La séquence dure près d’une minute. Klay Thompson est seul sur le banc des Warriors, la tête enfouie sous une serviette. Et puis, soudain, il s’essuie les yeux et le visage. Un gros coup de blues pour le shooteur des Warriors alors qu’il vient de recevoir le feu vert des médecins pour reprendre l’entraînement avec le reste du groupe.
« C’est très dur, et il se rapproche de la fin » a rappelé Draymond Green en conférence de presse. « Il y est, il est au bout du chemin. Ou au début selon votre manière de voir les choses. Il a vécu des jours difficiles de temps en temps, et sans le vivre, je le comprends du mieux que je puisse. Je ne connais pas beaucoup de gens qui aiment le basket comme Klay aime le basket, qui aiment la compétition comme il aime la compétition. Je parle toujours de nos parties de dominos, qu’il adore autant. C’est juste un compétiteur. L’un des plus grands que j’aie jamais côtoyés dans ma vie. Ne vous méprenez pas, il fait partie de tout ça ! Mais bien évidemment, on veut avoir un impact sur le terrain, être présent, faire ressentir sa présence. Et après quasiment trois années civiles complètes hors des parquets, c’est difficile. On compatit avec lui, on se doit d’être là, de continuer à le pousser, de continuer à essayer de l’amener jusqu’à la ligne d’arrivée, ou à la ligne de départ comme je l’ai dit auparavant. Il a tendance à avoir des journées difficiles de temps en temps, et qui suis-je pour juger ou même essayer de comprendre ? Je peux simplement lui montrer mon amour, lui apporter mon soutien, essayer de le pousser. »
« Cela va lui faire mal par moment, et nous devons continuer à être là pour le soutenir »
Des mots forts qui résument parfaitement la situation. Klay Thompson n’a plus joué depuis… 29 mois ! Il y a un an, il pensait s’être remis d’une rupture des croisés, et c’est son tendon d’Achille qui avait lâché. Difficile de ne pas craquer quand on est un sportif de haut niveau au sommet de son Art et que le sort s’acharne.
« J’essaie juste de me mettre à sa place » ajoute Steve Kerr. « La bonne nouvelle, c’est qu’il est proche de la ligne d’arrivée. Mais il ne peut pas être utile, et il ne peut s’arrêter de penser à tout ce qu’il a raté ces deux dernières années, juste sur le plan personnel. Il aime tellement le basket et le fait de ne pas pouvoir jouer, de ne pas pouvoir faire partie de l’équipe comme il le voudrait, a été très fort émotionnellement pour lui. Il est très humain, et c’est ce que j’essaie de faire comprendre, il est vulnérable, il est émotif. C’est ce qui fait de lui une si belle personne, et il se préoccupe de tout et il aime le sport. Il aime le travail, et il veut participer à tout. Tout ça lui a été enlevé ces deux dernières années, et il y a eu des moments où il était très déprimé. »
Venu s’asseoir à ses côtés sur le banc, Stephen Curry est fier de son « Splash Brother », de sa ténacité et de sa force mentale pour surmonter ces deux très graves blessures.
« Plus de deux ans, c’est long » conclut le meneur des Warriors. « Je pense que c’est une saison si particulière car il n’a jamais été aussi proche de revenir sur le terrain. On pouvait prédire que ce serait la phase la plus compliquée de son parcours parce qu’il a de nouveau le ballon dans les mains tous les jours, et il se sent lui-même. Il joue des matches d’entraînements, il est présent à nos entraînements et il est de retour avec nous dans ce genre de situations, mais il n’est toujours pas présent sur le terrain. Et ce qui est bien, c’est que nous parlons de semaines désormais pour son retour, et non plus de mois. Je suis super fier de la manière avec laquelle il a abordé cette période de deux années, car, à moins qu’il ne veuille écrire un livre et raconter toutes les étapes de son parcours, personne n’aura conscience ce qu’il a vécu, loin du sport pendant si longtemps. Et cela montre à quel point ce sport compte pour lui. Et il est rare de nos jours que quelqu’un d’aussi authentique que Klay ressente chaque moment, chaque morceau de ce que le basket lui apporte. Cela va lui faire mal par moment, et nous devons continuer à être là pour le soutenir et parler positivement de lui et de ce qu’il a accompli parce que, encore une fois, c’est son parcours. Personne ne peut parler de ce qu’il a vécu ».