Titulaire du meilleur bilan de la ligue (34 victoires, 9 défaites) à la mi-saison, les Warriors ont connu trois mois beaucoup moins turbulents que tous leurs adversaires directs. Cleveland, qu’ils retrouveront lundi, et OKC ont pris place dans un wagon de montagnes russes. Houston n’a pu aligner James Harden et Chris Paul ensemble sur le terrain que 18 fois, et San Antonio vient de renvoyer Kawhi Leonard à l’infirmerie.
Si les chiffres sont favorables à la bande de Steve Kerr, ils sont après tout la meilleure attaque et la troisième meilleure défense de la NBA, réalisant tout ça sans même forcer leur talent. Pas épargnés par les blessures, ils ont compté sur leur expérience collective et sur la menace proposée par leurs différents adversaires pour réguler leur intensité.
« C’est normal quand vous essayez d’atteindre la finale pour la 4e fois d’affilée »
Pour faire simple, les champions en titre attendent les playoffs et font le strict minimum pour naviguer la formalité qu’est devenu la saison régulière.
« Ce groupe a besoin de nouveaux défis, » expliquait Steve Kerr à nos confrères de The Athletic hier matin lors du shootaround avant le match contre Milwaukee. « C’est tout à fait normal quand vous essayez d’atteindre la finale pour la quatrième année de suite. »
Un retour sur le début de saison confirme d’ailleurs les dires du technicien. Après un départ en roue libre, ils se sont servis de leur premier long road trip de la saison pour enchainer sept victoires de suite de plus de 15 points.
S’en est suivie une longue période de gestation où revenir d’un fossé de plus de dix, quinze ou même vingt points d’écart était devenu routinier. Le dernier exemple en date s’est produit à La Nouvelle-Orléans. Menés de 20 points à la mi-temps, ils ont fini par gagner de 10. Cette soirée, marquée par l’entorse de la cheville droite de Stephen Curry, marquera le début d’un nouveau cycle.
Sans leur leader, les Warriors répondent à ce défi en devenant la meilleure défense de la ligue pour gagner neuf de leur dix matchs suivants. Mot-clé : défi.
La suffisance de ce groupe chevronné les rattrape toutefois à domicile face à Denver et Charlotte, avant que le retour de Curry ne relance la machine. Après le réveil défensif, c’est cette fois le génie offensif du double MVP qui porte les Warriors. Mais face aux Clippers mercredi, sans Curry ni Thompson, ils sont retombés dans la facilité, enregistrant leur sixième défaite de la saison à domicile soit une de plus que lors des deux dernières saisons cumulées.
Les quatre derniers revers à l’Oracle Arena sont survenus sans Curry mais également face à trois adversaires sous la barre des 50% de victoires (Sacramento, Charlotte, les Clippers), confirmant une tendance à se laisser aller selon le niveau de compétition.
« Vous ne pouvez pas avoir le même niveau d’intensité et d’envie lors de 82 matchs, contre tous vos adversaires. C’est juste impossible, » se défendait Draymond Green après la défaite surprise face aux Clippers.
La saison régulière, la présaison des Warriors
Lors des sept derniers matchs, l’évaluation défensive des hommes de Steve Kerr a atteint les 112 points par 100 possessions, soit une marque synonyme de pire défense de la ligue.
« Notre défense est horrible, » pestait Kerr hier matin. « Sur les six ou sept derniers matchs, nous sommes la pire défense contre le tir à 3-points. On a besoin de rectifier le tir et ce road trip va nous forcer à le faire si on espère gagner ne serait-ce qu’un match ! »
En une semaine, les Warriors vont en effet affronter Milwaukee, Toronto, Cleveland, Chicago et Houston, soient quatre des six meilleures attaque de la ligue. Si ce road trip donnerait des sueurs froides à n’importe quelle autre franchise, les Dubs eux le voient comme une aubaine pour repartir du bon pied.
« On doit juste revoir nos principes défensifs, notamment sur pick & roll. Revenir à nos bases, en gros tout ce qui rend notre défense suffocante, » décrivait Kevin Durant. « Si on continue à bosser dur tout ira bien pendant ces cinq matchs. »
Si de nombreux joueurs NBA aiment déclarer que jouer à l’extérieur dans un environnement hostile permet à leur équipe de rester souder, Golden State fait de ce cliché une réalité. Meilleure équipe de la saison à l’extérieur avec un bilan de 18 victoires pour 3 défaites, soit un record NBA à mi-saison, et invaincus depuis leurs onze derniers matchs loin d’Oakland, les Warriors arrivent à passer à la vitesse supérieure loin de leurs bases et les statistiques le confirment.
Leur évaluation défensive est meilleure à l’extérieure (101,9 contre 103,1) et leur concentration sur leurs points faibles, en particulier le contrôle du rebond et leur balles perdues, devient une priorité. Ils prennent en effet plus de rebond défensifs qu’à domicile (78,6% contre 74,5%) et perdent moins de ballons (14,9% contre 16,2%) alors que leur rythme est paradoxalement plus élevé (104 possessions par 48 minutes contre 101).
Un record NBA à mi-saison : 18 victoires en 21 matches à l’extérieur
C’est donc sans surprise que lors du premier match de ce road trip à Milwaukee, la défense et la concentration des Warriors étaient de retour. Malgré un troisième quart temps mal négocié où ils ont encaissé 33 points, les Dubs ont limité Milwaukee à 94 points à 42% de réussite aux tirs, ont contrôlé le rebond et n’ont gaspillé que 11% de leurs possessions pour une évaluation défense de 99,7 points par 100 possessions !
Face au défi présenté par l’enchainement le plus compliqué de leur calendrier, les Warriors ont donc débuté par une performance idéale mais ne vous détrompez pas, leur objectif est ailleurs.
« On verra bien ce que ce road trip nous réserve, » lâche avec nonchalance Kevin Durant. « On ne va pas sauter de joie comme si on avait gagné le titre, si on gagne ces cinq matchs. On va simplement essayer de progresser à chaque match et faire de notre mieux pour gagner. »
Logique. Après tout à Oakland, nous n’en sommes qu’au match 43 de la présaison.