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Les blogs de la rédaction

Draymond Green, le pouvoir des joueurs et la « Jordan Zone »

Par  — 

Existe-t-il un déséquilibre entre le traitement des franchises et des joueurs, comme s’en agace Draymond Green ? Sans doute, mais ça n’a rien d’illogique.

J’aime beaucoup Draymond Green. C’est une des voix les plus intéressantes dans un univers NBA où la langue de bois et les clichés rhétoriques sont légion. Je ne suis pas toujours d’accord avec ses arguments, mais je le trouve la plupart du temps réfléchi, et assurément beaucoup plus intéressant que certains ne le pensent.

Mais j’ai tout de même été assez étonné de sa dernière sortie, sur le « double standard » entre l’attitude des joueurs et celle des franchises, en amont d’un transfert.

Je comprends bien le point de départ. Les joueurs sont agacés par le déséquilibre du traitement et des réactions entre les manœuvres d’une star qui cherche à quitter un club, et celles d’un club qui cherche à monter un transfert. Le problème, c’est que l’équivalence apparente n’est pas si nette.

Des employés ou des partenaires ?

D’abord, il faut bien préciser quelque chose d’évident : celui qui paye aura toujours plus de pouvoir que celui qui est payé. C’est vrai en NBA comme partout ailleurs, et c’est pour ça que les joueurs ont un syndicat et qu’ils ont mis presque quarante ans à « rééquilibrer » un système où les propriétaires étant tout-puissants, et où les joueurs ne pouvaient pas quitter un club sans l’accord de ce dernier. Depuis, les stars et surtout les superstars ont encore gagné beaucoup de pouvoir mais elles ne peuvent pas espérer se placer sur un pied d’égalité avec les patrons des franchises, surtout dans une ligue qui garantit les contrats.

Comment ainsi imaginer la NBA et les propriétaires offrir aux joueurs des contrats « maximum » sur quatre ou cinq ans garantis, si ces derniers peuvent simplement forcer un transfert au bout d’un ou deux ans ?

Je n’ai en tout cas pas été étonné de voir LeBron James le soutenir car c’est là le leitmotiv du « King » et de son entourage, Rich Paul en tête, depuis des années. Le Laker estime que les joueurs, en tout cas les superstars, doivent être des partenaires pour les directions des franchises, et pas des employés. C’est comme ça que lui et ses proches travaillent, depuis son retour à Cleveland en 2014, en coopération avec la direction, voire en parallèle.

Le problème, c’est que je ne suis pas sûr que cette stratégie s’adapte à un autre joueur que LeBron James. La direction d’un club peut ainsi traiter le « King » comme un véritable partenaire, parce qu’en contrepartie, elle sait que l’équipe a de grandes chances d’atteindre les Finals. Qui d’autre peut fournir une telle assurance sportive ?

Évidemment, on peut regretter le manque de délicatesse des franchises dans la gestion des joueurs transférés (Harrison Barnes, Isaiah Thomas…), mais le manque de délicatesse d’un James Harden pour forcer son départ de Houston (retard lors du training camp, non-respect du protocole sanitaire, critiques publiques du niveau de l’équipe…) est aussi problématique, et je ne suis pas sûr que l’argument du « œil pour œil, dent pour dent » élève le niveau.

Une réussite sur trois plans très difficile à atteindre

En fait, je pense surtout que les stars, et surtout les superstars (parce que le « journeyman » de NBA essaie lui simplement d’avoir un contrat, pas de rentrer dans un bras de fer perdu d’avance avec les propriétaires) sont dans un rapport de force à trois niveaux afin d’intégrer ce qu’on pourrait appeler la « Jordan Zone ».

Je m’explique. La réussite absolue d’un basketteur NBA peut se juger sur trois plans : le plan financier (contrats maximum…), le plan sportif (titres, trophées…) et le plan médiatique (bonne image dans l’opinion publique…). Le problème, c’est qu’il est très compliqué de les faire concorder. Même les plus grands joueurs ont besoin d’une franchise fonctionnelle (capables de bien gérer les finances, de recruter les bons entraîneurs, les bons coéquipiers, de bien drafter…) pour que les éléments s’alignent et, parfois, ces plans rentrent même en collision les uns avec les autres.

Forcer un transfert ? C’est tenter de progresser sur le plan sportif, quitte à glisser sur le plan médiatique. Signer un gros contrat dans sa première équipe, malgré ses soucis de gestion ? C’est progresser sur le plan financier, pas forcément sur le plan sportif.

Je me suis ainsi amusé à faire un diagramme de Venn de ces trois plans, avec un placement subjectif de certains joueurs qui caractérisent ce que j’entends par là. L’idée est surtout de montrer qu’il n’est pas simple d’intégrer cette « Jordan Zone », qui marque le succès d’un joueur NBA sur les trois plans de réussite, Michael Jordan étant l’exemple ultime du joueur ayant gagné beaucoup d’argent et de titres, tout en ayant une très bonne image publique.

Le comédien et le machiniste

Parce qu’il y a énormément de facteurs sur lesquels les joueurs n’ont pas de contrôle, il n’est vraiment pas simple de tirer le maximum à la fois financièrement, sportivement et médiatiquement.

Ce que j’entends, dans les critiques de Draymond Green, c’est avant tout le discours de stars qui regrettent qu’il soit si difficile de faire aligner les trois plans, parce qu’ils doivent faire avec leurs clubs, leurs coachs, leurs coéquipiers, mais aussi les journalistes, les fans…

Au final, le vrai « double standard » est à mes yeux davantage lié à la perception de la performance des joueurs et des franchises. Alors que les réussites et échecs des stars et des superstars sur les terrains sont scrutés, analysés, qu’ils tournent en boucle à la télévision et sur les réseaux sociaux, les réussites et les échecs des propriétaires et des dirigeants ne sont que rarement évoqués, et sont souvent perçus comme secondaires, pour être rapidement oubliés. C’est peut-être injuste mais c’est malheureusement la loi pour tout spectacle vivant. Au théâtre, les erreurs du comédien seront toujours plus voyantes que celles du machiniste.

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