Chaque jeudi, Basket USA vous propose son « Throwback Thursday », votre moment détente et nostalgie de la semaine. Après Dell Curry, Darrell Armstrong ou encore Michael Cage, on poursuit aujourd’hui avec Stacey Augmon, l’explosif ailier gaucher passé par les Hawks et les Blazers notamment.
Surnommé le « Plastic Man » pour sa capacité à se contorsionner dans les défenses et finir des actions incroyables avec sa papatte gauche, Stacey Augmon fut un joueur mythique des années 90, avec plus 1 000 matchs au compteur !
Enorme athlète, il a obtenu ses premières lettres de noblesse à l’université, au sein des Runnin’ Rebels de Las Vegas, avec lesquels il a remporté un titre NCAA en 1990, aux côtés notamment de Larry Johnson et Greg Anthony. Spécialiste défensif et remplaçant de luxe pendant l’essentiel de sa carrière, le gaucher élastique a été de la belle aventure des Blazers avant le bug de l’an 2000, et cette fameuse défaite face aux Lakers en finale de conférence.
« Ma transition en NBA n’a pas été difficile car j’étais prêt physiquement »
Stacey, vous avez grandi en Californie mais vous avez choisi d’aller à UNLV, pourquoi ce choix ?
« Je ne voulais pas aller dans une université de Californie mais je ne voulais pas non plus partir trop loin de chez moi. Le Nevada n’était pas trop loin mais ça m’a tout de même permis de quitter le quartier et puis c’était une belle ville bien chaude. »
Vous avez remporté le titre NCAA en 1990 avec les Runnin’ Rebels puis réussi une série incroyable de 34 victoires de suite l’année suivante, en 1991 et un nouveau Final Four, quels souvenirs gardez-vous de ces deux saisons historiques ?
« C’étaient deux excellentes saisons. Mon meilleur souvenir est forcément le titre qu’on a gagné en 1990 mais je me souviens encore plus de mes coéquipiers et de ce qu’on a construit ensemble. On a vraiment établi une culture dans cette université au fur et à mesure qu’on a grandi ensemble. Ces moments passés avec mes coéquipiers, sur et en dehors du terrain, sont encore très présents pour moi. »
Que vous a-t-il manqué pour faire le doublé, surtout après une saison sans la moindre défaite ?
« Je ne pense pas qu’il nous ait manqué quelque chose. Je pense même qu’on était encore meilleur la deuxième fois [en finale]. Malheureusement, le ballon n’a pas voulu aller dans notre sens mais notre équipe était encore plus forte lors de mon année sénior. »
Vous avez placé un alley oop avec une passe contre la planche en plein match, est-ce que vous avez inventé cette nouvelle tendance (à l’époque) ?
« Non, non, j’ai vu d’autres gars le faire avant moi. Le truc, c’est que j’ai réussi à le faire en match, mais ce n’est pas mon invention ! »
Vous avez été drafté en 1991 par les Hawks (9e choix), comment s’est passée la transition en NBA ?
« La transition n’était pas si difficile que ça. Maintenant, les gars débarquent en NBA bien trop jeunes. En l’occurrence, j’ai passé cinq ans à l’université, et je suis donc sorti bien plus mûr que les joueurs d’aujourd’hui. J’ai été intégré dans le roster directement car j’avais déjà la force physique pour me battre face aux adultes de la NBA. Personnellement, la transition n’était pas trop compliquée. »
Avez-vous eu un mentor en début de carrière ?
« Oui, c’est « Loren » Brown [ndlr : prénom inaudible], un gars que je connaissais de mon quartier. C’est lui qui m’a fait commencer le basket et il m’a aidé tout au long de ma carrière. »
« Dominique Wilkins était un de mes joueurs préférés »
Vous avez évolué avec Dominique Wilkins chez les Hawks, comment était-ce de jouer à ses côtés à l’époque ?
« Avant même d’arriver à Atlanta, Dominique était un de mes joueurs préférés. J’adorais le voir jouer. J’étais honoré de pouvoir évoluer à ses côtés, et j’ai beaucoup appris grâce à lui. Il s’est occupé de moi, il m’a pris sous son aile en tant que jeune rookie et il m’a appris les ficelles du métier. »
Avez-vous eu une idole de jeunesse à vos débuts ?
« C’était Magic Johnson. Comme j’ai grandi dans la région de Los Angeles, j’étais un fan des Lakers. Mais j’aimais bien aussi beaucoup regarder Dominique Wilkins. »
Vous avez hérité d’un des meilleurs surnoms de l’histoire de la NBA, à mon humble avis, avec le sobriquet de « Plastic Man », pouvez-vous nous raconter d’où il vient ?
« [rires] C’est Dick Versace qui a inventé ce surnom. Il était le commentateur télé dans les années 90 et ce surnom est resté pendant toute ma carrière. »
Vous avez réussi plusieurs belles saisons avec Atlanta, mais vous n’avez pas été plus loin que le second tour des playoffs, et en 1996, vous avez été envoyé à Detroit, était-ce triste de quitter Atlanta ?
« Oh oui, ce fut un moment difficile pour moi. C’était la première fois que je me faisais échanger et je ne savais pas vraiment comment réagir. C’était très difficile. »
Vous n’êtes pas resté longtemps avec les Pistons puisque la même saison, on vous a envoyé à Portland, comment avez-vous vécu cette année mouvementée ?
« Mon transfert à Portland a été beaucoup plus facile car j’avais déjà vécu ça. Et puis, je savais que je n’allais pas rester avec les Pistons pour une longue période. A ce moment-là, j’avais bien compris que la NBA est un business, ça m’a pris un peu de temps mais là, j’avais bien saisi cet aspect-là. Quand j’ai appris la nouvelle pour ce deuxième échange, j’ai accepté rapidement et je suis passé à autre chose. »
Avec Portland, vous avez fait partie d’équipes très talentueuses, quels souvenirs en conservez-vous ?
« On avait clairement de très grosses équipes ici. Et surtout de très bons coéquipiers. Tout le monde s’entendait bien car il n’y avait pas d’égos démesurés. On jouait bien ensemble mais on faisait aussi pas mal de choses ensemble en dehors des parquets. Et cette entente se traduisait vraiment bien sur le terrain pour nous. »
Mike Dunleavy a décrit ça récemment dans un podcast. Mais il y avait pourtant beaucoup de stars dans ces équipes des Blazers de la fin des années 90 jusqu’au début des années 2000. Comment l’expliquez-vous ?
« Il y avait beaucoup de stars mais ils n’avaient pas d’égos. On savait ce qu’on voulait et c’était gagner des matchs. On était tous sur la même longueur d’ondes et on avait le même objectif qui était de ramener le titre à Portland. »
« On n’a pas assez utilisé notre banc durant les playoffs en 2000 »
A quel point avez-vous apprécié ces années aux côtés des Arvydas Sabonis, Rasheed Wallace, Damon Stoudamire ? Beaucoup de bons passeurs aussi…
« Oh oui, Arvydas [grand sourire]. Je m’amusais souvent avec lui. J’étais bien plus jeune que lui et je m’amusais souvent à lui mettre des petites tapes derrière la tête avant de partir vite en courant. J’ai eu beaucoup de très bons moments avec lui. Il ne parlait pas beaucoup avec nous mais il était toujours très présent sur le terrain, avec ses petites passes. On avait un lien fort. Et on l’a encore. »
Diriez-vous que c’est la période que vous avez le plus apprécié avec les Blazers ?
« Oui, c’est clair. »
Vous avez fait deux finales de conférence d’affilée en 1999 et en 2000, vous étiez si proche des finales. Que vous a-t-il manqué à votre avis ?
« On avait une grosse équipe. Je dirais que ce qui nous a manqué, c’est qu’on n’a pas assez utilisé notre banc, surtout en playoffs. Pendant la saison régulière, on jouait beaucoup avec les remplaçants mais [en playoffs], on a commencé à raccourcir les minutes. Je ne sais pas qui a pris cette décision mais on n’a pas utilisé le banc autant que pendant la saison. Et pour moi, ça a joué un grand rôle. »
Diriez-vous que c’est votre plus grand regret, cette finale de conférence perdue face aux Lakers en 2000 ?
« Je ne dirais pas que c’est mon plus grand regret. Mais c’est sûr que c’est une grosse déception. Car on était allé si loin, et on était si proche d’atteindre les finales. C’était à notre portée mais on n’a pas réussi. C’est forcément décevant. »
J’ai parlé à Brian Grant récemment et il me racontait qu’à la mi-temps de ce fameux match 7, vous pensiez que c’était pour vous…
« Oui, on y était presque. On avait l’avantage au score. Tout le monde se sentait bien. C’était à la portée de la main, mais… C’est comme ça, c’est le basket ! On ne sait jamais ce qui peut se passer. En tant qu’athlète, on nous apprend toujours à continuer à jouer peu importe ce qui se passe… Car on ne sait jamais ce qui peut arriver. »
Qui était votre coéquipier le plus proche durant vos années chez les Blazers ?
« Steve Smith. On est devenu très proche. On était à Atlanta ensemble. On a aussi joué l’un contre l’autre à l’université quand lui était à Michigan State. Et quand on les a affronté, on était resté plus longtemps qu’à l’accoutumée et on avait bien discuté. On a développé un lien très fort depuis ce moment-là. »
« Joe Dumars a été mon adversaire le plus coriace »
Quel est votre meilleur souvenir de Portland ?
« Ce n’était certainement pas toute cette pluie [rires] ! Non, je dirai que c’est ce match 7. »
Vous avez joué aux côtés de Shawn Kemp également, quel coéquipier était-il ?
« Shawn Kemp était super ! Il était à un moment de sa carrière quand j’ai joué avec lui à Portland où il avait beaucoup d’expérience, il comprenait beaucoup de choses après avoir vécu tant de hauts et de bas, sur et en dehors du terrain. Mais c’était un super coéquipier. »
Vous êtes connu comme un des meilleurs défenseurs des années 90, qui était l’adversaire le plus coriace ?
« Joe Dumars. C’était très compliqué pour moi de défendre sur lui. Il était très costaud. Il pouvait vous amener au poste bas et vous faire bosser. Il avait un super tir extérieur et puis, il pouvait également partir en dribble, à droite ou à gauche. C’était l’adversaire le plus coriace pour moi ! »
Est-ce parce qu’il était beaucoup plus petit que vous ?
« Oui, j’avais l’avantage de taille face à lui mais il était compact et il avait beaucoup de force. Mais il contrôlait très bien son corps et il connaissait très bien les angles sur le terrain. Il m’a appris beaucoup, rien qu’en défendant face à lui. »
Vous avez ensuite joué pour les Hornets et le Magic, comment avez-vous réussi à jouer aussi longtemps en gardant toute votre fraîcheur jusqu’à 37 ans ?
« J’ai tout simplement pris soin de mon corps. Avec l’expérience, on sait ce qu’on peut manger, comment bien se reposer. On sait avec quoi faire. Il faut traiter son corps comme un temple, le respecter et lui fera son boulot pour vous. »
Vous avez endossé un rôle de vétéran sur ces dernières campagnes, qui ont été vos meilleurs étudiants à Orlando ?
« J’ai eu Dwight [Howard] et Jameer [Nelson] à Orlando. J’étais leur mentor, j’ai essayé de leur montrer ce qu’il faut faire pour jouer dans cette ligue. Et puis, en dehors des terrains, j’ai partagé mon expérience avec eux. On a passé de bons moments ensemble, c’était sympa. »
« Dwight était taillé pour jouer en NBA dès le lycée »
Dwight Howard était-il vraiment impressionnant à son arrivée ?
« Pour sûr ! Il avait un corps massif dès son arrivée. Il était taillé pour jouer en NBA dès sa sortie du lycée. En tant que mentor, j’ai essayé de lui montrer ce qu’il devait faire. »
A quel moment vous êtes vous dit qu’il était temps pour vous de partir ?
« Quand je suis allé au camp d’entraînement des Nuggets, je me suis rendu compte qu’il était temps. Car je n’arrivais plus à faire ce que j’avais l’habitude de faire : dunker, courir dans les ailes en contre-attaque. Je n’arrivais plus à courir à fond. Et je savais au fond de moi qu’il était temps. »
Vous avez claqué un nombre incalculable de dunks, avez-vous le souvenir d’un dunk particulièrement mémorable ?
« Non, non. Pas d’un en particulier. Je sais que j’en ai réussis un paquet. Parfois, on me montre des vidéos de dunks, et on me demande si je m’en rappelle. Mais non. Il y en a eu tellement. »
Vous avez également réussi pas mal d’actions où, tel le tire-bouchon, vous vous contorsionnez dans tous les sens. Est-ce quelque chose que vous avez travaillé ou était-ce de l’improvisation totale ?
« [rires] Non, c’était vraiment de l’improvisation. Je prenais simplement ce que la défense voulait bien me donner. Je voulais simplement scorer le panier. »
Pour finir, quel est votre premier souvenir basket ?
« Mon premier souvenir… Junior High School. Quand j’ai été intégré dans l’équipe. Je me souviens avoir été l’annoncer à ma mère, je fais partie de l’équipe, je fais partie de l’équipe ! C’est vraiment un super souvenir. »
Propos recueillis à Portland
Illustration : Harrison Freeman
https://www.youtube.com/watch?v=JEChEAiN3Mw
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