Revenus à San Francisco satisfaits d’un début de saison compliqué mais réussi avec sept matchs loin du Chase Center, les Warriors nous ont-ils bernés ? Oui, Stephen Curry a démarré la saison en trombe. Oui, Chris Paul a montré qu’il pouvait se fondre dans le collectif et élever le niveau de jeu du deuxième cinq. Oui, ils ont gagné cinq de leurs sept premiers à l’extérieur et tenu tête aux champions en titre dans leur salle pendant 48 minutes. Tout ça rendait les Warriors optimistes et permettait à Steve Kerr de proclamer la saison dernière comme une exception au standard d’excellence de la franchise.
Une impression en trompe-l’oeil
Si on se penche plus en détail sur ces premiers matchs, on se rend vite compte que tout n’est cependant pas au beau fixe pour Golden State. Le cinq majeur est décevant et derrière Stephen Curry, il n’y a pas de deuxième lame constante. Klay Thompson est le deuxième meilleur marqueur de l’équipe avec 16 points par match à 46% aux tirs, dont 35% à 3-points. Jonathan Kuminga, Andrew Wiggins et Draymond Green le suivent, tous à moins de 43% de réussite.
À l’exception de Stephen Curry, aucun Warrior n’a marqué plus de 20 points cette saison et cette nuit, face à Cleveland, le double MVP (30 points), de nouveau esseulé, a manqué de jus pour terminer la rencontre, ratant ses trois tirs en dernier quart-temps.
Les victoires étriquées au buzzer contre les Kings à domicile et le Thunder sont survenues alors qu’ils manquaient respectivement De’Aaron Fox et Shai Gilgeous-Alexander en face. La victoire à Detroit face à aux jeunes Pistons, eux aussi diminués, a mis trois quart-temps et demi à se dessiner. Et les Cavaliers les ont dominés deux fois lors des six dernières jours, en utilisant leur taille et puissance physique pour mettre l’attaque des Warriors au point mort (41% aux tirs, 34% à 3-points, 20 ballons perdus).
« Ce n’est pas par hasard s’ils possédaient la meilleure défense de la ligue la saison dernière » a rappelé Steve Kerr. « Ils mettent beaucoup de pression sur le porteur car ils savent qu’ils ont deux contreurs derrière. C’est une opposition difficile pour nous, ils ont dominé les deux matchs. »
Une défense sur les talons
Les Warriors avaient connu les mêmes problèmes face aux Lakers lors des derniers playoffs et s’apprêtent à jouer deux fois contre des Timberwolves qui auront un avantage de taille conséquent et possèdent la meilleure défense de la NBA cette saison, et le Thunder, cette fois avec Shai Gilgeous-Alexander et le prometteur Chet Holmgren.
Le visage fermé en conférence de presse, l’entraineur de Golden State a essayé de sortir son refrain favori après un « road trip », expliquant que le premier match à domicile est toujours difficile.
Ceci n’explique toutefois pas le non-match de son équipe. Comme à Cleveland, les extérieurs ont été incapables de rester devant Donovan Mitchell, Darius Garland et Caris Levert, permettant aux Cavs de disséquer leurs aides défensives ou de provoquer des fautes. Les hommes de J.B. Bickerstaff ont tiré 43 lancers-francs !
La défense a donc fait un grand pas en arrière cette nuit, forçant Steve Kerr à faire le parallèle avec la saison dernière. « On dirait qu’on est retombé dans nos travers, » constatait-il après la rencontre. « On a été plus consciencieux depuis le début de saison mais, ce soir, c’était pareil que la saison dernière, avec beaucoup trop de fautes. C’est dur de trouver un rythme offensif quand l’autre équipe tire des lancers-francs sur chaque possession. »
Après dix matchs, les Warriors ont seulement deux victoires contre des équipes à plus de 50% de victoires et ont été méconnaissables à domicile face aux Suns, aux Kings, et aux Cavs. Ils devront rapidement trouver des solutions aux problèmes que les Cavs ont exploités cette nuit. Sinon ils risquent de gâcher leur bon bilan à l’extérieur et repartir à la case départ, dans le ventre mou de la conférence Ouest… Comme la saison dernière.
Propos recueillis à San Francisco.