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Interview Enes Kanter Freedom : « Porter la voix de toutes les personnes qui en sont privées »

NBA – Plus de deux ans après son dernier match NBA, Enes Kanter Freedom, désormais citoyen américain, évoque ses nouveaux combats en tant que militant des droits de l’homme.

Enes Kanter FreedomInvité à passer quelques jours dans le sud de la France à l’initiative de l’association « Les liseurs de Provence », basée à Vitrolles et qui œuvre pour la promotion de la langue française, l’ancien joueur NBA Enes Kanter Freedom a profité de son séjour pour aller à la rencontre de centaines de jeunes basketteurs, issus du Venelles Basket Club et La Ciotat Sport Basket.

Deux sessions de trois bonnes heures ont été organisées, un entraînement divertissant de 90 minutes dirigé aux côtés des encadrants des deux clubs, une séance de questions-réponses et une grosse session de dédicaces et selfies pour conclure, le tout dans une grande simplicité.

Il y a un peu plus de deux ans, à seulement 30 ans, Enes Kanter Freedom, passé par Utah, OKC, New York, Portland et Boston, a donc disputé son 807e et dernier match NBA. Après avoir dénoncé l’exploitation de la population asiatique par les équipementiers sportifs, et suite à ses prises de position vis-à-vis du gouvernement chinois sur les questions du Tibet, de Taïwan ou encore des Ouïghours, l’ancien pivot du Jazz s’est mis dans une position d’indésirable.

Indésirable en NBA, persona non grata en Turquie

Échangé à Houston par Boston en février 2022, le Turc, pas indispensable sportivement, a ensuite été coupé dans la foulée, et a donc pu s’engager pleinement dans ses nouveaux combats, en qualité de militant des droits de l’homme. Même s’il s’est aussi fait remarquer par des sorties polémiques sur les athlètes transgenres, son soutien à Elon Musk et ses provocations à côté de la plaque, ses accomplissements et son parcours lui ont toutefois valu de nombreuses distinctions depuis.

En 2022, il a notamment reçu le prix du courage au sommet de Genève pour les Droits de l’Homme et la Démocratie, le prix des droits de l’homme Vaclav-Havel, décerné par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, et a également été nommé pour le Prix Nobel de la paix.

Convaincu d’avoir fait le bon choix en se rapprochant des « sans voix » pour les accompagner dans leur lutte, tout en continuant à transmettre dans le basket auprès des plus jeunes, Enes Kanter Freedom revient pour Basket USA sur cette nouvelle vie et ses nouveaux défis.

Enes, voilà maintenant deux ans que vous avez quitté la NBA. Quel regard portez-vous sur votre parcours depuis ces deux années ?

Tout d’abord, j’ai passé des moments extraordinaires en NBA. Malheureusement, il a fallu que ça se termine, à cause des sujets que j’ai évoqués. Pour moi, je regarde ces deux dernières années comme un grand privilège, parce que j’ai pu parcourir le monde entier, rencontrer des dirigeants, des premiers ministres, des présidents, pour parler des violations des droits de l’homme sur la planète. Ça a été une période incroyablement bénie pour moi. J’essaie de porter la voix de toutes ces personnes sur terre qui sont privées.

Adam Silver a dit jusqu’au bout que vous aviez le droit à la liberté d’expression. Quelle est votre relation avec la NBA aujourd’hui ?

Malheureusement, il n’y a pas de contact, parce que la NBA a un peu peur de discuter avec moi, même pour avoir un début de discussion. Ils savent sans doute qu’à l’instant où ils entameront le début d’un projet avec moi, ça peut les mettre en grande difficulté. Malheureusement, la NBA a un peu peur du gouvernement chinois. C’est pourquoi il n’y a pas de relation entre eux et moi pour le moment. Donc pas de contact, même si de mon côté je regarde encore la NBA, ou plutôt je suis mes anciens coéquipiers. Et c’est plutôt cool de voir que mon ancienne équipe de Boston est aujourd’hui en finale, en bonne position pour remporter le titre.

Enes Kanter Freedom

Quels sont les joueurs avec lesquels vous avez gardé contact ?

Je parle toujours à la majorité de mes anciens coéquipiers. Pas seulement aux Celtics, mais aussi dans les autres équipes pour qui j’ai joué. Je veux dire, c’est comme ma famille, mes frères. Je continue de suivre ce que font Jaylen Brown et Jayson Tatum. Tacko Fall, Steven Adams et Russell Westbrook sont comme mes meilleurs amis. Pour les anciens Celtics, je suis vraiment heureux pour eux. Ils sont sur le point de remporter un titre, et de vivre quelque chose de super fun.

Vous évoquez Jaylen Brown, qui est vice-président du syndicat des joueurs. Est-ce que vous regrettez que le syndicat des joueurs ne vous ait pas suffisamment défendu suite à vos prises de position extra-basket ?

Je trouve que que leur manière de gérer toute la situation est vraiment une honte. Je pense que le syndicat des joueurs aurait dû me protéger davantage. Parce qu’au bout du compte, je n’ai fait que parler de violations de droits humains. Il ne s’agit même pas de politique, on parle de droits de l’homme. Le syndicat des joueurs a eu peur de la NBA, et la NBA a eu peur du gouvernement chinois. Mais vous savez quoi ? C’est comme ça. Ainsi va la vie. Et ce dont je m’occupe aujourd’hui, ça va au-delà du basket, de la NBA, et de moi-même. Il fallait que quelqu’un se sacrifie pour évoquer ces sujets afin que d’autres puissent vivre une meilleure vie.

Toujours sur le sujet de la liberté d’expression, pensez-vous que la NBA est encore trop silencieuse par rapport à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui ?

Oui. S’ils pensent que ce dont les joueurs parlent en dehors du basket peut affecter leur business, alors ils feront tout ce qu’ils peuvent pour les faire taire. Donc oui, la NBA est très hypocrite et il y a beaucoup d’hypocrisie dans ce petit monde, pas seulement en NBA d’ailleurs. C’est aussi le cas des équipementiers, puisque Nike est le plus gros sponsor de la ligue. Je les mets aussi dans le lot. Tout le monde sait ce que Nike fait en Chine avec notamment le scandale des « sweatshops ». Il faudrait que davantage d’athlètes se réveillent et commencent à demander des comptes à ces organisations.

De quelle réalisation êtes-vous le plus fier depuis que vous avez arrêté votre carrière de basketteur ?

Ces deux dernières années, nous avons créé beaucoup de mandats pour demander la libération de prisonniers politiques. On travaille avec les gouvernements du monde entier pour mettre la pression sur des dictatures, afin qu’ils libèrent des prisonniers politiques. En ce moment, on travaille avec les gouvernements américains et canadiens mais aussi d’autres, dans cet objectif. On met par exemple une grosse pression sur la Turquie et le régime d’Erdogan, parce qu’il y a des violations de droits de l’homme là-bas, beaucoup de prisonniers politiques et de décisions non démocratiques. Aux États-Unis, le Congrès, le Sénat et la Maison Blanche travaillent ensemble pour avancer là-dessus.

Quel est votre but aujourd’hui, quand vous vous levez le matin ?

La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que je pense qu’on peut utiliser le basket comme un outil pour connecter tous les enfants du monde. À cause des guerres, et des conflits qui ont lieu au Moyen Orient, en Europe, en Amérique, il y a beaucoup de gens qui sont divisés. Je pense qu’on peut utiliser le basket pour éduquer les enfants, car ces enfants seront le futur un jour. Ce qu’on veut faire, c’est réunir toutes les religions sur un terrain, et qu’on puisse tous jouer au basket ensemble. Musulmans, juifs, chrétiens, tous ensemble sur un terrain pour jouer. Tous ces enfants qui jouent ensemble, ils communiquent, ils s’amusent, ils apprennent les uns des autres, c’est ce qui me rend heureux le matin. Avec tous ces conflits, les gens se haïssent à nouveau. Je pense qu’avec le basket, on peut résoudre ce problème.

Est-ce que le basket vous manque ?

Bien sûr ! J’adore le basket, le basket me manque. Je n’ai que 32 ans, je suis toujours jeune, en bonne santé…Je peux toujours jouer ! Mais toutes ces choses dont j’ai parlé, c’est plus fort que le basket, la NBA, et moi-même. Donc je n’ai aucun regret.

Mais, vous regardez toujours la NBA ?

Disons que je supporte mes coéquipiers, je ne regarde pas particulièrement la NBA. La NBA est une organisation très hypocrite, mais mes anciens coéquipiers n’ont rien à voir avec ces problèmes.

Photos : Venelles Basket Club – Erwan Le Guilly

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