Les playoffs sont bien lancés et la saison régulière est déjà dans les archives. Le moment est donc bien choisi pour tirer un grand bilan de nos joueurs français exilés chez l’Oncle Sam. Si on cumule la NBA et la D-League, on en arrive désormais à quinze joueurs dont douze qui ont fini au sein d’un roster NBA, un nouveau record !
La qualité de la formation tricolore se confirme, en commençant par les tauliers de 1982 (Tony Parker, Boris Diaw), puis la relève globalement bien installée – entre 1985 et 1989 (Joakim Noah, Ian Mahinmi, Nicolas Batum, Alexis Ajinça, Kevin Séraphin), la nouvelle génération qui monte des 1991-92 (Joffrey Lauvergne, Evan Fournier, Rudy Gobert, Axel Toupane) et enfin, les petits derniers de 1994-1995 (Timothé Luwawu-Cabarrot, Guerschon Yabusele plus Damien Inglis et Boris Dallo).
Sachant que Frank Ntilikina, Alpha Kaba, Matthias Lessort devraient bientôt les rejoindre au cours de la Draft 2017, et qu’Edwin Jackson est pisté par les Nets, le total pourrait donc encore augmenter et pourquoi pas approcher la vingtaine !
À des années lumière des débuts d’Olivier Saint-Jean en 1997 à Sacramento. De 1 à 20 en vingt ans : ce serait fort !
1- Rudy Gobert (14 points, 13 rebonds, 2,6 contres en 34 minutes)
De nouveau touché après une première blessure qui a fait frémir l’Hexagone, Rudy Gobert devra encore batailler lors d’un Game 7 pour connaître les demi-finales de conférence. Le pivot tricolore a surtout bouclé avec brio la meilleure campagne de sa jeune carrière.
Avec 14 points (à 66% de réussite !), 13 rebonds, quasiment 3 contres, plus 1 passe et 1 interception de moyenne, il a passé un cap… ou plutôt une péninsule sur cette saison 2016-17 !
Il marque cinq points de plus que la saison passée, et pèse plus que jamais défensivement. La preuve avec cette statistique qui laisse rêveur : Rudy Gobert a rejoint un groupe de 11 joueurs (Kareem Abdul-Jabbar, Shaquille O’Neal, Hakeem Olajuwon, Tim Duncan, Elvin Hayes, Dwight Howard, David Robinson, Artis Gilmore, Bob Lanier, Bob McAdoo et Dikembe Mutombo) en cumulant plus 1 000 points, 1 000 rebonds et 200 contres sur sa saison. Une sacrée performance pour le pivot de 24 ans. Jamais l’expression « Sky is the limit » n’a été plus adaptée…
2- Evan Fournier (17 points, 3 rebonds, 3 passes en 33 minutes)
Parti s’aérer l’esprit dans les Parcs Nationaux américains, à Bryce Canyon dans l’Utah notamment, Evan Fournier vient d’en terminer avec sa cinquième saison NBA… oui, déjà !
À 24 ans, il a déjà bien roulé sa bosse entre Denver et Orlando, et il a surtout confirmé que son explosion la saison passée n’était pas un accident mais au contraire une progression constante.
Passé à 17 points, 3 rebonds et 3 passes de moyenne, Evan Fournier est tout simplement le meilleur scoreur de son équipe… et l’attaquant le plus prolifique de notre contingent tricolore pour la deuxième année consécutive. Le hic, c’est qu’il a de nouveau des vacances prolongées cet été (d’où ses randos en avril).
Pour prendre une nouvelle dimension, il doit parvenir à traduire son succès individuel en succès collectif. On espère que le Magic, où ça devrait bouger pas mal, pourra lui proposer une telle perspective l’an prochain.
3- Nicolas Batum (15 points, 6 rebonds, 6 passes en 34 minutes)
L’ailier a annoncé qu’il ne participerait pas à l’EuroBasket en septembre prochain (malgré une saison terminée sans playoffs), mais l’ailier des Hornets a ses raisons, notamment familiales puisqu’il vient d’être papa ! Et puis, signataire d’un contrat en or massif, il a surtout des responsabilités à assumer au sein de la franchise de Charlotte.
Avec des stats similaires à la saison passée (15 points, 6 rebonds, 6 passes), Nicolas Batum est toujours une machine à créer du jeu pour les Hornets… mais il doit être capable d’assumer davantage de responsabilités au scoring.
Ça se comprend au sein d’une des pires attaques de la ligue, qui a perdu beaucoup d’options lors de la dernière intersaison. Devenu père, Nicolas Batum va donc pouvoir passer un été à se ressourcer, à pouponner et à préparer au mieux la saison prochaine. À 28 ans, c’est un choix qui peut faire grincer des dents, mais qui se comprend.
4- Tony Parker (10 points, 4 passes, 2 rebonds en 25 minutes)
Le « Parrain » du clan tricolore a certes livré ses plus faibles productions depuis sa campagne de rookie (en 2002 !) avec 10 points et 4 passes, mais comme il l’a répété plusieurs fois cette saison : il s’adapte à un nouveau rôle, celui d’un Avery Johnson qui était son mentor à son arrivée dans le Texas.
Successivement jeune disciple, premier assistant de Tim Duncan, scoreur et membre pérenne du « Big Three » local, TP s’est désormais reconverti dans un rôle de vieux sage, de meneur distributeur… de simple lieutenant !
Son dernier match pour avoir définitivement la peau des Grizzlies, à 27 points et 4 passes, a de fait prouvé à qui voulait bien l’entendre que TP en avait encore sous le coude.
Le vétéran de San Antonio n’a plus le premier pas virevoltant ou le coup de rein d’antan mais son savoir-faire et son sens du moment en font encore et toujours un joueur à surveiller dans les grands moments. Ayant pour objectif de jouer vingt saisons en NBA, Tony Parker est encore un jeune trentenaire à 34 printemps.
5- Timothé Luwawu-Cabarrot (6 points, 2 rebonds en 17 minutes)
C’est la sensation de la fin de saison. Rhabillé sur le banc pour la collection automne – hiver, Timothé Luwawu-Cabarrot s’est complètement éclaté après le All-Star Break, avec 27 minutes de temps de jeu (contre 11 seulement pré All Star) pour 11 points, 3 rebonds et 2 passes en moyenne.
Le gamin de la Côte d’Azur a plu à Brett Brown par ses qualités athlétiques et son opportunisme offensif. TLC a même terminé la saison en trombes avec 18 points de moyenne sur la grosse poignée de matchs du mois d’avril.
Il a surtout marqué des points pour la suite et sa deuxième saison à venir à Philadelphie. Promis à jouer les ligues d’été, Luwawu-Cabarrot pourrait également être appelé sous les drapeaux. Une très bonne nouvelle pour les Bleus !
6- Boris Diaw (5 points, 2 rebonds, 2 passes en 18 minutes)
Quand on parle de Boris Diaw, surtout à ce stade de son illustre carrière (sa 14e saison NBA), il faut d’abord évoquer les résultats collectifs.
Voire les soirées mondaines, tels Gregg Popovich.
Car pour ce qui est de la production chiffrée, ça reste assez laconique pour le marin du bassin d’Arcachon. À part pour un match à 19 points à 9/9 aux tirs… à San Antonio, Boris Diaw a fait le métier en toute sérénité.
Surtout, il a été essentiel dans la belle saison du Jazz qui retrouve les playoffs… et semble y prendre goût !
7- Ian Mahinmi (6 points, 5 rebonds, 1 contre en 18 minutes)
Actuellement blessé au mollet pour la série de playoffs face à Atlanta, Ian Mahinmi a peu joué cette saison : seulement 31 matchs.
Après sa meilleure saison en carrière dans l’Indiana, et un contrat maousse costaud signé dans la foulée dans la capitale fédérale, le pivot normand a tourné à 6 points, 5 rebonds, 1 contre et 1 interception.
Des productions tout à fait honorables sur un temps de jeu de remplaçant mais une saison forcément décevante, et frustrante avec autant de pépins physiques à gérer. Jeune retraité des Bleus, Ian Mahinmi espère en tout cas peser pour la suite des playoffs, et il aura de toute façon le temps de se préparer aux petits oignons pour la saison prochaine.
8- Kevin Séraphin (5 points, 3 rebonds en 11 minutes)
Avec un temps de jeu en accordéon, et quelques petits pépins physiques, la première saison de Kevin Séraphin dans l’Indiana a été sur courant alternatif.
Avec 7 points et 3 rebonds de moyenne et un énorme passage en 1e mi-temps du Game 3, le gros temps fort des Pacers, Kevin Séraphin a au moins fini sur une bonne note.
Son entente avec Lance Stephenson semble en tout cas un point positif pour la suite. Le départ soudain de Larry Bird qui l’appréciait beaucoup est à l’inverse un point positif en moins… et une menace sur son avenir ?
9- Joffrey Lauvergne (5 points, 4 rebonds en 14 minutes)
Débarqué à Oklahoma City en début de saison en provenance de Denver, Joffrey Lauvergne va finalement terminer la saison aux bords du Lac Michigan. Ainsi va la vie du joueur NBA !
Plutôt prometteur avec le Thunder, il n’a pas véritablement trouvé les faveurs de Billy Donovan qui lui a offert un temps de jeu changeant au gré des grands vents de l’Oklahoma.
Un peu moins utilisé avec les Bulls (4 points, 3 rebonds en 12 minutes) qu’avec le Thunder (6 points, 4 rebonds en 15 minutes), l’intérieur international a connu sa première aventure en playoffs, une maigre consolation pour une saison qui marque un coup d’arrêt malheureux après sa progression dans le Colorado. Il aura tout loisir de se venger pendant le prochain EuroBasket…
10- Joakim Noah (5 points, 9 rebonds, 2 passes en 22 minutes)
Fraîchement opéré à l’épaule, Joakim Noah a bouclé là son annus horribilis, pour ce qui devait être un retour au bercail plein de joie et d’allégresse. Le natif de New York rêvait de jouer pour les Knicks mais ça ne s’est pas bien goupillé.
Entre blessures et couacs à répétition, le collectif de NYC n’a fait que s’étioler, et le physique de Noah avec…
Au final, Jooks termine à 5 points, 9 rebonds et 2 passes, ce dernier chiffre indiquant bien le malaise ambiant à New York, le tout en 46 rencontres. Ce qui devient alarmant car Joakim Noah n’a joué que 75 matchs sur les deux dernières années !
Et cerise sur le gâteau, l’ancien Gator va devoir purger sa suspension de 12 matchs pour violation du programme anti-dopage avant de commencer la saison, une nouvelle difficulté en plein flou artistique.
11- Alexis Ajinça (5 points, 4 rebonds en 15 minutes)
Un peu comme la saison passée, et la saison encore d’avant, Alexis Ajinça n’a pas réussi à obtenir de temps de jeu en début d’exercice.
Si ça s’est amélioré sur la fin pour que le pivot des Pelicans montre ce dont il est capable, la situation semble toujours aussi bloquée autour du Vieux carré français !
Pire, avec DeMarcus Cousins qui est arrivé, et évidemment Anthony Davis en indéboulonnable, il y a bouchon dans la peinture avec également Omer Asik, le rookie malien Cheick Diallo et Donatas Motiejunas signé en cours de saison.
Il y a de fortes chances que ça bouge cet été à NOLA et Alexis Ajinça a déjà évoqué la possibilité d’un échange…
12- Axel Toupane (3 points en 12 minutes)
Recruté sur le tard par les Pélicans, pour deux matchs au final, Axel Toupane a passé l’essentiel de sa saison en D-League, au sein du Toronto 905 (sacré champion cette semaine) de Jerry Stackhouse (nommé meilleur entraîneur).
Le jeune ailier français a réussi une nouvelle saison solide (16 points, 4 rebonds, 4 passes), cartonnant même à 41 points juste avant d’être appelé par la franchise NBA de NOLA.
Partie intégrante du Groupe France, Axel Toupane va vivre un été chargé avec les ligues d’été également et pourquoi pas, un EuroBasket dans la foulée.
Et sinon, en D-League ?
Damien Inglis (13 points, 7 rebonds, 3 passes en 30 minutes)
À 21 ans, Damien Inglis vient de terminer sa deuxième saison américaine, mais à nouveau à l’étage inférieure de la D-League. L’ancien joueur des Bucks a tenté le pari de se faire son trou, comme Axel Toupane, en persévérant dans l’antichambre de la Grande Ligue et sa saison a été plutôt positive, avec 13 points, 7 rebonds et 3 passes de moyenne en 39 matchs disputés.
On se demande néanmoins si le joueur a encore des contacts intéressants avec des franchises NBA. Certaines rumeurs l’enverraient en Italie, du côté de Trente… et si ce n’est pas nécessairement fondé, ce ne serait en tout cas pas une mauvaise idée de considérer un retour en Europe.
Guerschon Yabusele (13 points, 5 rebonds, 2 passes en 27 minutes)
Ayant passé sa première saison après la draft en Chine, où il a tourné à 21 points, 9 rebonds, 2 passes en 30 minutes de jeu, Guerschon Yabusele n’a finalement disputé que cinq matchs en D-League, chez les Red Claws du Maine.
Drafté par les Celtics, il a été mis en couveuse en Chine pour disposer d’une exposition et d’un temps de jeu maximaux. Maintenant, l’objectif est de le remettre dans le circuit américain, avec ce passage dans le petit bain, puis celui des ligues d’été… et peut-être lui aussi avec les Bleus puisqu’il fait également partie du Team France élargi.
Boris Dallo (8 points, 4 rebonds, 4 passes en 23 minutes)
Le natif de Nantes a des fourmis dans les jambes. Passé par Poitiers, puis le Partizan Belgrade pendant deux saisons, avant de rentrer en France à Antibes, Boris Dallo a bouclé cette saison chez les Long Island Nets dans l’état de New York.
Dans la succursale des Nets, il a pris de la bouteille, physiquement et mentalement, mais sans faire non plus de vagues : 8 points, 4 rebonds, 4 passes. À 23 ans et après un parcours qui laisse perplexe, Boris Dallo aurait également peut-être intérêt à trouver un vrai projet à long terme.
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