Dix-huit mois. C’est peu et beaucoup à la fois en NBA. Pour New York, c’est l’équivalent d’une décennie. Il y a 18 mois, sous la coupe de Mike Woodson, les Knicks remportaient 54 matches en saison régulière, et finissaient premiers de la division Atlantic, et deuxièmes de la conférence Est. Juste derrière Miami.
Un an et demi plus tard, il ne reste plus que trois joueurs de cette époque : Amare Stoudemire, Carmelo Anthony et Pablo Prigioni. A la tête de l’équipe depuis mars 2014, Phil Jackson a quasi terminé son entreprise de démolition. Mike Woodson a été viré, et il a imposé Derek Fisher à la tête de l’équipe. Son plan est sur cinq ans. Comme François Hollande. Un quinquennat pour redresser la franchise, et la courbe des victoires. Le tout pour la modique somme de 12 millions de dollars annuels.
Dix-huit mois après une défaite 4-2 en demi-finale de conférence, la franchise est dernière de la NBA alors qu’elle visait les playoffs en début d’année. La troupe de Fisher vient même d’égaler deux records de nullité avec 10 revers de suite à domicile, et une série de 12 défaites d’affilée. Jamais les Knicks n’avaient aussi mal débuté une saison, et le pire est à venir… Et pourtant, on pensait avoir vu le pire sous la coupe d’Isiah Thomas ou Mike D’antoni. En fait, je ne suis pas sûr qu’avec l’effectif actuel, ces Knicks remporteront 10 matches cette saison. Comme l’a si joli bien dit le New York Times, Phil Jackson va passer de « 11 rings » à la quête de « 11 wins ».
Pourquoi se séparer de Tyson Chandler, alors dans sa dernière année de contrat ?
Bien sûr, on peut leur trouver des excuses comme les blessures de Calderon et Bargnani ou les genoux en mousse du duo Anthony-Stoudemire. Mais je rappelle que Jackson est à la tête de l’équipe depuis 10 mois, et que c’est lui qui a démoli, puis « construit » cet effectif. Se séparer de Tyson Chandler, c’était son idée, et c’était sa première bêtise… Chandler était dans sa dernière année de contrat. Il aurait été forcément motivé pour se montrer, voire participer au projet. Son départ a pour moi définitivement cassé un groupe déjà affaibli, et surtout effrayé les free agents. Même Steve Kerr, pour 5 millions par an, n’a pas voulu prendre les rênes de l’équipe. Il a très bien fait…
Chandler parti, il a ensuite fallu imposer un nouveau système de jeu : l’attaque en triangle. Vu l’état physique et mental des Knicks, c’était comme faire courir un marathon à Derrick Rose au lendemain de son opération des croisés. Au lieu de bosser les fondations, et donc la défense, Phil Jackson a choisi d’imposer un système de jeu qui n’a jamais fonctionné sans Tex Winter et lui sur un banc. La mission de Derek Fisher était impossible, et on l’a tout de suite vu dès les premiers matches. Ce n’est pas forcément une question d’effectif. C’est juste qu’on ne peut pas enseigner un système aussi complexe à un groupe en reconstruction. Je ne parle pas d’intelligence de jeu. C’est juste que 80% (90% ?) de l’effectif sait qu’il n’entre pas dans les plans du président… Les Stoudemire, Bargnani et autres Shumpert se savent sur le départ, et sur les 15 joueurs de l’effectif au 1er novembre, seuls cinq avaient un contrat pour la saison prochaine. Leur imposer un nouveau système de jeu était la pire des décisions.
Sans oublier ces rares déclarations où il expliquait que ses joueurs avaient « une mentalité de loser ». Encore une bonne sortie pour motiver un groupe.
Quelle superstar acceptera de venir sur ce champ de ruines ?
Enfin, on va me répondre que Jackson fait avec ce qu’il a, et qu’il n’a pas choisi son effectif. Depuis 10 mois, il a eu le temps de bosser. Il est payé 12 millions de dollars par an pour ça, et il a fait le choix de miser plus de 120 millions sur Carmelo Anthony. Encore une bêtise selon moi, et je l’ai déjà écrit. Son « trade » de cette nuit ressemble à un acte désespéré, voire un coup de colère. C’est un aveu de « tanking » pour justifier le départ de Chandler.
Bien sûr, il se retrouve désormais avec une enveloppe de 28 millions pour recruter en juillet. Bien sûr, JR Smith ne collait pas au projet. Mais qui, demain, va vouloir venir jouer aux côtés d’un Anthony qui aura 31 ans cette année, et qui a les genoux qui sifflent. Qui voudra venir découvrir un jeu en triangle avec un coach rookie ? Je ne vois ni Marc Gasol, ni LaMarcus Aldridge prendre ce risque en 2015, ni Kevin Durant en 2016. Ils sont très bien où ils sont, et les lumières de « Big Apple » n’attirent plus autant. Les « petits marchés » séduisent. Les projets de Memphis, OKC ou San Antonio attirent davantage.
Je pense que la prochaine étape, c’est de mettre Carmelo Anthony au repos pour la fin de saison, pour lui éviter l’humiliation de jouer avec un effectif de D-League. Heureusement, comme disait un médecin dans un film de Lelouch : « le pire n’est jamais décevant ». Je laisse le soin au « Maître Zen » de philosopher là-dessus. Il a désormais quatre ans pour ne plus décevoir.