« On est aussi bon que notre défense en un-contre-un », assène Ime Udoka. Et grâce à Tari Eason (2m03, 98kg) et ses 2m10 d’envergure, celui que le coach considère tout simplement comme « la première lame de notre défense en transition », celui qui décourage les contre-attaques adverses par son agressivité de tous les instants, notamment aux rebonds offensifs, les Rockets peuvent avancer sereinement cette saison.
Pour preuve, leur surprenante 4e place à l’Ouest avec un bilan convaincant de 15 victoires pour 8 défaites. Mais aussi une deuxième place au classement des meilleures défenses de la saison, avec 105.1 au « Defensive Rating », derrière le Thunder (103.3). Et une troisième aux points encaissés (106.6) derrière Oklahoma City (103.8) et Orlando (103).
Une pointe de Dennis Rodman
Quatrième meilleur intercepteur de la Ligue, Tari Eason commence à former un duo de plus en plus effrayant en défense avec son comparse du banc, Amen Thompson. Tant et si bien qu’ils ont hérité d’un nouveau sobriquet, les « Terror Twins ». Et que les deux joueurs semblent « intouchables » dans les discussions avec d’autres franchises, si l’on en croit Brian Windhorst, d’ESPN.
« Je sais qu’on est meilleur que beaucoup de ces gars qu’on appelle, entre guillemets, les meilleurs défenseurs de NBA » envoyait carrément Tari Eason alors que son coach lui avait envoyé durant l’été des stats sur les meilleurs défenseurs de la ligue.
Le garçon ne manque pas de confiance et il faut bien reconnaître qu’avec 11.3 points, 6.5 rebonds, 2.1 interceptions, 1.0 contre en 23 minutes, Tari Eason a passé un cap dans son efficacité des deux côtés du terrain, s’invitant directement dans la course au titre de meilleur sixième homme. Et pourquoi pas dans un cinq défensif en fin de saison ?
« C’est un gars qui peut être un Dennis Rodman amélioré », affirmait carrément John Lucas, ancien assistant chez les Rockets. « C’est une bonne comparaison pour lui. Parce qu’on n’a pas besoin de mettre des systèmes en place pour lui, mais vous pouvez compter sur lui pour mettre 16 ou 18 points. Et il continue à progresser. Il est présent au rebond offensif et il court dans tous les sens pour gratter des interceptions. »
Cette saison en l’occurrence, pour donner un ordre d’idées concret : sur les possessions qu’il défend directement en un-contre-un, Tari Eason finit avec 4.3% de chances d’intercepter la balle (1er) et/ou 4.4% de chances de bâcher son adversaire sur un tir à 2-points (14e). Et quand le duo Eason/Thompson est sur le terrain, les adversaires ne shootent plus qu’à 41.7% de réussite générale, dont 32.2% derrière la ligne à 3-points…
Des airs (et des mains) de Kawhi Leonard
Ime Udoka compare ainsi l’ancien de LSU à son poulain du temps des Spurs, un certain Kawhi Leonard. Qu’il a formé à ses débuts à San Antonio, avant qu’il devienne défenseur de l’année deux ans de suite en 2015 et 2016. Comme Kawhi Leonard, Tari Eason a les bons instincts et les « grosses mains » qu’il faut pour éteindre les scoreurs adverses !
« J’ai connu le jeune Kawhi Leonard et Eason est ce qui se rapproche le plus de ce que faisait Kawhi à l’époque. »
Les deux joueurs se sont entraînés ensemble à l’été 2022. Mais il faut croire que le placide et clinique Kawhi n’a pas encore complètement déteint sur son cadet. Ce dernier étant encore capable de petits coups de folie, « à la Rodman », comme d’essayer d’aller voir un fan dans les tribunes très récemment à Sacramento !
Issu d’une famille de quatre garçons, unie autour de sa mère, ancienne star de son équipe de basket au lycée, à Los Angeles, grande fan de Kevin Garnett dont elle a transmis l’intensité à son rejeton, le jeune Tari a retenu la leçon.
« Si tu veux être grand, tu dois être celui qui agresse. La chance sourit toujours à celui qui agresse », explique-t-il dans The Athletic. « Cette dureté mentale est vraiment ce qui peut te servir dans l’adversité. Quand tu galères et que tu dois te battre, ce sont ces moments-là qui font qui tu es. »
Disciple de Brandon Roy à Seattle
Et la galère, Tari Eason l’a bien connue à son arrivée à Seattle à 15 ans, en provenance de la vallée de Los Angeles. Au lycée Garfield où opérait un certain Brandon Roy au poste d’entraîneur, il n’a que très peu vu le terrain sa première année. Et pas beaucoup plus pour la deuxième…
Il est donc parti durant la troisième année, pour jouer avec Jaden McDaniels chez le lycée rival de Federal Way. Tari Eason a finalement repris à Garfield pour sa saison « senior », sous les ordres de Brandon Roy de retour aux affaires, pour remporter le titre, tout en récoltant le trophée de MVP du tournoi local, en battant Paolo Banchero en finale, et le titre de meilleur joueur de l’année au passage !
Peu recruté par les grandes facs, Tari Eason trouvera d’abord refuge à Cincinnati, où il sortira du banc pour 7 points et 6 rebonds de moyenne en 20 minutes. Puis, il se relancera en Louisiane, à LSU, mais toujours en sortie de banc, avec 17 points et 7 rebonds de moyenne et le titre de meilleur Sixième Homme de sa conférence SEC, plus une place dans le meilleur cinq de la conférence.
« J’apporte beaucoup d’énergie. Et je pense que mon énergie est contagieuse au reste de l’équipe. Je veux juste qu’on défende fort collectivement. Je parle, je hurle, j’ai cette nature compétitive en moi », confirme-t-il. « Je dois simplement me concentrer pleinement. Quand je suis concentré, rien ne peut m’arriver. »
Joakim Noah lui présente ses excuses
Sous-estimé de longue date, Tari Eason commence néanmoins à se faire un nom, au sein de cette jeune équipe des Rockets qui a retrouvé les sommets de l’Ouest, pour la première fois depuis les années James Harden.
Avec ses coéquipiers Alperen Sengun et Jabari Smith Jr, il représente même l’avenir d’une franchise qui peut enfin de nouveau regarder vers le haut, après des années de sommeil…
Pourtant, lorsqu’il a été invité au Rising Star Challenge du All Star Weekend en 2023 à Salt Lake avec ses deux camarades, Tari Eason a malheureusement été ramené en arrière, revivant l’amère expérience d’être mis de côté. Oublié au bout du banc… Par Joakim Noah, coach apparemment un peu distrait sur ses rotations.
« J’étais le coach et j’ai commis une grave erreur : j’ai oublié de le faire jouer en deuxième mi-temps ! Et on a perdu contre l’équipe de Pau Gasol en finale, j’étais dégoûté. Après le match, la grand-mère de Tari est venue me dire : ‘Je suis venu de Seattle et vous n’avez pas fait jouer mon petit-fils de la seconde mi-temps’. »
Bien malheureux de cette erreur de débutant, jusqu’à en cauchemarder la nuit suivante, « Jooks » a depuis fait amende honorable, dans le podcast The Old Man & The Three :
« Maintenant quand je le vois, avec le surnom qu’ils ont gagné de « Terror Twins » [avec Amen Thompson], avec beaucoup d’énergie en sortie de banc, du tir à 3-points et des coupes dans tous les sens, c’est incroyable. Je ne lui souhaite que le meilleur, et j’espère qu’il verra ça et qu’il acceptera mes excuses. »
Tari Eason | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2022-23 | HOU | 82 | 22 | 44.8 | 34.3 | 75.2 | 2.4 | 3.7 | 6.0 | 1.1 | 2.3 | 1.2 | 1.2 | 0.6 | 9.3 |
2023-24 | HOU | 22 | 22 | 46.6 | 36.0 | 63.6 | 2.1 | 4.9 | 7.0 | 1.2 | 2.3 | 1.4 | 0.9 | 0.9 | 9.8 |
2024-25 | HOU | 40 | 24 | 48.5 | 36.1 | 75.3 | 2.3 | 4.1 | 6.4 | 1.3 | 2.5 | 1.9 | 1.1 | 0.9 | 11.7 |
Total | 144 | 22 | 46.2 | 35.2 | 73.7 | 2.3 | 4.0 | 6.3 | 1.2 | 2.4 | 1.4 | 1.1 | 0.7 | 10.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.