Après le Thunder, le Magic et les Spurs, les previews continuent sur Basket USA, et on prend aujourd’hui la direction de l’Utah, pour passer au crible la situation, toujours mouvante, du Jazz.
Un dossier majeur à l’approche de la nouvelle saison 2022/23, puisque le club de Salt Lake City a occupé une place centrale, ces dernières semaines, dans l’actualité estivale de la NBA.
En effet, Danny Ainge, devenu directeur général du club en décembre dernier, a pris la décision de changer radicalement de direction, au cours de l’été. Ainsi, d’une équipe qui occupait le haut du tableau dans la conférence Ouest depuis plusieurs saisons, mais qui selon le patron du club avait atteint son plafond à titre collectif, le Jazz est passé à une reconstruction complète, centrée autour de jeunes joueurs et de nombreux futurs choix de Draft.
Tout casser, puis rebâtir
Pour signaler l’entrée dans cette nouvelle ère, Danny Ainge a ainsi opté pour l’option la plus radicale qui soit : faire exploser l’effectif, en transférant ses deux meilleurs joueurs en échange de contreparties à long terme.
Il y a eu en premier lieu le transfert de Rudy Gobert dès l’ouverture de la « free agency » le 1er juillet, envoyé chez les Wolves en échange de Malik Beasley, Patrick Beverley (ensuite envoyé chez les Lakers en échange de Talen Horton-Tucker et Stanley Johnson), le rookie Walker Kessler, Leandro Bolmaro, Jarred Vanderbilt et plusieurs premiers tours de Draft (en 2023, 2025, 2027 et 2029), dont un « swap » en 2026. Puis celui de Donovan Mitchell deux mois après tout pile, le 1er septembre, envoyé à Cleveland en échange de Lauri Markkanen, Collin Sexton, du rookie Ochai Agbaji, trois premiers tours de Draft (2025, 2027, 2029) et deux « swaps » (2026, 2028). Le patron du Jazz a aussi choisi de se séparer, fin juin à quelques heures de l’ouverture du marché des « free agents », de Royce O’Neale, qu’il a envoyé à Brooklyn en échange… d’un premier tour de Draft.
Et toujours dans cette optique de grand ménage, l’ancienne tête pensante des Celtics n’a prolongé aucun des « free agents » du club, cinq au total.
En résumé, avec ses nombreux (nouveaux) jeunes joueurs et surtout sa pelletée de futurs choix de Draft (une vingtaine jusqu’en 2029), le Jazz est pleinement positionné pour reconstruire sur le long terme, même si d’autres dossiers importants devront être gérés dans les prochains mois, notamment en ce qui concerne les vétérans restants dans l’effectif (Bojan Bogdanovic, Mike Conley, Jordan Clarkson, Rudy Gay).
MOUVEMENTS DE l’ÉTÉ
– Arrivées : Ochai Agbaji (Draft), Malik Beasley (Wolves), Leandro Bolmaro (Wolves), Simone Fontecchio, Talen Horton-Tucker (Lakers), Stanley Johnson (Lakers), Johnny Juzang, Walker Kessler (Wolves), Lauri Markkanen (Cavaliers), Collin Sexton (Cavaliers), Jarred Vanderbilt (Cavaliers), Cody Zeller (Blazers)
– Départs : Donovan Mitchell (Cavaliers), Rudy Gobert (Wolves), Hassan Whiteside, Eric Paschall (Wolves), Juancho Hernangomez (Raptors), Danuel House (76ers), Trent Forrest (Hawks)
LE JOUEUR À SUIVRE : LAURI MARKKANEN
Collin Sexton, revanchard et prêt à retrouver le devant de la scène après une longue blessure la saison dernière, était au premier abord le choix évident pour cette rubrique. Mais après réflexion, c’est finalement son coéquipier Lauri Markkanen qui a le plus retenu notre attention, car la dynamique récente du Finlandais est plus convaincante que celle du « Young Bull ».
En effet, après s’être bien relancé l’an passé avec Cleveland (14.8 points, 5.7 rebonds), puis avoir signé une campagne de très grande qualité à l’EuroBasket cet été avec une sélection finlandaise plaisante (27.9 points, 8.1 rebonds, 2.4 passes), le nouvel ailier fort du Jazz, à 25 ans, semble paré à franchir un cap.
Au sein d’un effectif quasiment intégralement modifié, et surtout grandement rajeuni, Lauri Markkanen peut très aisément s’imposer comme le leader offensif de sa nouvelle escouade.
Même s’il lui a permis de se relancer, le système à deux intérieurs des Cavaliers où il s’est retrouvé dans un rôle de shooteur en « spot-up » sur un poste d’ailier n’était pas vraiment le sien, et le « Finnisher » va probablement retrouver, dans l’Utah, un système de jeu plus proche que celui dans lequel il évolue avec son équipe nationale. À savoir un rôle semblable à celui d’un « point-forward », cet ailier de grande taille capable de manier le ballon, tant sur des phases de transition que sur demi-terrain, où il peut utiliser sa taille pour attaquer le cercle ou profiter de situations de « mismatch » au poste bas.
Bien sûr, on imagine aussi que Will Hardy, le nouveau coach rookie du Jazz, ne manquera pas d’exploiter la qualité de son tir, tant en sortie de dribble qu’en « catch-and-shoot » derrière l’arc, sur des situations de « pick-and-pop ». En cela, la présence d’un meneur vétéran gestionnaire comme Mike Conley, si tant est qu’il soit encore présent dans l’effectif du Jazz à l’ouverture de la saison, peut être bénéfique au joueur finlandais.
Moyenne d’âge : 25.9
Masse salariale : 154.3 millions de dollars (19e)
LE SCÉNARIO IDÉAL
Consistant en un étonnant mais attachant mélange de jeunes joueurs aux dents longues et de vétérans sérieux dans leur approche en attendant leurs transferts, l’effectif du Jazz pratique un jeu agréable, durant les premiers mois de cette première année de reconstruction.
Bien sûr, Utah n’est plus dans le Top 4 de l’Ouest, mais la troupe du novice Will Hardy a au moins le mérite de se donner à fond à chaque sortie, et parvient même assez souvent à donner des sueurs froides dans le « money-time » à ses adversaires.
Nouvel homme fort du club, dans la continuité de son EuroBasket réussi, Lauri Markkanen franchit un cap individuel, gagne en efficacité et s’approche de la barre des 20 points de moyenne. Dans son sillage, Collin Sexton assure dans son rôle de lieutenant, et plusieurs « role players » se montrent aussi à leur avantage, comme Jarred Vanderbilt, le meneur Jared Butler ou encore le rookie Ochai Agbaji, qui s’avère utile dès sa première année grâce à son profil de « 3&D ».
Les vétérans parviennent aussi à tirer leur épingle du jeu, sans empiéter sur le développement de leurs jeunes coéquipiers : Mike Conley continue d’apporter une présence stabilisatrice en attaque, notamment sur « pick-and-roll » pour les jeunes pivots Walker Kessler et Udoka Azubuike, quand Bojan Bogdanovic et Jordan Clarkson apportent comme toujours du tir extérieur et des points. À l’approche de la « trade deadline », ils sont même récompensés pour leur patience et leur professionnalisme, et sont transférés vers des équipes du haut de tableau en échange de plusieurs futurs choix de Draft.
La fin de la saison peut ainsi se poursuivre et se terminer tranquillement autour des jeunes, qui empilent les défaites mais emmagasinent une précieuse expérience. La chance sourit même au Jazz à la « lottery » : le club récupère un choix dans le Top 4 de la Draft 2023, et ajoute un prospect de grand talent à son jeune projet.
LE PIRE SCÉNARIO
Avec un effectif déséquilibré du point de vue des profils, puisque les jeunes joueurs ont besoin de jouer pour se développer mais les vétérans ne sont pas vraiment enclins à diminuer leur temps de jeu, le Jazz peine à présenter un visage cohérent, tant sur le terrain que dans le vestiaire.
Coach rookie, Will Hardy est un peu dépassé par les évènements et ne peut pas faire de miracles, et les tensions commencent alors à monter. Notamment chez les Mike Conley, Bojan Bogdanovic et Jordan Clarkson, qui commencent à s’agacer puisque les victoires se font rare, pendant que leur coach préfère donner le champ libre aux jeunes pousses du club. Globalement, tout le monde attend l’explosion définitive de l’effectif mais Danny Ainge ne veut rien précipiter, et ça se ressent donc en interne…
À l’approche de Noël, le Jazz est déjà loin dans la Conférence Ouest, et les vétérans réclament un transfert avant la « deadline » du mois de février. Les jeunes peuvent alors totalement s’exprimer mais Lauri Markkanen redevient le fantôme de Chicago, se montrant bien incapable d’assumer un statut de « franchise player ».
Finalement, les joueurs les plus âgés finissent bien par être transférés, mais pas contre la contrepartie espérée puisque leur valeur a chuté en début d’exercice. La bonne nouvelle, c’est que l’opération jeunesse peut enfin être pleinement déployée, jusqu’à la fin de la saison. Après une première année de reconstruction mouvementée, Danny Ainge va pouvoir s’attaquer à ce qui l’intéresse vraiment : la Draft.
CONFÉRENCE OUEST | ||||
15 – Thunder | 14 – Spurs | 13 – Jazz | 12 – … | 11 – … |
10 – … | 9 – … | 8 – … | 7 – … | 6 – … |
5 – … | 4 – … | 3 – … | 2 – … | 1 – … |
CONFÉRENCE EST | ||||
15 – Magic | 14 – … | 13 – … | 12 – … | 11 – … |
10 – … | 9 – … | 8 – … | 7 – … | 6 – … |
5 – … | 4 – … | 3 – … | 2 – … | 1 – … |