Le soleil brille, les oiseaux chantent et les playoffs sont bien là ! Ce premier tour des phases finales, c’est le meilleur moment de l’année, toujours accompagné de ce parfum particulier où tous les espoirs sont permis… et tous les coups aussi. Les grosses défenses, les clés de bras (déconseillées toutefois) et le fameux « Hack-a-Shaq », que l’on rebaptisera hacking, selon les désirs de l’imposant Shaquille O’Neal que je n’aimerais en aucun cas contrarier.
Quatre « hackers » identifiés
Le hacking consiste à faire faute systématiquement sur le joueur adverse ayant un faible pourcentage au lancer franc pour l’envoyer sur la ligne et miser sur son échec. Depuis le début des Playoffs, quatre coachs l’ont utilisé, à plus ou moins haute dose. Gregg Popovich sur DeAndre Jordan, Rick Carlisle sur Dwight Howard et Josh Smith, Brad Stevens sur Tristan Thompson et même Mike Budenholzer, sur Mason Plumlee, il y a deux jours. Parfois avec succès, parfois pas du tout. À l’heure où le hacking est cloué au pilori de toute part, taxé « d’anti-jeu », de « mauvais esprit », de « scandaleux » et que certains aimeraient même voir disparaître. Je veux par cette tribune lui rendre tout son honneur.
Le hacking à travers les âges
Pour commencer, la NBA a déjà légiféré sur le hacking, et ce depuis l’ère Wilt Chamberlain, dans les années 60. Depuis cette époque, les premiers « hackers » se voyaient sanctionnés d’un ou deux lancers et la possession suivante dans les deux dernières minutes du match. Plus tard, la NBA a même durci cette règle en permettant à l’équipe hackée de choisir son meilleur shooteur pour exécuter les deux lancers. Remis au goût du jour par Don Nelson au début des années 90, contre un certain Larry Smith à Houston, puis contre Dennis Rodman en 1997, le hacking se perpétue et Gregg Popovich, qui l’utilisa ensuite contre Shaquille O’Neal, Ben Wallace et aujourd’hui DeAndre Jordan, en est le plus digne héritier.
Dans cette partie d’échecs à laquelle se livrent les plus grands coachs de la ligue, le hacking n’est pas un acte d’anti-jeu, mais simplement un moyen supplémentaire d’exploiter les failles de l’adversaire. Bizarrement, même si cette tactique ralentit le jeu, le fait de voir la réaction du joueur « offensé » en vaut la chandelle à mes yeux. À vrai dire, je déplore plus le manque de travail de certains joueurs face à leurs faiblesses. À ce niveau, shooter en dessous de 60% sur la saison est une faute professionnelle. La taille n’est pas un argument, nombreux sont les joueurs de plus de deux mètres pour le prouver. Et surtout, si tout le monde n’a pas le poignet d’un Dirk Nowitzki, seul le travail permet alors de masquer cette faille qui peut ressurgir dans les derniers instants d’une saison. Les dernières secondes, celles qui décident d’un titre.
Rigueur
Je pense que si Tim Duncan est passé de 60% d’adresse aux lancer francs sur la saison en 2003-2004 à 81% neuf ans plus tard, ce n’est pas le fruit du hasard. Tout comme je pense que si Dwight Howard ou DeAndre Jordan évoluaient sous les ordres de coach Pop, ils ne sortiraient pas du gymnase sans avoir pondu 100 lancer francs d’affilée chacun par jour, sans doute même plus. Enfin, le hacking n’est pas une arme absolue. Il n’a eu que peu d’incidence sur les séries concernées jusque-là.
Pour finir en douceur sur cette question où les avis sont nombreux, réconcilions-nous autour de cette vidéo datant de 2008 lors du premier match de la saison, où Gregg Popovich demande à Michael Finley de faire faute sur Shaq au bout de deux secondes, pour la déconne.
Quel blagueur ce Pop…