Wilt Chamberlain était un immense joueur de basket. L’un des meilleurs de l’histoire de la NBA. Pour beaucoup d’anciens joueurs ou d’observateurs, il est même le meilleur joueur de tous les temps, devant Michael Jordan.
Au-delà des chiffres, des records ou des performances absolument irréelles (les célèbres 100 points…), celui que l’on surnommait « The Stilt » (l’échassier) était un homme complexe et peu connu du grand public. Il possède, encore aujourd’hui plus de vingt ans après sa mort, une image assez floue et controversée : joueur égoïste, immense athlète, dragueur invétéré, monstre d’orgueil…
Son enfance
C’est donc le 21 août 1936 à Philadelphie que Wilton Norman Chamberlain voit le jour. Joli bébé selon ses dires (3.9 kg pour 55 centimètres), il est le septième d’une famille de onze enfants qui vit au 401 North Salford Street à l’ouest de Philadelphie. Très jeune, il perd une année scolaire à cause d’une pneumonie qui a failli lui coûter la vie. Son père, William, est concierge chez Curtis Publishing, la maison d’édition qui sort le Sunday Evening Post. Le week-end, il travaille chez des voisins afin d’arrondir ses fins de mois.
Sa mère, Olivia, est femme au foyer et gouvernante. C’est la seule personne que Wilt craint. Très bonne cuisinière, c’est elle qui transmet cette passion à son fils, qui adore le poulet et la tourte aux pommes. Pendant toute sa vie, la mère de Chamberlain restera la personne que Wilt respecte le plus au monde. D’ailleurs, selon un ami proche, jamais Chamberlain n’aurait osé dire en 1992 qu’il avait couché avec plus de 20 000 femmes si sa mère avait été encore vivante…
« Il n’y a aucun doute là dessus, nos parents ont été la plus grande influence de sa vie. Mes parents n’étaient pas très sportifs, sauf la boxe. Mon père était un fan de boxe mais ma mère n’avait aucune attirance pour le sport. Elle voulait être certaine que nous soyons polis, aimables et courtois« , raconte sa soeur.
Ado, Wilt Chamberlain fait pas mal de petits boulots pour aider ses parents : tondre la pelouse, faire les courses ou nettoyer des gouttières. Une certitude, c’est un bosseur !
Au niveau scolaire, certains pensent qu’il est « lent » d’esprit, d’autres parlent d’un enfant timide et craintif. Il est protecteur, surtout avec sa sœur, au lycée. Il l’accompagne au bal de promo car « il n’a confiance en personne pour l’emmener ». Il passera ce bal de promo, seul, sans cavalière. Pour les filles, c’est quelqu’un de bizarre. Plusieurs amis d’enfance pensent même qu’il était encore vierge à sa sortie du lycée, un comble quand on connaît la réputation qu’il se donnera plus tard.
Autre comble, Wilt Chamberlain n’aime pas le basket, il pense que c’est un sport pour les « fillettes ». Il préfère courir. Scolarisé à quelques rues de son domicile, il intègre l’équipe d’athlétisme. À dix ans, il mesure déjà 1m83 et lors d’un été en Virginie, il grandit encore et comprend que physiquement, il est taillé pour faire du basket.
Première expérience dans le basket
C’est en 1951 que le nom de Wilt Chamberlain apparaît pour la première fois sur une feuille de match. Il a 15 ans, et marque 7 points. Pour ses années au lycée, il joue pour les Overbrook Panthers. Il choisit le numéro 13. À l’époque personne ne prend ce numéro car il porte malheur, mais Wilt Chamberlain décide de changer les codes et de le prendre pour en faire « un numéro porte-bonheur ».
Lorsqu’il n’est pas sur le terrain, il commence à parier avec ses coéquipiers, ce qu’il lui vaudra une enquête du FBI après sa mort pour des suspicions de paris illégaux sur certains matches. Il réussit ses premières performances à plus de 30 points, voire plus et remporte les championnats lycéens en 1954 et 1955. Malgré ça, il reste fidèle à son premier amour : l’athlétisme. Il passe 1m93 en saut en hauteur, et court les 100 yards (91 mètres) en 10.9 secondes. Des performances qui lui permettent de remporter plusieurs compétitions.
Après le lycée, il rejoint la fac’ de Kansas où il explose tout sur son passage. Bien avant la NBA, il signe déjà plusieurs records : points (52), rebonds (36), paniers (20), lancers-francs (18), moyenne de points sur une saison (30.1/m), en carrière (29.9) ainsi que rebonds (18.9/m sur une saison et 18.3 en carrière).
Malgré ces chiffres record, Wilt Chamberlain ne remporte pas le championnat universitaire. Il perd en finale contre les Tar Heels de North Carolina (54-53). Il marque 23 pts et gobe 14 rebonds et est élu MOP du tournoi malgré la défaite, une première dans l’histoire. Il avouera que cette défaite fut la plus douloureuse de sa vie.
Un passage par les Harlem Globe Trotters
À sa sortie de Kansas, il signe pour les Harlem Globe Trotters pour un salaire record (65 000 dollars). Il y voit de l’argent facile, avec un salaire qui représente cinq fois le salaire moyen de la NBA à l’époque. Il devient donc le Harlem le mieux payé de l’histoire devant Goose Tatum (35 000 dollars).
Avec cet argent, il achète une voiture à son père et une maison de treize chambres à sa famille. Avec les Harlem Globe Trotters, il voyage constamment et découvre l’Europe dont il tombe amoureux de l’architecture, des cités historiques et des femmes européennes. Son pays préféré : l’Italie. C’est aussi à cette époque et grâce à cette expérience en Europe qu’il apprend plusieurs langues.
En dépit de sa taille, il joue arrière car le pivot des Harlem est une figure historique dont il ne peut donc naturellement pas prendre la place. Le 15 avril 1959, son contrat prend fin et un mois plus tard il signe en NBA avec les Warriors de Philadelphie, une nouvelle aventure commence pour lui. Les Harlem l’ont marqué à jamais, ce sera de son aveu, l’équipe préférée de sa carrière.
Une entrée fracassante en NBA
Dès son arrivé dans la ligue, Wilt Chamberlain fait débat ou du moins sa taille : on l’annonce d’abord à moins de 2m15, pour monter à 2m23 ! On le voit même en photo se faire mesurer dans le journal Evening Bulletin par ses coéquipiers Tom Gola et Paul Arizin.
Son médecin personnel et ami pendant 40 ans, Stan Lorber annonce officiellement sa taille : 7 pieds 1 pouce, soit 2m16. Il commence sa saison rookie le 24 octobre 1959 au Madison Square Garden contre New York. Il marque 43 pts (17/27 et 9/15 au LF), prend 28 rebonds et, selon certains, contre une douzaine de shoots, mais à l’époque les contres ne sont comptabilisés dans les statistiques…
Une semaine plus tard, contre Detroit, 9 112 personnes (un record pour la franchise) s’entassent dans la salle des Warriors pour voir le phénomène. Il compile 36 points, 34 rebonds et 9 contres dans la victoire de son équipe et le troisième match est encore plus énorme : 41 points et 40 rebonds. Un journaliste annonce même qu’il a contré tellement de shoots qu’il a arrêté de compter.
Le quatrième match est le début de la plus grande rivalité de l’histoire de la NBA, il joue contre Boston et leur pivot Bill Russell. Les Celtics sont champion en titre, et beaucoup de questions se posent : Wilt peut-il dominer Russell, les Warriors avec Chamberlain peuvent-ils enfin battre Boston, Russell peut-il contenir le plus gros phénomène de la ligue ? Résultat, victoire de Boston, 30 points et 28 rebonds pour Chamberlain et 22 points – 36 rebonds pour Russell. Jerry Tax, reporter pour Sports Illustrated explique : « Ce que ce duel a prouvé, c’est que face à Russell, Chamberlain ne peut s’en tirer avec des simples mouvements offensifs. » Un respect mutuel s’impose : Russell voit en Chamberlain « un gars terrifiant », Wilt juge son adversaire « incroyable ».
Le second duel voit Chamberlain outrageusement dominé Russell : 45 pts – 35 rbds, contre 15 pts – 13 rbds pour Russell. La taille et la puissance de Chamberlain gênent terriblement un Russell plus petit (2m06). Ils se rencontreront 13 fois dans la saison et Chamberlain ira jusqu’à marquer 53 pts contre Russell. On commence à parler de lui comme l’un des plus grands joueurs de tous les temps, voire peut-être le meilleur dans quelques années.
Après 56 matches, il bat le record de points en une saison de Bob Pettit établi en 72 rencontres.
Battu par Boston, il veut abandonner le basket !
En playoffs, il tombe pour la première fois contre Boston. Lors du second match, il se blesse à la main pendant une altercation avec Tommy Heinshon. Le match suivant il ne score que 12 pts. Il prend sa revanche lors du Game 5 : 50 pts et la seconde victoire de la série, néanmoins Boston gagne la série en six matches et accède aux NBA Finals.
Pour sa première saison, Wilt Chamberlain vient de dépoussiérer les quasi neufs livres d’histoire. Huit records battus : 37.6 points (2 707 pts marqués et 1er joueur à plus de 30 pts/m), 27 rbds par match. Il est nommé logiquement Rookie de l’année. Mais il devient aussi le premier joueur de l’histoire à gagner le titre de MVP dès sa première année (Wes Unseld réussira aussi cette performance).
Il est le meilleur joueur du monde mais il est toujours fou amoureux de l’athlétisme. Il pense toujours pouvoir battre le record du décathlon et il reçoit même des offres européennes de tournées d’athlétisme. Il rejoue d’ailleurs des matches avec les Harlem notamment à Paris, il veut oublier la NBA, à tel point qu’après cette la défaite contre Boston, il confesse : « J’abandonne, je ne jouerai plus jamais au basket dans la NBA. »
En août 1960, un quotidien annonce qu’il a signé un contrat de trois ans pour 65 000 dollars par saison, faisant de lui l’un des athlètes les mieux payés du monde. Cette annonce coupe toute rumeur de départ à la retraite anticipée. Pour sa seconde saison, il repousse encore ces limites : 38.4 pts/m, soit 32 % des points de son équipe et 36.2 % des rebonds (27.2/m).
Toujours dans la lignée des premiers duels, Chamberlain est surmotivé à chaque fois qu’il joue contre Russell. Il réussit ce qu’il juge être sa plus grande performance : 55 rebonds (record NBA) contre le pivot des Celtics. Devant ce monument, Russell ne tarit pas d’éloges : « Je ne comprend pas comment certaines personnes peuvent critiquer Wilt. Qu’est-ce qu’on peut lui demander de plus ? »
Wilt Chamberlain a beau être au top, les Warriors se font sweeper en demi-finale de conférence contre Syracuse. Il passe alors l’été 61 avec les Harlem Globe Trotters.
Une saison hallucinante
Sa saison 1961-1962 est probablement la plus grande de l’histoire de la NBA d’un point de vue individuel. Pour Harvey Pollack, l’expert statistique de la ligue, Chamberlain a réalisé cette saison-là un triple double de moyenne : 50.4 pts, 25.7 rebonds et plus de 10 contres par match. Pollack explique qu’il a un jour vu Chamberlain contrer 25 shoots, alors que le record actuel est de 17 (Elmore Smith).
Sur 80 matches de saison, il a joué 48 minutes dans 79 d’entre eux, et a seulement loupé 8 minutes et 33 secondes de toute la saison. Pourquoi a-t-il loupé ces 8:33 ? Car il a été exclu pour avoir pris deux fautes techniques (il ne sera jamais expulsé pour six fautes). Il a disputé les sept prolongations (cinq prolongations simple, une double et une triple) et possède une moyenne de 48.5 minutes par match alors qu’un match dure 48 minutes !
Mais ce que tout le monde retient de cette saison, c’est la soirée du 2 mars 1962. Avant cette soirée et depuis le début de la saison, il a déjà scoré 60 points ou plus à 17 reprises dont une pointe à 78 en triple prolongation contre les Lakers. Wilt et ses Warriors se déplacent à Hersey, en Pennsylvanie pour affronter les Knicks de New York. La NBA veut promouvoir son image c’est pourquoi le match est joué sur un terrain neutre. Dans l’après-midi, et ayant quelques heures à perdre, Wilt Chamberlain s’amuse dans une salle de jeux.
L’homme aux 100 points
Après un quart-temps, l’échassier avait déjà scoré 23 points, 41 points à la mi-temps, 69 points après trois quart-temps, dès lors les spectateurs s’impatientent de voir à combien Wilt va terminer. Des « Give it to Wilt ! » résonnent dans tout la salle. Sur un dunk, il atteint les 100 points. À ce moment, la foule, peu nombreuse avec seulement 4 124 personnes présentes dans la salle, envahit le terrain et le submerge. Il reste pourtant 46 secondes à jouer… plus de 50 ans, après on ne sait toujours pas si elles ont été jouées. La vérification est impossible car aucune vidéo n’existe de ce match, seul un enregistrement radio est disponible sur internet.
Avec ce match, Wilt Chamberlain bat neuf records NBA : notamment ceux des points (100), shoots (36), points sur une mi-temps (59 pts), shoots pris (63), points en un quart-temps (31, battu depuis) et des fautes provoqués (28).
Dans le vestiaire, Pollack tend un bout de papier sur lequel est écrit « 100 », Wilt Chamberlain est immortalisé avec cet écriteau. Il finira sa saison sur trois petites performances pour lui : 30, 44 et 34 points, soit trois performances en dessous de sa moyenne ! Au total, c’est 4 029 points qui sont inscrits par le pivot des Warriors pendant cette saison.
Les Celtics comme obstacle
Même s’il évolue sur une autre planète, Wilt Chamberlain ne parvient toujours pas à battre les Celtics. Il tombe, en 1962, en 7 matches. Il considère d’ailleurs que le Game 7 est la plus grosse défaite de sa carrière pro : « On les a poussés à bout, mais c’est une grande équipe. Nous devenions une grande équipe mais… »
L’année suivante, le club déménage à San Francisco suite à un rachat. Pour la seule fois de sa carrière, Wilt Chamberlain joue dans une équipe qui possède un bilan négatif. Les Celtics dominent encore et toujours, cette fois-ci, en cinq matches. Il est le meilleur joueur du monde mais les Celtics sont plus complets et mieux organisés.
Plus dur encore à encaisser, on lui découvre des problèmes cardiaques. Son rythme cardiaque est très lent, son pouls est à environ 50 et il faut qu’il atteigne les 80 pulsations pour avoir un électrocardiogramme normal. Personne dans l’encadrement du club, notamment le propriétaire du club, ne veut prendre le risque de continuer l’aventure avec un joueur qui a des problèmes de santé (il sera plusieurs fois hospitalisé durant sa carrière), le reste est raconté par Dolph Schayes, le coach des 76ers.
« Je n’étais pas au All-Star Game, et je dormais chez à moi à Syracuse. Il était 3 heures du matin quand j’ai reçu un appel, c’était Larry Merchant du Philadelphie Daily News. Qu’est-ce que tu fous à me réveiller, lui ai-je crié. Il m’a répondu : Comment tu veux que je t’annonce que tu as le meilleur pivot du monde à coacher ? »
Meilleur scoreur et MVP, il est transféré
Wilt Chamberlain est effectivement transféré à Philadelphie pour jouer avec les Sixers. C’est une première dans l’histoire de la ligue : un meilleur marqueur, qui plus est MVP, est transféré. L’échange est juste ridicule : 150 000 dollars et trois joueurs qui ne feront pas des carrières inoubliables (Lee Shaffer, Paul Neumann et Connie Dierking). Wilt rentre à la maison, même s’il soit tombé amoureux de San Fransisco et Mieuli admettra plus tard que ce transfert était une erreur de jeunesse.
L’arrivée de Wilt est certes une excellente chose sur le plan sportif, seulement Hal Greer, le meilleur joueur des Sixers, voit son rôle de leader disparaître au profit de Wilt. En découlent quelques conflits d’égos au début de la saison 1964-1965. La saison connaîtra la même issue que les précédentes : une élimination en playoffs contre Boston, avec le légendaire « Havlicek stole the ball ! » à la fin du Game 7.
La saison suivante, Wilt Chamberlain devient le meilleur marqueur de l’histoire, il est élu MVP mais Boston est encore là. Éliminé, Dolph Schayes n’est plus le coach des Sixers à l’entame de la saison 1966-67.
Enfin champion
La saison 66-67 voit naître l’une des plus grandes équipe de l’histoire de la NBA, 68 victoires pour 13 défaites. Les Sixers arrivent enfin à éliminer Boston, avec notamment un quadruple-double (non officiel) de Wilt Chamberlain au match 1 avec 24 pts, 32 rbds, 13 pds et 12 cts puis un triple double au match 6 avec 36 pts, 29 rbds et 13 pds ! Comme un symbole, il retrouve et bat en 6 matches San Francisco en Finals. Chamberlain est enfin champion.
La saison suivante, avec 8.6 passes/m, il est le meilleur passeur en volume de la ligue (Oscar Roberston tourne à plus de 9 pds/m mais il a manqué 17 rencontres), une performance encore unique aujourd’hui pour un pivot. En octobre, il signe un contrat de 250 000 dollars, ce qui fait de lui le sportif le mieux payé de la planète. Il se balade alors avec entre 5 000 et 10 000 dollars sur lui. Pas inquiet, il demande ironiquement : « Qui va venir me voler ! »
Malheureusement pour lui, les Celtics continuent de mettre en travers de son chemin. Dans une série notamment marquée par la mort de Martin Luther King, le 4 avril et qui fut à l’origine d’un mouvement de la part des joueurs pour annuler la série, il s’incline à nouveau. C’est l’élimination de trop et Wilt Chamberlain demande à être transféré.
C’est chose faite, « The Stilt » fait ses valises pour Los Angeles le 9 juillet 1968 contre Darrall Imhoff, Archie Clark et Jerry Chambers.
Le « Big Three » des Lakers
En début de saison, il soutient Richard Nixon à l’élection présidentielle. Nixon est républicain, et Chamberlain l’épaule dans les problèmes que vit la communauté noire. Quelques mois après la mort de Luther King, c’est très mal vu par la communauté noire…
Le 31 octobre 1968, son père, fraîchement arrivé à Los Angeles, décède. Côté sportif, il forme avec Jerry West et Elgin Baylor un « Big Three » de folie et avec lesquels il partage un ennemi commun : les Boston Celtics. Les Lakers joueront les deux prochaines Finals, contre Boston (durant laquelle West sera le premier MVP des Finals de l’histoire) et New York, puis seront éliminés par Milwaukee et le jeune Lew Alcindor, futur Kareem Abdul-Jabbar.
Durant l’été 71, un affrontement sur un ring avec Muhammad Ali est dans les cartons. Déjà annulé en 1967, le 26 juillet, le combat est prévu à l’Astrodome de Houston. Mais comme quatre ans auparavant, il n’aura pas lieu. La saison 1971-72 voit les Lakers écraser la concurrence : 69 victoires – 13 défaites, 33 victoires d’affilés (record NBA), avec un Wilt très collectif (il lui arrive de faire des matches à 6 voire 2 points).
Champion NBA contre New York, il obtient à 36 ans donc sa seconde bague et le trophée de MVP des Finals. La saison suivante, il manque le doublé contre ces même Knicks.
La retraite et la fin de vie
Le 7 octobre 1974, il annonce dans un papier de Sports Illustrated qu’il prend sa retraite. Il est fatigué de voyager, lui qui ne dort que très peu car victime d’insomnies. Pour garder la forme, il court 5 miles (8 km) tous les jours jusqu’à ce que son corps l’abandonne. En 1989, il est encore propriétaire de 83 records NBA, dont certains seront battus ensuite par Michael Jordan.
Fort de ces chiffres, il ne laisse personne lui prendre sa place dans l’histoire du basket. Lors d’un tournoi, Gary Sussman, le speaker des New Jersey Nets, l’annonce comme l’un des plus grands joueurs de tous les temps, Wilt répondra : « Je n’étais pas l’un des plus grands, je suis le plus grand. »
Malgré cette énorme confiance en lui ou ce manque d’humilité, Wilt Chamberlain reste simple : il donne énormément de sa fortune à des œuvres de charité ou à des amis. Il n’emploie pas de domestique chez lui et il continue de faire du sport comme du volley-ball, du polo, du tennis ou de s’adonner à des jeux plus cérébraux comme les dames ou le backgammon. Malgré son amour inconditionnel pour les femmes, il ne sera jamais marié. Il voyage énormément, notamment à Hawaï dans les années 1970, à Vancouver dans les années 80 ainsi que la Floride.
Il croise enfin Michael Jordan à 61 ans
En 1991, Kansas veut retirer son maillot, mais il ne se présenta pas à la cérémonie. Selon un ami, il n’aimait pas les cérémonies. En 1997, il apparaît au All-Star Game pour la présentation des 50 meilleurs joueurs de tous les temps, c’est la première fois qu’il rencontre Michael Jordan. Et c’est durant ce week-end qu’il se « réconcilie » avec Bill Russell. Ils font des interviews communes et parlent du bon vieux temps…
Autre anecdote qui permet de mieux cerner Wilt Chamberlain : en 1992, la petite fille de Paul Arizin, un des ses anciens coéquipiers, lui écrit pour avoir un autographe. Seulement la lettre n’arrivera dans les mains de Wilt que trois ans plus tard. Dès la lecture, Wilt appelle la jeune Stéphanie, 14 ans, qui a une tumeur au cerveau. Wilt Chamberlain passera quinze mois à appeler la jeune fille tous les vendredis pendant une heure. Le 30 juillet 1997, elle meurt à l’age de 16 ans…
Dans les dernières années voire semaines de sa vie, sa santé s’aggrave. Il souffre des dents et subit des opérations. Il joue néanmoins du saxophone, regarde le ciel avec un télescope placé dans sa villa et reçoit toujours des lettres de fan. Il ne mange plus et sa sœur Barbara est toujours près de lui.
Le 12 octobre 1999, à 12h41, les pompiers de Los Angeles prononcent son décès. Il est mort à 63 ans dans son sommeil, victime d’une crise cardiaque. Il n’y aura pas d’autopsie.
Ultime symbole, le jour des ses funérailles à Los Angeles, la Californie est frappée par un tremblement de terre, ses amis diront que c’était lui qui l’avait provoqué. Sa magnitude était de 7.1, soit sa taille en pieds…
Article initialement publié le 21 août 2017
Titres de MVP : 1960, 1966, 1967, 1968
Nombre de matches NBA : 1 045
Nombre de points en carrière : 31 419
Moyenne : 30.1 pts, 22.9 rbds, 4.4 pds, 54 % aux tirs et 51 % aux lancers-francs.