Depuis toujours, les playoffs ont sublimé les meilleurs basketteurs de l’histoire. C’est là que tout se joue, le moment où il faut tout donner, quitte à « mourir sur le parquet » comme on peut l’entendre chaque printemps.
Cette semaine, c’est un Kevin Durant en mission qui a permis aux Nets de reprendre l’avantage dans la série face aux Bucks, tutoyant l’excellence le temps de 48 minutes pour délivrer une performance qui restera dans l’histoire de cette « postseason » 2021. L’occasion de revenir sur quelques-uns des plus grands exploits personnels réalisés jusqu’à présent.
1962 : les 56 points et 35 rebonds de Wilt Chamberlain
Wilt Chamberlain est l’homme des records imbattables. On ne reverra en effet sans doute jamais un joueur atteindre les 100 points sur un match comme l’a fait Wilt « The Stilt » le 2 mars 1962. Cette saison 1961-1962 est par ailleurs celle de tous les records puisque le pivot des Warriors de Philadelphie avait pour habitude… de jouer 48 minutes à tous les matchs ! Avec les prolongations, c’est ainsi qu’il s’est retrouvé avec une moyenne de 48.5 minutes disputées en moyenne en 1961-1962. C’est aussi cette saison-là qu’il a culminé à 50.4 points de moyenne, dépassant la barre des 50 points à 45 reprises !
Lors des playoffs de cette saison hors du commun, le pivot a notamment réalisé la performance la plus exceptionnelle de sa carrière, rendant 56 points et 35 rebonds dans le Game 5 du premier tour de la « postseason » entre les Warriors de Philadelphie et les Syracuse Nationals. Wilt Chamberlain avait shooté à 22/48 au tir, mais son équipe l’avait emporté pour accéder au tour suivant afin d’affronter Boston, contre qui Philly perdra en sept manches.
1962 : les 61 points et 22 rebonds d’Elgin Baylor
Les grandes équipes de l’histoire ont toujours tiré la concurrence vers le haut et ont donc été le fruit de performances hors du commun. C’est le cas du regretté Elgin Baylor, détenteur du record de points marqués dans un match d’une finale NBA. Opposé aux Celtics de Bill Russell ce 14 avril 1962, l’ailier va ainsi compiler 61 points (à 22/46 au tir) et 22 rebonds (en 48 minutes de jeu) pour permettre aux Californiens de l’emporter 126 à 121 et de mener 3-2 dans la série. Avec 18 points en premier quart-temps, 15 en deuxième, puis 13 dans le troisième et enfin 15 dans le dernier.
Malgré une finale à plus de 40 points de moyenne, Elgin Baylor n’empêchera pas les Celtics de s’imposer lors des Game 6 et 7 pour rafler un nouveau titre. Un choc pour Elgin Baylor qui a disputé huit finales NBA sans en remporter la moindre. Un triste record…
1970: les 36 points et 19 passes décisives de Walt Frazier dans un Game 7 des Finals
Avant de devenir un as du costume bariolé, Walt Frazier a incarné le don de soi à la new-yorkaise, celui qui a délivré toute une ville un soir de Game 7. C’était lors de la finale NBA de 1970 opposant les Knicks aux Lakers de Jerry West, Elgin Baylor et Wilt Chamberlain. Les cinq premières confrontations avaient été particulièrement serrées, jusqu’à ce que les Lakers ne roustent les Knicks dans le Game 6 (135-113), laissant présager un Game 7 de la même facture.
Alors que les Californiens arrivaient à l’autre bout du continent le moral gonflé à bloc, les Knicks avaient besoin d’une performance extraordinaire ce soir-là pour décrocher le premier titre de l’histoire de la franchise. Et c’est donc Walt Frazier qui s’est surpassé, cumulant 36 points et 19 passes décisives.
Ce dernier a notamment pris le meilleur sur Jerry West qui a vécu un cauchemar ce soir-là (26 points à 8/24 au tir, 0 passe décisive) et n’a pas hésité à aller se frotter aux grandes cannes de Wilt « The Stilt » par séquences. Cette fois, ce sont donc les Lakers, menés de 25 points après trois quart-temps, qui ont pris une raclée (113-99) et les New-yorkais qui ont raflé la mise.
Un match de légende à revoir en intégralité ici !
1980 : les 42 points, 15 rebonds et 7 passes de Magic Johnson en finale NBA
On reconnaît la marque des grands à la façon dont ils savent faire évoluer leur jeu pour faire gagner leur équipe. Comme l’a fait Allen Iverson un soir de Game 7 face aux Raptors en distribuant 16 passes décisives, ou comme l’a réalisé Kevin Durant mardi soir… en faisant tout ce qui était en son pouvoir pour faire basculer un match décisif du bon côté.
Sur cet aspect, la performance réalisée par le rookie Magic Johnson à l’occasion de sa première finale NBA, en 1980, aura marqué l’histoire à tout jamais. Meneur de grande taille, le chef d’orchestre des Lakers se retrouve à devoir remplacer Kareem Abdul-Jabbar dans le Game 6 face aux Sixers, le pivot californien s’étant blessé à la cheville lors du match précédent. Inquiet par la possible tournure des événements, le clan californien va alors assister à l’éclosion d’une légende au terme d’un match mythique.
À 20 ans, « Magic » va alors se muer en homme à tout faire pour cumuler 42 points, 15 rebonds et 7 passes décisives, faire imploser les Sixers à domicile (123-107), offrir sur un plateau un titre de plus aux Lakers et décrocher le trophée de MVP des finales. Aucun rookie n’a réalisé pareil exploit dans l’histoire.
1986 : les 63 points de Michael Jordan face à Boston
Peut-être la performance la plus impressionnante de l’histoire : le jour où Dieu s’est déguisé en Michael Jordan, comme le déclarera Larry Bird après ce Game 2 du premier tour des playoffs 1986. Encore « sophomore » à l’époque, face à l’armada des Celtics, Michael Jordan réalisa un chef d’œuvre ponctué de 63 points (record dans l’histoire des playoffs) à 22/41 au tir, 5 rebonds, 6 passes décisives, 3 interceptions et 2 contres.
Ce soir là, Michael Jordan a gagné ses galons de superstar, délivrant un modèle de jeu en isolation, terminant selon les besoins à mi-distance, avec la planche ou au forceps près du cercle. L’impression de voir une machine inarrêtable répéter ses gammes, possession après possession, sidérant un peu plus le Garden à chaque fois. Un véritable récital qui a permis à Chicago de forcer deux prolongations mais pas de s’imposer, Boston l’emportant 135-131 au bout du suspense.
1987 : les 49 points, 25 rebonds et 6 contres d’Hakeem Olajuwon
Dans le classement des performances historiques en playoffs au cours d’une défaite, Hakeem Olajuwon tient lui aussi une belle place dans l’histoire. Seul joueur des playoffs à avoir compilé 49 points et 25 rebonds (avec Wilt Chamberlain), « The Dream » a tout tenté pour éviter une élimination des Rockets dans ce Game 6 au couteau de la demi-finale des playoffs de 1987 face aux Sonics.
Pris à deux, à trois, et même à quatre sur certaines séquences, le pivot des Rockets a tout simplement été inarrêtable, à 19/33 au tir, 11/13 aux lancers-francs, 11 rebonds offensifs et 6 contres ! En double prolongation, les Sonics arracheront tout de même la victoire, plaçant la performance de rêve d’Hakeem « The Dream » au rang des plus prestigieux losers magnifiques de l’histoire. Mais il se rattrapera plus tard avec deux titres NBA.
2001 : les 48 points d’Allen Iverson face aux Lakers
C’est l’histoire de David contre deux Goliaths, l’histoire d’une dynastie à laquelle un lutin de génie a voulu se frotter. Grands favoris des finales 2001, les Lakers de Kobe et Shaq, champions en titre, voient les Sixers d’Allen Iverson se présenter sur leur chemin.
Machine à scorer, Allen Iverson est déjà un monstre à cette époque, et le Game 1 de la finale ne va faire que confirmer ce constat. En mission dans sa tunique noire, « The Answer » va trouver la réponse à tous les pièges tendus par la bande de Phil Jackson, alignant 48 points, 5 rebonds, 6 passes décisives, 5 interceptions pour permettre à Philly d’arracher la victoire en prolongation (101-107). Un succès de prestige au Staples Center symbolisé par ce shoot de folie dans le corner face à Tyronn Lue.
Un exploit resté toutefois sans lendemain, les Lakers, piqués au vif, raflant les quatre matchs suivants, mais qui a assurément sa place parmi les performances les plus marquantes de l’histoire des playoffs.
2003 : les 21 points, 20 rebonds, 10 passes décisives et 8 contres de Tim Duncan
C’était il y a 18 ans, presque jour pour jour. Au sein de l’éclaboussante génération de stars du début des années 2000, Tim Duncan se démarque par son style. Pas vraiment spectaculaire, « Dream Tim » sévit dans la régularité et l’efficacité, sur la base de gros fondamentaux.
Sur la route vers son second titre, après avoir vaincu les Knicks en 1999, le poste 4 des Spurs va livrer une démonstration de force telle qu’il va finir à deux contres d’un quadruple-double historique !
Face aux Nets du trio Kidd-Jefferson-Martin, Tim Duncan fait tout pour aider son équipe à décrocher ce Game 6 et boucler la série. Auteur de 21 points, 20 rebonds, 10 passes décisives et 8 contres, le numéro 21 de légende des Spurs a ainsi offert la sortie parfaite à son « twin », David Robinson, qui a pris sa retraite dans la foulée.
2007 : les 48 points, 9 rebonds et 7 passes de LeBron James
À 22 ans et 152 jours, le King va produire le premier grand match de sa carrière, l’acte fondateur de sa légende. L’épluchage de sa performance laisse rêveur. Le contexte d’abord : un Game 5 de finale de conférence. L’adversaire ensuite : les Pistons, champions 2004, puis finalistes 2005. Le lieu évidemment : le mythique Palace d’Auburn Hills. Enfin, il y a la ligne de stats : 48 points à 18/33 au shoot, 9 rebonds, 7 passes.
Les chiffres, pourtant épais, ne traduisent pas l’impression visuelle laissée par le jeune ailier des Cavs. Les Pistons, réputés pour leur défense, ont été impuissants face à un talent aussi prodigieux. Au micro, Steve Kerr parle d’une performance « Jordanesque ». Et il sait de quoi il parle.
2021 : les 49 points, 17 rebonds et 10 passes décisives de Kevin Durant
Les Nets ont été secoués depuis le début de la série face aux Bucks, accusant les forfaits sur blessure de James Harden puis Kyrie Irving et restant sur deux revers avant d’aborder ce Game 5 décisif. Kevin Durant savait qu’il allait devoir endosser le costume de sauveur, et c’est exactement ce qu’il a fait. Avec 48 minutes de jeu au compteur, KD a donc « tout fait » pour éviter une catastrophe et permettre aux siens de garder la main.
Auteur de 49 points à 16/23 au tir, 17 rebonds et 10 passes décisives pour une évaluation de 68, KD a démontré qu’il avait sa place dans la discussion pour le meilleur joueur de sa génération. Une chose est sûre, c’est le meilleur attaquant de ce début de siècle. Mais on ne le retrouvera pas en finale cette année…
Mentions
Les 57 points, 9 rebonds, 7 passes décisives de Donovan Mitchell (2020)
Les 56 points, 14 rebonds, 4 passes de Charles Barkley (1994)
Les 55 points, 12 rebonds, 5 passes décisives de Rick Barry (Finals 1967)
Les 55 points 4 rebonds 8 passes d’Iverson (2003)
Les 55 points, 6 rebonds, 10 passes décisives de Damian Lillard (2021)
Les 54 points, 9 rebonds, 6 passes décisives de John Havlicek (1973)
Le triple-double de Russell Westbrook à 51 points, 10 rebonds, 13 passes décisives (2017)
Les 44 points, 21 rebonds, et 7 contres de Shaquille O’Neal (2001)
Les 41 pts, 15 rebonds, 6 passes de Tim Duncan (2006)
Les 30 points et 40 rebonds de Bill Russell (Finals 1962)
Le « Flu Game » de Michael Jordan (Finals 1997)