Chaque jeudi, Basket USA vous propose son « Throwback Thursday », une sorte de « Que sont-ils devenus » avec d’anciens joueurs NBA. On débute aujourd’hui avec Matt Harpring, ancien joueur d’Orlando, de Cleveland, Philadelphie et Utah.
Toujours élégant et assez marrant dans ses commentaires, Matt Harpring a parfaitement réussi la transition après sa carrière de joueur en devenant le consultant de luxe du Jazz. Mais on n’en a jamais vraiment douté…
Le shooteur passé par Georgia Tech, où il a passé quatre glorieuses années, était déjà un étudiant brillant sur le campus d’Atlanta et sa reconversion s’est faite en douceur. Aussi à l’aise derrière le micro que derrière la ligne à trois points, Harpring a accepté avec beaucoup de gentillesse de remonter avec nous dans les couloirs du temps.
Une place dans la first All-Rookie Team
Matt, vous avez joué 11 saisons en NBA. Quand avez-vous su que vous alliez réussir une bonne petite carrière au plus haut niveau ?
« Après ma saison rookie. J’ai fini dans le premier cinq des rookies. J’avais réussi une bonne saison et je me suis dit que je pourrais y arriver. En fait, dès ma première année, je me suis rendu compte que le principal pour moi serait de bien prendre soin de mon corps pour réussir à durer dans cette ligue. »
Vous avez effectivement eu pas mal de soucis par la suite (cheville, genou), mais vous étiez un sacré shooteur. Comment pensez-vous que vous auriez pu jouer dans la NBA actuellement, où ça dégaine à tout va ?
« [rires] Oui, j’ai raté le coche. Je suis arrivé [en NBA] dix ans trop tôt… Si tu es un bon shooteur, c’est vraiment le moment idéal pour jouer au basket. »
Comment évaluez-vous l’évolution du jeu vers ce jeu extérieur, très aéré sans trop de fixation intérieure ?
« Je pense que c’est plus plaisant à voir, avec beaucoup de tirs à trois points. Le rythme de jeu est plus élevé et du coup, c’est plus sympa pour les fans car il y a plus de points, plus de spectacles. Mais d’un autre côté, j’aime aussi beaucoup le jeu au poste bas, le travail au corps et puis les dunks évidemment ! Ce que je préfère dans le fond, c’est un mélange des deux. »
Vous avez été drafté en 1998 (en 15e choix), vous avez donc joué (un peu) dans les années 90. Où vous situez-vous dans le fameux débat du « c’était mieux avant », entre la nouvelle et l’ancienne génération ?
« Je ne pense pas qu’une époque soit meilleure que l’autre, je pense simplement que le jeu a évolué. Il y avait déjà beaucoup de très bons shooteurs à trois points dans les années 90 mais ils ne prenaient tout simplement pas 8 ou 10 tirs par match. Inversement, il y a de très bons joueurs aujourd’hui qui pourraient sans problème jouer dans la ligue des années 90. Donc, je ne pense pas que le niveau de talents ait vraiment changé en NBA entre ces deux époques mais le jeu en lui-même a évolué. Et c’est tout à fait normal. »
Qui est le meilleur shooteur en NBA actuellement ? Vous prendriez qui pour un concours par exemple ?
« Je pense que Klay Thompson est le meilleur, pour ce qui est du shoot pur et dur. Mais je prendrai toujours Steph Curry sur un match NBA. »
Qui étaient vos modèles en tant que shooteur professionnel ?
« Larry Bird. Larry Bird, Reggie Miller, Ray Allen, c’était les gars que je regardais jouer. Les meilleurs à leur époque. Et à mon avis, ils seraient excellents dans la ligue actuelle. »
« Mitch Richmond était très, très fort aussi… »
Et qui, à l’opposé, était votre rival le plus coriace ? Votre ennemi intime même ?
« J’ai joué vraiment beaucoup de grands joueurs pendant ma carrière. J’ai défendu sur LeBron James, sur Michael Jordan, sur Carmelo Anthony, sur Grant Hill… J’en ai croisé des grands joueurs, que ce soit contre moi ou dans mon équipe. Mais il faut bien savoir que chaque match en NBA est un combat. Il faut toujours être prêt. Il n’y a aucun joueur qui est mauvais dans cette ligue. »
Vous évoquiez Grant Hill, c’était avant ses blessures en plus… Un sacré joueur à l’époque !
« Oui, il était vraiment sensationnel. Il y avait aussi des gars comme Mitch Richmond. On en parle très peu mais il était très très fort aussi. Ultra-costaud et très adroit. Je me répète mais franchement, il y a eu tellement de grands joueurs en NBA. »
Maintenant que vous êtes de l’autre côté de la barrière, en tant que commentateur, quels sont vos meilleurs souvenirs de votre carrière de joueur ?
« J’ai vécu de grands moments à l’université et j’en garde d’excellents souvenirs. J’ai eu mon maillot retiré à Georgia Tech [alors même qu’il était encore joueur, avant un match contre Duke télévisé dans tout le pays, ndlr]. Et puis en NBA, il y a tellement de bons moments. Ce sont les aventures en playoffs, quand je suis allé en finale de conférence Ouest [avec le Jazz en 2007] qui me reviennent souvent, ces moments forts en émotion. Mais franchement, je me mettais au défi quotidiennement. Que je sois chargé de défendre sur Kevin Garnett [voir plus bas, record en carrière, ndlr], sur Carmelo Anthony, sur LeBron James ou ces autres gars qui sont considérés comme les meilleurs de la ligue, c’était ce genre de matchs qui me motivait à mort. J’étais toujours aux taquets pour ces matchs-là. »
Allen Iverson vient récemment d’être intronisé au Hall of Fame et vous avez joué avec lui, avez-vous une anecdote à nous raconter ?
« Tout d’abord, j’ai adoré jouer avec lui. C’est le coéquipier qui jouait le plus dur. Il se donnait tout le temps à 100%. Sa volonté de gagner était tout simplement monumentale. J’ai énormément de respect pour lui et lui pour moi. C’est le gars le plus rapide que j’ai vu dans ma carrière, avec le ballon. Il pouvait toujours créer son propre shoot. Il avait évidemment son killer crossover mais aussi plein d’autres moves. Il n’avait peur de rien. C’est un joueur immense et il l’aurait été dans la ligue d’aujourd’hui sans aucun doute. »
Propos recueillis à Portland
Ses meilleurs matchs en carrière coup sur coup (30 puis 33 points)
Ses highlights