Rares sont les opportunités d’avoir une série complète de playoffs entre les deux principaux candidats au titre de meilleur joueur de la saison. Si les votes ne peuvent plus être modifiés désormais, cette demi-finale de conférence entre le Thunder de Shai Gilgeous-Alexander et les Nuggets de Nikola Jokic a tout pour clore les débats pour le trophée de MVP. Avec pour autre enjeu, une place en finale de l’Ouest, et avec un tableau chamboulé par les sorties précoces des têtes de série numéro 2 et 3, les Rockets et les Lakers.
La série peut sembler en apparence un peu déséquilibrée. Oklahoma City sort d’une des meilleures saisons régulières de l’histoire, s’est imposé 4-0 au premier tour contre les Grizzlies et apparaît sûr de sa force. Denver, de son côté, vit une drôle de fin de saison, du limogeage de l’entraîneur Mike Malone à cette qualification au septième match décisif contre des Clippers qui arrivaient vent dans le dos. Les signes avant-coureurs d’une affaire vite pliée ? Ce n’est pas aussi évident.
Car si OKC est resté invaincu au premier tour, la troupe de « SGA » n’a pas pleinement convaincu, notamment lors de ses deux matchs dans le Tennessee qui l’a vu être mené de 29 points, puis se qualifier grâce à un succès de deux unités contre des Grizzlies sans Ja Morant. L’opposition devrait cette fois monter d’un cran, le niveau d’expérience dans un pareil rendez-vous également. Les Nuggets ont leurs limites, mais ils sont rarement aussi costauds que lorsqu’ils sont dos au mur. Et cette fois, la pression ne sera pas sur les épaules du champion 2023, mais bien sur celles du Thunder, favori légitime, mais qui va vivre son premier défi d’envergure.
Présentation du Thunder
Titulaires : S. Gilgeous-Alexander, L. Dort, Jalen Williams, C. Holmgren, I. Hartenstein
Remplaçants : C. Wallace, A. Caruso, I. Joe, A. Wiggins, Jaylin Williams, A. Mitchell, K. Williams, D. Jones
Absents : O. Dieng, N. Topic
Coach : M. Daigneault
OKC arrive avec tous ses joueurs majeurs disponibles et à priori frais après une semaine sans jouer. L’effectif est toujours aussi riche et peut afficher des tas de visage pour aller chercher la gagne.
Shai Gilgeous-Alexander n’en reste pas moins le leader absolu de cette escouade, dont on attend un peu mieux après son entame de playoffs pas à la hauteur de sa saison jusque-là. Seul léger bémol, le côté pile de l’atout jeunesse, le Thunder est encore en pleine construction en phases finales. C’est maintenant que les ajouts estivaux d’Isaiah Hartenstein mais également d’Alex Caruso doivent payer.
Le point fort
– Une défense étouffante. Déjà monstrueuse en saison régulière, l’arrière-garde du Thunder n’a pas baissé en intensité malgré une opposition plutôt limitée contre Memphis. Numéro un aux interceptions et au « Defensive Rating », numéro deux aux contres de ce début de playoffs, les hommes de Mark Daigneault sont une machine à essorer leur adversaire. Qu’il faille défendre « petit » avec Dort, Caruso ou Wallace ou plus grand avec Holmgren et Hartenstein, OKC a sur le papier réponse à tout. Contre une équipe des Nuggets plutôt généreuse en possessions rendues à l’adversaire (11e sur 16 en playoffs), Oklahoma City devrait pouvoir continuer de dominer la ligue en nombre de points sur contre-attaque.
Le point faible
– Le scoring autour de Shai Gilgeous-Alexander. Plus qu’un point faible, ce Thunder va surtout être mis à l’épreuve. Jalen Williams a encore progressé cette saison et sort d’un premier tour où il a probablement été le joueur d’OKC le plus constant offensivement (23.3 points à 54.2%). Shai Gilgeous-Alexander est remarquable de régularité depuis le début de la saison. Mais le Canadien n’a pas survolé le premier tour – il n’en a pas non plus réellement eu besoin… – en tournant à peine à 40% au tir. Les Nuggets voudront couper « SGA » de ses coéquipiers, sauront-ils répondre présents pour alimenter la marque alors qu’aucun autre joueur ne dépasse les 15 points par match ?
Présentation des Nuggets
Titulaires : J. Murray, C. Braun, M. Porter Jr, A. Gordon, N. Jokic
Remplaçants : R. Westbrook, P. Watson, D. Jordan, J. Pickett, J. Strawther, Z. Nnaji, V. Cancar, D. Saric, H. Tyson
Absent : D. Holmes
Coach : D. Adelman
Comme Oklahoma City, les Nuggets ne comptent pas de forfaits de poids. Mais à l’inverses du fringant Thunder, on sert les dents dans les rangs de Denver. Michael Porter Jr joue avec une épaule dans un sale état, qui limite sérieusement son impact. Aaron Gordon, lui, souffre toujours du mollet qui l’a perturbé une large partie de la saison assure le Denver Post.
Cela fait beaucoup, alors que les lieutenants de Nikola Jokic sont indispensables au succès de leur équipe, qui ne dispose pas vraiment d’autres options fiables. Christian Braun sera notamment attendu pour reproduire, ne serait-ce que ponctuellement, sa performance du Game 7 contre les Clippers (21 points à 8/15 au tir).
Le point fort
– Une dynamique plutôt favorable, malgré tout. La saison de Denver aurait pu se stopper dès le premier tour, notamment après la rouste reçue lors du Game 3 à Los Angeles (117-83). Cela aurait même presque respecté une forme de logique de fin de cycle en eau de boudin, deux ans seulement après décroché le titre. Mais avec un coach intérimaire, David Adelman, et une grosse force de caractère, les Nuggets sont aujourd’hui bel et bien en vie. Et ils n’ont même pas eu à devoir compter sur un Nikola Jokic surhumain (24 points, 11.6 rebonds, 11 passes, soit finalement dans ses standards) pour se sortir de cette entrée en matière coriace. Et c’est peut-être ce qui pouvait leur arriver de mieux avant d’affronter l’épouvantail Oklahoma City.
Le point faible
– Le manque de profondeur. Ce n’est pas très original, mais cela s’est vérifié une nouvelle fois lors du premier tour, le banc des Nuggets est très, très limité. Seuls Russell Westbrook (25,7 minutes) et Peyton Watson (13,6 minutes) contribuent en rotation des titulaires, quand le Thunder peut compter sur quatre remplaçants entre 13 et 21 minutes. Pour Westbrook, ce retour à Oklahoma City peut le transcender, dans la foulée d’une bonne fin de série de « revanche » contre les Clippers. Reste que les minutes sans Nikola Jokic posent toujours autant question et pourraient faire très mal dans cette demi-finale de conférence.
Les clés de la série
– Le duel Gilgeous-Alexander – Murray. Cette série va sentir bon le sirop d’érable, surtout sur les lignes extérieures. Si « SGA » devrait comme très souvent produire ses chiffres en attaque (30.3 points de moyenne contre Denver cette saison), qu’en sera-t-il de Jamal Murray ? Les Nuggets ont besoin d’au moins une soirée où le Canadien flambe, comme lors du Game 5 face aux Clippers (43 points) pour s’en tirer en playoffs. En sera-t-il capable face à ses compatriotes Gilgeous-Alexander et surtout Lu Dort ? Jamal Murray a passé la barre des 20 points une seule fois lors de ses sept dernières sorties contre le Thunder… Lors du dernier affrontement entre les deux équipes.
– La stratégie défensive des Nuggets. Beaucoup de défenses différentes cette saison contre le Thunder, notamment la zone. Cette même zone qui a contribué à éteindre les Clippers lors du Game 7. Autre option employée par Denver cette saison, monter haut et à deux sur Shai Gilgeous-Alexander pour le contraindre à lâcher le ballon dès le début de la possession et forcer les autres joueurs d’OKC de faire le jeu. Une option intéressante, alors que l’effectif de Mark Daigneault n’est pas celui le plus richement doté en créateurs.
– Quel cinq majeur pour Mark Daigneault ? Le Thunder a été bâti l’été dernier, avec la signature d’Isaiah Hartenstein, pour être en mesure de limiter les meilleurs pivots de la ligue comme Nikola Jokic. Le Serbe sort d’une série éprouvante face à Ivica Zubac et pourrait désormais avoir le droit à la double lame d’OKC Holmgren – Hartenstein contre qui il ne s’est pas amusé cette saison (trois matchs sur quatre sous les 50% de réussite, loin de ses 57.6% de moyenne). Attention toutefois aux fautes, tant la rotation intérieure d’OKC est limitée. Mais ce cinq à deux intérieurs pourrait poser plus d’un problème, alors que Aaron Gordon devrait s’occuper du cas Jalen Williams, et laisser Michael Porter Jr sur Chet Holmgren.
Saison régulière
2-2
– 24 octobre : Denver – Oklahoma City (87-102)
– 6 novembre : Denver – Oklahoma City (124-122)
– 9 mars : Oklahoma City – Denver (127-103)
– 10 mars : Oklahoma City – Denver (127-140)
Verdict
Oklahoma City 4-2. Le Thunder a sur le papier l’avantage dans à peu près toutes les composantes possibles de cette série. Il ne manque à ce jeune groupe plus qu’une performance de poids en playoffs pour valider un peu plus son nouveau statut au sein de la ligue. Les Nuggets ne tomberont pas si facilement, en témoigne leur premier tour contre les Clippers. On ne serait d’ailleurs pas du tout surpris de les voir aller chercher un des deux premiers matchs dans l’Oklahoma, d’autant que Denver est une des cinq équipes à être parvenu à s’imposer au Paycom Center en saison régulière.
La fatigue accumulée par les temps de jeu conséquents et les sept matchs du premier tour pourraient toutefois finir par peser lourd sur l’équipe des Rocheuses. Et le Thunder n’a toujours pas perdu plus de deux matchs consécutifs cette saison, signe de sa force mentale et de sa capacité à trouver des solutions soir après soir. Le spectacle est riche en promesses, et on attend forcément un ou des cartons de ce mano a mano « SGA » – Jokic.
Calendrier
Game 1 : à Oklahoma City, lundi 5 mai (3h30)
Game 2 : à Oklahoma City, mercredi 7 mai (3h30)
Game 3 : à Denver, vendredi 9 mai (4h00)
Game 4 : à Denver, dimanche 11 mai (21h30)
Game 5* : à Oklahoma City, mardi 13 mai (à déterminer)
Game 6* : à Denver, jeudi 15 mai (à déterminer)
Game 7* : à Oklahoma City, dimanche 18 mai (à déterminer)