Il préférait regarder la finale de son côté, loin de ses partenaires américains susceptibles d’être un peu trop causants, voire chambreurs. Un match immanquable pour Armel Traoré en raison des forces en présence. Avec la France d’un côté bien sûr et ses anciens coéquipiers aux Metropolitans 92, Victor Wembanyama et Bilal Coulibaly.
Et les États-Unis de l’autre, avec ses nouveaux coéquipiers : LeBron James et Anthony Davis. « C’est incroyable, je n’ai pas forcément les mots pour le décrire », confie le joueur de 21 ans, joint par Basket USA la veille de la finale, au sujet de cette belle compagnie.
Lui, ce fan immense de Kobe Bryant depuis tout petit a démarré ce rêve éveillé il y a quelques semaines, alors qu’il en terminait avec une belle saison passée à Blois. Cap sur la Draft où il sait, à l’époque, qu’il n’est « pas sûr à 100% » d’être repêché. Mais autant mettre un maximum de chances de son côté en enchaînant les « workout » en amont.
Dix workouts avant la Draft
Il décolle de Phoenix, où l’un de ses trois agents est basé, pour se rendre à Boston, première étape d’un petit marathon de sessions d’entraînement : Atlanta, Portland, Sacramento, les Lakers donc, OKC, Brooklyn, Dallas… « J’ai fait deux ‘back-to-back’ sur dix ‘workouts’. Franchement c’est pesant physiquement et mentalement. Mais bon, c’est une bénédiction. On ne peut pas se plaindre. »
Surtout en fréquentant les infrastructures d’une franchise mythique comme celles des pourpre et or. Dans la salle d’entraînement, en voyant les maillots retirés de Kobe, Shaquille O’Neal, Magic Johnson et les autres, il se dit : « Ah ouais, c’est réel quoi, c’est un truc de ouf ! »
Son passage avec les Californiens, qui disposent d’un 55e choix de Draft dont beaucoup imaginent qu’il est destiné à Bronny James, se passe bien. Vient le 27 juin, jour de la sélection au second tour. Armel Traoré a préféré rester chez lui avec sa famille en région parisienne. Les choix de Draft défilent. Ce jour-là, Melvin Ajinça est le seul Français appelé.
Les Lakers l’appellent cinq minutes après la Draft
La fin du rêve NBA déjà ? « Je me suis dit que si la NBA n’est pas pour moi, mon destin est de ne pas aller là-bas. Je ferais carrière en EuroLeague. Ce n’est pas une fin en soi. » Sa « déception » est de très courte durée. Cinq minutes après, un coup de fil : les Lakers ! « Forcément, ils m’ont dit : ‘Do you wanna be a Laker ?’ J’ai dit : ‘Yes ! ‘ » Évidemment.
Un « two-way contract » est posé sur la table. « De base, avec le ‘buy-out’ (clause de sortie) que j’avais avec Blois, ce n’était pas possible. Ils (le club de Blois) ont baissé mon ‘buy-out’ pour que je puisse avoir ce contrat », remercie l’ancien de l’ADA qui, dès le lendemain, doit traverser l’Atlantique pour préparer la Summer League (tout comme son compatriote Mohamed Diarra qui signera à Limoges par la suite).
Et le voilà, quelques jours plus tard, à enfiler le maillot estival des Lakers. Son sentiment à ce moment-là ? « Beaucoup de fierté, surtout d’être le premier joueur de Blois à porter un maillot NBA. Une grande fierté et un rêve, je dirais même un objectif qui devient réalité. Mais j’avais les pieds sur terre quand même. »
Notre homme n’a que quelques matchs devant lui pour montrer de quoi il est capable. Son entraîneur, Dane Johnson, lui demande d’être fidèle à lui-même, à savoir un « energizer » présent des deux côtés du terrain, capable de sanctionner en transition. Ce qu’il fait très bien. En cinq apparitions, il apporte 7 points à 59% aux tirs et 5 rebonds pour 17 minutes en moyenne en faisant parler sa densité physique.
L’attention générée par Bronny James ? « J’y suis habitué : j’ai beaucoup joué avec Victor »
Une première apparition positive marquée par l’attention médiatique portée sur l’équipe en raison de Bronny James. « Je m’entends bien avec lui, c’est quelqu’un d’assez simple qui a, pour moi, un gros potentiel. Il était forcément très attendu par rapport à son papa, le meilleur joueur du monde. Il y avait beaucoup de caméras, mais j’y suis habitué : j’ai beaucoup joué avec Victor. Je trouve qu’il a bien géré, on a bien géré avec lui, on était tous sur la même page », livre Traoré.
S’ensuit un échange avec le nouveau coach des Lakers, J.J. Redick, et son coach en Summer League, qui lui confient un plan de travail estival et lui mettent à disposition un technicien. Chaque matin, en août, il enchaînera kiné, préparation physique puis basket pur, pendant trois ou quatre heures au total.
Armel Traoré, qui apprécie les styles de jeu de Scottie Barnes ou PJ Wahsington, concède ne pas être « le joueur le plus technique ». « Il n’y a pas forcément beaucoup de joueurs qui ont mon énergie ou mes capacités athlétiques. Mais au niveau technique, il faut que je passe des caps, que je stabilise mon tir à 3-points, que j’ai un meilleur dribble. »
En attendant l’arrivée du petit frère…
Déjà à l’aise dans « la compréhension du jeu et les timing de ‘cut’ », il pense pouvoir s’appuyer, dans les semaines à venir, sur les tuyaux du « King », croisé brièvement durant la Summer League avant son départ aux Jeux. « Dans le sens où c’est un ailier comme moi, avec à peu près les mêmes mensurations physiques. Donc forcément, je vais essayer de lui demander beaucoup de conseils. »
Son contrat va lui permettre de naviguer entre la grande ligue et sa petite sœur, mais on lui a déjà dit qu’il allait démarrer dans le contexte NBA, où il devrait jouer « poste 3 ou 4 ». Conscient des précédents Alex Caruso ou Austin Reaves, joueurs non-draftés ayant explosés, Armel Traoré vise à terme l’obtention d’un « contrat garanti sur plusieurs années ». De préférence aux Lakers, il s’entend.
Il ne sait pas ce que l’avenir lui réserve, ni à lui, ni à son frère Nolan, annoncé très haut à la Draft 2025. « Premièrement, je suis fier de lui en tant que grand frère. On essaie de bien l’entourer avec ma famille, il faut qu’il reste les pieds sur terre, qu’il continue à travailler dur et rester humble. De bonnes choses vont forcément arriver, je serai derrière lui. »
Avant de se retrouver l’an prochain dans la grande ligue ? « C’est notre objectif de jouer contre ou ensemble en NBA, et de jouer ensemble en Equipe de France. Ce serait magnifique. »