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Portrait | Isiah Thomas, pour le meilleur et le pire

NBA – Isiah Thomas possède une image trouble. Au génial « bad boy » de Detroit sacré champion en 1989 et 1990 a succédé le décideur peu inspiré qui a mené la CBA et les Knicks à leur perte.

isiah thomasEnfance, misère, délinquance. Dans la jungle des faubourgs de Chicago, on baigne en plein roman noir. Noir comme sa peau. Le destin d’Isiah Thomas (né le 30 avril 1961) est tout tracé. Ou presque. Le basket va littéralement le sauver. Dernier-né d’une famille de neuf enfants – sept garçons et deux filles -, abandonné par son père alors qu’il n’avait que 3 ans, élevé par une mère qui se tuait à la tâche, Isiah fit très tôt l’apprentissage de la rue. Par le biais de ses frères, dont la vie fut pour le moins mouvementée. Larry est proxénète. Ayant sombré dans l’alcool et la drogue, Lord Henry et Gregory passent leur temps en cures de désintoxication. Isiah, quant à lui, traîne dans le centre commercial voisin. Certains jours, il vole de la nourriture. « Quand tu as faim, tu n’as pas le choix », se défend-il.

Larry, le maquereau, veille malgré tout sur lui. « Isiah, tu es bon au basket. C’est ta chance. Tu dois nous rapporter un chèque signé par la NBA. Lord Henry et Gregory sont passés à côté. Moi aussi. Nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Toi, tu peux avoir cet argent. »

Champion NCAA, champion NBA, MVP des Finals et du All-Star Game…

Au début des années 90, Thomas gagne un peu plus d’un million de dollars par an. Son contrat, qui court jusqu’en 1996, prévoit, à son terme, le versement d’une prime de huit millions de dollars. Isiah s’est marié avec Lynn Kendall. Il a deux enfants et vit à Bloomfield, le quartier riche de Detroit. Il a acheté un ranch à sa mère dans la banlieue blanche de Chicago. Ses frères ont réussi leur réinsertion. L’un d’eux est devenu… officier de police. Quant à Larry, il est maintenant entraîneur de basket.

Le basket ? Isiah est pratiquement né dedans. A l’âge de 3 ans, Isiah Lord Thomas III était l’attraction n°1 à la mi-temps des matches disputés dans l’église Notre-Dame-des-Regrets, dans le quartier ouest de Chicago. Frère Alexis, l’entraîneur, lui mettait un maillot qui lui descendait jusqu’aux chevilles. Thomas shootait déjà les yeux fermés. Quasiment trois décennies plus tard, il est une superstar de la Ligue. Bon partout : au shoot, à la passe, au dunk, au dribble, au drive, en défense… L’égal d’un Magic mais du côté obscur de la force, avec une étiquette « bad boy » collée sur le front. Suffisamment populaire quand même pour apparaître brièvement dans la première saison de la série télé « Le Prince de Bel-Air » qui révèle Will Smith. Son palmarès est long comme le bras.

Champion NCAA avec les Hoosiers d’Indiana et Bobby Knight en 1981, titre de M.O.P. à la clé (James Worthy et les Tar Heels sont battus 63-50 en finale). Champion NBA en 1989 et 1990. Deux fois MVP du All-Star Game en 1984 (21 pts, 15 pds) et 86 (30 pts, 10 pds). MVP des Finales 1990 contre Portland avec une moyenne de 27,6 points sur cinq matches à 54%, auxquels il faut ajouter 7 passes, 5.2 rebonds et 11 tirs primés sur 16 tentés. A peine se souvient-on de son titre de champion de l’Etat d’Illinois en 1978 avec le lycée St. Joseph’s ou encore de sa médaille d’or aux Jeux panaméricains de 1979. C’est pour évoluer dans un environnement un peu plus recommandable qu’Isiah avait quitté North Lawndale, à l’ouest de Chicago, pour Westchester et son école privée, St. Joseph’s. Tous les matins, il devait se lever à 5 h et se farcir les 90 minutes de trajet.

La dictature des « Bad Boys »

Que n’a-t-on pas écrit au sujet des « Bad boys » de Detroit, tombeurs des Lakers (4-0) puis des Trail Blazers (4-1) lors des Finales 1989 et 90 ? Avec Joe Dumars, Bill Laimbeer – le basketteur le plus haï d’Amérique, le joueur qu’elle adorait détester -, Dennis Rodman, John Salley, Mark Aguirre et Vinnie Johnson, Thomas impose une forme de dictature. La défense des Pistons s’appuie sur une répression aveugle. L’adversaire n’a pas voix au chapitre. Tous les coups sont permis. On est à la limite. On la franchit souvent, sous l’œil complaisant des arbitres qui n’ont pas non plus pour consigne de sévir à tout-va…

Don Nelson, qui officie déjà chez les Warriors à l’époque, a cette réflexion : « Isiah est un meneur de jeu parfait. Il n’y a rien qu’il ne puisse faire sur un terrain. Rien qu’il ne fasse non plus. »

Pat Riley, qui n’a pas encore rejoint les Knicks, témoigne : « C’est un joueur spontané et créatif. Il peut jouer de deux manières : organiser ou prendre le jeu à son compte. Mais sa nature est d’attaquer. C’est comme une petite toupie que tu aides à faire tourner et que tu laisses aller. »

Il faut voir, en effet, Isiah flotter et glisser dans l’air, accélérer sans effort pour passer les défenseurs, adresser une passe décisive ou claquer le ballon dans le panier en passant par-dessus un adversaire plus grand que lui. Car Thomas ne mesure que 1,85 m (pour 82 kg). Le basket a une dette énorme envers Isiah. Sans lui, peut-être la Ligue n’aurait-elle jamais donné leur chance à des point guards de « petite » taille comme John Stockton ou Kevin Johnson. Michael Jordan charge et s’envole grâce à un potentiel athlétique extraordinaire. Le n°11 des Pistons, lui, brille autrement. Il possède une forme d’aura qui illumine le parquet. Une aura qui lui permet de dire : « Ce match m’appartient ».

En 1984, durant le premier tour contre les Knicks de Bernard King (perdu 2-3), il marque 16 points consécutifs en 94 secondes dans le quatrième quart-temps du Game 5, expédiant le match en prolongation. En 1988, lors de la Finale (perdue 3-4 contre les Lakers), il inscrit 25 points dans le troisième quart-temps du Game 6 avec une cheville tordue. Il terminera la rencontre avec 43 points. En janvier 1991, « Zeke » doit se faire opérer du poignet droit. Les Pistons, doubles tenants du titre, perdent huit de leurs treize matches en février et abandonnent la première place de la division Central. A l’approche des playoffs, on ne leur accorde que peu de chances de réaliser le « threepeat ». Isiah se fait retirer son plâtre le 19 mars. Son retour sur un terrain n’est pas attendu avant la fin avril mais il reprend l’entraînement en ne se servant que de sa main gauche. Plus que tout, Thomas veut faire taire les critiques.

« Les journalistes ne m’aiment plus… Ils ne regardent le basket qu’au travers des statistiques. Je suis descendu à 12 ou 13 points de moyenne, alors ils pensent que je suis sur le déclin. Mais à quoi me servirait de bien jouer et de perdre ? Mon but est d’abord de gagner plutôt que de rechercher, comme beaucoup d’autres, la gloire individuelle. »

En vérité, Isiah était tellement frustré de perdre année après année qu’il passait ses étés à regarder les vieux matches des Celtics, discutant de temps à autre avec Magic Johnson et Jerry West, GM des Lakers. Pour leur poser toujours la même question : « Comment faire pour gagner ? »

« Grâce à eux, j’ai compris. Le plus difficile, pour un joueur, est de savoir qui est dans un bon jour et qui ne l’est pas. En général, tu passes ton temps à t’entraîner sur les points forts de ton jeu. Mais certains soirs, tu dois les laisser dans ta poche et penser au bien de l’équipe. »

Isiah-Jordan, ennemis pour la vie

En cette année 1991, le vent tourne. Chicago pulvérise Detroit en finale de Conférence (4-0). Michael Jordan tient sa revanche. Contre l’équipe qui lui bottait les fesses en playoffs à coups de « Jordan rules ». Contre Isiah, l’ennemi intime. Ces deux-là n’ont jamais pu s’encadrer. En 1985, on soupçonne Thomas d’être à l’origine d’une cabale orchestrée pour empêcher « MJ », étoile montante, de voir le ballon durant le All-Star Game. Jordan ne prend que 9 tirs. Aucun joueur ne confirme ouvertement la réalité d’un complot mais l’hypothèse fait son chemin. Michael n’a aucun doute sur le sujet. Isiah tourne l’idée en ridicule : « J’étais moi-même un jeune joueur. Comment aurais-je pu avoir une telle influence sur des vétérans comme Larry Bird, Julius Erving ou Moses Malone ? »

Les duels Bulls-Pistons en playoffs ajoutent de l’huile sur le feu. Trois fois de suite, Detroit sort Chicago. La finale de Conférence 1991 est pourrie par les insultes, les agressions physiques et les coups bas en tout genre. Au terme de la série (sweep pour Chicago), Thomas et huit de ses coéquipiers refusent de serrer la main des vainqueurs et quittent le parquet alors qu’il reste 8 secondes sur l’horloge. A l’approche des J.O. de Barcelone, Jordan se venge en mettant la pression sur le comité de sélection, même s’il expliquera que la décision venait de plus haut. En gros, le meilleur joueur de la NBA prévient qu’il est inutile de compter sur sa participation si Thomas est retenu. Une version confirmée par Magic Johnson dans son livre « When the game was ours » (Quand le jeu nous appartenait). A vrai dire, personne ne semblait vouloir d’Isiah dans le Team USA…

Magic affirme que la conspiration était menée par Jordan, lui-même et d’autres. Un soir de décembre 1991, le n°11 de « Motown » doit recevoir 40 points (!) de suture à l’œil après avoir pris le coude de Karl Malone. Chuck Daly, coach des Pistons et futur entraîneur de la « Dream Team », ne décolère pas. Il soupçonne « le Mailman » d’avoir volontairement blessé son meneur pour écourter sa saison et le priver d’une aventure olympique…

Carrière terminée après la même blessure que Kobe Bryant et Kevin Durant

Isiah et les USA, c’est le rendez-vous des occasions manquées. Il doit intégrer l’équipe en 1980 mais les Etats-Unis boycottent les Jeux de Moscou. En 1992, le comité de sélection cède visiblement aux pressions venues des coulisses en lui préférant John Stockton. Comment justifier la mise à l’écart d’un joueur deux fois champion, trois fois finaliste NBA et cinq fois finaliste de Conférence entre 1987 et 91 ? Impossible. En 1994, il est retenu dans la Dream Team II pour le championnat du monde après la défection de Tim Hardaway mais doit lui-même céder sa place à Kevin Johnson sur blessure.

Victime d’une rupture du tendon d’Achille en avril 1994, Thomas décide en effet de se retirer des parquets l’été suivant. Il termine meilleur marqueur, passeur et intercepteur de l’histoire des Pistons, franchise où il aura effectué toute sa carrière (drafté en deuxième position en 1981, à 19 ans, après deux petites années à la fac’). Avec 9 061 passes, il se classe 9e de l’histoire de la NBA. Avec 1 861 steals, il est 17e. Son numéro n°11 est retiré dans le Michigan. Il sera retenu en 1996 parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA et deviendra Hall of famer en 2000. Le joueur est cité en exemple. Ce qu’il deviendra par la suite, beaucoup moins…

Néo-retraité, l’ancien gamin du ghetto enfile un costard pour entamer une deuxième carrière. Isiah prend des parts dans une franchise de Toronto en cours de création et hérite d’un poste de vice-président exécutif. Si les Raptors se font manger tout crus, sans grande surprise, on peut lui faire crédit de lancer Tracy McGrady, Marcus Camby ou Damon Stoudamire, tous draftés par son staff.

La CBA coule au bout de deux ans

Thomas quitte la franchise canadienne en 1998 pour cause de désaccord avec la direction et s’essaie à l’analyse sur NBC avant de prendre les commandes de la CBA, défunte ligue mineure. Il met ses propres billes : 10 millions de dollars. Au bout de deux ans, c’est la banqueroute. La décision de David Stern de lancer une ligue de développement (NBDL) précipite la faillite d’un système totalement exsangue. En coulisses, Thomas n’est pas épargné. On lui impute des erreurs de management, des dépenses incontrôlées et une implication limitée. Il faut dire qu’il vient d’accepter le poste de head coach des Pacers…

Difficile de succéder à Larry Bird à Indianapolis. La légende vivante des Celtics a mené la franchise en Finales NBA (2-4 contre les Lakers). Thomas tente d’injecter du sang neuf en favorisant l’éclosion de Jermaine O’Neal, Al Harrington et Jamaal Tinsley mais la transition se révèle délicate. L’expérience de Reggie Miller et le renfort de Ron Artest n’y changeront rien. Triple élimination au premier tour des playoffs. Avec la paire Artest-O’Neal, Thomas dispose d’un terreau fertile pour faire pousser les nouveaux « Bad boys » (on les verra à l’œuvre lors de la baston du Palace d’Auburn Hills en novembre 2004). Mais Bird n’a pas la patience d’attendre. Il pointe son inexpérience comme coach, reprend les commandes du club et le remplace par Rick Carlisle. Le 22 décembre suivant, Isiah rebondit à Gotham. Il hérite de l’un des postes les plus convoités de la Ligue : président des opérations basket de New York. Dans un premier temps, le natif de Chicago met « Big Apple » dans sa poche en faisant revenir l’enfant de Brooklyn, Stephon Marbury. Mais la suite est une succession d’erreurs grossières, maintes fois dénoncées et déplorées ici. Comme GM, Isiah aura fait la totale : salaires pharaoniques, recrues bidons, équipes à la rue…

En juin 2006, le proprio, James Dolan, vire le coach, Larry Brown, et lui offre son poste. On impute à Thomas le début d’une baston au Madison entre Knicks et Nuggets qui intervient la saison suivante (on ne se refait pas). Pire : en octobre, il est poursuivi pour harcèlement sexuel par une employée de la franchise. L’affaire se termine au tribunal. New York est condamné à payer 11,6 millions de dollars à la plaignante, l’une des plus grosses sommes jamais versées dans une affaire de ce type… Thomas est relevé de ses fonctions en avril 2008.

En WNBA avec… New York

Un an plus tard, il est nommé entraîneur des Golden Panthers de Florida International University. Pour sa première année en D1 NCAA, Isiah a reversé l’intégralité de ses salaires à la fac.

En 2012, ses dirigeants ont décidé d’arrêter les frais deux saisons manquées. Son bilan : 26 v-65 d… Depuis, on le voit beaucoup sur les plateaux de NBA TV, et il n’en a pas oublié les bureaux puisqu’il fut nommé président et même actionnaire du New York Liberty en WNBA de 2015 à 2018. Et qui avait-il choisi comme coach ? Bill Laimbeer, son ancien coéquipier et garde du corps aux Pistons.

Palmarès Isiah Thomas

Champion NBA : 1989, 90
MVP des Finales : 1990
All-Star : 1982, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93
MVP du All-Star Game : 1984, 86
All-NBA First Team : 1984, 85, 86
All-NBA Second Team : 1983, 87
NBA All-Rookie Team : 1982
MOP NCAA : 1981

Isiah Thomas Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
1981-82 DET 72 34 42.4 28.8 70.4 0.8 2.1 2.9 7.9 3.5 2.1 4.2 0.2 17.0
1982-83 DET 81 38 47.2 28.8 71.0 1.3 2.8 4.1 7.8 3.9 2.5 4.0 0.4 22.9
1983-84 DET 82 37 46.2 33.8 73.3 1.3 2.7 4.0 11.2 4.0 2.5 3.7 0.4 21.3
1984-85 DET 81 38 45.8 25.7 80.9 1.4 3.1 4.5 13.9 3.6 2.3 3.7 0.3 21.2
1985-86 DET 77 36 48.8 31.0 79.0 1.1 2.5 3.6 10.8 3.2 2.2 3.8 0.3 20.9
1986-87 DET 81 37 46.3 19.4 76.8 1.0 2.9 3.9 10.0 3.1 1.9 4.2 0.3 20.6
1987-88 DET 81 36 46.3 30.9 77.4 0.8 2.6 3.4 8.4 2.7 1.7 3.4 0.2 19.5
1988-89 DET 80 37 46.4 27.3 81.8 0.6 2.8 3.4 8.3 2.6 1.7 3.7 0.3 18.2
1989-90 DET 81 37 43.8 30.9 77.5 0.9 2.9 3.8 9.4 2.5 1.7 4.0 0.2 18.4
1990-91 DET 48 35 43.5 29.2 78.2 0.7 2.6 3.3 9.3 2.5 1.6 3.9 0.2 16.2
1991-92 DET 78 37 44.6 29.1 77.2 0.9 2.3 3.2 7.2 2.5 1.5 3.2 0.2 18.5
1992-93 DET 79 37 41.8 30.8 73.7 0.9 2.0 2.9 8.5 2.8 1.6 3.6 0.2 17.6
1993-94 DET 58 30 41.7 31.0 70.2 0.8 2.0 2.7 6.9 2.2 1.2 3.5 0.1 14.8
Total   979 36 45.2 29.0 75.9 1.0 2.6 3.6 9.3 3.0 1.9 3.8 0.3 19.2

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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