Samedi, milieu d’après-midi. Ils étaient une grosse poignée de fans à attendre Victor Wembanyama et les Spurs au pied du Park Hyatt Paris-Vendôme, un des hôtels les plus prestigieux de la capitale, situé rue de la Paix. Habillé d’un jean ample et délavé ainsi que d’une veste polaire bleue, « Wemby » a salué la foule d’un petit geste de la main, la remerciant pour son accueil, avant de sauter dans le bus pour l’Accor Arena.
« C’était un peu une chasse au trésor », s’amuse Arthur Soulard, 27 ans, originaire de Nancy. « Depuis le début de la semaine, je cherchais l’hôtel des Spurs pour espérer apercevoir « Wemby » et gratter une photo ou un autographe. Je n’ai pas réussi mais je me souviendrai longtemps de ce moment car en plus d’être un excellent basketteur, il dégage une sympathie rare pour un sportif de son calibre. »
Comparable à la tournée de Michael Jordan dans les années 1990, la « Wemby Week » de cette fin janvier 2025 a été intense et riche en émotions. Une semaine « incroyable » et « inoubliable », selon ses propres mots. De son arrivée lundi sous les coups de 13h30 avec les Spurs jusqu’à son retour pour le Texas, samedi en toute fin de soirée, le gamin de Nanterre 92 a été accueilli comme une rock star. Partout où il est passé, il a été acclamé, salué et applaudi, tant pour ses performances sur les lattes parisiennes que son engagement et ses initiatives en dehors des parquets.
« J’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’une personne qui n’a jamais pris de raccourci, qui n’a jamais voulu aller trop vite, comme d’une personne loyale, travailleuse et innovante », a-t-il notamment confié au cours de l’un de ses nombreux points presse, tout au long de la semaine.
Une « Wembamania » à la sauce française
Encore plus qu’au Frost Bank Center, de nombreuses maillots de Wemby – son n°1 avec les Spurs ou son n°32 avec les Bleus – ont garni les travées d’un Accor Arena à guichets fermés et presque entièrement acquis à la cause texane lors des deux rencontres face aux Pacers. Une véritable « Wembamania » à la sauce française…
« Il avait encore plus de pression qu’aux Jeux olympiques et il l’a parfaitement gérée », reconnait Brian Windhorst, l’un des journalistes vedette d’ESPN. « Cette semaine à Paris était comme une sorte de All-Star Game en miniature et encore plus puissant que les JO, car tout l’évènement était construit autour de sa personne. Lorsqu’il y a de grosses attentes placées en lui, il y répond toujours et c’est l’une des raisons pour laquelle il est si spécial ».
Au centre du jeu et l’attention, Victor Wembanyama aime cultiver une image d’un sportif de haut niveau proche de sa communauté et essaye de rester le « Monsieur tout le monde », un jeune homme accessible et disponible. Malgré son statut de nouvelle star, « Victor ne changera jamais », ont martelé plusieurs de ses anciens entraineurs à Nanterre, cette semaine. D’un défilé Louis-Vuitton, la marque de luxe de LVMH détenue par le milliardaire Bernard Arnault, à un match de Ligue des champions du Paris Saint-Germain en passant par l’inauguration de deux terrains de basket dans sa commune natale du Chesnay et un passage express au kebab « Le 129 » à Nanterre, « Wemby » a multiplié les apparitions en région parisienne.
« Il y a une sorte de mystique autour de sa personne car il est à la fois très avenant avec les fans mais en même temps, très secret sur sa vie personnelle », estime Julien Brossard, 36 ans, fan inconditionnel des Spurs.
Hang it in the Louvre ️#SpursInParis pic.twitter.com/dlojfa0kr4
— San Antonio Spurs (@spurs) January 25, 2025
Au milieu de son emploi du temps de ministre, Victor Wembanyama a également pris du temps pour ses plus jeunes fans. Après son entrainement de mercredi, il est resté de longues minutes sur le terrain pour tapoter le ballon avec 80 jeunes en U13 et U15 de Nanterre 92 et de Levallois dans le cadre du programme « NBA Cares ». Micro en main, il en a profité pour distiller un précieux conseil à ces basketteurs en herbe, les appelant à « se faire confiance », « à s’amuser et à être soi-même sur le terrain ». Avant de conclure : « Faites ce dont vous avez envie ».
Merci aux @spurs, à @nbacares et à notre très cher @wemby pour nos jeunes et ces moments déjà inoubliables ! ✨ pic.twitter.com/lgq5SR9mnW
— Nanterre 92 (@Nanterre92) January 24, 2025
Cette proximité affichée avec les enfants ne date pas d’hier. « C’est vraiment un grand pouvoir détenu au creux de la main », disait-il, déjà, en septembre 2023, lors de l’avant-première de son documentaire « UN1QUE » diffusé sur Canal+. « C’est la raison pour laquelle j’essaie un maximum de prendre le temps, même deux minutes, quand c’est pour un gamin au bord d’un terrain. Pour moi, c’est peut-être le millième enfant que je verrai, mais pour lui, ce sera la première et sûrement la dernière fois qu’il me verra. C’est une responsabilité. »
L’égérie de la ligue nord-américaine
Surtout, le Français de 2,24 m s’est transformé en VRP pour les Spurs et la NBA. Affable devant la presse, parfaitement bilingue et bon communicant, Victor Wembanyama a été l’égérie de la ligue nord-américaine lors de cette escapade dans la « Ville Lumière », bien plus qu’un simple porte-étendard.
Troisième joueur le plus vu sur les réseaux sociaux de la Ligue et deuxième maillot le plus vendu en Europe derrière LeBron James, « Wemby » a confirmé son nouveau statut, un an et demi après sa traversée de l’Atlantique. « Être une star implique de grandes responsabilités », rappelle le maestro des Spurs, Chris Paul. « Et à vrai dire, Victor, c’est le genre de gars qui veut signer tous les autographes… »
Adam Silver et les dirigeants de la NBA l’ont bien compris et en ont profité pour multiplier les opérations marketing et promotionnelles sur le marché français, surtout auprès des fans qui n’ont pas pu s’offrir l’un des précieux sésames pour assister aux rencontres à Bercy.
En marge de ces deux matchs délocalisés, la NBA a investi le Carreau du Temple dans le IIe arrondissement de Paris, transformé en temple du basket pour l’occasion. Concours de tirs, match 3×3, stand photo avec le trophée Larry O’Brien… La Grande Ligue s’est appuyée sur la notoriété grandissante de Victor Wembanyama pour essayer de toucher un public plus large et plutôt jeune dans une ambiance « street », à la parisienne.
De son côté, la franchise texane a implanté une « Maison des Spurs » éphémère dans le IVe arrondissement, une sorte de « fan shop » où joueurs actuels et anciennes légendes de San Antonio ont défilé. En plus d’un t-shirt aux couleurs des Spurs et du PSG commercialisé dans la boutique du club qatarien, elle a multiplié les partenariats culinaires. Les pâtisseries de Cyril Lignac proposaient des oursons à la guimauve XL 100% Spurs, quand Pierre Hermé revisitaient son macaron rose dit « Ispahan » avec le logo des éperons.
« Bientôt, il fera scintiller la Tour Eiffel aux couleurs des Spurs », s’amuse le Parisien Mohammed Sifaou, qui a passé « plusieurs heures à la NBA House pour vivre l’expérience nord-américaine à fond », à défaut d’avoir trouvé des places.
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Pour Victor Wembanyama, ces différentes initiatives pour développer la marque Spurs « signifient beaucoup » et soulignent « la responsabilité et l’importance qu'[il] peut avoir en tant que joueur NBA ». La franchise d’Alamo City, qui a également lancé ses réseaux sociaux en France juste avant de débarquer à Paris, entend continuer de développer ses liens avec l’Hexagone. Son PDG, R.C. Buford, affirme d’ailleurs que les Spurs « ont plein d’idées pour revenir au sein de la communauté de Victor Wembanyama, [tout] en faisant la promotion du basket ».
Un énorme battage médiatique
La « Wembamania » à la sauce française, c’est aussi et surtout un énorme abattage médiatique. Plus important encore qu’un All-Star Game : 624 journalistes, avec des envoyés spéciaux de 24 pays différents, ont couvert l’évènement.
Des reporters français, américains, bien-sûr, mais aussi danois, italiens, espagnols ou encore polonais. Deux-cent cinquante d’entre eux se sont d’ailleurs précipités sur le terrain de l’Accor Arena, mercredi matin, pour le premier entrainement ouvert à l’ensemble de la presse.
Côté français, des médias « people » – Gala et Paris-Match – qui n’ont pas l’habitude de couvrir le basket, ont eu des accès privilégiés en bord de terrain pour prendre des photos et filmer les prouesses des stars de la semaine. Demandé par des médias de tout bord, Victor Wembanyama n’a accordé que trois interviews. L’une pour le JT de 20 h sur TF1, une autre pour la matinale de France Inter et une dernière pour Picsou Magazine, dont « Wemby » était lecteur plus jeune. « Je n’avais jamais fait de magazine pour enfant », rappelle le principal intéressé à Basket USA, en conférence de presse. « Ces choix d’interview correspondent à la volonté de se présenter au public français sur la plus grande scène, dans des milieux qui me correspondent et qui me parlent. »
À Paris,