Coaching : Kobe Bryant, fossoyeur des siens

Année après année, tous les GMs des équipes NBA expliquent qu’ils confieraient le dernier tir à Kobe Bryant. Mais depuis quelque temps, le « Black Mamba » est moins décisif.

Hier, ce fut presque une caricature face aux Sixers. Prenant tous les shoots dans le money-time, oubliant ses coéquipiers, il a creusé la tombe des siens. Sans que personne ne s’en offusque ouvertement.

Décryptage.

Un jeu qui fonctionne… puis de l’isolation à outrance

Kobe Bryant voulait dépasser Shaquille O’Neal rapidement. Défendu en un-contre-un, il en profita pour tirer alors qu’il était en réussite. Commençant par un 8/12, il dépassa finalement son grand rival au classement du nombre de points marqués en NBA. Ensuite ? Il fit tourner la balle jusqu’au quatrième quart-temps.

Le jeu des Lakers fonctionnait et on s’appuyait sur Andrew Bynum qui dominait totalement la peinture. Et puis, toujours dans les parages, les Sixers ont du prendre des risques. Ils ont accéléré, pris des shoots en première intention et comme cela rentrait, ils étaient revenus à hauteur.

Que faire ? En général, on dit qu’il ne faut pas paniquer, continuer à jouer son jeu. Kobe Bryant avait donné un alley-oop à son pivot, Pau Gasol avait ensuite servi d’intermédiaire et Los Angeles continuait à marquer. C’était l’essentiel, sauf que ça a changé lorsque le match est entré dans les 3 dernières minutes.

Trois minutes, huit tirs des Lakers et sept pour Kobe Bryant

Après sa faute offensive, Kobe Bryant continue à demander les isolations. Alors qu’il tournait à 42,4% dans l’exercice il y a deux ans, et à 44% l’an passé, il n’est plus, cette saison, qu’à 36% de réussite lorsqu’il est en placé en situation de un-contre-un. Face à Andre Iguodala, un des meilleurs défenseurs extérieurs de NBA, il continue pourtant à tenter sa chance.

Le jeu offensif des Lakers n’existe plus. Andrew Bynum, terriblement efficace jusque-là, n’est désormais plus qu’un rebondeur offensif aux côtés de Pau Gasol.

Le collectif des Sixers fait face à un seul homme

Les Sixers jouent eux comme une équipe. Dans les dernières minutes, Lou Williams est décisif mais Jrue Holiday et Nikola Vucevic inscriront également des points précieux. Kobe Bryant continue lui de shooter, et marque enfin.

La possession suivante est la caricature de ce jeu en isolation. Le « Black Mamba » shoote avec trois joueurs sur lui et Pau Gasol rate sa claquette. A cet instant, le match est plié alors que Kobe Bryant ratera un dernier tir à 3 points.

Des Lakers résignés à lui donner la balle en fin de match

Après le match, les journalistes californiens ont tenté de comprendre ce soudain changement d’orientation offensive. Pau Gasol, toujours poli, a expliqué qu’il « y avait eu quelques tirs compliqués et des pertes de balles ». Andrew Bynum, de son côté, contenait son amertume, assurant qu’il essayait « d’obtenir des rebonds offensifs et des possessions en plus ».

Mais sur les trois dernières minutes, les Lakers ont pris huit tirs. Le seul qui n’a pas été pris par Kobe Bryant est la claquette de Pau Gasol sur un raté de son coéquipier. Doit-on donner tous les ballons à un seul joueur dans le money-time, rendant ainsi son attaque totalement prévisible ? Doit-on changer son jeu offensif du tout au tout dans les instants décisifs, quitte à laisser de côté 80% de l’équipe ? Et, surtout, doit-on s’entêter à le faire lorsqu’on voit que ça ne fonctionne pas ?

Ce sont les questions qui se posent à Mike Brown désormais. Kobe Bryant est Kobe Bryant mais, cette saison, il ne tire qu’à 28% (13 sur 46) dans le money-time (moins de 5 minutes de jeu, moins de 5 points d’écart). Peut-être faudrait-il varier un peu les choses…