C’était comme si Steve Kerr et Rick Carlisle avaient pris le temps d’accorder leurs violons pour décrire la saison d’Harrison Barnes. Sans le savoir, et à quelques minutes d’intervalles, les deux entraineurs ont utilisé le même adjectif : « fantastique ». Le plébiscite est unanime. C’était pourtant loin d’être évident.
Quelques jours après sa signature à Dallas, la Dub Nation était elle aussi unanime : bon débarras ! Si Kerr l’a toujours défendu la saison dernière, le produit de North Carolina a passé la fin de saison sous le feu des critiques. Son manque d’adresse en Finales NBA est d’ailleurs toujours pointée du doigt par certains fans des Warriors. Après la suspension de leur chouchou, Draymond Green, le discret Barnes était le parfait bouc émissaire.
Steve Kerr : « Je n’aurais pas cru à une réussite aussi rapide »
Six mois plus tard, l’étiquette a changé. Dans le Texas, Harrison Barnes a pris son envol. Si sa métamorphose fait plaisir dans le vestiaire des Warriors, Steve Kerr ne cache pas qu’il est surpris par la vitesse à laquelle son ancien joueur s’est adapté à son nouveau rôle.
« Nous savions qu’il était capable de faire beaucoup plus que ce que nous lui demandions, et Rick Carlisle le met dans une situation parfaite pour réussir, » explique-t-il. « Il lui a donné des opportunités qu’il ne pouvait recevoir avec nous à cause de notre effectif. Ici, il était la quatrième ou cinquième option. Il avait ses quatre tirs à trois points par match dans le corner, et peut être un ou deux post-up, et c’était tout. À Dallas, il est la pièce centrale de leur attaque, et il a su tirer profit de cette opportunité dès le premier match de la saison. Je n’aurais pas cru qu’il réussisse si vite. Passer de la cinquième option à la première, c’est une grosse marche mais il joue à merveille, et nous sommes tous vraiment heureux pour lui. »
Harrison Barnes ne devait pas devenir aussi rapidement la première option offensive, mais une avalanche de blessures a forcé la main de Rick Carlisle. Si l’entraineur des Mavs partage l’avis de son confrère sur les performances de son leader, il préfère cependant retenir la façon dont Barnes a absorbé tout ce que le contexte actuel lui a donné.
« Il a beaucoup appris et beaucoup muri depuis le début de la saison. Je suis vraiment satisfait de son désir d’avoir des grandes responsabilités non pas simplement pour lui, mais pour la franchise. Il est vigilant au moindre détail, il travaille sans relâche, et il fait tout pour devenir le meilleur joueur possible. »
Un leader donne le ton, montre l’exemple…
Si ses statistiques parlent d’elles-mêmes, avec plus de 20 points par match, pour l’intéressé la transition a été plus difficile qu’elle n’y parait. Passer d’un joueur de complément à un joueur majeur vous donne de nombreuses responsabilités, en tant que leader. Que ce soit sur le terrain, dans le vestiaire, à l’entrainement, Harrison Barnes apprend à montrer l’exemple à tout moment pour tirer ses partenaires vers le haut.
« L’ajustement le plus compliqué quand tu deviens le joueur majeur, c’est de savoir jongler toutes les responsabilités dont tu hérites. Marquer c’est une chose, mais il faut que tu donnes le ton pour tout le reste. Énergie, intensité, tous les détails qu’on ne voit pas dans les stats. »
Cet apprentissage a été grandement facilité par Dirk Nowitzki. Longtemps blessé, le future Hall of Famer est devenu le mentor de l’ancien Warrior. Que ce soit dans le jeu, ou dans l’approche mentale, l’Allemand essaie de transmettre sa science à celui qui est amené à prendre son flambeau dans le Texas.
« Je sais qu’Harrison apprécie d’avoir Dirk à ses côtés, » explique Rick Carlisle. « Dirk lui a beaucoup parlé de son expérience quand il est devenu notre leader, et de ce par quoi il a dû passer. Dirk est l’exemple ultime si vous voulez copier quelqu’un qui a réussi dans cette ligue. Il a une éthique de travail incomparable, et un respect réel pour le jeu. »
Dirk, le mentor
Harrison Barnes ne peut que faire écho des propos de son entraineur. À l’instar d’un Andre Iguodala ou d’un Shaun Livingston lorsqu’il était à Golden State, il essaie désormais de boire tous les conseils venant de son illustre coéquipier.
« J’essaie d’apprendre autant que possible du numéro 41 (Dirk Nowitzki). Il m’aide beaucoup. Il est dans cette position de franchise player, d’option numéro un depuis des années. Il insiste beaucoup sur le fait d’être efficace, d’être intelligent dans la façon d’aborder le jeu. »
Harrison Barnes partage alors un exemple pour illustrer sa remarque.
« La chose la plus importante que j’ai appris en le côtoyant c’est surement de savoir comment attraper la balle à l’endroit où vous êtes le plus à l’aise, le plus efficace. Ça parait logique mais ce n’est pas évident à mettre en pratique lorsqu’une défense est concentrée sur vous. La prochaine étape pour moi maintenant, c’est de m’appliquer à travailler sur la création pour rendre mes coéquipiers meilleurs. »
Dirk Nowitzki ne pouvait rêver de meilleur élève. Au bon endroit, au bon moment, Harrison Barnes est en mission, et sa transformation ne fait que commencer.
Propos recueillis à Oakland