. Après les matches, il lave lui-même son linge pour que je puisse dormir plus longtemps. Je suis bénie d’avoir un mari comme lui ! »

Le Jazz retire le maillot n°14 d’Hornacek le 19 novembre 2002 – il rejoint Pete Maravich, Darrell Griffith, Mark Eaton et Franck Layden – avant de faire appel à ses services comme prof de shoot. Jeff s’occupe notamment d’Andrei Kirilenko. En 2007, il intègre le staff comme assistant coach spécialiste du tir. Il avait établi un record le 23 novembre 1994 en réussissant 8 tirs primés sans le moindre échec dans un match contre les Sonics. Du 30 décembre au 11 janvier 1995, il égala celui du Celtic Scott Wedman avec 11 tirs primés consécutifs sans un échec.

Deux fois par semaine, Jeff bosse au sein du staff. Entraîneur était une reconversion naturelle. Sur le terrain, il était déjà coach dans sa tête. « Je me suis toujours senti dans la peau d’un coach. C’est normal puisque mon père était entraîneur. Tout ce qu’il m’a enseigné se bouscule dans ma tête. J’ai eu ces pensées depuis l’âge de 5 ans. J’ai joué 14 ans en NBA et ce n’était pas grâce à mes qualités athlétiques. Il était question de connaissance du jeu. Je ne pourrais pas coacher chez les pros. Il y a beaucoup trop de déplacements. En revanche, la formation en high school me conviendrait. »

Comme papa. Avec le temps, il changea d’avis. Au printemps 2008, il fut approché par Phoenix. Steve Kerr, le GM, avait été son coéquipier une saison chez les Suns. John Paxson, le GM des Bulls, se manifesta lui aussi pour pourvoir le poste de head coach à Chicago. Jeff décrocha un entretien. Sado-maso, le père Hornacek ? Non. Rappelons que l’Illinois, c’est chez lui. La connection Utah-Chicago existe de longue date. Jerry Sloan effectua quasiment toute sa carrière de joueur chez les Bulls et il les entraîna pendant 3 ans. Et puis le poste ferait rêver n’importe quel entraîneur débutant. Hornacek voulait simplement prendre son temps. Attendre que ses enfants soient totalement autonomes pour pouvoir multiplier de longs voyages loin des siens.

Un passage éclair aux Knicks

Dès 2004, Danny Ainge voulait l’intégrer dans une short list pour le poste d’entraîneur des Celtics. Refus : la famille venait d’emménager à Paradise Valley, dans l’Arizona. Jeff visait un poste de consultant dans l’organisation des Suns mais il estima que l’équipe n’avait pas besoin de lui quand elle s’afficha à 31 victoires-4 défaites. Finalement, « Horny » revient au Jazz comme spécialiste du shoot aux côtés de Jerry Sloan, puis il devient assistant à plein temps en 2011.

C’est là-bas que les Suns, encore eux, viennent le chercher et dès sa première saison comme « head coach », il marque des esprits. Phoenix gagne 48 matches avec un jeu attrayant et atypique. Insuffisant pour décrocher les playoffs, mais Hornacek termine second du scrutin pour le Coach Of The Year !

Hélas, sa direction ne l’aide pas en lui collant trois forts meneurs dans les pattes. La mayonnaise ne prend pas, et il en fait les frais le 1er février 2016. Mais sa personnalité et son esprit d’ouverture ont séduit un certain Phil Jackson qui déroge à ses principes en engageant un technicien non formé au jeu en triangle. L’une des raisons de ce choix ? C’est un coach positif et formateur. C’est ce qui avait aussi frappé Sloan il y a 20 ans. « Si j’étais un joueur débutant et que je voulais progresser, je suivrais Jeff partout », expliquait Jerry Sloan dans les dernières années d’activité du shooting guard. « Il la joue à l’ancienne : il bosse dur et il se sert de sa tête. Il sait comment utiliser ce qu’il possède. »

Malheureusement, à New York non plus, la mayonnaise ne prend pas. Mais peut-on lui en vouloir dans un environnement aussi complexe.

Sniper sur le terrain, l’homme aux 140 matches de playoffs avait l’habitude de se métamorphoser en passeur en dehors. Pour les matches à domicile, il achetait des carnets de billets destinés à des œuvres de charité. L’ex-apprenti expert comptable avait le cœur sur la main. Quand il calculait ses stats, en revanche, la TVA était toujours comprise…

Belle revanche pour un joueur privé de bourse universitaire et rejeté à l’avant-dernière position du second tour de la draft. Au sujet de son passage au Jazz, il disait ceci : « Nous n’avons pas remporté le championnat mais les moments passés ensemble resteront toujours dans nos mémoires. C’est le plus important. Nous sommes allés en finale de Conférence quatre ou cinq fois (ndlr : deux fois avec lui) et nous n’avons pas réussi à franchir la marche. Quand nous l’avons fait, nous avons connu des instants inoubliables. Je ne m’attendais pas à ce qu’une équipe NBA retire mon maillot. C’est un très grand honneur. Durant ces six années au Jazz, je me suis beaucoup amusé. »

Les cinq clés d’une réussite aux shoots ? « La confiance en soi. Vous devez vous sentir capable de réussir n’importe quel tir. Ce ne sera pas le cas mais vous devez le croire. La deuxième est de trouver une position face au cercle et de se montrer régulier dans cette zone. La troisième, c’est la courbe donnée à votre shoot. Trois ou quatre des garçons avec lesquels je bosse tirent sans former le moindre arc, c’est dingue… La quatrième clé, c’est la condition physique. Quand vos jambes sont fatiguées, il est difficile de bien shooter. Soyez sûrs d’être en bonne forme. Enfin, évaluez votre distance de prédilection. Si vous ne réussissez pas au moins 45 ou 50% de vos shoots à l’entraînement, c’est sans doute que vous tirez de trop loin. »

Stats

14 ans

1 077 matches (910 fois starter)

14.5 pts, 3.4 rbds, 4.9 pds, 1.4 int, 0.2 ct

49.6% aux tirs, 40.3% à 3 points, 87.7% aux lancers francs

Palmarès

All-Star : 1992

Vainqueur du concours de tirs à 3 points : 1998, 2000

Records

40 points contre Seattle le 23.11.94

14 rebonds à Portland le 2.11.91

18 passes (deux fois)

7 interceptions à New York le 26.1.93

2 contres (dix-sept fois)

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