Interview Elie Okobo : « J’essaie de faire briller mes coéquipiers »

Rapidement appelé en sortie de banc en premier quart face à Dallas, Elie Okobo n’a pas tardé à se mettre en lumière pour ses premières minutes de jeu dans un contexte NBA. Le jeune meneur français n’a pas eu froid aux yeux dans la chaleur torride de Vegas : il a d’abord enfilé un petit layup main droite avant de sanctionner d’un step back à 3-points qui fait filoche.

Au final, Elie Okobo termine avec une fiche statistique très intéressante à 9 points, 6 passes, 4 rebonds et 1 interception. Il cumule aussi 4 balles perdues, signe d’une belle marge de progression, ainsi qu’il nous le confiait directement après le match.

« On échange beaucoup avec coach Kokoskov »

Elie, vous avez disputé vos premières minutes sous la tunique des Suns, comment vous sentez-vous après un bon premier match à 9 points, 6 passes et 4 rebonds ?

« C’est une super expérience pour moi. J’ai beaucoup de coéquipiers très talentueux et mon rôle est de leur donner la balle, de les impliquer au maximum pour leur rendre la vie facile sur le terrain. Et derrière, je dois amener de l’énergie. Voilà, c’était le premier match, il y avait de l’excitation car on a le n°1 de la draft et tout le monde était un peu en attente de notre équipe. Je pense qu’on a répondu présent mais il y a aussi une énorme marge de progression. Il y a encore quelques matchs pour le faire. »

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que vous jouez avec Josh Jackson, DeAndre Ayton voire Mikal Bridges et Dragan Bender, des joueurs de la rotation des Suns déjà…

« Il y a des joueurs importants de la rotation des Suns, c’est clair. J’essaie de les trouver et de les faire briller comme je disais, c’est mon rôle de meneur. Et puis, pour le reste, j’essaie de prendre ce qu’il y a à prendre et laisser le jeu venir à moi. Je parle beaucoup aux gars pour savoir ce que je peux faire mieux. »

Quelle est votre relation au coach, Igor Kokoskov ? C’est un coach européen avec la culture européenne, comment vous aide-t-il à vous adapter au mieux au contexte NBA ?

« Il me dit de vraiment jouer relâché mais en même temps de garder toujours un oeil sur lui. En tant que meneur, c’est lui qui me donne les directives et c’est à moi de les transmettre à mes coéquipiers sur le terrain. On échange beaucoup. J’aime beaucoup sa manière de travailler. C’est un immense coach et je pense pouvoir bien progresser à ses côtés. Je suis très content d’être ici. »

N’est-ce pas trop difficile en ce moment avec l’avalanche d’infos et de données à retenir que vous envoient les Suns au quotidien ?

« Il y a beaucoup de systèmes, et puis il faut s’adapter à la culture américaine mais ça va, là je m’habitue bien. Je suis content de l’évolution des choses jusqu’à maintenant. »

Comment avez-vous trouvé DeAndre Ayton pour ce premier match ? 

« Je ne dirais pas qu’il était nerveux mais il avait beaucoup d’excitation pour ce premier match. Tout le monde était là pour le voir et il voulait montrer de quoi il est capable. C’est excitant pour sûr. Il sera encore meilleur samedi une fois la pression un peu retombée. Mais pour nous, il a déjà bien joué en tant que coéquipier. »

Qu’avez-vous pensé de la performance offensive de l’équipe pour une première sortie, forcément un peu brouillonne ?

« On a plutôt bien géré nos possessions. La clé pour nous en attaque, c’est qu’on doit connaître les systèmes à 100%. Notre objectif est de pousser le cuir et de développer notre jeu comme il faut et ensuite défendre avec agressivité. »

« Je veux mettre mes coéquipiers dans les meilleures conditions »

Vous avez délivré plusieurs caviars à vos coéquipiers, êtes-vous dans l’état d’esprit de faire la passe d’abord et le scoring ensuite ? 

« J’essaie vraiment de mettre mes coéquipiers dans les meilleures conditions, c’est mon boulot en tant que meneur. Je pense l’avoir fait plutôt bien dans ce premier match mais je peux encore faire mieux. C’est ce que je vais essayer de faire sur ces prochains matchs. »

Comment opérez-vous pour trouver votre place dans ce groupe ? On vous sent déjà très bien intégré dans l’équipe.

« Oui, je leur parle et je leur demande ce qu’ils préfèrent, quels systèmes de jeu ils préfèrent. Je sais que tu es droitier ou gaucher, que tu préfères couper ou shooter, ou si je peux leur envoyer un lob… C’est tout ça que j’essaie de comprendre au fur et à mesure. J’essaie de m’assurer que je les aide sur le terrain. »

Vous avez fini à 1/3 à trois points, en rentrant notamment votre première tentative quasiment au buzzer du premier quart. Etait-ce une bonne sensation de rentrer ce genre de tir compliqué en début de match ?

« C’est mon step back ! Je l’ai pas mal utilisé la saison passée et je travaille encore dessus. »

Pour revenir un peu en arrière, racontez-nous comment vous en êtes arrivé là, avec notamment plusieurs refus de Pau Orthez quand vous étiez plus jeune…

« J’ai essayé d’entrer dans le club de Pau quand j’avais 14 ou 15 ans et ils ont dit non. Je suis rentré à Bordeaux et j’ai continué à travailler dur. J’ai retenté ma chance à Pau et ils ont à nouveau refusé. J’ai donc refait la même chose et au final, j’ai fait partie du groupe pro et j’étais un des meilleurs joueurs de l’équipe cette saison. Travailler dur, c’est la clé pour moi. »

Vous souvenez-vous d’un moment en particulier dans ces workouts qui n’ont pas abouti ? Un détail qui aurait pu vous donner une motivation supplémentaire ?

« Non, rien de spécial si ce n’est que j’ai dû travailler dur pour en arriver là. C’est vraiment ma marque de fabrique. Je suis un bosseur et chaque jour, j’ai envie d’apporter ça chez les Suns. Je veux travailler dur et gagner ma place. »

Pour finir, avez-vous pu apprécier la victoire des Bleus en Coupe du Monde ?

« Oui, j’ai vu ça, je me suis levé à 7h matin pour voir le match. Bien sûr, c’est énorme car on a gagné et on est en demi finale. Je ne sais pas quand elle aura lieu mais je sais qu’on joue la Belgique. [Il sourit et se tape la main sur le coeur] La France pour toujours ! »

Propos recueillis à Las Vegas