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Portrait | De Montréal Nord à Oklahoma City, l’irrésistible ascension de Luguentz Dort

Irrésistible, tonitruante, foudroyante… Si les qualificatifs pour décrire la progression sensationnelle de Luguentz Dort commencent à manquer, c’est bien parce qu’il est l’une des plus belles histoires de ces dernières années en NBA.

Snobé à la Draft 2019, puis reversé en G-League par le biais d’un « two way contract », Luguentz Dort (1m91, 22 ans) avait déjà fait partie des plus grosses révélations de la saison passée.

Mais le jeune arrière canadien ne s’est toujours pas arrêté en si bon chemin dans sa deuxième campagne professionnelle, désormais titulaire à temps plein chez le Thunder, avec un nouveau record à 42 points et une moyenne de points passée du simple au double !

Basket USA revient sur son parcours assez exceptionnel, des playgrounds du parc Saint Laurent dans les quartiers nord de Montréal aux planches de la NBA avec le Thunder d’Oklahoma City, en passant par l’Arizona pour une année universitaire express.

Sa jeunesse à Montréal

Fréquemment comparé à un joueur de football américain, voire carrément à un frigo ou un distributeur automatique, Luguentz Dort (1m91, 98kg) a pour le coup débuté au football. Mais au football au sens français du terme. Dans la cité francophone de Montréal, le jeune canadien d’origine haïtienne démarre balle au pied. Et au but en tant que goal !

Il n’a pas encore dix ans quand son quartier est frappé par de violentes émeutes entre la population locale et la police, début août 2008, après l’affaire Fredy Villanueva. Un an après ces malheureux incidents, Zinedine Zidane, rencontrera des gamins de ce quartier défavorisé, un moment important pour le jeune Dort.

Mais avec son copain, Keeshawn Barthelemey, Dort va bientôt tenter sa chance chez les PX Knights, l’équipe locale de basket entraînée par Nelson Ossé. Débutant à 12 ans, il est le dernier choisi dans l’équipe en début de saison, mais son terme, c’est bien lui qui finira meilleur joueur après une progression express.

« Il voulait vraiment apprendre, ça se voyait dans son regard », affirme Ossé. « Il voulait progresser et il était déjà très compétitif. »

Elevé par sa mère, Erline Mortel, avec ses cinq frères et soeurs, Luguentz Dort n’a pas eu une enfance facile dans les quartiers plutôt chauds de Montréal Nord. Malgré les longs trajets de quarante-cinq minutes, en bus et en train, pour rejoindre la salle, le jeune Lu y était tout le temps fourré, quatre à cinq fois par semaine pour bosser son jeu.

Se mettant à la musculation à 15 ans, avec son style brut de décoffrage emprunté à ses débuts sur les playgrounds du parc Saint Laurent, Dort impose d’abord par son physique. Un vrai buffle. « The Beast », comme on l’appelait déjà…

« C’est comme un semi-remorque : si vous êtes sur son chemin, vous allez le sentir passer ! », sourit Joey McKitterick, son coach en AAU. « Quand tu joues aussi dur, et que tu es un si bon gars, tu auras toujours une clé pour ouvrir n’importe quelle porte qui t’est fermée. »

Snobé par le Biosteel All-Canadian en 2016, l’équivalent du McDonalds All American aux Etats-Unis, le match où se retrouvent tous les meilleurs lycéens du pays, Dort se vengera non seulement en 2017 mais également en 2018 en remportant le trophée de MVP coup sur coup. Il a trouvé les clés.

Arizona State et la Draft

Alors recruté par de nombreuses facs américaines dont Baylor, Indiana, Oregon ou encore Michigan State, Dort choisira finalement Arizona State et le style enlevé, prôné par le coach (et ancienne star NCAA), Bobby Hurley, où il va démarrer sur les chapeaux de roue, avec 28 points, 9 rebonds, et 3 interceptions, le plus gros score pour un premier match en carrière à ASU.

Plus tard dans la saison, le 21 novembre précisément, il inscrira 33 points (plus 7 rebonds et 4 passes) pour son record personnel, et le troisième plus gros score de l’histoire de la fac pour un freshman. Intenable sur ses attaques du cercle, Dort a fait parler toute sa puissance et son énergie chez les Sun Devils, terminant meilleur freshman mais aussi intégré dans le meilleur cinq défensif, et le meilleur cinq tout court de la Pac-12.

A 16 points, 4 rebonds, 2 passes et plus d’une interception en 31 minutes de jeu, Dort a pris tout le monde par surprise en se déclarant à la Draft dès la fin de sa première, et donc unique, saison universitaire. Evidemment, à 30% à 3-points pour un arrière, Dort est considéré comme un « non shooteur », et c’est là où le bât a blessé à la Draft. Son costard rouge n’aura pas eu le droit d’antenne, Lu Dort ne sera pas choisi…

« Je voulais avoir ce moment, quand je me lève et j’embrasse ma famille avant d’aller enfiler la casquette de ma nouvelle équipe. C’est le rêve de tous les gamins qui jouent au basket, mais ça n’est pas arrivé… »

A ses côtés depuis ses débuts, Ossé n’en croyait pas ses yeux non plus. La soirée qui devait être magique a tourné au vilain « cauchemar ». Une claque ! « C’était vraiment dur. On avait fait ce qu’on avait à faire et tout le monde à qui on parlait, son agent, tout le monde pensait qu’il allait être drafté. Sinon au premier tour, au début du second tour. Ça ne s’est pas passé comme ça. Mais vous savez, les bonnes choses arrivent aux bonnes personnes… »

A peine rentré dans son hôtel, le soir même de la Draft, Lu Dort se voit effectivement offrir un « two way contract » par le Thunder, toujours au point pour flairer les bons coups. Dort n’a pas encore trouvé la clé de cette porte, mais il a en tout cas mis un pied en travers.

« A chaque niveau qu’il a voulu atteindre, il a toujours eu ces plafonds de verre placés au-dessus de sa tête car certaines personnes ne croyaient pas en lui », ajoute McKitterick. « La même chose lui est arrivée à la Draft, j’ai envoyé un message à Nelson en lui disant que c’était encore la même rengaine, il va s’en sortir. Peu importe les barrières qu’on met sur son chemin… »

Sa chance au Thunder

En G-League, Luguentz Dort disputera seulement 13 matchs, dont 12 en tant que titulaire. Chez le Blue, Dort a détonné avec 19 points, 5 rebonds, 3 passes et 1 interception de moyenne. A 51% à 2-points, il a encore défoncé la concurrence avec sa férocité en mouvement et à 33% à 3-points, il a démontré des progrès.

« Quand j’ai signé mon premier contrat avec Oklahoma City, un two way contract, j’étais content. Ce n’était évidemment pas ce que je recherchais à l’origine mais je leur étais reconnaissant de me donner une chance. »

Comme à la fac, Dort a donné le ton d’entrée en G-League, avec un match à 35 points, 5 rebonds et 5 passes pour sa première apparition. Sur les huit matchs qu’il disputera avant d’être rappelé, une première fois par le Thunder, Dort ne descendra qu’une fois sous les 10 points marqués, avec une autre sortie à la trentaine (justement après sa sortie ratée à 9 unités) à 32 points, 4 rebonds et 3 passes.

Pour sa première pige dans l’équipe A, entre le 7 et le 30 décembre 2019, Dort restera plutôt discret avec 3 points et 1 rebond en 16 minutes de moyenne. Probablement impressionné et pas encore totalement dans le coup mentalement, Dort a complètement dévissé, terminant son passage NBA à 9/25 aux tirs (33%) dont un tout petit 1/14 à 3-points (7%)…

De nouveau sur le pont dès le 31 décembre en G-League, Dort n’aura pas le temps de tergiverser. Il n’y passera que trois matchs avant de revenir dans la rotation de Billy Donovan, cette fois-ci pour de bon ! En l’absence de Terrance Ferguson blessé, Dort rentre plus tôt que prévu et il s’invite même dans le cinq de départ du Thunder.

Avec son dévouement et son agressivité en défense, OKC enchaîne même cinq victoires de rang après l’intégration de Dort. Ce dernier atteint 10 points pour la première fois face à Minnesota, avant le déclic définitif face aux Kings, contre qui il claque (un premier) record en carrière avec 23 points à 8/12 au shoot dont un très joli 5/6 à 3-points. Sur ses six matchs en tant que titulaire, il compile plus de 9 points de moyenne à 50% de réussite et 56% à 3-points !

Les mois de février et mars seront plus compliqués, avec un net retour sur terre en adresse (28%à 3-points notamment), mais le Thunder a continué à engranger les victoires, avec un bilan très propre de 16 victoires en 21 matchs avec le porte-bonheur québécois dans son cinq majeur. De quoi lui offrir un véritable contrat NBA (pour quatre ans à 5,4 millions de dollars). Le jour de l’anniversaire de sa maman en plus !

La révélation en playoffs

Parmi ces joueurs (des débutants bien souvent) qui auront finalement bénéficié de la pause impromptue durant la saison, Dort est revenu encore plus fort pour finir la saison dans la Bulle. Ce fut là sa véritable « coming out party », au premier tour des playoffs, face à Houston.

En mission défensive sur James Harden, qu’il avait croisé sur le campus d’Arizona State, Luguentz Dort a saisi sa chance à pleines mains. Constamment collé à la barbe de son adversaire, Dort a grandement participé aux trois victoires de son équipe qui finira par arracher un match 7 face au duo Harden – Westbrook.

Après son 3/16 aux tirs (dont un 0/9 à 3-points, troisième pire performance de l’histoire) lors du match 5 face à Houston, Dort n’a évidemment pas été épargné par les « haters » qui lui sont tombés sur le râble, à bras raccourcis…

Mais le garçon a du caractère et il a répliqué par 30 points lors du match 7, un record pour un joueur non-drafté, le troisième meilleur score de l’histoire pour un rookie dans un match 7, bon pour rejoindre Kobe Bryant et LeBron James chez les joueurs de 21 ans ou moins à dépasser les 25 points en playoffs…

« Les gens se moquaient probablement de lui, en lui disant d’arrêter de tirer. Mais il ne se préoccupe pas de ce que les gens peuvent penser », souligne Ossé. « Il n’a jamais choisi la facilité. Son caractère est quelque chose qu’il a hérité de sa mère. Il est infatigable dans ce sens où on peut le descendre, on peut lui faire ce qu’on veut, mais ça n’arrêtera jamais sa volonté de continuer. »

Fort de cette carapace qu’il s’est construite au fur et à mesure des années, et des obstacles, Lu Dort a mis tout le monde d’accord pendant ses premiers playoffs. Alors, certes, il y a encore du pain sur la planche pour stabiliser son tir, améliorer son dribble ou on ne sait quoi encore, mais le garçon vient tout juste de débuter. A 21 ans seulement, et 36 matchs joués seulement dans le grand bain…

Les yeux rougis par l’émotion, juste après l’élimination en playoffs, Lu Dort pouvait tirer un premier bilan de son incroyable ascension. De sa soirée cauchemardesque à la Draft jusqu’à son duel de titans face à James Harden en playoffs NBA, en passant par son premier contrat, le Montréalais pouvait évacuer… Mais pas non plus se relâcher. Ce serait mal connaître le garçon !

La saison de l’éclosion

Pour sa deuxième saison, Dort a conservé sa place de titulaire aux côtés de son compatriote, Shai Gilgeous-Alexander, dans les lignes arrières, mais il a aussi pris du galon avec un effectif radicalement rajeuni. A vrai dire, en l’espace d’une saison à peine, Dort est devenu une pierre angulaire à Oklahoma City, un roc inamovible en plein milieu de ce projet de reconstruction.

Le spécialiste des basses besognes n’en finit plus de progresser, se transformant peu à peu en menace offensive, et tout simplement un joueur complet des deux côtés du terrain. A 14 points de moyenne cette saison, Dort a carrément doublé sa production offensive, améliorant ses statistiques à tous les niveaux dont un joli 35% à 3-points qui fait nettement plus sérieux pour un arrière.

Mais si on se penche encore plus près sur sa saison, on constate que Dort a encore mis les bouchées double depuis la pause du All Star Game, depuis laquelle il tourne à 19 points, 4 rebonds, 2 passes et 1 interception de moyenne, à 43% à 3-points… Quand on vous dit qu’il ne cesse de progresser.

Il faut bien avouer que, quand on place un un match record à 42 points, c’était le 14 avril dernier, ça aide aussi à faire gonfler les moyennes…

« Après son 18e point, je revenais en défense, et je me suis demandé comment ce gars n’avait pas été drafté », raconte Darius Bazley pour USA Today. « C’est incroyable de le voir évoluer et progresser. On est arrivé [dans la Ligue] en même temps et donc je l’ai observé depuis le début jusqu’à maintenant. Tous ses progrès, tous ses accomplissements, il a brisé toutes les barrières. Il a sauté toutes les haies. C’est plaisant d’être à ses côtés et d’en être témoin. »

Explosant son précédent record en carrière établi à 26 unités, Dort est pour le coup devenu le cinquième joueur canadien à marquer 40 points ou plus dans un match, avec Steve Nash, Andrew Wiggins, Jamal Murray et son coéquipier d’OKC, Shai Gilgeous-Alexander. Mieux, Lu Dort est devenu, après KD, le seul autre joueur d’OKC à marquer 40 points ou plus, avant ses 22 ans !

L’affront de la nuit de la Draft 2019 semble désormais loin dans le rétroviseur pour Dort qui a effectivement avalé les obstacles comme le Pac-Man des jeux d’arcade. Imperturbable dans son éthique de travail, comme à l’époque où il enchaînait les bus et les trains durant les longs hivers montréalais, Dort récolte aujourd’hui les fruits de son dur labeur.

Durant un match a priori lambda face à Toronto, Dort a, en quelque sorte, bouclé la boucle récemment, avec un match historique pour sa province natale de Québec. Opposé aux Raptors de Chris Boucher et de son nouveau coéquipier, transfuge d’Orlando, Khem Birch, Dort complétait le tableau, tel les trois mousquetaires du basket québécois.

« On est du même quartier [avec Chris]. Il est un peu plus vieux que moi, donc je le regardais jouer. C’est fou qu’on soit tous de Montréal, lui et Khem Birch, et maintenant, on joue tous en NBA. Montréal est une ville encore sous-estimée [au basket] mais on a beaucoup de talent. Il y a beaucoup de gamins qui s’y mettent et qui vont arriver en NBA. On est tous les trois de Montréal mais on a connu différents chemins. Ce n’est pas facile d’arriver à ce niveau mais je sais que d’autres jeunes vont y arriver. Il faut simplement bosser dur. »

Un documentaire sur sa première saison NBA

https://www.youtube.com/watch?v=fTrtEtAkEOw

Un documentaire sur sa saison universitaire à Arizona State (en français)

Luguentz Dort Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
2019-20 OKC 36 23 39.4 29.7 79.2 0.7 1.6 2.2 0.8 2.7 0.9 0.6 0.1 6.8
2020-21 OKC 52 30 38.7 34.3 74.4 0.7 2.9 3.6 1.7 2.6 0.9 1.5 0.4 14.0
2021-22 OKC 51 33 40.4 33.2 84.3 0.7 3.4 4.2 1.7 2.9 0.9 1.7 0.4 17.2
2022-23 OKC 74 31 38.8 33.0 77.2 1.7 2.9 4.6 2.1 3.3 1.0 1.2 0.3 13.7
2023-24 OKC 79 28 43.8 39.4 82.6 0.9 2.7 3.6 1.4 2.9 0.9 0.9 0.6 10.9
2024-25 OKC 71 29 43.5 41.2 71.7 1.3 2.9 4.1 1.6 2.9 1.1 0.7 0.5 10.1

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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