Parmi les rares satisfactions des Rockets, dans leur exercice 2020/21 semé d’embuches, Jae’Sean Tate s’est imposé au fil de l’année comme un solide titulaire au poste 3, à Houston. Au point de briguer une place dans la « All-Rookie First Team », avec ses 11.3 points, 5.3 rebonds, 2.5 passes et 1.2 interception de moyenne (en 29 minutes et 70 matchs), à 51% aux tirs, 31% à 3-points et 69% aux lancers-francs.
Avant éventuellement de figurer dans le meilleur cinq rookie, Jae’Sean Tate devra néanmoins espérer que les votants ne le laissent pas sur le carreau, comme ce fut le cas au moment d’annoncer les effectifs du Rising Stars Challenge 2021 (qui ne s’est toutefois pas disputé cette année). Mais même s’il devait se contenter d’une place dans la « All-Rookie second Team », le joueur de 25 ans ne sera pas déçu pour autant, lui qui explique n’avoir que faire des distinctions individuelles.
« Je me fiche de le remporter ou non, je n’étais même pas censé être dans cette conversation à la base », confiait récemment Jae’Sean Tate à The Athletic, lorsqu’il est interrogé sur son absence des finalistes pour le titre de Rookie de l’année. « Je fais en sorte de contrôler ce que je peux contrôler. Il y a des gens qui, en début de saison, ne se préoccupaient pas de mon âge [25 ans] et, désormais, c’est un problème. Car il y aura toujours des moments où des gens auront leur propre opinion, et c’est leur droit. Quant à moi, tout ce que je peux faire, c’est jouer et essayer d’être le plus performant possible sur le terrain. »
De l’Australie aux États-Unis, il n’y a qu’un pas
S’il reconnaît, certes, que « ce serait énorme d’accompagner » dans le meilleur cinq rookie les LaMelo Ball, Tyrese Haliburton et autres Anthony Edwards, qui composeront le Top 3 du scrutin pour le trophée de Rookie de l’année, Jae’Sean Tate préfère avant tout se concentrer sur le jeu, et rien que le jeu. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ailier gaucher n’a pas manqué ses débuts dans la Grande Ligue.
Non-drafté à sa sortie de l’université d’Ohio State, en 2018, l’ancien coéquipier de D’Angelo Russell a ensuite vagabondé entre la Belgique et l’Australie, avant d’être recruté par les Rockets en novembre dernier. Vraisemblablement sous les conseils de Will Weaver, son ancien coach aux Sydney Kings, qui venait de rejoindre le staff de Houston.
Depuis, celui qui s’était rapidement fait remarquer pour son fort tempérament, lors d’une altercation à l’entraînement avec James Harden, n’a pas manqué de progresser au fil des semaines, pour s’imposer comme un élément-clé de la rotation de Stephen Silas. « Quand je regarde mes matchs du début de saison et que je les compare à ceux de la fin de saison, je me trouve beaucoup plus à l’aise, j’ai la sensation d’avoir enfin trouvé ma place », estimait d’ailleurs Jae’Sean Tate.
Une progression linéaire sous les ordres de Stephen Silas
Sa relation avec Stephen Silas est justement l’une de ces choses qui ont permis au rookie d’appréhender au mieux sa première année dans la ligue. En dépit des nombreux rebondissements qui ont émaillé la campagne des Rockets.
« Il y a beaucoup de choses que nous apprenons ensemble, nous possédons une superbe relation », rapportait ainsi Jae’Sean Tate, à propos de son coach, lui aussi rookie. « Nous avons grandi tous les deux. Notre confiance a elle aussi grandi tout au long de l’année. C’est quelqu’un que je peux appeler à n’importe quel moment, pour parler de cette saison, de mon développement cet été ou de n’importe quelle autre chose qui me vient à l’esprit. Il m’a facilité la tâche lors de mon année rookie, c’est certain. Et je lui suis reconnaissant pour ça. »
Débarqué à Houston avec la double étiquette de défenseur et de soldat de l’ombre en charge des basses besognes, le joueur de 25 ans a finalement été responsabilisé davantage avec le temps. Notamment lorsqu’il lui a été demandé de s’occuper de la mène, lorsque John Wall, Kevin Porter Jr. ou encore D.J. Augustin étaient tous indisponibles. Homme de défis, le gaucher s’est efforcé de briller autant que possible dans ce rôle, affichant 3.4 passes de moyenne après le All-Star break, contre 1.7 en amont.
« Je me sens privilégié d’avoir pu évoluer à différents postes tout au long de la saison », précisait-il. « Que mon équipe me laisse la liberté de jouer à la mène —où j’avais déjà évolué un peu par le passé, sans pour autant commencer des matchs dans ce rôle, en étant le patron sur le terrain— ça a été une grande révélation pour moi, car je n’avais jamais joué à une telle position. Donc j’ai puisé de la confiance à partir de ça, même si ça ne se passera évidemment pas toujours comme ça, étant donné qu’il nous manquait la moitié de notre effectif. Mais très peu de personnes peuvent dire qu’elles ont eu la possibilité de débuter un match NBA en tant que meneur de jeu, en NBA. »
L’importance du mental
Même responsabilisé davantage en attaque, tant au scoring qu’à la création, Jae’Sean Tate ne perdait jamais de vue le domaine qui lui a permis d’en arriver là aujourd’hui : la défense. Particulièrement solide physiquement, et capable de défendre sur presque tous les postes malgré son 1m93, l’ailier est déjà bien rodé de ce côté du parquet.
« La plupart du temps, il n’y a pas beaucoup de joueurs qui peuvent marquer des points de trois manières différentes, à un niveau d’excellence », détaillait-il, au sujet de sa préparation d’un match, sur le plan défensif. « Si vous regardez les stats, dans certains domaines, leurs chiffres seront moins élevés que d’autres. C’est donc ce que vous devez forcer vos adversaires à réaliser. »
À l’arrivée, bien qu’il doive encore progresser au shoot, sur sa main droite ou dans le maniement du ballon, Jae’Sean Tate tire énormément de positif de sa première saison en NBA. Mais au moment de dresser le bilan de celle-ci, quelle est justement la principale leçon qu’il a apprise, depuis l’automne dernier ?
« C’est qu’il n’y a vraiment jamais de place pour le repos », répondait-il en conclusion. « Tous les soirs, vous avez un grand attaquant en face de vous, donc la préparation —qu’elle soit mentale ou non— n’est jamais la même. Et mentalement, vous devez véritablement être solide dans cette ligue. Je n’avais pas réalisé à quel point c’était important quand Kevin Love en avait parlé. Mais le simple fait d’être à l’intérieur de cette ligue, dans une année perturbée par une pandémie, m’a conduit à avoir des moments où j’ai eu besoin d’aide sur le plan mental, pour être suffisamment prêt et bien préparé à ce niveau. »
Jae'sean Tate | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2020-21 | HOU | 70 | 29 | 50.6 | 30.8 | 69.4 | 1.9 | 3.5 | 5.3 | 2.5 | 3.2 | 1.2 | 1.4 | 0.5 | 11.3 |
2021-22 | HOU | 78 | 26 | 49.8 | 31.2 | 70.7 | 1.7 | 3.7 | 5.4 | 2.8 | 3.7 | 0.9 | 1.8 | 0.5 | 11.8 |
2022-23 | HOU | 31 | 22 | 48.0 | 28.3 | 72.5 | 1.3 | 2.5 | 3.8 | 2.7 | 3.4 | 0.7 | 1.5 | 0.2 | 9.1 |
2023-24 | HOU | 65 | 16 | 47.2 | 29.9 | 66.7 | 0.9 | 2.1 | 3.0 | 1.0 | 2.1 | 0.6 | 0.6 | 0.2 | 4.1 |
2024-25 | HOU | 52 | 11 | 47.3 | 34.8 | 68.1 | 1.0 | 1.3 | 2.2 | 0.9 | 1.6 | 0.5 | 0.4 | 0.1 | 3.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.