Officiellement qualifiés pour les playoffs depuis leur dernière victoire en date, face à Indiana, les Grizzlies sont certes plus connus à travers leur néo All Star, Ja Morant, pour le grand public. Mais si Memphis parvient à confirmer sa belle saison de l’an passé, c’est en grande partie car son noyau dur de jeunes joueurs continue son apprentissage et sa progression express.
Parmi eux, grand absent de la saison passée, Jaren Jackson Jr. est un élément central. L’intérieur très polyvalent des Grizzlies a retrouvé son meilleur niveau en carrière avec environ 16 points, 6 rebonds et 2 contres de moyenne. Plus complet et plus efficace, Jackson est tout simplement un des meilleurs défenseurs de la Ligue. Il est même le meilleur contreur de la NBA avec 2.3 contres par match, juste devant Robert Williams et notre Rudy Gobert national.
« On se donne tellement à fond que c’est impossible de ne pas nous ressentir »
Fiston de Jaren Jackson, un ancien shooteur des Spurs, champion NBA en 1999, JJJ est de retour en pleine forme après sa saison quasiment blanche l’année passée. Oubliés les problèmes de tendinite et de genou, le jeune intérieur du Tennessee ne veut plus parler que du futur.
En l’occurrence, les Grizzlies surmontent facilement l’absence de Morant, que ce soit en fin d’année lorsqu’il avait dû manquer pas moins de douze matchs durant le mois de décembre, ou cette dernière semaine. Attendu au tournant, Memphis a non seulement bien répondu dans l’adversité, mais ils ont carrément dépassé les attentes.
« Je n’ai pas beaucoup joué la saison dernière et j’essayais encore de trouver mes repères [en début de saison] », explique-t-il dans le Lowe Post. « De même, Stevo [Adams] est un petit nouveau dans le groupe. On essayait de trouver notre fonctionnement, on voyait ce qui pouvait marcher. On a une plus grande confiance en nous-mêmes car on a fait le travail nécessaire durant l’été. On n’a aucun doute sur notre talent. On continue à jouer et quand Ja se blesse, on perd de 32 points ! Une défaite qui pique mais honnêtement, à ce moment-là, je pensais déjà à la suite. Je pensais à Ja et ce qu’il avait comme blessure. Pendant le match, je n’ai pas réussi à penser à autre chose, je ne voulais même plus jouer. Et puis, après le match, quand on a su qu’il n’avait pas besoin d’opération, ça allait déjà mieux car il n’allait pas manquer le reste de l’année. Du coup, Ja peut rester avec nous dans l’équipe. Même sur le banc en civil, sa présence est super importante pour le groupe, car c’est notre frère. Et puis, on est parti sur une série de victoires sans vraiment s’en rendre compte, en remportant 9 matchs sur 10. On était super content de pouvoir tenir le choc, et mieux encore, sans lui. Comme ça, il n’a pas besoin de se presser pour revenir. Mais ça montre bien que si tu fais ce que tu es censé faire pour progresser, tout se passera bien. »
Faisant bloc sans leur joueur star, les Grizzlies ont ainsi pu compter sur quatre joueurs différents pour mener leur attaque, dont Jackson en première ligne. L’intérieur a ainsi placé 6 matchs (sur douze donc) à 20 points ou plus en l’absence de Morant, permettant donc à Memphis de faire mieux qu’essuyer l’orage.
Avec 9 victoires en 10 matchs, les Grizzlies sont donc sortis de leur début de saison léthargique en furie, démontrant au passage leur force de caractère. Comme face aux Lakers, quand Desmond Bane et ses camarades n’ont pas daigné brosser King James dans le sens du poil.
« La seule véritable raison pour laquelle c’est devenu un moment remarquable [de la saison], c’est parce que c’est LeBron. On l’a tous admiré en grandissant. C’est le Jordan de notre génération. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, on n’en parle même pas entre nous. Mais on sait ce qu’on ressent par contre, car on travaille si dur. On se donne tellement à fond que c’est impossible de ne pas nous ressentir. Il n’y a jamais rien de personnel. Et Bron n’en fera clairement rien de personnel. En fin de compte, lui fait ça depuis des centaines d’années. Il n’y a aucune raison pour LeBron de prendre un match de saison régulière au sérieux et de prendre ça personnellement. C’est juste ce qu’on fait, on parle et on se répond. Il a adoré ça et on a adoré ça. S’ils veulent en faire une histoire personnelle, ils le feront tout seuls. Ils vont gueuler dans le vent en gros. Parce qu’on ne t’écoute même plus à ce stade. Quand ils en font une affaire personnelle et qu’ils commencent à parler, on est déjà passé à autre chose. Tu m’ennuies. On ne te parle même plus, on se parle à nous-mêmes pour se motiver. »
« Il ne s’agit pas du contre en lui-même mais de rendre le tir difficile »
Sans manquer de respect à leurs aînés, les Grizz veulent tout simplement se faire reconnaître comme une des équipes à craindre sur le circuit. Et une des plus spectaculaires pour ne rien gâcher : « [Ja] a des fusées dans les mollets », se marre ainsi Triple J. « C’était le plus beau contre que j’ai vu dans ma carrière. Mais c’était au début du match et je devais rester concentré pour la suite… »
Absent des playoffs pendant trois ans, après la fin du Grit & Grind, Memphis les a retrouvés la saison passée, par le nouveau détour du « play in ». Mais si rapide qu’il ait été, ce retour en « postseason » a porté ses fruits pour la jeune troupe de Taylor Jenkins.
« Parfois, le plus important n’est pas de contrer le tir mais de le rendre difficile à l’adversaire », reprend ainsi Jackson. « Vous vous posiez la question de savoir si je pouvais être le point d’ancrage de mon équipe en défense. Je pense avoir eu mon premier test face à Rudy [Gobert] en playoffs la saison passée, et on a perdu cette série. Mais j’ai beaucoup appris. J’ai eu tout l’été pour bien me préparer. Il ne s’agit pas du contre en lui-même mais de rendre le tir difficile. On est tous des joueurs pros. Il vaut mieux vouloir gêner le tir que vouloir le contrer car c’est en le gênant que tu vas arriver à le contrer. »
Candidat plus que légitime au trophée de meilleur défenseur de l’année, avec sa capacité à contrer aussi bien qu’à tenir les duels avec les extérieurs plus rapides, Jackson apporte une plus-value évidente avec sa présence durable cette saison.
« Je donne toujours mon maximum pendant le match. Comme ça, je n’ai plus à y penser après le match. Même si tu en est à 0/80 aux tirs et que tu as un match dans deux jours, il faut que tu y ailles avec la mentalité du joueur qui vient de scorer 80 points ! C’est comme ça que je joue car, en fin de compte, il faut toujours avancer. Que je sois dans un bon rythme ou pas, je vais continuer à shooter. Et si je rate, peut-être que la défense va me laisser un peu plus d’espace et je vais pouvoir retrouver mon tir [rires]. Je vais toujours donner tout ce que j’ai pour aider l’équipe à gagner. J’ai progressé dans tellement de domaines de mon jeu, et je vais continuer à progresser l’été qui vient, et celui qui viendra après. »
» Notre objectif était de faire mieux, de solidifier notre statut dans la Ligue et d’obtenir l’avantage du terrain »
Deuxième de la conférence Ouest à l’heure de ces lignes, un constat inimaginable au moment de la blessure de Morant quand les Grizzlies pataugeaient à 9 victoires pour 11 défaites, Memphis est l’exemple typique d’une franchise qui s’est reconstruit, petit à petit, grâce à ses bons choix à la Draft. Outre Morant et Jackson qui ont été des sélections hautes, Memphis a visé juste avec Desmond Bane, mais aussi Dillon Brooks et Brandon Clarke. Une construction par la Draft qui rappelle évidemment les Warriors.
Bien partis pour être une des têtes de série à l’Ouest, Memphis peut ambitionner un deuxième tour, voire une finale de conférence, pour ce qui serait l’an II de cette nouvelle ère incarnée par le duo Morant – Jackson.
« On est super excité de se qualifier en playoffs. L’année dernière, on a dû passer par le play in et cette saison, on s’est dit qu’on voulait l’éviter à tout prix. Notre objectif était de faire mieux, de solidifier notre statut dans la Ligue et d’obtenir l’avantage du terrain. On en parle tout le temps. On a eu une réunion aujourd’hui même pour parler de tout ça et se concentrer sur ce qu’on a à faire [d’ici aux playoffs]. On veut pousser et arriver à notre meilleur niveau. On est impatient : on est une jeune équipe qualifiée en playoffs. Les playoffs sont le moment où tu te fais un nom. Tout le monde joue pour le titre, et c’est tout ce qui importe. »
Biberonné au basket de très haut niveau, Jaren Jackson Jr. n’a pour l’instant eu qu’un bref aperçu de cette intensité sans commune mesure. A 14 points, 5 rebonds sur les cinq matchs disputés l’an passé face au Jazz, Jackson n’avait pas démérité.
Mais cette année, il veut évidemment faire encore mieux, et il rêve même du titre suprême.
« Pendant les playoffs, je vis, je mange et je dors basket. Je pense à notre adversaire en permanence. Et, honnêtement, si je donnais un conseil aux jeunes joueurs qui arrivent, je leur dirais qu’il faut tout savoir de son adversaire direct et de l’équipe en général. Il faut connaître toutes les tendances de ton adversaire direct, et plus encore, où il a grandi et d’où il vient. On ne sait jamais quand cette information sera utile, mais bon, qu’est-ce que tu as de mieux à faire pendant les playoffs ? »
Jaren Jackson, Jr. | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2018-19 | MEM | 58 | 26 | 50.6 | 35.9 | 76.6 | 1.3 | 3.4 | 4.7 | 1.1 | 3.8 | 0.9 | 1.7 | 1.4 | 13.8 |
2019-20 | MEM | 57 | 29 | 46.9 | 39.4 | 74.7 | 1.0 | 3.6 | 4.6 | 1.4 | 4.1 | 0.7 | 1.7 | 1.6 | 17.4 |
2020-21 | MEM | 11 | 24 | 42.4 | 28.3 | 83.3 | 1.5 | 4.1 | 5.6 | 1.1 | 3.8 | 1.1 | 1.4 | 1.6 | 14.4 |
2021-22 | MEM | 78 | 27 | 41.5 | 31.9 | 82.3 | 1.5 | 4.3 | 5.8 | 1.1 | 3.5 | 0.9 | 1.7 | 2.3 | 16.3 |
2022-23 ☆ | MEM | 63 | 28 | 50.6 | 35.5 | 78.8 | 1.7 | 5.0 | 6.8 | 1.0 | 3.6 | 1.0 | 1.7 | 3.0 | 18.6 |
2023-24 | MEM | 66 | 32 | 44.4 | 32.0 | 80.8 | 1.3 | 4.2 | 5.5 | 2.3 | 3.6 | 1.2 | 2.4 | 1.6 | 22.5 |
2024-25 ☆ | MEM | 74 | 30 | 48.8 | 37.5 | 78.1 | 1.2 | 4.4 | 5.6 | 2.0 | 3.5 | 1.2 | 2.1 | 1.5 | 22.2 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.